Jeux de plateau

Critique de jeu : Dominant Species

presentation

Dominant Species (DS) est un jeu de plateau pour 2 à 6 joueurs sorti en 2010, d’une durée indiquée de 2 à 4 heures, créé par Chad Jensen et édité par GMT, un éditeur plutôt habitué à sortir des gros wargames.

theme

On se retrouve dans DS 90’000 ans avant notre ère, juste avant une période glaciaire. Les joueurs gèrent chacun une espèce animale qu’il va devoir préparer à la glaciation et l’amener à la suprématie, l’espèce dominante.

Non, pas de dinosaures, éteints il y a 65 millions d’années, mais des reptiles, des arachnides, des mammifères, des oiseaux, des amphibiens, des insectes.

Le thème est très bien intégré, et vraiment original. Non, pour une fois les joueurs ne jouent pas au Moyen-Age / Antiquité.

materiel

Le matériel est très simple, simpliste même. Cubes et pièces en bois, plateau aux illustrations assez plates. Les illustrations des cartes ne sont pas particulièrement groovy, plutôt décevantes.

Bref, le matériel est plutôt plat, on pourrait presque penser qu’on a affaire à un proto.

Mais au final, cela ne dérange absolument pas, puisque le matériel est ici plus fonctionnel, ergonomique et clair qu’esthétique. Enjoliver le tout aurait certainement dérangé son ergonomie (cf. les plateaux de Metropolis, Felinia ou Small World, hyper baroques et chargés).

mecanique

Pour être extrêmement simpliste, DS présente les mêmes mécaniques que Caylus, placement, et El Grande, majorité.

L’auteur et éditeurs ont certainement voulu publier un jeu qui se démarquait de leur gamme, tout en conservant des mécaniques ripolinées et connues de tous.

A chacun son tour, les joueurs placent un pion d’action sur une case, et quand tous les pions d’actions ont été posés, on résout les actions dans un certain ordre. Amélioration de son espèce, protection, développement, découverte, destruction des autres, décompte, etc.

Le placement représente l’élément central du jeu, il est important de l’optimiser, puisque évidemment on ne possède que très peu de pions d’action pour tout ce que l’on aimerait faire.

Il existe deux niveaux de majorité dans DS.

Dominance : celui qui possède le plus d’espèces / cubes par terrain remporte le plus de points au moment du décompte qui peut avoir lieu chaque fin de phase en fonction des placements. Les différents terrains rapportent plus ou moins de points, la mer est de loin plus intéressante que la tundra, logique.

Domination : le deuxième système de majorité est relatif aux éléments que l’espèce possède sur son tableau, dont elle a besoin pour vivre, eau, carcasses d’animaux, soleil, herbe, etc. Les terrains possèdent des éléments, et pour chaque terrain occupé, les espèces comptent leurs éléments sur leur tableau multiplié par les éléments présents sur le plateau. C’est un peu compliqué à expliquer, mais très simple à jouer.

Le seul point faible du système est que tout change tout le temps, selon la disparition des éléments sur les terrains ou l’adaptation / régression des animaux, et ce décompte de domination doit être constamment effectué après pratiquement chaque action, ce qui ralentit considérablement le jeu et coupe sa fluidité.

Au moment du décompte, en plus des points attribué par la dominance (majorité de cubes / espèces), le joueur qui possède la domination peut également choisir une carte parmi les cinq ouvertes à disposition.

Et c’est là que réside tout le sel du jeu. Ces cartes sont extrêmement puissantes et intéressantes. Certaines sont positives, gain de pions d’action supplémentaires, ordre du tour changé, alors que d’autres cartes s’en prennent directement aux autres joueurs : déplacement forcé, catastrophe naturelle jouée contre les autres joueurs. Ces cartes changent constamment la donne, confère au jeu un certain chaos constant puisque les stratégies des joueurs devront être sans cesse revues.

interaction

Quand on se trouve devant un jeu de majorité, on a clairement une interaction élevée, ici double puisque système de double majorité. L’interaction est de plus très forte puisque l’on peut faire régresser les autres animaux, les faire disparaître à chaque tour par l’action « compétition », et évidemment les cartes augmentent cette interactivité de manière… épique.

Si la plupart des jeux de placement manquent d’interactivité directe et présente plutôt une interactivité froide, Caylus, Agricola, Le Havre, Age of Empires III, etc. Dominant Species est excessivement interactif, presque on est presque dans de l’affrontement direct. On se bat véritablement pour la domination de son espèce sur les autres.

Assymétrique

Chaque espèce possède son pouvoir propre : déplacement amélioré pour les oiseaux, meilleure résistance à l’extinction pour les mammifères, etc. Même la mise en place sera différente, sachant que certaines espèces partent déjà avec un avantage selon le terrain qu’elles occupent. Enfin, pour remporter les égalités, la chaîne alimentaire fait foi. A chaque joueur de s’adapter à ces déséquilibres et différences voulues et naturelles.

like

Le jeu est riche, très riche. Certes, il faudra 1-2 parties d’apprentissage, mais au final, une fois tous les paramètres compris et intégrés, on prendra un véritable plaisir à jouer et planifier sa stratégie.

Le thème, original, est vraiment bien intégré. Adaptation, compétition, glaciation, extinction, tout est vraiment bien pensé et approprié.

Les règles, malgré la complexité du jeu, sont très claires et didactiques, un point extrêmement positif.

paslike

Le jeu est long, très long. La boîte indique une durée de 2 à 4h, mais comptez plutôt 60’ de temps par joueur à la table. A 6, cela pourra plutôt faire… 6h. Ce n’est pas forcément un point négatif pour les amateurs de gros jeux, mais il faut avouer que les 2-3 derniers tours tirent en longueur et peuvent rapidement devenir répétitifs ; on attend alors la fin impatiemment.

Autre point négatif, ce décompte constant de domination, qui ralentit le jeu et lui ôte de sa fluidité.

Enfin, le jeu est véritablement complexe, une quantité incroyable de paramètres seront à prendre en compte pour optimiser sa gestion / partie. Il faudra en tout cas 1-2 parties pour commencer à capter le tout. Les premières parties sont un peu « à l’aveugle », au « petit bonheur la chance », on essaie sans vraiment savoir où l’on va.

A 6 joueurs, le jeu peut devenir chaotique et difficilement contrôlable. A 2 joueurs, on est en affrontement direct et cela tourne très bien, 4 joueurs serait l’optimum.

conclusion

Dominant Species est un très bon jeu, clairement pas destiné à tous les joueurs au vu de sa complexité et de l’investissement nécessaire, mais pour peu que l’on aime les gros jeux, on aura un grand plaisir à y jouer.

Certes, on aura presque l’impression de chaos avec toutes les actions et cartes qui changent tout, mais le thème central du jeu est l’adaptation animalière, il faudra donc logiquement s’adapter aux conditions.

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3 Comments

  • Florian

    Je te suis entièrement, quoique le calcul de la domination après quasi chaque action reste pour moi une source de tension continue et, donc, ne me dérange pas plus que cela. J’aime les très gros jeux, j’aimerais avoir davantage de temps pour en faire davantage. Ce qui fait que chaque fois que j’ai l’occasion d’en faire un, je me délecte et chaque minute est un vrai plaisir!
    De plus, suis heureux de vous l’avoir fait découvrir! :))

  • Galuf

    J’utile des dés de couleur (1 couleur par joueurs) que je met sur les tuiles pour savoir combien chaque joueurs a de « point de domination », cela permet en 1 coup d’oeil de savoir qui a la domination sur chaque tuile, sa prend 1 sec a rajouter 1 sur une tuile quand il y a un symbole a coté.

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