Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Pas vu, pas pris. Cache-cache de fantômes à IKEA

Pas Vu, Pas Pris, c’est Ghostbusters sur un plateau.


Pas Vu, Pas Pris

Qui n’a jamais joué à cache-cache. Qui n’a jamais inventé des variantes fun à ce jeu. Cache-cache dynamite, cache-cache nuit, cache-cache sardines. Et dans le jeu Pas Vu, Pas Pris, c’est plutôt cache-cache fantômes.

Pas Vu, Pas Pris est un jeu pour enfants et familles, dès 8 ans, mais on peut très bien y jouer sans difficulté avec des enfants dès 6 ans.

Jouer à cache-cache dans une maison pour « de vrai », avec de « vrais » meubles, ça vous tente ? C’est toute la promesse, tenue, de Pas Vu, Pas Pris, le tout nouveau jeu de la petite et très sympathique maison d’édition Letheia (Wink).

Pourquoi cache-cache

Dans ce jeu, il est donc question de jouer à cache-cache, de tenter, comme fantôme, de traverser un hall sans se faire voir. Mais au fond, pourquoi est-ce que les enfants de tous âges aiment jouer à cache-cache ? Pourquoi voulons-nous nous cacher ? Pourquoi voulons-nous être retrouvés ?

Tout d’abord, les enfants se cachent parce qu’ils veulent tenter, par eux-mêmes, l’exploration. Et qui dit exploration, dit forcément autonomie. Mais une fois cette expérience d’exploration vécue, l’enfant se sent alors seul. Abandonné. Il ne désire qu’une seule et unique chose : se voir rassuré d’être retrouvé. C’est, en quelque sorte, l’affirmation de la vie. Être poursuivi, c’est être aimé. La joie d’être trouvé représente la joie d’être en vie et de se sentir soutenu, entouré.

Mais ce n’est pas tout. Jouer à cache-cache rassemble les enfants et les adultes. Il y a une mission, commune, d’alterner exploration et découverte. Les moments de suspense, quand une personne en cherche une autre, ajoutent à la tension qui conduit ensuite à l’excitation de se réunir.

Mais ce n’est pas tout. Jouer à cache-cache rassure les enfants sur le fait que les personnes peuvent se séparer et qu’elles peuvent ensuite se retrouver. Cette… danse entre séparation et réunification est rassurante. Elle rappelle à l’enfant que les séparations peuvent être temporaires. Les réunifications, les retrouvailles, elles, sont durables. Transformer l’angoisse de la séparation en un jeu constitue une forme de réconfort pour les angoisses parfois ressenties par l’enfant.

Mais ce n’est pas tout. Jouer à cache-cache provoque également une certaine dose de peur. La peur d’être seul, la peur d’être retrouvé. Jouer à cache-cache permet d’expérimenter, de vivre la peur, dans des circonstances protégées toutefois. On aime avoir peur. On aime se faire peur. C’est une émotion qu’on recherche. On prend même un malin plaisir à avoir peur. C’est ce qui nous plaît tant dans la fête d’Halloween ou dans les parcs d’attraction.

Partir se cacher et attendre, fébrile et effrayé, que l’autre vous découvre. Le plaisir du cache-cache réside dans cette attente, cet inconnu. Quand va-t-on être retrouvé ? Une forme d’apprentissage, comme un entraînement, ludique, contrôlé et sans danger.

Retour à Pas Vu, Pas Pris

Dans Pas Vu, Pas Pris, on vit tous ces éléments ressentis en jouant à cache-cache, mais sur un plateau. Le principe du jeu ? On doit amener ses figurines fantômes de l’autre côté, en utilisant les meubles de la pièce pour se cacher. Se cacher de quoi, comment ? Du trou de serrure. En effet, on place une pièce en carton percé d’un gros trou de serrure par lequel on va regarder. Toutes les figurines sur le plateau vues à travers sont éliminées.

Éliminées ? Non, pas du tout. Elles reviennent juste en arrière. Retour à la case départ. Si on se fait voir, avoir, ce n’est pas bien grave.

Après 5 manches, ce qui est peu, et c’est très bien ainsi, on compte ses figurines qu’on a réussi à amener de l’autre côté, ainsi que celles qui sont encore sur le plateau. Celles-ci confèrent toutefois moins de points. Sachant qu’en terme de points, les figurines ne se valent pas toutes.

Tout le sel du jeu repose sur le mobilier. Un « vrai » mobilier en plastique dur, lourd, violet et très finement sculpté : un miroir, que l’on pourra orienter pour attraper telle ou telle autre figurine, une table, un pousse-plat troué dans lequel on peut se cacher, un piano, etc.

Les meubles constituent les pièces maîtresses du jeu. On s’y croirait ! Avec Pas Vu, Pas Pris on se prend véritablement, littéralement au jeu. On essaie de faire avancer ses fantômes, on déplace les meubles, on regarde à travers le trou de serrure pour attraper le plus de fantômes. Adverses, si possible. Si possible. On finit bien, souvent, par faire reculer les siens. Et qu’est-ce que c’est drôle !

Pas Vu, Pas Pris, verdict

Pas Vu, Pas Pris est tout ce que l’on recherche dans un jeu pour enfants et familles : on y joue, enjoués, immergés. À peine la partie lancée, c’est le délire à la table : un soupçon de tactique, où aller, quel meuble déplacer, et comment. Et enfin, où placer la serrure pour attraper le plus de figurines.

Avec une once de hasard qui vient pimenter le tout avec deux lancers de dés pour savoir qui déplace la serrure, et où. On pense s’être bien caché, et puis patatras !

Cela faisait longtemps que nous n’avions pas autant ri dans, avec un jeu ! Pas Vu, Pas Pris, comme un emblème du jeu de société moderne : c’est drôle, c’est frais, c’est fun !

Grandiose !

Note : 5 sur 5.

C’est une reco Gus&Co immédiate !

À noter toutefois

Deux éléments à relever :

Le trou de serrure, cheap

Si tout le matériel est incroyable, les meubles, le plateau, les figurines de fantômes, le trou de serrure est… comment dire, cheap. En pièces détachées de carton à monter soi-même, les pièces tiennent mal et le tout se manipule avec fragilité. Pour rafistoler le tout, il faudra y passer un coup de colle. C’est presque dommage et la pièce détone avec tout le reste.

Les cartes spéciales Minuit sonne, pas nécessaires

Le jeu propose deux modes : un mode « normal » avec les cartes « normales » qui permettent de déplacer meubles et fantômes, et un mode « avancé » intitulé : Minuit sonne avec des cartes spéciales qui viennent se rajouter au jeu.

À partir du 2e tour, avant de piocher les cartes normales, la personne qui a le dé devant elle pioche une carte Minuit sonne et la lit à haute voix. L’effet de la carte est alors appliqué immédiatement par tout le monde à la table.

Ce sont 12 cartes qui viennent se rajouter au jeu, de quoi encore plus pimenter la partie. Si ce mode peut marcher avec de plus grands enfants, ados et adultes, oubliez d’y jouer avec des plus jeunes. Il rajoute une couche tactique, frénétique et chaotique. À éviter. Et le jeu « normal » se suffit déjà bien à lui-même. C’est mon avis, en tout cas.

C’est un peu comme Schotten-Totten et ses multiples personnages annexes. On peut les rajouter pour le fun. Mais sans, c’est encore mieux.

Et encore une chose

Podcast

Pas Vu, Pas Pris est un jeu taquin. À la limite du… jeu d’enfoirés. Le but étant de repérer les figurines des autres pour les renvoyer en arrière et les empêcher de marquer des points. Puisque Pas Vu, Pas Pris est un jeu pour enfants, faut-il jouer aux jeux de société, même si on n’aime pas ça ? Faut-il laisser gagner ses enfants ? L’excellente émission Ma Vie de Parent sur France Inter répond à toutes ces questions.

IKEA

En lien avec le titre de l’article, oui, c’est « possible » de jouer à cache-cache à IKEA. La preuve ici.


  • Auteurs : Amine Rahmani, Phil Vizcarro
  • Illustrateur : Sylvain Aublin
  • Éditeur : Letheia
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (tourne bien à toutes les configurations. Encore plus déjanté à 4)
  • Âge conseillé : Dès 8 ans (également possible dès 6 ans)
  • Durée : 30′ (max !)
  • Thème : Fantômes
  • Mécaniques principales : Déplacement, observation, stop-ou-encore

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