Critiques de jeux,  Jeux de plateau

3 jeux de société sortis en 2020 pour explorer et construire Paris

Avec Dinner in Paris, Paris 1889 et Paris : Ville Lumière, partez explorer et arpenter la capitale.


Découvrez 3 jeux de société sortis en 2020 qui placent Paris comme thème de jeu :

Soyons lucides. La capitale française exerce une importante fascination sur l’imaginaire collectif culturel et mondial. Son attraction planétaire attire un important tourisme. Selon les chiffres officiels, pour 2019, soit avant la COVID, la destination Paris Ile-de-France avait accueilli 50,6 millions de touristes qui avaient généré 196,4 millions de nuitées et 21,9 milliards d’euros de recettes. Soit des chiffres importants, pour la France et le tourisme planétaire.

Évidemment, depuis la pandémie début 2020, le tourisme dans la région francilienne s’est effondré. Soit un manque à gagner phénoménal. La « Ville Lumière » désertée ? Hôtels fermés, monuments historiques peu remplis et restaurants à la peine. Quand ils étaient encore ouverts…

Mais au fond, pourquoi Paris est surnommé la ville lumière ?

Quand on parle de Paris, on la surnomme souvent la Ville Lumière. Pourquoi ?

On appelle Paris « la ville lumière » parce que c’est à Paris qu’est né le premier éclairage public sous Louis XIV en 1665 avec la création du premier établissement de lanternes ! Avant la ville était un véritable coupe-gorge. Il y avait eu des tentatives pour la mettre en lumière, mais qui n’avaient été pas vraiment suivies d’effet parce qu’équiper une ville en lampadaires coûtait trop cher. 

Ensuite, c’est également à Paris qu’ont eu lieu les premiers essais d’éclairage électrique dans l’espace public en 1844. Puis en 1881, c’est à Paris qu’a eu lieu la première exposition internationale d’électricité. Un événement soutenu par des ingénieurs et des financiers qui va connaître un immense succès.

Si Paris est la première ville éclairée à la bougie au XVIIe siècle, elle n’est pas la première à être éclairée ni au gaz, ni à l’électricité au XIXe. Mais en 1900, lors de l’Exposition Universelle, elle se dote de ce surnom de « Ville lumière ». Pour elle, c’est un élément marketing, une façon de se vendre et de se mettre en avant. En effet, à ce moment-là, elle a rattrapé son retard sur les autres villes comme New York, qui a déjà un éclairage électrique. Comme cela, la ville brille de 1’000 feux et rappelle que c’est à Paris qu’on eu lieu les premiers tentatives d’éclairage moderne électrique. 

Mais au fond, pourquoi Paris est surnommé Paname ?

Paris est parfois surnommée Paname par ses habitantes et habitants. C’est un surnom familier donné à Paris et sa banlieue. Quel rapport entre cette capitale européenne et une ville, un pays du continent américain ?

Au début du xxe siècle, les Parisiens avaient adopté le chapeau dit « Panama », mis en vogue par les ouvriers qui creusaient le canal du même nom à cette époque. La Panama est un chapeau en fibres végétales, d’origine équatorienne, malgré son nom qui renvoie à Panama.

Il s’agit d’un chapeau masculin souple et léger, très en vogue vers 1900, porté par les ouvriers pour se protéger du Soleil avant de devenir un symbole d’élégance décontractée. Il est soit de couleur ivoire garni d’un ruban marron ou noir, soit blanc garni d’un ruban noir.

Ainsi, dû aux chapeaux, Paname a pu signifier la ville des élégants. En tout cas, c’est pendant la Première Guerre mondiale que le terme a pris son essor. 

Plusieurs jeux de société et de rôle s’amusent à placer le patrimoine culturel et historique de la ville. Haaaaa, le fameux et lourd coffret Les Années Folles pour le JDR L’Appel de Cthulhu. Toute mon adolescence ! Voici trois jeux de plateau dont la sortie est plutôt récente, fin 2020 : Dinner in Paris, Paris 1889 et Paris: Ville Lumière (justement).


Dinner in Paris

Sorti fin 2020, Dinner in Paris vous propose d’ouvrir des restaurants dans Paris. Oui, je sais, écrire ça début 2021, avec tous les restaurants en France, en Suisse, et dans la plupart des autres pays fermés, ça fait bizarre.

Dans ce jeu de plateau donc, on va devoir ouvrir différents restaurants, crêperie, pizzeria, gastronomique, autour d’une place typique parisienne. Et oui, il y a des pigeons. Les oiseaux, pas les gens.

Pour ouvrir un restaurant, il suffit de récupérer d’un certaines cartes Ingrédients : baquette, farine, patates, etc. Ces cartes défilent dans un marché disponible à la Ticket to Ride. Et en parlant de Ticket to Ride, Dinner in Paris emprunte également quelque peu son système d’objectifs secrets à valider, sous peine d’en souffrir les conséquences et de devoir perdre des points en toute fin de partie.

Au fil de la partie, on pioche des cartes Ingrédients, on remplit des objectifs, on construit des restaurants ou l’on étend sur la place les terrasses de ses établissements, en mode course à l’échalotte pour la pose de tuiles.

Dinner in Paris est plus simple et fluide qu’il n’y paraît, avec un hic toutefois, si le jeu se prend en main de manière rapide, le jeu ralentit à mesure qu’on joue, puisqu’on dispose plus de fonds pour réaliser plus d’actions, dont la pose de terrasses. Si à deux le jeu tourne très bien, même si moins tendu, c’est à 4 que le jeu patine. Pour un jeu qui se veut familial, familial+, on fini par s’y ennuyer. Dinner in Paris dispose toutefois de plusieurs atouts : son matériel est somptueux, ses bâtiments en plastique dur, qui donnent vraiment l’impression de participer à la construction de restaurants, et ses règles, fluides : cartes, tuiles, bâtiments ou objectifs.

Dinner in Paris, Verdict

Pas mal !

Un jeu au thème bien intégré, plaisant, qui se laisse jouer mais qui ne réinvente rien.

Note : 3 sur 5.

Dinner in Paris, sorti en novembre 2020 chez Funnyfox, créé par Les Trolls Associés, pour 2 à 4 (meilleur à 2), dès 10 ans (bonne estimation), pour des parties de 45′-60′. Prix constaté : 40 euros.

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Paris 1889

Paris 1889 est la suite de Greenville 1989, cet angoissant jeu de société de déduction d’images. Une déambulation inquiétante dans le Paris du XIXe.

Quand Greenville 1989 est sorti en début 2019, le jeu a connu un gros et beau succès. Il faut dire que l’univers et les illustrations du jeu, très Stranger Things, nous ont proposé une relecture des jeux de déduction d’images à la Dixit en nous plongeant dans une version horrifique et angoissante.

Paris 1889 en est donc la suite, un stand-alone. Il n’est pas nécessaire d’avoir joué à la première mouture, mais si c’est le cas, c’est encore plus délicieux !

Dans Paris 1889, on se retrouve donc 100 ans avant les évènements de Greenville. Il va falloir se balader dans ce Paris fantasmagorique qui fleure l’épouvantable pour mettre la main sur des anneaux et empêcher que L’Abomination nous rattrape. Immersif, narratif, palpitant !

Paris 1889 se joue, en gros, comme Greenville 1989. On commence par recevoir une carte, face visible, qu’on décrit alors à tout le monde, et on indique alors son intention d’interaction avec elle : explorer, tirer, fouiller, etc. Comme si on jouait à un jeu de rôle. Le Guide en pioche et en choisit d’autres à placer autour du plateau. Il va choisir, face cachée, les pions des personnages qui pourraient venir s’y trouver.

Cette deuxième carte représente la suite de la première. Si A, donc B, ce que le Guide pense être la suite de l’histoire. Le Guide doit également placer des jetons Monstres, pour indiquer où se balade L’Abomination. Tous ces jetons sont bien sûr placés face cachée.

Le Guide donc doit bien suivre les indications laissées par les autres dans la précédente phase de narration pour savoir qui irait où.

S’ensuite alors un choix des autres, qui placent leur jeton sur l’une des cartes disponibles. Puis on passe enfin à la révélation.

Si l’association est bonne : on récupère son jeton et on prend la carte associée pour la placer devant soi, sur la carte précédente. Il s’agit alors de la prochaine carte à décrire. Son pion avance alors sur le plateau principal, une sorte de piste, sur laquelle se trouve des anneaux à récupérer.

Si l’association est erronnée, la carte est défaussée.

Paris 1889 est donc un pur jeu de déduction d’images, mâtiné d’une narration forte, entre jeu de rôle et jeu de société. Il va falloir faire preuve d’une solide dose d’imagination pour raconter sa carte et ses intentions. Passionnant !

Les règles de Paris 1889 sont, en gros, très semblables à celles de Greenville 1989Narration, écoute, déduction. Ce qui change, c’est la phase, la scène finale, dans laquelle on procède à une dernière phase de déduction, mais avec les cartes face cachée cette fois, pour compliquer le tout. On doit donc faire appel à une solide dose de mémoire, et de déduction aussi, toujours, pour s’en sortir.

Ce qui change également dans cette suite, hormis son contexte « historique », on a quitté le 80s effrayant des US à la King, pour se plonger dans un Paris qui joue moins sur l’horreur et plus sur l’épouvante, le fantastique. très Lovecraft. Des éléments changent, étonnent, inquiètent. Avec Paris 1889, on est moins dans un déluge d’horreur glauque et gore et plus dans une réalité à l’horreur dissimulée, feutrée et suggérée, très Lovecraft. Une version plus subtile.

Les cartes, les illustrations sont toujours incroyables et immersives.

Paris 1889, verdict final

Grandiose !

Une suite effrayante, intense, qui reprend les mêmes mécaniques que le précédent titre en proposant quelques subtiles différences

Note : 5 sur 5.

Paris 1889, sorti en octobre 2020 chez Sorry we are French, créé par Florian Fay, pour 3 à 6 (toutes les configurations sont bonnes, mais le jeu est encore meilleur à 4-5), dès 16 ans (pas tellement moins. Si les règles sont simples, les illustrations et l’univers sont sombres, horrifiques et anxiogènes), pour des parties de 45′-60′. Prix constaté : 30 euros.

➡️ Vous pouvez consulter les règles du jeu ici

➡️ Vous pouvez trouver Paris 1889 chez Philibert ici

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Paris : Ville Lumière

S’il y a bien une tendance actuelle que l’on observe dans les jeux de société, c’est l’incrustation des tuiles polyominos. De très nombreux jeux récents proposent d’inclure ces petites tuiles à la Tetris aux formes improbables. Paris : Ville Lumière ne déroge pas à la règle.

Sorti début septembre 2020 chez IELLO, dans Paris : Ville Lumière on cherche à construire, à placer des bâtiments représentés sous la forme de tuiles polyominos dans un réseau de rues de la capitale. Et tout ceci en étant à côté de réverbère pour s’assurer le plus de lumière (d’où le titre, comme vu en début d’article).

L’une des tendances de l’industrie du jeu de société ces dernières années, est l’utilisation de polyominos. Ces pièces de style Tetris ont été vues dans des nombreux jeux : PatchworkMy City, nommé au Spiel des Jahres en 2020, The Magnificent, et beaucoup d’autres.

Polyomino, un peu d’histoire

Penchons-nous un instant sur l’histoire de ces fameuses tuiles appelées polyomino, que l’on retrouve dans Paris : Ville Lumière, et dans de nombreux autres jeux récents. Ces polyomino, des tuiles aux formes carrées, apparaissent dans les puzzles depuis la fin du XIXe siècle. On ne sait pas qui, ni comment elles ont été inventées.

C’est le mathématicien et informaticien américain Solomon W. Golomb (1932-2016) qui est le premier à avoir nommé ces tuiles polyomino. Le terme est une contraction entre « »poly » , du grec ancien, signifiant un objet qui est constitué de plusieurs éléments du type du mot qui suit, et « domino » , cet objet formé de deux carrés de même dimension.

Un polyomino représente donc un ensemble de carrés unitaires joints par leurs côtés. Ces carrés sont souvent nommés des cellules. S. Golomb en a d’ailleurs réalisé une étude systématique dans un ouvrage universitaire intitulé Polyominos, paru en 1953.

Ces tuiles si particulières ont bien évidemment inspiré le fameux jeu vidéo Tetris, sorti en 1984. Il aura ensuite fallu attendre 16 ans pour voir deux jeux de société modernes sortir en l’an 2000 qui intègrent ces tuiles à angles droits : Les Princes de Florence aujourd’hui disparu (snif !), et Blokus, qui, vingt ans après, continue de se vendre.

Mais c’est Patchwork d’Uwe Rosenberg, sorti en 2014, qui a véritablement lancé la « mode » des polyomino dans le monde du jeu de société. L’auteur en a ensuite réalisé de multiples déclinaisons dans nombreux autres titres ultérieurs : Indian SummerCottage GardenÀ la Gloire d’OdinSpring Meadow

Inspirés par cette mécanique et par ces tuiles, d’autres autrices et auteurs contemporains lui ont alors emboîté le pas. Entre 2019 et 2020, on dénombre plus d’une vingtaine de jeux de société qui intègrent ces polyomino. C’est le cas ici avec cet Paris Ville Lumière. Et ce n’est pas près d’être le dernier !

Retour à Paname

Dans le jeu de société Paris : Ville Lumière, comme dans la majorité des jeux à polyominos, on tente de recouvrir la plus grande surface possible au moyen de ces tuiles, tout en réussissant à placer le plus d’entre elles les unes à côté des autres. Jusque-là, rien d’extraordinaire ! Paris : Ville Lumière est d’un classicisme crasse.

Sauf que. Paris : Ville Lumière propose deux aspects intéressants :

  1. Le jeu est constitué de deux phases. Lors de la première, on construit ensemble le fond du plateau. Ce qui nous permettra ensuite de poser, ou pas, les tuiles lors de la seconde selon sa couleur. Cette première phase demande de bien visualiser à l’avance les polyominos disponibles et de bloquer l’autre pour l’empêcher de poser les siennes par la suite.
  2. Dans la plupart des jeux à polyominos, comme dans l’excellent Île des Chats par exemple, ou encore My City, nommé pour le Spiel des Jahres en 2020, on passe sa partie à récupérer des tuiles et à les poser sur son propre plateau personnel. Ce qui rend alors le jeu très individuel. Dans Paris : Ville Lumière, tout se joue sur un seul plateau, ensemble. Il va donc falloir jouer des coudes pour poser ses tuiles et surtout, tout faire pour bloquer l’autre. Ce qui introduit une interaction plus directe, plus taquine.

Enfin, un dernier aspect à relever, Paris : Ville Lumière propose une thématique et une esthétique très Belle Époque dans le Paris de la toute fin du 19e siècle, comme le jeu précédent chroniqué plus haut, Paris 1889, avec de « réelles » cartes postales qui reprennent le style des tableaux impressionnistes de l’époque : Cézanne, Gauguin, Monet.

Paris : Ville Lumière, verdict :

Pas mal !

Note : 3 sur 5.

Paris : Ville Lumière, sorti en septembre 2020 chez IELLO, créé par José Antonio Abascal, pour deux uniquement, dès 8 ans, pour des parties de 30-45′. Prix constaté : 20 euros.

➡️ Vous pouvez trouver Paris : Ville Lumière ici chez Philibert.

➡️ Et également chez Magic Bazar.

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