Titres de jeux de société : Faut-il imposer une Loi 101 ?
📜 Faut-il légiférer les titres de jeux comme le Québec ? On vous dit tout sur le débat entre purisme linguistique et pragmatisme marketing !
Du bon usage du titre dans les jeux de société
Il y a quelques jours, à la suite de notre chronique sur Maps of Misterra, le tout nouveau jeu des éditions belges Sit Down!, un internaute a réagi avec ce commentaire :
D’autres commentaires ont alors suivi. Maps. Of. Misterra. Maps. Pourquoi utiliser un mot anglais, pour un jeu créé en Belgique et également vendu en France et en Suisse Romande ? Les Cartes de Misterra. Tempête dans un verre d’eau, ou réelle question ? Les éditeurs francophones doivent-ils nécessairement, impérativement franciser leur titre, comme cela se fait pour les films américains au Québec : Fiction pulpeuse : Pulp Fiction / Danse lascive : Dirty Dancing, Film de peur : Scary Movie. Faut-il, comme au Québec, introduire une Loi 101 pour les jeux de société ?
Le titre d’un jeu de société est-il vraiment si important ? Faut-il à tout prix franciser les noms, comme le fait le Québec avec sa loi 101 ?
Certains y voient un impératif culturel, d’autres un risque commercial. Entre purisme linguistique et pragmatisme marketing, les avis divergent.
Pourtant, derrière ces questions se cache un enjeu bien plus profond. Car baptiser son « enfant » ludique, c’est tout un art. Un savant dosage entre émotion et raison, cœur et tête.
Dans cet article, nous allons décortiquer les secrets d’un titre qui fait mouche. Vous saurez tout sur les critères qui font la différence entre un nom oubliable et une signature imparable.
La loi combien ?
La Loi 101, officiellement connue sous le nom de « Charte de la langue française », est une loi importante au Québec, adoptée en 1977. Son objectif principal est de faire du français la langue officielle de la province. Voici quelques aspects clés de cette loi :
- Langue du travail : Elle établit le français comme langue principale du travail dans les entreprises québécoises. Les employeurs doivent favoriser l’usage du français dans leurs activités.
- Éducation : La loi exige que les enfants des immigrants et la majorité des Québécois fréquentent des écoles de langue française, sauf pour certaines exceptions.
- Affichage commercial : Les inscriptions sur les panneaux et les publicités doivent être principalement en français. Il peut y avoir des versions dans d’autres langues, mais elles ne doivent pas être plus proéminentes que le texte en français.
- Accès aux services : La loi garantit également que les services publics sont disponibles en français, et elle oblige les organismes gouvernementaux à communiquer en français.
La Loi 101 est un élément fondamental de la politique linguistique et culturelle du Québec. Elle vise à protéger et à promouvoir la langue française dans une province majoritairement francophone entourée de régions majoritairement anglophones en Amérique du Nord. Cette loi a été l’objet de nombreux débats et controverses, tant au Québec que dans le reste du Canada, notamment en ce qui concerne ses impacts sur les droits linguistiques des minorités anglophones et d’autres communautés linguistiques.
Donc encore une fois, faut-il, comme au Québec, introduire, imposer une Loi 101 pour les jeux de société ? Intéressons-nous d’abord à ce qui fait un (bon) titre de jeu.
Mais au fond, c’est quoi un bon titre de jeu ?
C’est le titre d’un « vieil » article que nous avions publié en 2015. Nous le recyclons, remettons à jour ici.
Le titre d’un jeu de société est bien plus qu’un simple nom : c’est notre porte d’entrée dans un univers ludique. Comme pour un bon livre, un bon film ou une bonne série, le titre doit nous donner envie d’en savoir plus, de découvrir ce qui se cache derrière. Il doit titiller notre curiosité et éveiller notre intérêt. Bref, il doit nous faire craquer !
Mais comment trouver la perle rare, ce titre qui fera mouche à tous les coups ? Voilà la question qui taraude l’esprit de tout éditeur de jeux.
Récemment, un éditeur chevronné me confiait ses déboires pour baptiser son prochain bijou ludique. Armé de sa plus belle plume (sur Word), il avait noirci des pages et des pages à la recherche de l’étincelle. En vain. Après des jours, des semaines d’efforts, aucune lueur n’était venue percer sa panne d’inspiration.
« Mais au fond, c’est quoi un bon titre de jeu ? », me, se demandait-il. Excellente question !
Tout d’abord, il faut savoir que le processus créatif varie d’un éditeur à l’autre. Mais en gros, un éditeur reçoit une proposition d’un jeu de la part d’un auteur ou d’une autrice. Et si le premier décide de faire produire le projet du second, parce qu’il le juge pertinent, passionnant, vendable, vendeur, c’est parti pour l’aventure ludique.
Bien sûr, quel que soit le processus, l’éditeur a le dernier mot. Son flair et son expérience sont cruciaux pour sentir si un titre fera mouche ou passera inaperçu. Car soyons lucides : sans accroche efficace, sans un titre qui suscite la curiosité, un jeu peut vite se noyer dans… l’océan ludique. Près de 4000 nouveautés sortent chaque année ! Autant dire qu’il faut sortir le grand jeu (c’est le cas de le dire) pour se démarquer.
Alors, revenons à notre interrogation du jour : qu’est-ce qui fait un bon titre de jeu ? J’ai identifié 3 critères de poids pour vous aider à juger par vous-même. On décortique tout ça !
Critère n°1 : L’international
De nos jours, un bon titre de jeu se doit d’être vendeur à l’international. Les temps où l’on visait le marché franco-français sont révolus. Aujourd’hui, l’export est la norme dans l’édition ludique.
Autant dire qu’un titre verrouillé dans une langue ou une culture est un handicap de taille. Imaginez un peu… « Déverrouille » pour le monde anglo-saxon, « Les 5 Tribus » en Allemagne ou « Le Temps est Écoulé » au pays de l’Oncle Sam. Vous voyez où je veux en venir.
Pour s’assurer un maximum de ventes, l’anglais s’impose donc comme la langue de prédilection. Et pour cause : c’est LA langue internationale par excellence !
Certains éditeurs rusés glissent même des titres 100% anglophones pour des jeux estampillés « Made in France ». Pourquoi ? Tout simplement parce que ça sonne mieux ! C’est indéniable.
Essayez un peu de traduire des classiques du cinéma US. Ça le fait beaucoup moins, pas vrai ? Relisez les exemples québécois ci-dessus.
Autre valeur sûre : le latin. Langue morte certes, mais quelle aura culturelle ! De quoi séduire les joueurs et joueuses érudits. Pour preuve, le succès retentissant de « Terra Mystica » ou « Elysium ».
Plus globalement, les titres qui sonnent pareil dans plusieurs langues ont toutes les chances de leur côté. Alors oui, ça demande parfois quelques contorsions linguistiques. Mais le jeu (le cas de le dire) en vaut la chandelle pour séduire l’Europe la planète entière d’un coup ! Trio est beaucoup plus vendeur que… Brelan.
Critère n°2 : L’accroche
Si l’international est incontournable, un bon titre de jeu se doit aussi d’accrocher le chaland. Pas question de tomber dans la fadeur ! Il faut susciter l’émotion, l’envie, la curiosité.
Pour y parvenir, plusieurs dominantes s’imposent. La référence historique d’abord : un classique indémodable. Qu’il s’agisse de grands noms (Napoléon, Cléopâtre) ou d’époques mythiques (la Préhistoire, l’Antiquité), difficile de résister à ces grandes heures de l’Humanité.
Autre valeur refuge : la culture geek, cette passion commune qui nous rassemble. Films, séries, BD, jeux vidéo… Tout ce qui touche à l’univers « pop culture » a le vent en poupe. Pas étonnant que les éditeurs surfent sur la vague en adaptant Batman, Star Wars et autres sagas à succès.
Troisième option : miser sur l’évasion. Suggérer un ailleurs, une épopée, une quête. Bref, ce besoin irrépressible d’horizon qui sommeille en chaque joueur. Aventure, Fantastique, SF… peu importe la direction, pourvu qu’on ait l’ivresse ! Le cas avec Maps of Misterra, double combo justement, qui mélange l’anglais au… mystère.
Enfin, n’oublions pas le bon vieux jeu de mots, indémodable valeur refuge de l’éditeur. Rien de tel qu’une pointe d’humour ou un brin de surréalisme pour marquer les esprits : Velonimo, un clin d’oeil à… Kingdomino, du même auteur.
Critère n°3 : L’universel
Dernier ingrédient de la recette magique : ce supplément d’âme qui transcende les particularismes culturels.
Ici, tous les coups sont permis pourvu que l’émotion soit au rendez-vous : la passion, la peur, la curiosité, l’amusement, la surprise… Le tout est de toucher ce qui fait vibrer l’Humain au-delà des frontières.
Pour preuve, le succès planétaire de ces valeurs sûres que sont « Les Aventuriers du Rail », « Splendor » ou « Dixit ». Pas de références historiques ou geeks, et pourtant, la magie opère !
Bref, vous l’aurez compris : plus le titre est rassembleur, plus il a de chances de remporter les suffrages du plus grand nombre. L’universel, ce dénominateur commun à notre humanité, voilà la pierre philosophale de l’accroche ultime.
Pour résumer : Pour trouver un bon titre de jeu
🎲 Réfléchissez au thème de votre jeu : Le nom doit refléter le thème du jeu. Par exemple, pour un jeu sur le thème de l’espace, envisagez des titres comme « Star Chaser » ou « Planet X ».
🔤 Utilisez des combinaisons de mots : L’allitération, les jeux de mots, et l’intégration d’éléments de l’intrigue dans le titre peuvent le rendre plus captivant. Des exemples incluent « Clue Clans » ou « Crazy Carpets ».
🔉 Simplicité et facilité de prononciation : Un titre simple et facile à prononcer est plus susceptible d’être retenu et recherché en ligne.
💡 Mots évoquant l’émotion : Utilisez des mots qui suscitent l’intérêt et l’excitation, tels que « aventure », « exploration », « découverte », « stratégie » et « défi ».
🃏 Jeux de mot et humour : Le jeu de mots et l’humour peuvent rendre un titre unique et intéressant, tout en refléant le thème du jeu.
📈 Suivre les tendances : S’inspirer de la culture populaire, comme les émissions de télévision, les films, les livres et la musique, peut fournir des idées pour votre nom de jeu.
🔄 Consultez des générateurs de noms de jeux : Des outils en ligne peuvent vous aider à générer des idées de noms, en tenant compte du thème et du public cible de votre jeu. C’est le cas de Board Game Name Generator. Tout est dans le titre.
🗣️ Feedback et sondages : Demandez l’avis d’amis, de membres de la famille, ou de groupes en ligne pour affiner votre choix de nom.
📝 Soyez descriptif : Parfois, un titre direct et descriptif peut être très efficace, surtout si votre jeu a une mécanique ou un thème unique.
🛡️ Vérifiez les marques déposées : Avant de finaliser le nom de votre jeu, assurez-vous qu’il n’est pas déjà utilisé ou protégé par une marque déposée.
Ces conseils devraient vous aider à créer un titre de jeu de société qui soit à la fois accrocheur et mémorable.
Conclusion
Le débat reste ouvert : faut-il légiférer sur les titres de jeux ? Chacun aura son avis sur la question.
Mais ce dont on ne peut douter, c’est que trouver le nom parfait relève de l’art pur. Un savant équilibre entre tête et cœur, raison et émotion.
Car un grand titre, c’est bien plus qu’un assemblage de mots : c’est une porte ouverte sur un autre monde. Une invitation au voyage, à l’évasion. Baptiser son jeu, c’est comme donner vie à un enfant. Un acte empreint de magie, qui demande autant de passion que de patience. Et de marketing (surtout).
Alors oui, parfois la langue peut sembler un carcan. Mais elle est aussi ce qui nous relie. Ce dénominateur commun nous permettant de partager nos rêves.
Quel que soit la langue.
Peu importe sa forme, l’essentiel est que le titre nous transporte. Qu’il fasse naître ce frémissement, cette étincelle qui nous donne envie d’embarquer pour l’aventure. De nous laisser guider par la promesse d’universel.
C’est cela la magie d’un grand nom : nous convaincre que le meilleur est encore à venir. Qu’au-delà du titre se cache un trésor à découvrir.
Quelques jeux « traduits »
On s’est amusés à appliquer la loi 101 québécoise sur quelques jeux de société récents. Fun ?






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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.
Pensez-vous que les éditeurs devraient privilégier des titres 100% français quitte à risquer de moins exporter leurs jeux ? Ou est-il préférable de viser l'international avec des titres anglophones ?

22 Comments
Ange
Bonjour,
je pense qu’en effet, on devrait franciser les noms des jeux, ou du moins arrêter de mettre des noms anglais aux jeux créés en francophonie. Et par contre, pas obligé de faire des traductions en mot à mot, mais trouver un titre qui « traduit » le jeu, ou qui traduit l’idée du titre original.
D’ailleurs, je vois que garder le titre en VO c’est surtout quand cela vient des pays anglophones, car typiquement les jeux allemands sont généralement traduits… Je ne peux pas assurer que tous, car je ne le connais pas tous, mais par exemple Colon de Catane (normal), Pique-plume (top), Ricochet Robots (bof),…
Est-ce dû à ce que la pub, les « marketeurs » nous martèlent depuis des dizaines d’années, que si cela vient des US c’est forcément bien ?
Mais l’étape importante est déjà là : obligation d’avoir les règles en français (même si certaines fois cela peut engendrer des erreurs…).
PS : je travaille toute la journée en allemand et en anglais, donc pas trop de soucis pour comprendre les règles originales de ces langues (quoique parfois…), mais je pense que c’est bien aussi d’aider notre langue et partager les bons jeux (entre autres) avec des titres « parlants » pour les non anglophones…
Laurent
Pour moi, le titre d’un jeu est, comme le dit très bien l’article, une porte d’entrée dans son univers. « Azul » a un coté mystérieux en France qui va trés bien au jeu abstrait. Aurait il eu autant de succès en s’appelant « Bleu » ?
Bitoku, par son titre en japonais, nous plonge immédiatement dans l’univers du jeu. (Même si pour ce jeu en particulier, la question de modifier le titre s’est posée rapidement)
De plus, en francisant le nom, les coûts d’édition (et donc le prix de vente) pourraient grimper. Cela obligerait les éditeurs à créer un design spécifique à la France.
Heat est un très bon exemple… 4 lettres énormes, on sent le coté « tendu » du jeu dans le titre. CHALEUR…7 lettres, forcément plus petites… Il faut repenser tout le design pour donner ce coté percutant au titre sur la boite.
Bref, je trouve que certaines personnes s’offusquent pour pas grand chose. La conservation de la langue française ne dépend pas d’un titre de jeu. Pour les puristes de la langue française, il y a bien d’autres combats à mener pour la préserver.
KenobEn
La tempête dans un verre d’eau résume parfaitement la problématique. Je trouve ridicule le fait de franciser come je trouve ridicule le fait qu’il faille absolument que ça soit en anglais.
Le nom devrait juste bien coller au jeu et être agréable à l’oreille. Dans certains cas, c’est bien mieux que ça soit en anglais (7 wonders, pour ne citer que lui, dans d’autres, le nom français devient plus puissant (je préfère avoir une boîte estampillée “lueur” que “glow”).
Un joueur de plus
Au risque de paraître un peu réducteur, on ne serait pas sur un « ouin ouin » de boomer là ? Vous avez aussi le droit de faire des jeux vous-mêmes. Vous leur donnerez ainsi le nom que vous voulez 😉
secondino
Bonjour un joueur de plus…
Possible de me franciser boomer ? je ne maitrise pas l’anglais 😉
voire… le définir…
ludiquement vôtre
Buzzy
Merci à « Gustave et compagnie » pour cet article 😊
Gus
😅
Gilles
Je pense que beaucoup d’éditeurs choisissent l’anglais par économie et par facilité. Chercher un bon nom, ça coute et ce n’est pas facile.
Quand on dit qu’on préfère le nom original à la traduction, je pense qu’on fait 2 erreurs :
– la traduction n’est pas nécessairement littérale. Le Club des Cinq ne s’appelle pas les Cinq Fabuleux (« Fabulous Five »). Personnellement, j’ai plus de respect pour le travail de traduction des romans d’Harry Potter que pour celui de l’univers Marvel.
– la préférence pour la précédence. Le nom original parait naturel car c’est sous cette dénomination qu’on a découvert le jeu. C’est ainsi qu’on écoute aisèment I Want to Hold Your Hand des Beatles. Alors que « Je veux prendre ta main »… 🙂
Bizarrement, les jeux changent souvent de nom quand il arrive dans les pays anglophones. Les aventuriers du Rail ne deviennent pas Rail adventurers mais Ticket to Ride… Si c’est possible dans ce sens, pourquoi ne pas le faire dans l’autre ? Je n’irai toutefois pas jusqu’à la réglementation par contre car nous avons déjà assez de règlements et de lois.
Bref. Editeurs, ayez une politique éditoriale et choisissez le meilleure titre pour chaque marché plutôt que de céder à la simplicité!
Sylvain Fresnel
je ne comprends pas la remarque sur les Aventuriers du Rail, qui est un jeu américain à la base ?
mais effectivement sur le fond, une traduction intelligente
Je comprends quand même l’argument de l’édition facilitée par un titre unique, qui évite de développer un visuel spécifique par langue
Rouzé
L’activité ludique s’est mondialisée comme on peut l’observer à travers des événements comme le salon d’ESSEN. La communication et la commercialisation passent souvent par des « plateformes » Américaines telles que BGG, FACEBOOK, KICKSTARTER, AMAZON. Un nom anglais permet aux éditeurs de toucher le plus grand nombre. Traduire donc multiplier les versions du jeu et ses supports de communication a un coût et réduit la portée de chacun de ces supports.
Pour prendre deux exemples personnels, j’ai choisi le nom ROOM 25 pour avoir un nom percutant, mystérieux et mémorisable, tel un titre de film ou de jeu vidéo. C’etait également pour lui donner une portée internationale sur le stand de MATAGOT à Essen mais aussi pour proposer une page FACEBOOK unique.
Plus récemment, lorsque nous avons lancé RELOAD avec mon ami Jean-Marc TRIBET, nous avons recherché un nom anglais pour toucher le public Américain. Nous avons conservé ce nom pour les autres pays pour un maximum d’impact et rester dans l’univers du jeu vidéo et de la Science-fiction. De plus, le nom RELOAD transmet l’idée de recharger l’avatar lorsqu’il est éliminé dans l’arène. C’est donc un terme utilisé dans le jeu et écrit sur les jetons de score. Compte tenu des tirages, on peut rarement envisager des versions monolingues et assurer un coût accessible au plus grand nombre.
En résumé, le choix de l’anglais, permet de toucher le plus grand nombre au moindre coût donc de bénéficier à un maximum de joueurs. Le choix du français peut se faire sur des jeux à très gros tirage mais on sait rarement à l’avance le succès qu’obtiendra un jeu.
Au final, ce qui m’amuse c’est que les joueurs parlent de « ROOM 25 » en prononçant « Roum vingt-cinq » donc ils l’ont francisé par eux-mêmes.
Curieux de voir les réactions.
François Rouzé
Nikopol
Franciser ou non un jeu… tout dépend de ce que ça donne au niveau traduction… comme dit plus haut… franciser Azul n’est pas vendeur, franciser les jeux cités en exemple, ça ne vend pas du rêve ou de l’adrénaline comme heat…
Par contre modifier un peu le nom des jeux pour éviter des jeux de mot comme les ruines perdues de narak… au lieu des ruines perdues d’arnak… merci le jeu de mot possible ou encore modifier un le nom de Bitoku…..
Jérémy L
Il est tout de même intéressant de constater que le problème ne vient pas du potentiel manque de législation pour franciser les noms de jeux (selon qu’on soit pour ou contre), mais plutôt de la non-application d’une loi déjà existante. Parce que oui, l’équivalent de la loi 101 du Québec existe déjà chez nous (enfin en France en tout cas, je ne sais pas ce qu’il en est pour la Belgique, le Luxembourg et la Suisse).
En effet, vous avez déjà peut être entendu parler de la loi du 4 Aout 1994, plus connue sous le nom de loi Toubon, qui stipule notamment que :
« Dans la DESIGNATION, L’OFFRE, LA PRESENTATION, le mode d’emploi ou d’utilisation, la description de l’étendue et des conditions de garantie d’un bien, D’UN PRODUIT ou d’un service, ainsi que dans les factures et quittances, L’EMPLOI DE LA LANGUE FRANCAISE EST OBLIGATOIRE. »
https://www.legifrance.gouv.fr/loda/id/LEGITEXT000005616341
Ca c’était sur la forme. Sur le fond, maintenant, il faut bien reconnaitre que la tendance des marketeux a utiliser l’anglais à outrance (car c’est bien de cette langue dont vient le problème par son omnipresence (je pense pas que quelqu’un se soit plaint à la sortie d’azul, takenoko ou thurn und taxis…)) alors qu’il existe des possibilité d’utiliser le Français pose question. Cette question déborde largement le cadre du jeu : sans vouloir passer pour un boomer, la langue française fait partie de notre patrimoine et de notre identité et c’est a ce titre qu’il faut étudier notre rapport avec elle.
Bon déjà on va éliminer rapidement l’argument qui dit que ca sonne mieux en anglais : n’oublions pas que si ca sonne « exotique » pour notre oreille, bah ca sonne pas du tout comme ca pour les anglais! Oui 7 wonders sonne « mal » comme lorsque nous entendons 7 merveilles. Spiderman se nomme « vraiment » l’homme araignée pour un anglophone, etc. Donc non l’exotisme à nos oreilles francophones n’est pas un argument.
Ensuite, comme indiqué dans l’article, la décision d’utiliser l’anglais repose en partie sur l’envie d’atteindre le marché international plus facilement… Sauf que cet argument me gêne un peu quand même… Déjà parce que mine de rien la France (et plus largement la francophonie) a une place particulière et de taille dans le monde ludique. Ensuite parce que Ticket to ride à bien été francisé en Aventuriers du rail (alors ok, l’époque était peut être différente car le jeu à dejà 20 ans)… Tout comme le 6 qui prend, les loups garous de thiercelieux, Galerapagos, l’ile des chats, ou même les charlatans de belcastel et ce sont des succès reconnus dont le titre à bien été francisé (ou était Français à l’origine) sans que cela ne porte préjudice au jeu et a ses ventes internationales. Au contraire, même, on appréciera l’effort d’adaptation des éditeurs qui jouent le jeu jusqu’au bout.
En venant d’établir la liste ci dessus, je réalise que 80% des jeux de ma ludothèque ont des titres anglais… Alors cela ne me gêne pas, mais à la réflexion, je ne peux pas m’empêcher de me demander si cette abondance d’anglais est vraiment nécessaire? Si on n’y perd pas plus qu’on y gagne… Je suis sûr que nos équipes d’adaptations pourraient nous trouver des pépites pour traduire habilement certains titre. Est ce que l’exception culturelle ne passerait pas aussi par là? Au fond il faut avouer que je suis un peu jaloux des quebequois et de leurs CAFE Starbucks plutôt que Starbucks coffee, de leur joyeux festin qui prend la place du Happy meal, et même de leur PFK au lieu du KFC… On peut se moquer de leur façon de tout traduire littéralement, mais notre tendance à traduire des titres anglais par un autre titre anglais qui n’a rien à voir est tout aussi risible.
Pour résumer, si tout franciser serait absurde (par exemple on perdrait quelque chose à traduire un titre comme kingdomino en royaumino), tout angliciser l’est tout autant…Sauf que c’est ce qu’on fait. Dans ce contexte, un petit rappel à loi Toubon ne ferait pas de mal à nos chers éditeurs même si on ne leur demande pas une application stricte (aller juste 60% de sorties avec un titre francophone, ca serait déjà génial 😉).
Marc W
Euh carrément pas. Est ce qu’on par des films de merveille (marvel) est ce qu’on parle de la randonnée des étoiles (star trek) ou utilise t’on vraiment « la guerre des étoiles » ? Alors arrêtez de nous gonfler avec votre loi rétrograde et obscurantiste. On est dans un monde ou l’anglais est enseigné de plus en plus tôt à l’école.
Jérémy L
L’anglais est enseigné de plus en plus tôt, c’est vrai et c’est bien : en effet notre niveau moyen dans cette langue est loin d’être bon et ça ne peut que l’améliorer…
Mais en soit, ça n’est pas un argument : quid des titres non anglophone? Azul ou takenoko devraient être francisé si on suit votre logique : le portugais et le japonais ne sont pas ou peu enseignés!
Or comme je l’ai déjà spécifié dans mon commentaire ces titres n’ont pas créé le même type de réactions épidermiques “rétrogrades et obscurantistes” (d’après vos propres termes. Encore une fois, à mon sens le problème vient de l’OMNIPRESENCE de l’anglais. Qu’on utilise des titres anglais pour quelques jeux, pourquoi pas, mais dans 80% des cas cela n’est pas justifié : five tribes, 7 wonders, Abyss, Top ten, The river, Turing machine (celui là est vraiment drôle quand on sait que le titre VF aurait juste consisté à inverser les deux mots du titre et rajouter “de” entre les deux), etc sont autant d’exemple de jeux créé par des francophones et utilisant un titre anglais parce que…… 😅 bah je sais pas… si ce n’est un “ça sonne mieux comme ça” qui n’a pas lieu d’être comme je l’ai expliqué dans mon commentaire.
Encore une fois je n’ai rien contre le fait d’utiliser l’anglais mais tant que cela a un intérêt… utiliser un titre anglais juste pour utiliser un titre anglais n’a pas de sens : à ce compte là arrêtons de parler français et n’utilisons plus que cette langue 🤷🏻♂️
Capello
Autre valeur sûre : le latin. Langue morte certes, mais quelle aura culturelle ! De quoi séduire les joueurs et joueuses érudits. Pour preuve, le succès retentissant de « Terra Mystica » ou « Elysium ».
Heu… Mystica et Elysium ne seraient pas de racine grecque, plutôt ?
Pat Hataubeurt
En fait on ne parla pas juste de langue mais de base référentielle d’une part, et de soft power de l’autre (bref de cultures). Notons qu’au Canada, il y a récemment eu des cérémonies bilingues anglais/inuktikut qui ont ulcérés la droite québecquoise car faisant disparaître le français – faut-il faire disparaître l’inuktikut alors? La poésie francophone s’écrit souvent en français, mais également en créole (et faut-il oublier le cas de l’écrivain alsacien germanophone Schickele, des écrivains d’expression française Beckett ou Potocki?)… bref on ne se sort pas de l’affaire en défendant le français – ni même un breton, un tütsch ou un catalan parmi d’autres. C’est pourquoi le rêve des espérantistes et autre volapückistes reste bien supérieur au tout anglais (sans être exempt de critique, ça va de soi). Il reste un certain nombre de réponses qui peuvent ne pas laisser la définition de la culture/des cultures à un pramatisme commercial qui nous aurait assuré l’inexistence de l’ordinateur: le nom doit être évocateur, il doit évoquer un jeu de références (j’en renvoie aux travaux de Barthes).
Pour l’exemple cité, il choque car le mot « maps » ne renvoie pas à grand-chose, l’accent étant mis sur le mystère du troisième mot. Sans doute aurait-il été plus avisé de se passer complètement du « maps of », comme de « cartes de » – j’aurais pour ma part sans doute tenté un néologisme avec pour base *explor-; en évitant les a/ia-/eo/ea qui donne l’impression de vendre une compagnie d’assurance. Mais réfléchissons également à ce qu’est la Belgique: un territoire plurilingue: Karr n’eut-il été lancé récemment qu’un bas alémanique « Kaart » aurait été du plus bel effet sans avoir ce côté ringard qu’a le français pour les flamands. Voyons aussi la surenchère de noms de villes et de lieux – pas vraiment systématiquement anglicisés. C’est donc qu’au delà du signifié, c’est la connotation qui compte. 7 wonders eut pu s’appeler 7 merveilles sans problème ou même 7 théamatôn. Dire que Heat doit s’appeler heat, c’est méconnaître le fait que majoritairement le mot renvoie (renvoyait? c’est toujours lié à l’époque) à la mafia.
Rien n’est figé donc, dans un sens comme dans l’autre, et rien n’est non plus simple: Age of Champagne renvoie de manière assumée à un acronyme bien francophone alors que les titres japonisants sont sans doute très pauvres pour les locuteurs japonais. Ce qui est bien dommage au final, c’est l’appauvrissement linguistique qui guette toutes les langues, l’anglais compris, à travers des formules qui confondent efficacité supposée et pouvoir poétique évocateur.
DAVID T
Je suis d’accord pour des jeux fabriqué dans un pays francophone. Dans ce cas cependant il faut prendre en compte que le mot ’mappe’ est un mot français. ’Mappemonde’ est un mot français equivalent à ’carte du monde’
Le mot ’map’ anglais donc est un mot emprunté par les anglais du français suite à la conquête des normands ( comme en fait 40% de la lexique d’anglais d’aujourd’hui).
Jérôme Deschênes
La loi 101 ne demande pas d’avoir des titres de produits en français. Je trouve ça ironique que tout votre article s’écroule, dès vos présupposés, sans savoir que nous ne traduisons pas les titres de jeux et que nous avons le droit de vendre des produits en anglais uniquement. Un « Unlock » demeure un « Unlock ». Votre « application de la loi 101 » pour vous « amuser » ne décrit pas du tout la réalité. C’est plutôt embarrassant.
Autre fait ironique: on parle beaucoup mieux anglais au Québec qu’en France. Quand vous faites la traduction des films et autres, vous utilisez des titres ayant un sens complétement différent et qui nous font sourciller, c’est fascinant. C’est comme si vous demandiez à des chinois de traduire un mot anglais par un mot russe, et par la suite en français. XD
C’est dommage qu’au Québec, on préserve mieux la langue qu’en France. On ne parle pas « verlan » ici, et on n’utilise pas de mots arabes à tout bout de champ. On devrait ramener le nom « Nouvelle-France » comme nom officiel à la province, ça décrirait un peu mieux la réalité.
Et c’est marrant, tous les français qui viennent au Québec se plaignent que la France n’est plus ce qu’elle était. Qu’elle n’est plus française. C’est drôle non? À réfléchir.
Guillaume
Au fond le plus simple est de se demander si l’on doit franciser les noms propres (voire les prénoms) ?
Si John Smith vient habiter en France, doit-il se rebaptiser Jean Forgeron ?
Pierre Laroche, s’il va s’établir aux Etats-Unis, doit-il se renommer Stone The Rock ?
Si le titre d’un jeu est bien son nom propre, alors il n’a pas nécessairement a être traduit.
Mona L
Je lis souvent vos articles et les apprécie grandement. Ceci dit, celui-ci me laisse un peu pantoise. Je crains que la loi 101 soit bien mal résumée ici, car la réalité est tout autre. Par ailleurs, il est bien maladroit pour les gens dans les commentaires de décrier la situation au Québec, alors qu’ils n’ont aucune idée de l’importance historique et sociétal que revêt le fait français. Décevant. Je pense qu’on peut élever le débat autrement.
Gus
Chère Mona,
Je réponds en ma qualité de Community Manager de Gus&Co.
Nous vous remercions d’être une lectrice assidue de nos articles et d’avoir pris le temps de commenter celui-ci. Nous comprenons votre déception et sommes reconnaissants de votre volonté d’engager un dialogue constructif.
Nous aimerions mieux comprendre vos réserves concernant le résumé de la loi 101. Pourriez-vous préciser quels aspects vous semblent mal représentés et de quelle manière ?
Nous sommes également sensibles à votre remarque concernant les commentaires dénigrant la situation au Québec. Il est important de respecter les différentes cultures et de comprendre les enjeux historiques et sociétaux qui les façonnent.
Afin d’élever le débat, nous vous invitons à partager vos réflexions et vos connaissances sur la loi 101. Quels sont les points importants qui, selon vous, n’ont pas été suffisamment mis en lumière dans l’article ?
Nous sommes persuadés que, grâce à un dialogue ouvert et respectueux, nous pouvons enrichir notre compréhension de la situation et contribuer à une discussion plus constructive.
Dans l’attente de votre réponse, nous vous prions d’agréer, chère Mona, l’expression de nos salutations distinguées.
Votre équipe Gus&Co
Sepastian
désolé j’ai pas tout lu mais pour moi on devrait laisser la LIBERTE aux créateurs de CHOISIR par EUX-MEMES sans les em***der…
y compris donc choisir la perfide Albion…