Critique de jeu : PAX, + errata
Présentation
PAX est un petit jeu de cartes sorti en octobre 2011 pour Essen, créé par Bernd Eisenstein et édité par sa propre maison d’édition allemande, Iron Games. Iron Games a sorti un excellent jeu de plateau en 2009, Peloponnes, malheureusement très peu connu.
Pour 1 à 4 joueurs, d’une durée de 30 à 45’, PAX est multilingue, allemand-anglais-français, sans aucun texte nécessaire sur les cartes.
Thème
Dans PAX on joue la révolte des esclaves, Spartacus, contre Rome qui essaie de rétablir son pouvoir. Le thème est ici très ténu et artificiel, on aurait pu un peu plaquer n’importe quel thème, mais il est vrai que l’Antiquité fait voyager / vendre.
Matériel
PAX est un tout petit jeu de cartes, vendu dans une petite boîte. Les illustrations sont jolies, sans être délirantes ni riches. Pas grand-chose à dire à ce sujet.
Mécanique
Le jeu est extrêmement fluide. A son tour, on commence à tirer trois cartes, une par une. Avant de tirer la prochaine, on doit alors décider où la placer : la prendre en main, la placer à Rome ou la remettre sous le deck de cartes. Une fois cela effectué, on peut alors acheter des cartes à Rome, puis en jouer de sa main et recevoir son revenu. La partie s’arrête quand le deck est fini.
La grande originalité et tension du jeu réside dans les deux conditions de victoire différentes. En effet, si Rome a plus de symboles présents sur les cartes que chaque joueur séparé, c’est le premier joueur qui remporte automatiquement la partie. Si Rome n’est pas plus forte, il y a alors décompte de points pour les joueurs.
PAX est donc un jeu de majorité, on essaie d’avoir plus de symboles que Rome, ou pas. Car pour peu que le premier joueur développe une solide stratégie, il fera tout pour faire gagner Rome et ainsi remporter la victoire. Malin.
Toutes les cartes ont des pouvoirs différents, et le premier joueur référencé ci-dessus le devient quand il aura placé plus de cartes « intrigue » que les autres. Le premier joueur, le plus conspirateur en fait, change donc au gré des majorités.
Interaction
L’interaction est très forte, puisque l’on est toujours à chasser les majorités, celles des autres et celles de Rome. On ne peut toutefois pas directement attaquer un autre joueur ou Rome, mais il sera important de bien observer le jeu des autres, surtout celui du comploteur en place.
Conclusion
PAX est un tout petit jeu de cartes de majorité, avec cette astucieuse condition de victoire originale. Le jeu est vendu pour une dizaine d’euros, et à ce prix-là, il serait dommage de s’en priver. La mécanique de base est quelque peu difficile à cerner à la première partie, mais une fois bien en place, le jeu tourne bien.
Fluide, rapide, tendu, avec un brin de tactique, PAX s’avère intéressant, surtout pour cette modique somme. En reprenant le système de majorité ultra-banal, qui commence sérieusement à lasser, l’auteur parvient à nous en proposer une ingénieuse variante.
PAX ne sera de loin pas le jeu de l’année, on y jouera 3-4 parties, mais PAX se situe bien au-delà d’un 6 qui prend et d’un MOW très / trop légers dans lesquels on ne maîtrise pas grand-chose.
PAX peut également se jouer en solitaire, pour peu que l’on apprécie les jeux de société en solo. On y joue alors comme une patience, en sortant des cartes et en évitant que Rome gagne, un peu comme la banque d’un casino.
Ce que j’ai beaucoup apprécié
L’originalité de la condition de victoire
La fluidité et rapidité du jeu
Le petit prix pour un jeu pas vraiment dénué d’intérêt
Ce que je n’ai pas apprécié
La mécanique de majorité, ultra-galvaudée dans la production ludique actuelle
Pas la révélation ludique de l’année, mais il n’en a pas la prétention.
Les règles, pas toujours très claires
Errata
En parlant de règles, la traduction française est très mauvaise et peut sérieusement induire en erreur et biaiser la partie.
1. Dans le chapitre : jouer des cartes + percevoir des revenus : il faut lire : « maintenant, vous percevez des revenus pour la catégorie la « plus élevée » dans laquelle vous avez une ou plusieurs cartes que vous venez juste de poser ce tour-ci.
Exemple : si vous posez 2 cartes à votre tour, une sur une famille de 3 cartes semblables et l’autre sur une famille de 2, vous gagnez alors 4 sous (3+1). La règle vf ne donne aucun exemple et néglige de mentionner ce point, alors qu’en vo cela est clairement indiqué. Sans cette correction, le jeu est méchamment faussé.
2. A la page finale, sur les règles pour jouer en solitaire, il y a une erreur de traduction. Il faut lire : « piochez 3 Cartes Influence de plus et placez-les face cachée en-dessus (et pas en-dessous) des Cartes Légions sans les regarder. »
Bonne partie!
