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Kyudo, la voie de l’arc. Viser dans le mille, à peu près

Kyudo, un roll & write en mode roll & fight de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc. Sortez votre plus bel arc, et c’est parti !


Kyudo

Le pitch de Kyudo :

« Vous êtes un archer pratiquant la discipline du Kyuodo. Vous participez à une grande compétition permettant à chacun de montrer sa maîtrise du tir à l’arc. Votre objectif est clair : devenir grand maître en réussissant à placer vos flèches sur votre cible avant vos adversaires, tout en conservant un maximum de spectateurs. En effet, les spectateurs sont volages, et peuvent quitter votre tribune au gré des exploits adverses !« 

Kyudo est le dernier jeu attendu cet été de Bruno Cathala et Ludovic Maublanc dans un thème très asiatique dans lequel renard, cerf, singe et loup anthropomorphes ont revêtu leur plus beaux kimonos pour une compétition à la Kung Fu Panda, en version tir à l’Arc. !

Mais au fond, c’est quoi, le Kyudo ?

« Kyudo » est un art martial japonais dans lequel l’esprit et le corps sont entraînés à travers une série de conduites en tirant un arc et une flèche japonais sur une cible. Il s’est développé il y a longtemps sous le nom de Kyujutsu, l’art du tir à l’arc japonais, pour la tactique et l’art militaire. Aujourd’hui, il est également considéré comme un sport ou une pratique physique. Certaines écoles des temps anciens existent toujours et préservent l’école traditionnelle tout en coexistant avec le Kyudo moderne.

Le Kyudo japonais s’est développé indépendamment et possède sa propre technique, culture et histoire. Il est totalement différent des sports modernes comme le tir à l’arc, basé sur le Tankyu (arc court) d’Europe. Historiquement connu sous le nom de; Kyujutsu, Shajutsu ou Shagei, mais à l’heure actuelle, la culture traditionnelle Yumiire/Kyusha (弓射) au Japon est appelée « Kyudo (art japonais du tir à l’arc) » et le terme « Kyujutsu » est souvent utilisé pour distinguer l’ancien art martial avant lui changé en ‘Kyudo.’

Cependant, certaines écoles existent toujours et utilisent le terme «Kyujutsu» pour maintenir une tradition stricte et d’autres utilisent le terme «Kyudo» même si elles maintiennent une école traditionnelle. Ainsi, la frontière entre «Kyudo» et «Kyujutsu» n’est pas nécessairement claire ni classée clairement du point de vue du concept et de la technique.

On ne sait pas quand le Kyudo japonais a été systématisé en tant que « technique », non seulement à cause du manque de documents clairs, mais aussi en partie parce que l’utilisation de l’arc et des flèches a commencé à l’époque préhistorique.

Il est possible qu’à l’époque Yayoi une technique ait existé pour tirer un arc et une flèche qui était le Wakyu original d’aujourd’hui (long arc japonais avec une longue moitié supérieure et une courte moitié inférieure – mentionné ci-dessous) utilisé au combat. Mais les détails ne sont pas connus.

À la fin de la période Asuka, depuis l’établissement du « Taisha-rokuho » par l’empereur Monmu, le Reisha et les règles de bienséance pour Yumiire ont commencé à être progressivement organisés et la technique a également été systématisée et établie en tant que « Kyudo » en même temps, basé sur la technique simple du tir.

D’autre part, non seulement un arc était utilisé comme arme pour la chasse et pour la bataille, mais on croyait également que Yumiya / Kyushi (arc et flèche) avaient un pouvoir spirituel. De sorte qu’à l’époque de Nara, les dédicaces des rituels des sanctuaires Yumiya et Yumiire étaient exécuté, qui est devenu l’origine des festivals actuels et des rituels de sanctuaire dans divers endroits.

Pendant la période Heian, certaines écoles de Kyudo ont été fondées et chaque école avait sa propre technique, son style de cours et ses manières. Sur les champs de bataille, fêtes et événements de Kojitsu (anciennes pratiques de coutumes) ou événements annuels à la cour impériale, chaque école de Kyudo s’était épanouie et développée.

Vers le milieu de la période Sengoku, l’introduction des armes à feu a retiré les arcs et les flèches des combats réels sur les champs de bataille, mais le Kyudo a conservé le même statut qu’un art martial même après avoir quitté les combats réels, et est resté populaire en tant qu’art martial pour les samouraïs et un façon de discipliner l’esprit et le corps dans la paisible période d’Edo.

Au fil du temps, sa technique et son équipement ont été améliorés et chaque école s’est développée individuellement en même temps.

Comme certaines écoles avaient des cours qui simulaient les conditions réelles du champ de bataille, leurs cours étaient plus variés que ceux du Kyudo d’aujourd’hui. Cependant, vers la fin de la période Edo, le système de base de la technique du Kyudo dans chaque école est devenu similaire et la technique Yumiire pour utiliser le Wakyu est essentiellement la même avec des différences très mineures. Il n’est pas exagéré de dire que le Kyujutsu, qui a conduit au Kyudo d’aujourd’hui, a été achevé à l’époque d’Edo à la fois pour la technique et l’équipement.

Le Kyudo a attiré l’attention des étrangers grâce à des livres tels que « Le Zen dans l’art chevaleresque du tir à l’arc« , d’Eugen Herrigel, dans lequel l’accent mis sur la spiritualité a été introduit, et même s’il ne s’agit pas d’un sport olympique, il est surtout apprécié en Europe et aux États-Unis. Le 2 mai 2006, la Fédération Internationale de Kyudo a été fondée afin de populariser et de promouvoir le Kyudo.

Mais fermons cette page culturelle, et retournons à nos moutons arc dés.

Comment on joue ?

Tout le monde se munit d’une feuille de score représentant :

  • une cible avec différentes sections de tir
  • 5 drapeaux pour les actions spéciales
  • 20 spectateurs-trices dans leur tribune personnelle.

Un personnage avec un pouvoir spécial individuel est attribué à chaque adversaire.

À tour de rôle, on lance les 4 dés qui comportent chacun 1 face flèche et 5 faces couleurs, afin de réaliser une combinaison pour à choix :

  • cocher un des niveaux de notre cible
  • progresser dans les niveaux de drapeaux et obtenir des bonus
  • faire appel au pouvoir spécial de son personnage

Les dés peuvent être lancés 3 fois au maximum.

Une fois qu’un niveau de votre cible est complété vous avez la possibilité d’utiliser votre tirage de dés pour attaquer les spectateurs de vos adversaires. Lorsqu’une personne n’a plus de spectateurs elle est éliminée de la partie.

En résumé, pour gagner il vous faudra être le plus rapide à terminer vos niveaux de cibles avec la possibilité d’attaquer dès que possible vos adversaires pour les éliminer du jeu.

Kyudo, verdict

Sur le papier, cette version « roll and write/Fight » est originale et semble pouvoir amener du piment, de la confrontation et donc des interactions, ce dont manque en général cruellement les roll and Write standards.

La règle du jeu est limpide et le jeu on ne peut plus simple à prendre en main.

Le matériel est vraiment de toute beauté et de qualité. Les jetons d’action des drapeaux sont d’une jolie transparence, colorés et rangés dans un petit sac spécial soyeux et assorti. Une piste de dé en néoprène est fournie dans la boite, ainsi que des sleeves mis à disposition pour les cartes personnages.

Les illustrations de Camille Chaussy sont modernes et esthétiques et nous transportent admirablement dans la thématique du jeu.

Malheureusement le jeu en lui-même n’est pas à la hauteur de toutes ces promesses. Cela a vraiment été pour moi une grande déception.

Testé tout d’abord à deux, cette configuration n’a pas mis le jeu en valeur. Mais à 3 ou 4 ce n’est pas mieux, juste plus long. Le jeu est gnian-gnian et répétitif. La promesse d’attaques sournoises n’atteint pas l’effet de tension escompté, comme on pouvait s’y attendre. Au mieux, on décide de tout miser là-dessus pour réussir, après quelques coups, à éliminer un de ses adversaires, sans grand plaisir. Les lancés de dés s’enchainent et on progresse lentement, mollement, sans passion d’une case cochée à une autre.

Les pouvoirs des personnages sont également sans réels intérêt dans la partie. Quant aux pouvoirs des drapeaux, censés amener un peu de rythme et de diversions, ils suivent le rythme lent des actions à mener.

Finalement, dans Kyudo, on joue un peu, on s’ennuie beaucoup. Et on n’en ressort pas avec l’envie de recommencer une partie.

Le jeu est annoncé dès 7 ans. Les plus jeunes et les familles jouant occasionnellement sauront peut-être trouver un peu plus d’intérêt à ce jeu ? J’en doute.

Kyudo, un jeu plein de promesses, aux très belles illustrations avec un matériel de très grande qualité. Mais à la jouabilité molle et creuse sans rythme ni passion. Vraiment dommage !

Sympathique, sans plus

Note : 3 sur 5.

  • Auteurs : Bruno Cathala et Ludovic Maublanc
  • Illustratrice : Camille Chaussy
  • Éditeur : Offline Editions
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne « bien » à toutes les configurations)
  • Âge conseillé : Dès 7 ans (bonne estimation)
  • Durée : 25 min
  • Thème : Japon, animaux, tir à l’arc
  • Mécaniques principales : Roll and Write. Pour en savoir plus sur les différentes mécaniques de jeux, c’est ici

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Article écrit par Aline, membre de la Team Gus&Co. Elle travaille dans le domaine social. Elle est tombée toute petite dans la marmite du jeu sous toutes ses formes (plateau, jeux vidéo, escape room, murder). Écrire sur le blog lui permet de découvrir de nouveaux jeux et partager de vrais coups de cœur.

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