
Faciliter les jeux de rôle pour des personnes avec TSA
🤝 Comment rendre vos parties de jeux de rôle accessibles aux personnes autistes, TSA ? Des conseils pratiques pour adapter les règles.
Faire du jeu de rôle avec un TSA
Les jeux de rôle sur table peuvent être une expérience sociale enrichissante, mais ils peuvent aussi présenter certains défis pour les personnes atteintes d’un TSA, un trouble du spectre autistique.
Pourtant, avec quelques adaptations simples et une volonté d’inclusion, il est tout à fait possible de créer un environnement accueillant où chacune et chacun peut s’amuser. Dans cet article, nous expliquerons quelques notions clés sur l’autisme, puis nous fournirons des conseils concrets pour faciliter les jeux de rôle avec des participantes et participants autistes.
Cet article fait écho à l’un de nos précédents : Ludothérapie pour l’autisme : L’éveil par le jeu.
Comprendre l’Autisme
L’autisme est un trouble neurodéveloppemental qui affecte la communication, les interactions sociales et qui peut entraîner des comportements répétitifs ou des sensibilités sensorielles. Chaque personne autiste a un profil unique. Certaines caractéristiques fréquentes à connaître :
- 💬 Difficultés avec la communication verbale et non-verbale
- 👥 Défis dans les interactions sociales et la théorie de l’esprit
- ⚙️ Intérêts restreints et pensée en détails plutôt qu’en ensemble
- 👂 Sensibilité aux stimuli sensoriels (sons, lumières, textures, etc.)
- 🗓 Besoin de routines et de prévisibilité
Ces particularités peuvent affecter l’expérience de jeu. Par exemple, suivre des règles sociales implicites peut être ardu. Certaines joueuses et joueurs autistes préfèreront un style de jeu très structuré, d’autres apprécieront plus de flexibilité. En comprenant ces différences, on peut rendre les jeux plus accessibles.
Le concept de neurodiversité : implications pratiques
Le terme « neurodiversité » est apparu dans les années 1990 pour désigner la diversité des fonctionnements cognitifs au sein de l’espèce humaine. Popularisé par des militants avec des troubles autistiques, il renvoie à l’idée que les variations neurologiques, comme l’autisme, le TDAH ou la dyslexie, font partie intégrante de la diversité naturelle de l’humanité et sont source de bénéfices pour la société dans son ensemble.
Cependant, 30 ans après l’émergence de ce concept, sa signification exacte reste souvent mal comprise, y compris par certains chercheurs et praticiens. Cette partie vise à clarifier cinq idées-clés pour appréhender la neurodiversité dans toutes ses nuances.
Tout d’abord, il est essentiel de comprendre que la neurodiversité concerne potentiellement tous les individus, neurotypiques ou neurodivergents. Elle ne désigne pas un ensemble restreint de diagnostics, mais la variété infinie de cerveaux humains. Réduire ce concept à quelques conditions (autisme, TDAH, dys…) serait donc réducteur.
Deuxièmement, les termes « neurodiversité » et « neurodivergence » ne sont pas interchangeables. Le premier renvoie à la diversité des esprits au sein d’un groupe ; le second à un écart par rapport à la norme neurologique dominante chez un individu. On parlera d’une classe neurodiverse et d’un élève neurodivergent.
Troisièmement, la neurodiversité n’est pas un euphémisme visant à éviter un langage médicalisant. L’usage de diagnostics précis (autisme, TDAH…) reste pertinent pour identifier les besoins d’accompagnement spécifiques. L’approche neurodiverse ne nie pas ces différences, elle les recontextualise.
Quatrièmement, accepter la neurodiversité ne dispense pas de fournir les aménagements nécessaires aux personnes qui en ont besoin. Certains profils cognitifs sont en effet désavantagés dans nos sociétés. Des adaptations doivent leur permettre d’exprimer leur plein potentiel.
Cinquièmement, au-delà des implications pratiques, les neurotypes jouent un rôle clé dans la construction identitaire de nombreux neurodivergents. Le diagnostic représente souvent un soulagement et ouvre la voie à une meilleure estime de soi.
L’autisme en particulier peut devenir le pilier d’une identité positive, comme l’illustre le concept d’« identité autistique » développé par des chercheurs et militants autistes. Plusieurs études montrent que s’identifier comme autiste est associé à une moindre anxiété, une plus grande acceptation de soi et un sentiment d’appartenance à une communauté.
Cependant, des nuances existent au sein même des groupes diagnostiqués. Tous les autistes ne se reconnaissent pas dans cette identité commune. D’où l’importance de ne pas surinterpréter la portée des diagnostics dans la définition de soi.
En conclusion, la neurodiversité est un concept riche aux implications multiples. Sur le plan social, elle invite à repenser notre rapport à la différence en célébrant la diversité cognitive plutôt qu’en la corrigeant. Sur le plan politique, elle appelle à reconsidérer nos normes éducatives, professionnelles, culturelles pour les rendre plus inclusives. Enfin, sur le plan personnel, elle ouvre la possibilité d’une identité positive pour les personnes neurodivergentes longtemps stigmatisées.
À condition de bien la comprendre et de ne pas la caricaturer, l’approche neurodiverse a le potentiel de transformer en profondeur notre rapport à la différence et nos manières de penser la normalité. Les défis sont immenses, mais l’enjeu n’est rien de moins que l’avènement d’une société pleinement inclusive, qui permette à chacun d’y trouver sa place.
👉 À lire également : Les joueurs neurodivergents trouvent une place à la table de jeu.
Mais revenons à notre sujet, comment intégrer des personnes avec un trouble autistiques, ou TSA, dans le jeu de rôle. Est-ce que les jeux de rôle sur le marché peuvent y parvenir ?
Adaptation des Règles du Jeu
Heureusement, la plupart des jeux de rôle sont déjà très flexibles et permettent des adaptations. Voici quelques pistes générales :
- 🟢 Simplifier ou modifier certaines règles trop complexes sur le plan social
- 📋 Structurer davantage le déroulement pour le rendre plus prévisible
- ⚖️ Permettre différents niveaux d’engagement social selon les préférences
- 📚 Fournir des supports écrits ou visuels pour clarifier les règles
- ⏸️ Autoriser des pauses ou temps morts au besoin
Il est aussi possible d’adapter la complexité des scénarios, le rythme du jeu et la durée des sessions. Certaines joueuses et joueurs autistes peuvent avoir besoin de plus de temps pour formuler leurs actions. D’autres préfèreront un rythme plus rapide. En discutant en groupe, on peut trouver un équilibre qui convient à toutes et tous.
Pour le choix des personnages, il est préférable d’offrir des options prédéfinies plutôt que de demander de créer un personnage complet. Les archétypes classiques (guerrier, magicien, etc.) sont généralement appréciés.
👉 À lire également : L’arrivée d’Asteria chamboule les codes de Donjons et Dragons.
L’important est de rester créatif et ouvert à des façons de jouer hors des sentiers battus. Chaque groupe finira par trouver une formule unique qui permet aux joueuses et joueurs autistes de contribuer à leur manière.
Facilitation de la Communication
La communication pendant le jeu peut également présenter des défis. Voici quelques suggestions pour la faciliter:
- 🗣 Parler clairement et éviter les expressions ambigües
- 🖼 Utiliser des supports visuels pour représenter des scènes ou des personnages
- 📜 Expliquer clairement les attentes sociales et les «règles non écrites»
- ⏳ Laisser du temps pour traiter les informations et formuler les réponses
- 🤝 Proposer des options et des exemples pour faciliter la prise de décision
- 👐 Permettre différents modes de communication (verbal, écrit, gestuel, etc.)
Il est aussi utile d’établir des signaux clairs indiquant le début et la fin d’une scène de jeu. Cela permet de bien distinguer le jeu de la réalité. Encore une fois, discuter en groupe permet de trouver des solutions adaptées à toutes et tous.
Créer un Environnement Sécuritaire et Accueillant
Chaque joueuse et joueur devrait se sentir en sécurité et accepté au sein du groupe. Voici quelques pistes :
- 👥 Discuter en groupe des besoins et limites de chacune et chacun
- 🚫 Être sensible aux inconforts avec certains sujets ou situations
- ✋ Permettre des temps de pause en cas de surcharge sensorielle
- 🔇 Réduire les éléments sensoriels dérangeants (bruit, lumière, etc.)
- 🤝 Encourager le respect et l’ouverture d’esprit chez toutes les joueuses et joueurs
- 🎭 Donner une chance égale à chacune et chacun de s’exprimer et de participer
- 👍 Valoriser les différences et les forces uniques de chaque joueuse et joueur
Il est important d’adapter le style de jeu en fonction des participantes et participants. Certaines et certains préfèreront un jeu très dirigé, d’autres une approche collaborative. Trouver un équilibre favorable à toutes et tous rendra l’expérience plus agréable pour le groupe.
Conclusion
En définitive, il est tout à fait possible d’inclure des personnes autistes dans les jeux de rôle sur table. Cela demande un peu de flexibilité, de communication et de volonté d’adapter les choses au besoin. Le résultat en vaut la peine, alors n’ayons pas peur d’expérimenter! Jouer ensemble, dans le respect des différences de chacune et chacun, mènera à des expériences de jeu mémorables.
Rejoignez notre communauté :
Rejoignez notre chaîne WhatsApp
2007. Wahou ! Nous avons de la peine à croire que cela fait depuis 2007 que nous sommes derrière l’écran à écrire sur ce blog que nous aimons tant ! Cela n’aurait pas été possible sans votre fidélité.
Pour vous offrir une expérience de lecture plus agréable, nous vous proposons un site sans aucune publicité. Comme nous entretenons des relations d’affiliation avec Philibert et Play-in, nous touchons une petite commission lorsque vous achetez un jeu depuis notre site. Ce qui nous permet d’acheter des jeux que nous pouvons ensuite vous présenter.
Aujourd’hui, nous vous demandons votre soutien pour nous aider à continuer à produire du contenu que vous appréciez. Chaque contribution, petite ou grande, nous permet de continuer à faire ce que nous aimons et de vous offrir la meilleure expérience possible. Vous pouvez nous aider à soutenir le blog directement en faisant un don avec Tipee.
Nous vous remercions du fond du cœur pour votre soutien et avons hâte de partager encore de nombreuses années avec vous.
Soutenez Gus&Co sur TipeeeArticle écrit par Andariel, chroniqueuse et rôliste (JDR, GN) queer qui se consacre au jeux de rôle, aux jeux narratifs et aux sujets LGBTQ+. Elle s’implique pour valoriser la présence des personnes marginalisées dans l’industrie du jeu.
Avez-vous déjà joué à des jeux de rôle avec des personnes autistes ? Quelles ont été vos expériences ? Quels conseils pourriez-vous donner aux autres lectrices et lecteurs ?

