La Bohème : L’art et la galère d’un artiste à Paris
🎨 Absinthe, muses et malnutrition ! Notre test de La Bohème, le jeu de société le plus déjanté et artistique de l’année.
La Bohème : De l’art, de la galère et du deck-building

⚠️ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.
Vous pouvez écouter cet article sous forme de podcast ici, généré par IA. Et nous sommes également sur Apple Podcast & sur YouTube Podcast ici :
L’essentiel en 3 points :
- La Bohème est un jeu de deck-building et de programmation qui vous plonge dans la vie trépidante des artistes du Paris de la Belle Époque.
- Le jeu se démarque par sa phase narrative unique, où les joueurs racontent leur journée après avoir programmé leurs actions, renforçant considérablement l’immersion.
- Malgré quelques lourdeurs de calcul et un potentiel avantage au premier joueur, c’est une expérience magnifique et thématique.
C’est le matin à Montmartre, vous avez faim, votre toile est vierge, et votre muse vient de vous poser un lapin. Que faites-vous ?
Paris, fin du XIXe siècle. L’air crépite d’idées nouvelles, les cafés sont enfumés, l’absinthe coule à flots et vous… vous êtes une ou un artiste. Un vrai. Un bohème. Vous cherchez l’inspiration au coin d’une rue pavée, vous débattez de manifestes révolutionnaires, et vous tentez désespérément de ne pas mourir de faim.
C’est le décor de La Bohème, le dernier né de Portal Games (conçu par Jasper de Lange) et localisé ce mois de décembre en VF par IELLO.
Oubliez les dragons et les conquêtes spatiales. Ici, votre quête est celle de la reconnaissance artistique. Fun !
La Bohème est un jeu de deck-building narratif (oui je mets en gras, parce qu’il faut le préciser), de 1-4, environ 60 min, 14+, qui réussit un tour de force : transformer la gestion de cartes en une véritable tranche de vie. Au XIXe.
Une journée dans la peau d’un bohème
Le cœur du jeu fait preuve d’une certaine originalité. Chaque manche représente une journée. Vous allez programmer vos actions pour le matin, l’après-midi, le soir et la nuit. Mais ce n’est pas juste une optimisation… froide. Une fois les cartes révélées, le jeu nous invite à raconter notre journée.
« Alors, ce matin, je me suis enfermé dans ma chambre pour méditer. L’après-midi, j’ai bossé sur un manifeste qui va changer le monde. Le soir, j’ai piqué une crise de jalousie, avant de finir la nuit à me jeter corps et âme dans l’imprévu. »
Cette ph(r)ase narrative change tout. On ne se contente pas de combiner des effets. On vit les aspirations, les drames et les turpitudes de notre perso.
L’immersion est totale, portée par des illustrations franchement SOMPTUEUSES. Chaque carte est une œuvre d’art en soi, capturant l’effervescence et la joie de vivre de la Belle Époque.

Le dilemme de l’artiste, créer ou manger ?
Sous ses airs frivoles et artistiques, La Bohème cache une mécanique solide et pleine de tension. Votre deck de départ est légèrement asymétrique, et chaque tour va vous triturer les neurones dans tous les sens. C’est passionnant, c’est passionné. L’objectif est de générer assez d’inspiration pour réaliser des œuvres majeures.
Mais la vie de bohème n’est pas un long fleuve tranquille. Si vous décidez de sécher le travail pour courir les muses, vous risquez de récolter des cartes « Désarroi » (Hardship, en anglais). Et elles ne rigolent pas. Malnutrition, perfectionnisme maladif, voire hypersexualité (oui, le jeu ose tout !)… ces cartes viennent pourrir votre deck et peuvent être brutalement punitives.
Apprendre à gérer ces galères devient vite la priorité. C’est thématique, c’est tendu, c’est savoureux.
Les petites fausses notes
Le tableau est-il parfait ? Presque, mais pas tout à fait.
On ressent parfois une petite dissonance. Après avoir raconté notre journée épique pleine d’émotions, il faut immédiatement sortir la calculette pour compter les points d’inspiration. Ce retour brutal à la mécanique casse un peu l’ambiance conteuse qu’on venait d’instaurer. C’est un peu comme si Van Gogh devait remplir un tableau Excel après avoir peint « La Nuit étoilée ».
L’ordre du tour peut aussi créer des frustrations. Les œuvres à accomplir coûtent de plus en plus cher. Si vous jouez en premier, vous pouvez acheter l’œuvre la moins chère, prendre de l’avance et bénéficier d’un bonus permanent. Un effet « win-more », ou « win to win », le gagnant gagne encore plus, qui peut être difficile à rattraper pour les autres.
Attention également si vous jouez en famille : le thème est mature. Entre les cartes grivoises (comme « faire l’amour avec abandon ») et les maladies bohèmes, attendez-vous à devoir expliquer quelques concepts délicats aux plus jeunes. Le 14+ est justifié.
Enfin, la montée en puissance nécessaire pour réaliser les grands exploits artistiques prend du temps. La partie peut s’étirer un peu, dépassant parfois l’heure annoncée, avec un léger creux en milieu de jeu.
La Bohème, verdict
La Bohème est sans conteste l’une des plus belles surprises de cette fin d’année. C’est un ovni ludique, un deck-builder qui ose marier narration et programmation d’une manière franchement, fraîchement inédite.
L’immersion est excellente, le matériel magnifique, et le plaisir de raconter ses mésaventures d’artiste est réel. Si on se prend au jeu. Sinon La Bohème risque de faire un four. Malgré quelques lourdeurs arithmétiques et un avantage potentiel au premier joueur, La Bohème offre une expérience riche, originale et délicieusement thématique.
- On a aimé : L’immersion totale. On s’y croirait, l’odeur de térébenthine (et de malnutrition) en moins.
- On a moins aimé : Devoir calculer ses points juste après avoir raconté une nuit de débauche artistique. Ça casse un peu le mood.
- C’est plutôt pour vous si… Vous aimez raconter des histoires, que le thème vous parle, et que vous cherchez un deck-builder qui sort des sentiers battus.
- Ce n’est plutôt pas pour vous si… Vous êtes allergique à l’arithmétique de fin de tour ou si le mot « hypersexualité » vous fait rougir à table.

Bohemians, c’est l’art de transformer une galère quotidienne en chef-d’œuvre ludique.
4/5 = oui !
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2 Comments
amnesix77
Voila, c’est pour ca que je vous aime : dénicher des petits ovnis imparfaits. J’ai trouvé mon cadeau de Noel.
Merci 🙂
Gus
Marrant, ma femme m’a dit exactement la même phrase juste avant le mariage 😝