Jeux de plateau

Le Co2-score Pourrait Bientôt Remplacer L’EcoScore Et Apparaître Sur Nos Boites De Jeux

Bye bye l’EcoScore pour les jeux de société. Hello CO2-score !


C’est le 21 juin que la Convention citoyenne pour le climat a remis ses 149 propositions au gouvernement français. Et parmi elle figure le CO2-score.

Ce CO2,-score, comme demandé par la Convention, est une mesure d’information pour la clientèle dédiée à lui indiquer si ce qu’elle mange et achète est bon pour le climat. Pour lui donner des indications sur l’empreinte écologique et les rejets de CO2 du produit.

La Convention Citoyenne de quoi ?

C’est dans son discours du 25 avril 2019 que le président français Emmanuel Macron a annoncé le projet de création de cette Convention citoyenne pour le climat. Il faut dire que quelques mois avant, le mouvement et contestation sociale des Gilets Jaunes a secoué l’Hexagone.

Cette annonce du 25 avril a eu comme but d’initier un débat citoyen, à la suite du grand débat national. Avec cette mise en place « la France se dote d’une gouvernance et d’institutions robustes pour prendre les décisions nécessaires en matière de transition écologique, sur la base d’expertises partagées et de concertations approfondies auprès des citoyens » (lien officiel ici).

La Convention citoyenne pour le climat est constituée en octobre 2019 en France. Elle regroupe 150 personnes tirées au sort et constitués en assemblée de citoyennes et de citoyens, appelés à formuler des propositions pour lutter contre le changement climatique.

Et nous voici quelques mois plus tard, ce 21 juin 2020. L’assemblée citoyenne tirée au sort a enfin rendu ses 149 propositions. C’est à présent au président, gouvernement et parlement français d’accepter, rejeter ou travailler sur elles.

Le CO2-score, dans les détails (ou à peu près)

L’objectif affiché du CO2-score est clair : rendre transparent l’impact carbone des produits et le porter à la connaissance de la clientèle. Et tout ceci en le rendant facile à comprendre grâce à la présence de bonnes et mauvaises notes, graduées sur une échelle. Ce CO2-score veut suivre l’émulation publique de l’étiquetage du nutri-score.

Le nutri-score est un système d’étiquetage nutritionnel que vous avez déjà pu voir sur vos emballages de produits alimentaires. Allant de A à E, du vert au rouge. Ces scores sont établis en fonction de la valeur nutritionnelle d’un produit. Le but du nutri-score est de favoriser le choix de produits plus sains et ainsi de participer à la lutte contre les maladies cardiovasculaires, l’obésité et le diabète. Un paquet de chips, moyen, une salade, top moumoute !

Pour l’instant, la Convention citoyenne semble avoir prévu un délai de mise au point d’une méthode de calcul harmonisée. Les méthodologies déjà en place, comme celle du bilan d’émissions de gaz à effet de serre, pourront lancer la machine. Avant l’intronisation officielle et généralisée sur tous les produits d’ici à 1d4 années.

Le mode de calcul n’est toutefois encore ni arrêté, ni même développé. Quels sont les paramètres pris en compte ?

Jeux et enjeux du CO2-score

Depuis exactement une année, le 2 juillet 2019, nous avons été les premiers à introduire une indication environnementale dans toutes nos critiques de jeux. C’est ce que nous avons appelé l’EcoScore.

Au départ, nous l’avions nommé le LudiScore. Mais ce terme était bancal. Il faisait plus penser aux qualités ludiques d’un jeu qu’à ses vertus, ou pas, écologiques. Suite à de nombreuses réactions, nous l’avons alors renommé.

Avec près d’une centaine de commentaires, vous avez nombreuses et nombreux à réagir à cet article. À relire aujourd’hui vos réactions, toutes passionnantes, ce qu’il en ressort, c’est que :

  1. l’EcoScore est une initiative nécessaire
  2. L’EcoScore est approximatif et s’appuie sur des paramètres discutables

Notre ébauche d’étiquetage environnemental repose sur des paramètres globaux, parfois peu détaillés et contestables en effet. C’est pour cette raison que la Convention citoyenne pour le climat en France a demandé à ce que ce CO2-score s’appuie sur des études scientifiques claires, quantifiables et faciles à utiliser.

Mais au fond, à quoi bon ?

Puisque certains produits, certains jeux se verraient ainsi attribuer de mauvaises notes d’empreinte écologique, de rejet de CO2, cet étiquetage peut devenir un levier de consommation responsable. Et corollaire à une clientèle qui deviendrait plus responsable, elle pourrait donc, à terme, favoriser et valoriser des produits aux meilleures notes. Les pratiques des entreprises, des éditeurs pourraient alors changer et s’améliorer. Faut-il vraiment faire imprimer un jeu en Chine alors qu’il pourrait l’être en Europe ? En France ?

Pour toute savoir sur l’EcoScore, et plus si affinités

L’EcoScore prend en compte deux aspects :

  • le trajet nécessaire pour la fabrication
  • le matériel de jeu présent dans le jeu

Le trajet

Chaque jeu est produit et assemblé quelque part: Chine, Allemagne, Pologne, US. Ce qui signifie, pour nous Européens et Européennes, un certain kilométrage, donc un coût environnemental engendré en matière de rejet de gaz à effet de serre et d’utilisation de pétrole.

Plus le trajet est long et plus le rejet de CO2 est important. Et plus la note, la lettre obtenue est basse.

Le matériel

Le matériel de jeu, ensuite. S’il s’agit de bois, de papier-carton en matériau renouvelable, ou de figurines et pièces en plastique en matériau non-renouvelable et polluant.

Et pendant ce temps, à Vera Cruz

Il se pourrait donc qu’à terme, avec le CO2-score, ce nouvel étiquetage proposé par la Convention citoyenne française pour le climat, notre EcoScore vienne à disparaître. Le CO2-score pourrait, devrait se voir généralisé sur tous les produits et services de consommation. Sur nos jeans, nos chips et nos… jeux de société.

Le CO2-score se reposera sur des mesures et barèmes précis de rejet de CO2, ce qui n’est pas le cas de l’EcoScore actuel. L’EcoScore est calculé en fonction des régions de fabrication : Chine, Europe, US, etc. Ce CO2-score, souhaité à devenir un étiquetage officiel, universel et national, ne devrait prendre en compte que le transport et sa modalité. Combien de kilomètres aura-t-il fallu parcourir pour voir le produit, le jeu en boutique. Il y a peu de chance qu’on s’intéresse au contenu de la boîte. Matériau renouvelable, cubes en bois, papier, carton, ou pièces en plastique non-renouvelables issus de la pétrochimie ? Un critère également pertinent pour mesurer l’impact de l’industrie du jeu de société sur la planète.

Et quid des autres pays ? Parce que ce CO2-score est une demande de l’assemblée citoyenne française. Est-ce que les autres pays européens et la Suisse vont suivre le mouvement ?

À relever enfin que l’UEJ, l’Union des Éditeurs de Jeux de société, fondée en 2016, planche également sur ces questions d’éco-conception. L’UEJ est l’association professionnelle qui regroupe la plupart des entreprises francophones d’édition de jeux de société.

Tant que ce CO2-score n’entre pas en scène, d’ici 1d4 années, le temps que tous les partenaires, industriels et gouvernementaux, publics et privés, s’accordent, nous continuerons à indiquer l’EcoScore des jeux chroniqués.

On assiste à une prolifération des étiquetages : énergie, nutri-score, et maintenant ce CO2-Score. Il y a le risque que trop d’étiquettes tue l’étiquette. La conscientisation et la responsabilisation de notre consommation et son impact sur la planète passent peut-être par-là. Ce n’est pas la panacée, mais c’est déjà un début.

Que pensez-vous de l’introduction de ce CO2-score officiel en France et sur nos boîtes de jeux ?

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14 Comments

  • Jem

    Le CO2 score va dans le bon sens, celui de participer à la prise de conscience que tous les produits n’ont pas le même impact sur la planète. Dommage qu’il se limite au trajet, car certains kickstarters surproduits qui dégoulinent de matériel en plastique inutile mériteraient un 0 pointé 🙂

    Personnellement, je suis fan de votre éco score, la signature écologique d’un jeu représentant pour moi un véritable élément de choix, surtout qu’il est tout à faire possible de concevoir de grands jeux en s’affranchissant du plastique et en produisant « localement ».

    Question en passant : dans la note « matériel » de votre écoscore, intégrez vous l’aspect « legacy » ? En effet, un jeu legacy est souvent inutilisable après usage, contrairement à un jeu non legacy qui peut se rejouer/prêter/donner/revendre presque à l’infini. Selon moi, un jeu legacy devrait systématiquement pouvoir être remis à 0 pour se montrer environnementalement vertueux.

    Et une bonne journée bien sûr !

    • Gus

      Bonjour Jem, merci pour votre message !

      Non, l’EcoScore n’inclut pas l’aspect Legacy. Vous faites une bonne proposition. Mais difficilement « quantifiable » je le crains. Quelle pratique, qu’elle consommation est la plus responsable ? Acheter et jouer à un jeu Legacy 10-12-24 fois (My City, Zombie Kidz), et re-donner / recycler ♻️ le jeu ? Ou ne jouer que 4-5x a un gros jeu et le laisser prendre ensuite la poussière ?

      Je crains qu’il n’y ait jamais aucune baguette ou calcul magique, tout est discutable. L’important est l’impulsion, l’information.

      À très vite sur Gus&Co !

      • Jem

        Hello Gus, merci pour cette réponse.

        En effet, on ne peut présumer de l’usage d’un jeu, mais je voulais pointer du doigt l’obsolescence programmée d’un legacy. Pour un jeu non legacy, l’obsolescence est à la discrétion de l’acheteur qui est libre de le faire vivre, pour un legacy, elle est itinérante au produit, la porte de la pérénité dans le temps est fermée, même pour une personne engagée. Idem pour les jeux destructif à la Exit, dont le destin est d’être jetés après une partie, même si une bonne dose d’astuce permet de s’affranchir de cette contrainte 🙂
        La nuance ne me semble pas mince.

  • Berthod

    Très bonne chose ce CO2 score. Et votre eco score était une super initiative (et l’est encore!).
    La monde du jeu doit aussi se remettre en question. Comme le dit Jem dans son commentaire, les kickstarters me dégoûtent de plus en plus tellement ils sont bourrés de plastique et tellement cette plateforme encourage la surconsommation de jeux pas tous bon qui ne seront joués qu’une fois et mis au placard, ou revendus…. j’espère que le CO2 score sera présent également sur les jeux kickstartés !
    En espérant aussi que des usines de fabrication eco responsables voient le jour avec du plastique végétal pour les figurines par exemple etc etc

    • Jem

      C’est tellement vrai.
      Cette pratique kickstarter pose aussi une question plus globale, notre rapport à la matérialité : l’être humain se définit énormément par rapport à ce qu’il possède, et beaucoup de projets jouent sur cette aspiration : possédez le plus gros jeu, le plus rare, avec le plus de matériel. Il faudrait réussir à opérer une bascule mentale collective pour faire prendre conscience qu’un être humain ne se réduit pas à ses possessions, ou à défaut – le sujet étant ambitieux et ne datant pas d’aujourd’hui – faire de l’impact écologique d’un bien une valeur aussi prégnante que la rareté ou le volume.

  • Guillaume DEVIN

    L’idéal serait de prendre en compte le type de transport utilisé. un produit qui arrive de Chine en porte Container, avion ou train (https://geodis.com/fr/activite/transport-terrestre/solutions-de-transport-multimodal/service-ferroviaire-chine-europe) n’a pas le même impact sur l’environnement. Même si le fait qu’il soit fabriqué en Chine est déjà un problème environnemental (et social) par ailleurs.
    Et si on développe ceci : https://www.capital.fr/economie-politique/les-cargos-a-voile-de-neoline-veulent-verdir-le-transport-maritime-1343641
    c’est encore mieux.

  • xaret

    Les propositions de la convention citoyenne sont vraiment intéressantes dans leur construction et leur contenu. Je mets le lien vers la proposition de CO2-score ci-dessous. Les « fiches » de propositions sont vraiment riches en information. Il y a même une rubrique « nous avons conscience que » pour expliquer tout ce qui est pris en compte. L’idée du co2 score est de s’appliquer aussi à la publicité. La convention citoyenne propose un affichage immédiat des informations disponibles aujourd’hui et effectivement une obligation pour 2024, une fois la méthode développée. Ceci étant dit, l’espoir est mince : il y a déjà eu une tentative de mise en place d’un tel indicateur en 2010. De plus, le gouvernement français et sa majorité LREM font beaucoup de communication verte, mais pas grand chose quand on y regarde de plus près…
    : https://propositions.conventioncitoyennepourleclimat.fr/objectif/creer-une-obligation-daffichage-de-limpact-carbone-des-produits-et-services/

  • Lebesgue21

    Je sais pas si tu te souviens, mais c’est ce que j’avais proposé en dessous de ton article sur l’éco-score, avec une méthodologie bien définie et basée sur les data de l’ADEME, parce-que même si les GES ne sont qu’une partie du problème, c’est beaucoup plus objectivable. Je suppose que la méthodologie « officielle » ne devrait pas être fondamentalement différente.

    En tout cas, c’est une très bonne chose !

  • extrapaul

    Cette mention CO2-score est intéressante, mais contrairement à d’autres produits, je ne crois pas qu’elle influencera nos achats de jeux. En effet, on ne se refusera pas d’acheter le tout nouveau jeu « Cthulhu contre Superman » par ce qu’il aurait un mauvais score CO2. Et on ne ressortira pas du magasin avec sous le bras « Histoire de Bisounours », par ce que celui-là a un bon score.
    Pour ma part, j’achète la plupart en deuxième main : dans le monde du jeu, l’éco-responsabilité est plutôt une affaire d’achat raisonné, et hélas je vois surtout de l’achat compulsif.

  • Laetitia Di Sciascio

    Salut ! Perso, je trouve que c’est une excellente idée, du genre « pourquoi c’est pas déjà en place depuis longtemps ? » (et pas que pour les jeux).

    Deux remarques cependant par rapport à ce que tu écris dans cet article :
    « indiquer si ce qu’elle mange et achète est bon pour le climat. » => Toute consommation est néfaste pour le climat (donc pour nous-mêmes au final), donc un A ne serait même pas bon, et ça risque de justifier des achats inutiles « parce que c’est A donc c’est pas grave ». J’aurais même proposé de commencer la notation à B, histoire que le A n’existe pas, vu qu’il est impossible d’avoir des émissions de CO2 négatives avec ce genre d’achat.

    Par rapport à l’Ecoscore, en plus du trajet, il faut tenir compte de l’origine de l’électricité dans le pays. Le plus gros problème de la Chine n’est pas la distance jusque chez nous, mais le fait qu’ils produisent leur électricité à 70% au charbon, donc toutes les machines de leurs usines sont charbonnées. Produire en France quelque chose qui se vend en France a le double avantage d’être à la fois local et « au nucléaire », qui n’émet pour ainsi dire pas de CO2 en fonctionnement.

    Et c’est marrant de voir qu’on compte 149 propositions… la 150e concernant la réduction du temps de travail a été définitivement ignorée et anéantie comme si elle n’avait jamais existé ?

  • Yeast Games

    Bonjour, ce sont de très bonnes initiatives, nécessaires même.
    Nous sommes une association d’édition et avons pour ambition de produire nos jeux localement et de manière écoresponsable (dans les limites du terme nous en convenons).

    petite annonce publicitaire :p
    « Yeast Games (Nous)
    – Produit ses jeux dans les Landes, nous débutons et sommes en train de prendre le contrôle de nos moyens de production pour atteindre au plus vite le 100%.
    – Utilise au maximum des matérieux recyclés et/ou renouvelés (avec traçabilité).
    – Assemble ses jeux dans les Landes (nous mêmes, sans exploitation).
    – Prévoit une version Print and Play pour les personnes habitant loin.
    – Ne fait pas de surproduction, de stockage, de dépôt en boutique (sauf local dans un certain périmètre)
    Nous aurons bientôt un site pour plus d’info, en même temps que notre prochain Kickstarter « Which Side? (are you on). Un jeu coop de lutte contre les offensives patronales à New York en 1910.
    Vous voulez jouer responsables ? Venez voir ce que nous faisons.
    PS : nous ne suivons pas la vague, nous sommes organisateurs de Grandeur Nature écolos depuis 2003, avons présenté la conférence « dans Grandeur Nature il y a aussi Nature » aux Gniales de Paris il y a quelques années. »

    Nous sommes disponibles pour toute information si le sujet intéresse, ou pour « tester » notre engagement écologique, voir pour tester nos jeux.

    Merci.
    Collectif Yeast

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