Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Black Orchestra. Adolf, reviens, j’ai les mêmes à la maison

  • Date de sortie: 2018 pour le reboot
  • Auteur: Philip duBarry
  • Illustrateur:  Cody Jones, Dann May, Lucas Soriano
  • Editeur: Game Salute
  • Nombre de joueurs: 1 à 5
  • Age conseillé: 14+
  • Durée: 60-90′
  • Thème: dignitaires nazis contre Hitler
  • Mécaniques principalescollaboratif, coopératif

Cette critique vous est proposée par Manu

Vous connaissez le jeu Pandémie ? Au lieu de trouver quatre vaccins, vous devez éliminer Hitler. Et ça ne fait pas de vous les gentils pour autant!

De quoi ça parle ?

Schwarze Kapelle (la version originale de Black Orchestra) correspond à l’appellation donnée par la Gestapo pour les ennemis de l’intérieur, côté « dignitaires du régime ». Car il existait également un orchestre rouge qui lorgnait du côté de l’URSS

Dans le jeu, chacun incarne une vraie personne qui s’est opposée à Hitler parmi ces (ex-) dignitaires : on a un aperçu de son parcours (spoiler alert : un seul survivra à la guerre) et pour la plupart, ce sont des nazis ou sympathisants qui se rendent compte qu’Hitler mène l’Allemagne à sa perte et veulent l’arrêter à tout prix (parfois aussi pour se faire bien voir des alliés de l’ouest qui progressent)

Bref, on doit stopper Hitler mais pour y arriver, ce n’est pas simple. Il va falloir se balader dans le Reich pour récupérer les éléments d’un complot puis avoir la bonne personne et l’occasion de mettre ce plan à exécution, tout en restant hors des radars de la Gestapo.

Ce jeu collabor…atif (ouf) a pour cadre les années 1936-1945 et est une réédition embellie d’un jeu de 2016. Il n’est disponible qu’en VO et a pas mal de texte. Vu les antécédents historiques France-Allemagne, pas certain qu’une VF voit un jour le jour…

Et comment on joue ?

Après avoir défini un niveau de difficulté, chaque joueuse prend un personnage historique qui a un pouvoir particulier et aussi une appartenance à un groupe (civil, Wehrmacht ou Abwehr). Sur le plateau représentant le Reich et les pays voisins, on met face cachée des objets

Ensuite, on place Hitler et ses 5 sbires (Goering, Goebbels, Hess, Himmler, Bormann) sur la carte, puis en haut, en 7 tas, les cartes événements, et à gauche les cartes « dossiers » et « Gestapo ». Pour la partie, on va utiliser des dés à six faces qui ont les faces classiques 1, 2 et 3, mais aussi 2 cibles et un aigle. Si vous voulez commencer la partie, portez du noir !

Le tour de jeu se divise en trois phases

– Si votre personnage est au même endroit qu’un des six boss, vous subissez un effet négatif

– Ensuite, vous faites trois actions

– Puis, vous tirez une carte événement dans le tas en cours, avant de passer au joueur suivant

Parmi les actions, on peut

– se déplacer d’une case (chaque case a une limitation : un chiffre qui indique qu’on peut s’y rendre uniquement si a atteint ce tas des cartes événement)

– retourner un objet

– prendre un objet

– donner un objet ou une carte dossier

– lâcher un objet

– faire libérer quelqu’un

– conspirer (1 fois seulement) c’est à dire que vous lancez autant de dés qu’il vous reste d’actions. Les chiffres vous donnent des actions en plus à faire, les cibles permettent d’augmenter le niveau de résistance à Hitler (dissension) et les aigles font venir la Gestapo

– tirer une carte dossier (qui vous donne un complot ou quelque chose qui le facilite, parfois illégal)

Les cartes événement montrent l’avancée du temps : on suit la montée du nazisme qui fait qu’à la fois il est plus dur de tuer Hitler (« military support ») mais aussi que la motivation des conspirationnistes monte. Les cartes ont des photos d’époque et cela rend palpable la marche vers la guerre avec les discours à Nuremberg, l’Anschluss etc.

A partir du troisième tas (?), il y a trois cartes Gestapo par tas. Si vous en tirez une, tous les personnages trop suspects sont arrêtés et les autres doivent se débarrasser de leur contenu compromettant, si dur à obtenir, pour rester libres.

On ne peut transporter que quelques objets (suivant le nombre de joueurs) ainsi que quelques cartes « dossier » (suivant votre motivation)

Et si mon perso est arrêté ?

Si votre perso est arrêté par la Gestapo, vous continuez à jouer. Mais au lieu des actions, vous tirez une carte Gestapo que personne d’autre ne peut lire

Sur cette carte, il y a le choix entre trois actions possibles et vous devez en prendre une (ou à défaut, tirer une autre carte si aucun choix n’est possible)

En général, on n’a que des mauvais choix qui mettent en danger tout le monde. Avec du bol, vous sortirez libre mais avec une motivation au plus bas et sans aucun objet sur vous. Si un autre personnage vient vous aider à sortir, il sera aussi assez suspect. Autant dire qu’il vaut mieux éviter

Et comment on gagne ?

En tuant Hitler. Plus facile à dire qu’à faire. Car il faut

– obtenir une carte complot (tireur solitaire, empoisonnement etc.)

– avoir la motivation nécessaire pour réaliser ce complot

– avoir les prérequis obligatoires (par ex, être de la Wehrmacht, avoir un pistolet, être au même endroit qu’Hitler avec X conspirateurs)

– éventuellement avoir des bonus qui vous donnent des dés supplémentaires (objets)

Quand vous avez tout cela, il « suffit » de jeter tous les dés auxquels vous avez droit. Chaque « cible » que vous obtenez est un succès. Le nombre de succès à obtenir doit atteindre au moins le niveau actuel de « military support » (base de 2, 3 ou 4 suivant le niveau de difficulté mais cela peut monter jusqu’à 7 avec la montée en puissance du Reich). Aparté : obtenir 7 succès avec 5 dés, c’est compliqué (c’est du vécu)

Le temps passant et la guerre ne se déroulant pas comme prévu, le régime devient à la fois plus fragile mais plus paranoïaque. Dans le tas 7, il existe une carte qui met fin au jeu, donc vous jouez aussi contre la montre

Interaction

Énorme!

On joue ensemble avec un but en commun et tout le monde est au courant de tout (ce qui est un gros avantage par rapport à la situation d’alors)

Le seul moment où la joueuse est seule est quand elle est arrêtée par la Gestapo et doit décider en solo de ce qu’elle fait… en général passer son tour ou faire du mal à ses alliés en les dénonçant

A combien y jouer ?

Je n’ai testé qu’à trois et c’était bien

Vu qu’on joue (presque) toujours ensemble, le nombre n’est pas un vrai souci et puis chaque tour est rapide. Reste le souci des jeux coopératifs où une joueuse un peu experte et directive dit aux autres quoi jouer (ce qui n’est pas trop fun). Pour ça, on peut jouer en solo si vous aimez ça

Alors, Black Orchestra, c’est bien? Critique

Le thème est fort (euphémisme) et ne conviendra pas à tout le monde. Une fois ceci accepté, c’est un jeu difficile avec une ambiance dingue : les graphismes, les images les dés, tout est pensé pour rester dans le thème et il se développe un sentiment de malaise et « d’importance de la mission » qui ajoute de l’intérêt au jeu pour moi. Si je devais faire une comparaison cinématographique, ce serait Rogue One : une mission vitale transcendant les vies des individus… et donc par là même super risquée.

Le jeu est dur, donc vous allez en baver. C’est sans doute ce qui rend les victoires encore plus savoureuses. Je ne doute pas qu’à force de connaître le jeu, on puisse anticiper un peu mieux les actions à faire et les cartes à venir. Je disais en préambule que c’était un Pandémie-like et c’est exactement ça : le jeu vous met des bâtons dans les roues pour empêcher de gagner, ce qui est très classique. La quadrature du cercle c’est monter sa motivation tout en gardant une suspicion basse et en augmentant la dissension face à Hitler, puis récolter les objets pour mener à bien un complot, quitte à défausser certains objets sur les bonnes cases pour obtenir un répit supplémentaire. Et enfin avoir la bonne « fenêtre » pour éliminer la cible. Beaucoup de paramètres à prendre en compte… comme à Pandémie

Si vous aimez le challenge, tentez (on a joué à trois novices en mode facile et on s’est fait exploser par le jeu). Pour se relaxer dans le cadre d’un jeu choupi, faites autre chose.

J’en garde un souvenir éprouvant mais positif

Score

Anticipation: 3/5 : Euh, on va jouer à ça ?? Vraiment ? Ah, en plus, c’est pas pulp, on n’est pas dans un Tarantino. Au moins, le plateau, les cartes mettent dans l’ambiance (les pions, un peu moins)

Pendant la partie: 4/5 : Hilfe, on ne va jamais réussir !!!!

Après la partie: 4/5 : On a tous fini arrêtés par la Gestapo donc Game over. Comment on aurait pu faire pour améliorer nos actions (genre, au moins en tenter une)

Score final: 4/5 : On a perdu mais on est bluffé, l’ambiance ajoute à l’expérience. Limite, on a envie d’en refaire une pour tenter enfin de le buter et pouvoir arborer la petite carte « We killed Hitler »

Et encore une dernière chose

Ha, d’ailleurs, vous saviez, vous, que la première personne à avoir voulu assassiner Hitler en 1938 était un… Suisse de Neuchâtel? Maurice Bavaud

Dingue

Un jeu sur le même thème? Une reco? Secret Hitler, bien sûr. Plus bluff, moins plateau

Au cinéma, si le thème vous intéresse, vous avez peut-être déjà vu Valkyrie, avec Tom Cruise, dans lequel il incarne un officier de la Wehrmarcht préparant l’assassinat d’Hitler. Personnage que l’on peut également incarner dans Black Orchestra. Von Stauffenberg

Vous pouvez consulter les règles du jeu ici

Vous pouvez trouver Black Orchestra chez Philibert ici

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2 Comments

  • Nicolas

    Salut Gus. Bon bah nous, on s’est beaucoup ennuyés. Jeu à 3, très vite une carte complot interessante, puis on a attendu, attendu, attendu que le contexte soit favorable. Puis on a explosé H lors de l’un de ses déplacements. Puis on est passés à autre chose.

  • Paul Barbieux

    Je viens contrebalancer l’avis de Nicolas.
    S’il est vrai que le jeu est une longue préparation qui se terminera par une ou deux tentatives d’attentat, réunir les items et éviter la gestapo jusque là constitue pour moi le plaisir de jouer.
    La mécanique n’est pas plus lassante ou répétitive qu’un Pandemic. Et comme j’adore Pandemic…
    J’ajourerai que les passionnés de la deuxième guerre mondiale, comme moi, apprécieront les déplacements des députés et les territoires qui s’ouvrent en suivant le cours de l’Histoire. Même Rudolph Hess disparaît du plateau à un moment donné.
    Mention spéciale au lancement de dés pour comploter : j’adore !
    Pandémie oblige : j’y joue seul, et le jeu s’y prête bien au mode solo.
    Pour terminer, sachez qu’un fan a traduit les règles (dispos dans BGG), en reprenant à l’identique le livret original.

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