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5 jeux de société pour céder à l’appel de la forêt

C’est l’automne. Une petite balade en forêt, ça vous tente ? 5 jeux de société autour de la forêt à découvrir.


“Penser, c’est chercher des clairières dans une forêt.” Jules Renard

Est-ce que vous vous souvenez à quand remonte votre dernière balade en forêt ? Aujourd’hui, hier, la semaine, le mois passé ? Aujourd’hui, dimanche 7 novembre, c’est peut-être le dernier week-end pour profiter d’une balade en forêt. En automne, quand la terre est encore un peu gorgée de pluie mais chauffée par les derniers rayons du soleil. Avec l’odeur du humus qui se dégage, les conditions sont idéales pour invoquer les cinq sens : mélanges d’odeurs de champignons, de terre, de bruits, oiseaux, feuilles qui craquent, toucher de l’écorce, et voir toute cette explosion de couleur.

Entre jogging, balades en famille et avec la chienne, pour moi, la forêt m’apaise, me galvanise. C’est d’ailleurs souvent en forêt que j’ai des idées, de jeux, d’articles, de cours à donner. Comme si la forêt éveillait en moi quelque chose, comme des soupçons de créativité. Est-ce que ça vous fait le même effet ?

D’ailleurs, les Japonais donnent un nom à cette activité, le shinrin-yoku, le bain de forêt, la thérapie par la nature. Également appelée la sylvothérapie. Cette thérapie repose sur l’idée qu’être dans une forêt ou à proximité d’arbres a un effet bénéfique pour le bien-être, mentale, et la santé.

Pour la culture japonaise, le bain de forêt se définit comme le contact direct avec la forêt. Ce qui distingue les bains de forêt de la simple promenade, c’est le fait d’apprécier, de contempler l’environnement dans son entier. Une sorte de méditation sylvestre, naturelle, en mouvement, ou pas. Une étude en psychologie de 20101 sur 280 sujets a révélé que les bains de forêt étaient associés à des niveaux plus faibles de cortisol, l’hormone responsable du stress, à un pouls plus faible et à une pression artérielle plus basse.

Les participants à l’étude présentaient une activité réduite dans la partie du système nerveux qui s’active lorsque nous sommes stressés, ainsi que, à contrario, une activité accrue dans la partie du système nerveux qui s’active lorsque nous sommes détendus.

Pourquoi s’intéresser aujourd’hui aux forêts, et à quelques jeux de société qui en font l’apanage ? Parce que nous sommes en pleine COP26, qui dure encore une petite semaine. Et que déjà, quelques annonces, quelques décisions ont été prises par les gouvernements présents, dont la lutte contre la déforestation.

“Écouter la forêt qui pousse plutôt que l’arbre qui tombe.” Frederich Hegel

La première semaine a commencé fort, avec une déclaration commune dans laquelle les États signataires s’engagent « à travailler collectivement pour stopper et inverser la perte de forêts et la dégradation des sols d’ici à 2030 ». Les experts du GIEC sont unanimes : limiter le réchauffement climatique nécessitera de mieux protéger les poumons verts de la planète.

Le premier ministre britannique Boris Johnson a même décrit l’engagement pris par quelque 100 nations, dont la France, dont la Suisse, dont le Brésil, pourtant absent, pour lutter contre la déforestation comme « le plus grand pas en avant dans la protection des forêts à travers le monde en une génération ».

Après les promesses faites à New York en 2014, ce nouveau pacte a suscité un maigre espoir de voir cesser le massacre des forêts primaires. Rappelons que ce sont 258’000 km2 de forêts qui ont encore disparu l’an dernier. Un espoir pourtant douché jeudi par le revirement de l’Indonésie. L’archipel d’Asie du Sud-Est, qui abrite la troisième plus grande forêt tropicale du monde, parle d’un accord faux et trompeur. « Forcer l’Indonésie à atteindre zéro déforestation en 2030 est clairement inadéquat et injuste », a déclaré son ministre de l’Environnement, Siti Nurbaya Bakar.

“Si, marchant dans la forêt, tu rencontres deux fois le même arbre, c’est que tu es perdu.”

Avec cette (mi)bonne nouvelle de la COP26, et comme vu plus haut, il y a des avantages, surprenants, à se balader en forêt. En voici 6. De nouvelles recherches suggèrent qu’une brève promenade dans la forêt réduit l’anxiété.

En marchant dans la forêt, on ne peut s’empêcher de renifler l’odeur des pins, la lumière du soleil d’automne qui caresse les rochers, la mousse, douce, cotonneuse, et les feuilles multicolores qui jonchent sur le sol de la forêt comme un tapis bruyant, bruissant. Et aussi, surtout, le bruit des oiseaux qui chantent dans les branches au-dessus. Comment le simple fait de marcher dans une forêt affecte-t-il corps et esprit ?

La tradition japonaise du shinrin-yoku ou « bain de forêt » a inspiré le concept moderne de thérapie forestière », ou marcher dans la forêt comme moyen d’améliorer la santé et l’humeur. Une autre étude2 de 2016, comme celle de 2010, a démontré que le fait de se trouver dans une forêt peut conduire à un bien-être, à la fois physique et mental.

Le simple fait de se promener en forêt n’est pas seulement bon pour le physique, mais peut donc également améliorer son humeur et aider à lutter le stress. Une autre recherche de 20093 sur les enfants atteints de TDAH montre que la capacité d’attention des enfants s’améliore après avoir passé du temps dans la nature.

Et pas besoin de marcher pendant de longues heures en forêt pour profiter des avantages de la thérapie forestière. Une recherche récente de 20194 suggère que marcher aussi peu que 15 minutes dans une forêt peut améliorer l’humeur et réduire le stress et l’anxiété. L’étude comportait 60 participants qui ont été divisés en deux groupes. Le premier marchait dans un environnement urbain, et l’autre dans un environnement forestier. Les personnes qui ont marché pendant aussi peu que 15 minutes dans la forêt ont éprouvé beaucoup moins de sentiments négatifs et se sont senties plus détendues mentalement et physiquement.

Oui, la forêt est essentielle.

00.50′ : se promener en forêt, pas essentiel…

Forêt et jeux de société

La forêt n’est, et c’est plutôt surprenant, pas un thème répandu dans les jeux de société. On n’en dénombre que 63 dans la base de données de BGG. Alors évidemment, il en manque beaucoup. Des jeux qui ne mettent pas la forêt en avant mais qui la place toutefois en contexte, en décor, en fond.

Nous avons sélectionné pour vous les 5 titres qui sont, selon nous, les plus forts, les plus percutants, les plus passionnants qui parlent de la forêt. Ceux qui la transcendent et qui invitent à s’y balader, une fois le jeu fini.

Bosk

Bosk, le bosquet, en anglais, est un jeu censé représenter les feuilles qui tombent des arbres. Le jeu idéal à placer ici dans cette liste des jeux de, dans la forêt. Et le matériel est juste superbe et chatoyant !

Bosk est un jeu de contrôle de zones bosquets qui se joue en quatre phases, une pour chaque saison de l’année. Rien que d’y jouer on a l’impression de plonger en plein shinrin-yoku.

Vous commencez au printemps par faire pousser vos arbres dans un parc. En été, vous marquez des points pour les randonneurs qui viennent se balader chez vous. Puis, à l’automne, les feuilles recouvrent le sol. Et avec le vent, elles peuvent s’étaler et couvrir les zones des autres. Enfin, en hiver, des points sont attribués en fonction de la plus grande superficie couverte de chaque région du parc.

Eh oui, qui dit arbres en automne, dit également… écureuils, les pions dans Bosk qui servent à marquer vos points 🐿 .


Photosynthesis

Des arbres qui poussent dans une forêt. Voilà, ce n’est pas plus compliqué que cela. Beau, profond, exigeant, cohérent, Photosynthesis était l’un des jeux indispensables de 2017, également l’un des jeux indispensables pour tous les fans de flore et de forêt.

Dans Photosynthesis, il est donc question de… photosynthèse. On plante des arbres et on cherche à leur offrir le plus de lumière du soleil possible.

On peut également bloquer les autres en plantant des arbres pile poil devant, pour leur faire de l’ombre, littéralement. La lumière du soleil ne les atteindra pas.

Et comme Bosk, le matériel de Photosynthesis est superbe, avec de « vrais » arbres en 3D, arbres qui se parent de leur plus beaux atours de mille feux et couleurs que l’on retrouve en automne.

Mais au fond, comment expliquer ce phénomène de feuilles qui deviennent multicolores en automne ? Pour faire simple, en règle générale, les feuilles sont vertes. C’est dû à la chlorophylle qui leur confère cette couleur. À l’automne, quand il y a moins de lumière et que les températures baissent, comme aujourd’hui début novembre, la chlorophylle disparaît. Certaines feuilles deviennent alors jaunes, oranges et rouges.

Mais pourquoi ces couleurs-là, et pas fuchsia-lavande ou bleu-kaki ? La feuille devient jaune, voire orange, parce qu’en l’absence de la chlorophylle, d’autres pigments présents toute l’année dans la feuille, comme le carotène, s’affirment. Pour la couleur rouge, c’est un pigment nommé anthocyane qui est responsable. Il est produit par la feuille quand le taux de chlorophylle diminue. Voilà, vous savez tout maintenant.


Parks

Partir en balade en forêt et dans les parcs nationaux américains, ça vous tente ?

Dans Parks, vous partez en randonnée dans les grandioses parcs, d’où le titre, naturels américains. Vous vous baladez dans différents lieux, régions, le but étant de visiter le plus de parcs possibles.

Parks est un jeu qui parvient à proposer une réelle expérience ! Le matériel est tellement magnifique, illustrations, composants, et les règles tellement fluides, qu’au final, la sauce prend, on s’y croirait vraiment, à se balader dans ces pittoresques paysages de parcs américains.

Parks, c’est Tokaido, en encore plus bucolique, si c’est possible. On atterrit sur des cases et on obtient des éléments, des ressources, que l’on va pouvoir échanger contre de grosses cartes « parcs » pour obtenir des points de victoire en fin de partie.

Parks fonctionne de la même manière que Egizia, ou Glen More, avec un système de placement d’ouvriers successif. On avance l’un de ses deux pions le long d’une piste, d’une randonnée ici dans Parks, et on ne peut jamais revenir en arrière. Avec une case spéciale en toute fin de chemin, qui permet d’acheter du matériel ou d’échanger les ressources acquises pendant la balade contre des PV.

On ne peut pas s’arrêter sur une case déjà occupée, comme tout « pur » jeu de placement d’ouvriers. Mais si quand même. En début de partie on obtient une tuile « feu de camp ». Pendant la partie, si on veut s’arrêter sur une case occupée, on peut la retourner, pour représenter qu’on campe à cet endroit, et hop, c’est possible.

Une fois que tous les meeples ont atteint la fin du sentier, la manche se termine. S’ensuit alors quelques étapes de remise à niveau, la plus notable est que les tuiles « sentier » sont remélangées, et qu’on y rajoute une toute nouvelle tuile pour rallonger la balade. La rando et les possibilités augmentent ainsi à chaque manche, sachant qu’on va en jouer quatre. Quatre, c’est court, c’est bref, c’est intense !

Outre ses mécaniques de jeu, fluides et fun, Parks se démarque de deux autres manières : ses illustrations, d’abord, colorées d’un pastel lumineux et flamboyant, qui parviennent à nous propulser dans une réalité rustique et poétique, bucolique. Ce sont en tout 30 artistes qui se sont succédé sur le jeu pour composer d’opulentes et époustouflantes cartes « parcs ».

Et sa boîte, enfin. Avec des jeux qui jouent la carte de la démesure avec des tailles de boîte aussi lourdes qu’imposantes, Parks reste d’un modeste incongru. Une petite boîte, pleine, et surtout, au mini-micro-thermo d’une efficacité stupéfiante ! Dès la boîte ouverte, on sent que l’éditeur américain Keymaster et Matagot pour la VF ont pensé leur jeu dans son entier, pour proposer une expérience souple, ronde et accueillante.

Pour finir, Parks propose des parties fluides, intenses, légères et pittoresques comme une balade en forêt d’un parc américain. Alors certes, avec Parks on est loin d’un jeu Core à la stratégique profonde et exigeante. Mais comme jeu Familial+, Parks s’avère être un excellent titre pour une balade en forêt.

Et dans quelques jours, c’est la suite de Parks qui est attendue, Trails, une version édulcorée, simplifiée (si c’est possible).


Root

Et forcément, Root.

Dans Root, la racine, en anglais, d’arbre, dans la forêt, vous incarnez une créatures des forêts toute cute : un oiseau, un renard, un chat et un raton laveur, avec des extensions déjà disponibles pour d’autres animaux. Tout le plaisir du jeu réside dans son aspect asymétrique. En effet, si le but est le même pour tout le monde, obtenir 30 points, le moyen d’y arriver diffère pour chaque animal spécifique.

Dans Root, l’interaction est très, très forte puisque les peuples sont en constante et âpre lutte de territoire, pour l’acquisition des ressources et pour la course aux PV

Root est un jeu de placement, de déplacement et de contrôle de territoire. Et qui dit contrôle de territoire dit forcément affrontement. Les factions vont pouvoir attaquer les autres et ramener ainsi des PV. Mais pas forcément. Encore une fois, tout dépend de sa faction. Si certaines factions sont plus belliqueuses, d’autres sont plus commerçantes. Ce qui permet de jouer à Root plusieurs fois en vivant le jeu de manière à chaque fois différente.

Une version jeu de rôle est également sortie, pour incarner les créatures de la forêt « en vrai ». Pour l’instant, le jeu n’existe qu’en anglais. Est-ce que Matagot signera la VF ? C’est prévu.

À noter enfin que le jeu est sorti en version numérique il n’y a pas si longtemps, sur PC et portable.

Attention, le prix du jeu de plateau pique un peu…


Bitoku

La forêt, magique, mystique. Dans Bitoku (ne lisez pas cette phrase à haute voix à côté de vos enfants), vous incarnez le rôle d’esprits de la forêt. Votre but, vous élever vers la transcendance et devenir le prochain grand esprit de la forêt.

Bitoku est un gros jeu pour Gamers, avec de la gestion de cartes, de dés et de l’engine-building. Un jeu solide, un jeu puissant. Vivement la VF, aussi, avec un titre moins… cour de récré.


Et encore une chose

Si vous êtes, comme moi, incapable de faire la différence entre un hêtre et un mélèze, il y a une super appli pour portable à emmener avec soi en balade. Elle s’appelle Clés de Forêt.

Il suffit de prendre en photo l’arbre, sa feuille, et on vous donne le nom de l’arbre. Une application très intéressante, et pédagogique ! En effet, plutôt que d’avoir le résultat immédiatement et de ne rien apprendre, vous devez « mouiller le maillot » et procéder par vous-même, par enquête, en renseignant les différentes caractéristiques. Et puis, par élimination, guidé par l’appli, vous arrivez à déterminer vous-même l’arbre que vous avez en face de vous.

Et cette appli, Clés de Forêts, fonctionne aussi pour les empreintes au sol, ou pour les rapaces qu’on peut observer. Une appli développée par l’ONF, l’Office français national des forêts.


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Et vous, quels autres jeux de société pourriez-vous recommander sur le thème de la forêt ?

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6 Comments

  • Boubou 95

    Pour Bitoku de ce que j’ai lu c’est Iello qui fera la version française et il conserverait son nom 🙂 Très sympa Parks même si la mécanique est simple. Root a du mal à sortir chez moi, un peu compliqué d’expliquer ou réexpliquer chaque camp pour jouer une partie. Il manque peut-être Everdell dans la sélection (après chaque sélection est subjective) ^^

  • Gilou

    Et Meadow, bien sûr !
    La chronique de Gusandco l’a assassiné, mais c’est bien la seule. Ne vous y trompez pas, c’est un jeu sympa et bucolique avec un thème et un matériel très agréable.

  • Nikko

    Bonjour,
    Un joli jeu de carte en print and play sur Board Geek Game, «Bear went over the montain» inspiré d’une comptine pour enfant. Les règles sont en anglais.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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