Jeux de plateau

Asmodee en passe d’être revendu pour la coquette somme de 2 milliards d’euros

Asmodee, le géant des jeux appartenant au fonds d’investissement PAI Partners, pourrait bientôt changer de main.


Asmodee et PAI Partners

C’est la petite, ou grande, bombe du jour. Asmodee, le plus grand distributeur, éditeur, média et vendeur de jeux de société pourrait bientôt être revendu à quelqu’un d’autre.

C’est l’AGEFI ce lundi 20 septembre 2021, l’Agence économique et financière, le groupe média spécialisé dans la finance, qui a annoncé l’information ce lundi 20 septembre, relayée ensuite par le très sérieux site financier Unquote. PAI Partners, qui détient à l’heure actuelle la majorité des actions du groupe Asmodee, aurait décidé de revendre la boîte.

PAI Partners, anciennement Paribas Affaires Industrielles, est un fonds d’investissement français qui gère un portefeuille de participations, dont Asmodee. Ils l’ont d’ailleurs racheté en 2018 pour 1,2 milliards d’euros à Eurazeo, un autre fonds d’investissements, qui avait acheté Asmodee en 2014 pour environ 143 millions d’euros.

Bref, Asmodee est un peu devenu la patate chaude que les fonds se refilent de main en main, le ballon que l’on se passe, avec, au passage, à chaque fois une belle revalorisation. 800 millions sur 3 ans, ici, dans le cadre d’Asmodee.

Clients potentiels

Selon l’AGEFI toujours, PAI Partners aurait mandaté deux sociétés spécialisées en acquisitions et fusions, la banque Goldman Sachs et Natixis Partners, pour voir à qui, quand, comment et surtout, pour combien revendre Asmodee. Avec des chiffres d’affaires en nette augmentation depuis la crise sanitaire, on peut s’attendre à ce que PAI Partners se prenne une belle comm.

Il semblerait que PAI Partners serait prêt à se séparer du colosse du jeu de société pour la coquette somme de 2 milliards de dollars, ce qui représenterait une plus-value de 800 millions réalisées en à peine 3 ans. Une belle transaction, si elle a lieu à ces conditions.

Deux autres fonds d’investissement sont en lice pour l’acquisition. Selon l’AGEFI toujours, il s’agirait de Advent International, un autre fonds d’investissement, américain, cette fois, et CVC Capital Partners, l’un des dix plus grands fonds de capital-investissement au monde, derrière Carlyle et Blackstone, dont le siège principal est au Luxembourg et qui compte 24 bureaux aux quatre coins de la planète.

Le capital-investissement est une activité qui consiste pour un investisseur à apporter des fonds propres à une société qui n’est pas encore cotée, en échange d’une participation dans son capital. Cette opération s’effectue en achetant soit des titres existant auprès d’anciens actionnaires, soit des titres nouvellement émis lors d’une augmentation de capital.

Le capital-investissement est réalisé le plus souvent par des fonds d’investissement spécialisés ou par des particuliers fortunés, dans l’objectif de réaliser une plus-value après quelques années par la revente. Asmodee, donc.

Si depuis des années on entend plutôt parler d’Asmodee comme achetant des éditeurs par-ci, Libellud, Repos Prod, Plan B, des médias par-là, Tric Trac, ou encore des magasins, la boutique Philibert, c’est à présent à son tour de changer de main. Qui va re-racheter le distributeur, et pour combien ? Et surtout, quel impact cela va avoir sur l’industrie du jeu de société ? Plus, moins de jeux ? Des jeux différents ?

Quoi qu’il en soit, le timing pour l’annonce de la revente d’Asmodee est optimal. « Time is of the essence« , comme on dit en anglais et dans le droit des contrats, le temps presse, le temps est primordial. Entre la Gen Con, Essen et Noël en approche, c’est à ce moment-là de l’année que les ventes de jeux de société explosent.

Rachète Hachette

Et pendant ce temps, l’éditeur de livres Hachette est lui aussi en passe d’être racheté. En quelques mois, années, Hachette est devenu le concurrent direct d’Asmodee sur le marché du jeu de société. Hachette a lancé ses propres studios d’édition de jeux de société comme Studio H, et s’est inspiré de la stratégie d’Asmodee en rachetant d’autres éditeurs, dont Blackrock, Gigamic, Sorry We Are French, Le Scorpion Masqué…

C’est un autre éditeur de livres, Editis, qui lorgne désormais sur Hachette. Editis appartient depuis 2015 au groupe Vivendi, qui détient également Canal+.

Asmodee et Hachette sont dans un avion

Ce qu’on retiendra de toute cette affaire de rachats, de reventes, de transactions entre grands groupes, c’est que le jeu de société est, en quelques années, depuis environ les années 2010, devenu si lucratif, au point d’attirer, d’attiser les gourmandises et les convoitises.

Et la crise sanitaire et ses multiples confinements ont consolidé un marché déjà sain et porteur, avec le besoin, grégaire, impérieux, de se retrouver en famille autour d’une expérience commune, partagée, loin des écrans et du télétravail.

Avec ces deux annonces de rachat, Asmodee et Hachette, on observe un marché du jeu de société en pleine effervescence, en pleine mouvance, en pleine turbulence. Moins d’artisanal, plus d’industriel. Avec des éditeurs, des distributeurs astreints à dégager du chiffre, du gros, pour préparer la prochaine revente. On se croirait dans un pur jeu de société de gestion. Acheter petit, faire fructifier, pour revendre plus cher… Va-t-on à l’avenir voir de plus en plus de titres repris, continués, réédités, de licences adaptées, parce que moins risqué ?

Attendons ces prochains jours, ces prochaines semaines pour savoir à quelle sauce ces deux géants vont être mangés. Et si, et comment le marché du jeu de société va en être affecté.

Asmodee, Hachette revendus, vous en pensez quoi ? Laissez-nous un commentaire.

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7 Comments

  • David

    Merci pour ces éclaircissements qui confirment tout de même une drôle de nouvelle. J’espère sincèrement que le groupe tombera dans les mains d’une entité qui ne verra pas dans le monde ludique que des dollars à se faire. Et qu’il cherchera à pérenniser Asmodee avec un minimum de passion.
    Car comme tu dis, le jeu se professionnalise de plus en plus, est devient peu à peu un marché où il y a vraiment de l’argent à se faire. C’est sûr qu’il y a eu beaucoup de conséquences positives (davantage de choix, une concurrence féroce qui oblige à faire des productions de plus en plus qualitatives), mais on est pas à l’abri de sombrer dans l’impersonnel, le produit marketing (comme en musique), l’efficacité et la rentabilité avant tout. Et voir tous ces rachats me rassurent honnêtement guère…

    • Nicolas humeau

      Mais enfin David ?
      Cela fait des années que c’est comme ça. Regarde ce qu’à fait Asmodée du jeu… Où sont passés les jeux « chères à produire » réalisés par des passionnés, que faisaient Edge ou FFG par exemple?
      Depuis leur rachat par Asmodée, ces jeux ont disparus du marchés (sauf à aller sur des plateformes de financements participatifs).
      Celà fait longtemps que cette société n’est plus une société de passionnés de jeux, mais de passionnés d’argent. Pour eux pas de différence entre faire du jeu ou des saucisses, seul le chiffre d’affaire parle, et la plus value.. C’est malheureux mais c’est comme ça. Je n’ai jamais vu d’un bon oeil ces rachats par les financiers car cela appauvri l’univers du jeu et le réduit aux grandes licences marketing, aux jeux pas chère à produire et donc à une perte de diversité. Heureusement qu’il reste des auteurs indépendants, mais pour combien de temps encore ?

  • Alex Tremgoch'

    A 2 milliards le ticket d’entrée, pas sûr que le repreneur soit du genre philanthrope.
    Tiens, les deux candidats en lice sont basés ou ont une filiale au Luxembourg. Quelle drôle d’idée… Il y a un gros marché de jeux là-bas ? (ah, on me fait signe dans l’oreillette que ce serait plutôt une fiscalité audacieuse qui les intéresseraient. Zut).

    Quand à la pérennité de tout le bazar, comment dire… Le principe d’une bulle spéculative c’est de se refiler rapidement la patate chaude, en se rinçant grassement au passage, et en priant pour qu’elle éclate le plus tard possible (et là, pas de bol pour celui qui sera le propriétaire du mistigri à ce moment-là – Lehman Brothers, si vous nous lisez, ne vous étranglez pas…).
    Ca me rappelle un jeu de cour d’école de ma (lointaine) enfance, avec un ballon il me semble, et ça s’appelait « la bombe ». Comme quoi, on n’a rien inventé.
    Je dis ça, …

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