
Critique de jeu: Star Wars Rébellion. Tu bluffes Leia
Star Wars Rébellion (SWR) est sorti tout début juillet 2016 en VF chez Asmodée (et non pas chez EDGE, pour une fois. Bien que quand même traduit par EDGE…), créé par Corey Konieczka, poulain de l’écurie FFG derrière les blockbusters que sont Forbidden Stars, Imperial Assault (du Descent-like à la sauce Star Wars), Battlestar Galactica, et bien d’autres. Derrière Rébellion on sent bien l’auteur expérimenté, mais surtout l’équipe de développement solide de chez FFG.
Pour 2 à 4 joueurs, d’une durée de 180 à 240 minutes, dès 14 ans. Oui, un très gros jeu.
Thème
C’est Star Wars. III.5, pour être précis. Autrement dit, l’Empire est déjà bien établi dans la Galaxie, et on est train de finir la peinture de l’Etoile de la Mort. Quelques années après l’épisode III, et juste avant le IV. Pendant Rogue One, plus exactement.
Dans SWR, un joueur (ou une équipe, si on joue à plus de 2) contrôle l’Empire, et l’autre la Rébellion. Le but de l’Empire est de découvrir la base rebelle pour l’anéantir, tandis que celui des Rebelles est d’étendre leur influence dans la Galaxie. Histoire de pouvoir compter sur le plus de soutien.
SWR est hyper-thématisé, on se sent vraiment immergé dans la saga!
Matériel
Comme d’habitude avec FFG, les figurines du jeu et les illustrations sont somptueuses!
Si le jeu est (plutôt?) cher, comptez quand même une centaine d’euros, c’est parce que la grosse grosse boîte est bourrée de matos: fig, cartes, plateau, compteurs, etc. Rapport poids-prix, on en a pour son argent.
Et on joue comment?
A son tour, on commence par placer un de ses personnages sur une carte mission que l’on choisit de poser face cachée et que l’on désire activer plus tard. C’est la phase d’affectation, un mélange entre programmation et objectif secret.
Vient ensuite la phase d’ordres, dans laquelle on déplace ses unités sur la plateau et on révèle ses missions. Sachant que les missions de son adversaires peuvent être contrées.
Puis arrive enfin le tour de restauration, dans laquelle on pioche de nouvelles cartes, on récupère ses personnages et on déploie ses troupes. Donc trois phases. Simple.
Comme toujours avec FFG, on a droit à un gros jeu avec des règles épaisses, mais le tout est plus léger qu’il n’en a l’air. C’est la très très grande force de FFG. Proposer des gros jeux complexes aux règles fluides.
Qui dit Star, dit aussi Wars
Oui, il y aura de la baston, forcément. Des combats spatiaux et des combats terrestres. Et oui, le tout est géré par des dés, forcément. Et oui, on pourra influer sur ses tirages, forcément.
On lance autant de dés que ses unités présentes, et les cartes tactiques peuvent impacter sur le combat en cours, soit augmenter soit réduire les dégâts. Simple. Habituel.
Alors, c’est bien?
A 2, c’est tout simplement l’un des meilleurs jeux à 2 actuels (avec 7 Wonders Duel et le Go). A 4, c’est plutôt moyen, parce qu’on perd beaucoup de temps à discuter, et le bluff devient beaucoup plus difficile à gérer.
Du… bluff?
Oui.
Star Wars Rébellion est un gros jeu de bluff. Surtout pour les Rebelles. Ils perdent automatiquement la partie quand l’Empire a découvert, et conquis la base rebelle. Ils doivent donc tout faire pour cacher leur base, choisie en secret en tout début de partie. Sachant que leurs unités déployées en cours de partie risquent de donner de précieuses informations. Oui, comme dans l’épisode V.
Un jeu asymétrique, donc. Pour les Rebelles, il va falloir étendre leur influence sur la plateau en jouant au jeu du chat et la souris avec l’Empire. Et pour l’Empire, réduire l’influence des Rebelles tout en découvrant leur base secrète. Les Rebelles sont plus fragiles, mais plus mobiles. L’Empire, plus puissant mais aussi plus pataud. Le fait que le jeu propose deux factions au jeu complètement différent permettra d’essayer plusieurs tactiques et d’inverser les rôles.
Merchan
Alors oui, Star Wars n’en a pas fini de voir des produits ludiques dérivés: le jeu de figurines (X-Wing, Armada), le jeu de plateau d’exploration (Imperial Assault), le jeu de rôle (dont le tout nouveau, The Force Awakens, vient juste d’être annoncé),
le jeu de cartes (JCE) et enfin, le jeu de dés à collectionner (Destiny, pour novembre 2016, qui vient également d’être annoncé à la Gen Con, une sorte de Quarriors, mais avec des boosters à la Magic). Avec Rébellion, on a ici un jeu de plateau à grande échelle de stratégie, de missions et de conquêtes spatiales.
Oui, décidément, Star Wars entretient une véritable histoire d’amour avec le jeu de société. Et c’est tout à fait compréhensible, puisque le jeu permet l’immersion, l’imagination, la collaboration, et l’univers fantastique de Star Wars est tout à fait approprié!
Star Wars Rébellion plonge véritablement les joueurs dans la saga. Avec les personnages importants, les missions à mener, les unités à déplacer. Plus qu’un jeu, SWR est une machine à rêver, à rêver d’être dans la peau d’un général impérial ou d’un fougueux rebelle. Faut-il être un fan inconditionnel de la saga pour y jouer? Non, pas forcément, mais c’est mieux, pour avoir vraiment l’impression de passer de l’autre côté de l’écran.
Maintenant, soyons honnêtes, Star Wars Rébellion est un gros, gros jeu. Lapalissade. Pas forcément compliqué, mais riche, profond, long. Très. Long. Les joueurs passionnés prêts à s’investir dans un jeu exigeant de plus de deux heures auront énormément de plaisir. Les joueurs qui cherchent un jeu plus léger, plus rapide, s’intéresseront à un autre.
Alors que la dégeekisation des jeux de plateau est en cours, pour taper de plus en plus dans le Familial+, FFG continue de sortir des jeux profonds, exigeants, geeks. Et tant mieux.
Vous pouvez trouver SWR chez Philibert,
Chez Ludikbazar,
Chez Ludibay,
Et chez Helvetia Games Shop en Suisse.
Et comme Rébellion parle de bluff, on vous laisse entre de bonnes mains:

