Jeux de plateau

La vraie joueuse d’échecs citée dans The Queen’s Gambit poursuit Netflix en justice

Échec et mat, Netflix ? Nona Gaprindashvili, la vraie joueuse d’échecs citée dans la série The Queen’s Gambit, sort les griffes juridiques.


The Queen’s Gambit

En plus d’être marquée par le Covid, 2020 fut également marqué par un autre phénomène, le retour en grâce des échecs, et ceci grâce à la série à succès The Queen’s Gambit sur Netflix.

En octobre 2020, le monde s’est passionné pour Elizabeth Harmon, héroïne glamour et sixties de la minisérie qui a fait un carton. The Queen’s Gambit est devenu le succès le plus rapide de Netflix avec plus de 70 millions de personnes qui ont vu la mini-série en quelques semaines seulement.

Et aujourd’hui, quelques mois après sa sortie, l’un des personnages réels cités dans la série, l’icône géorgienne des échecs Nona Gaprindashvili a déposé une plainte pour diffamation contre Netflix. La joueuse affirme qu’elle est mal représentée dans la série à succès The Queen’s Gambit. L’affaire fait référence à une séquence du septième et dernier épisode de la série qui prétend que Gaprindashvili, maintenant âgée de 80 ans, n’avait jamais joué aux échecs en tournoi avec, contre des hommes.

Sauf que.

Nona Gaprindashvili a pu fournir la preuve qu’en 1968, l’année au cours de laquelle l’épisode se déroule, elle avait affronté au moins 59 joueurs masculins. La joueuse d’échecs soviétique poursuit donc Netflix en justice pour une seule ligne erronée dans la série.

Netflix a réagi en déclarant que la plainte n’avait « aucun fondement« . Netflix a déclaré qu’elle n’avait « que le plus grand respect » pour Gaprindashvili et son « illustre carrière », mais qu’elle « défendrait vigoureusement l’affaire ».

Nona Gaprindashvili joue une partie d'échecs au Congrès international des échecs à Londres le 30 décembre 1964
Nona Gaprindashvili photographiée en train de jouer au Congrès international des échecs à Londres en 1964

The Queen’s Gambit est basé sur le roman de 1983 de Walter Tevis et raconte le périple d’une joueuse d’échecs fictive appelé Beth Harmon, incarnée par Anya Taylor-Joy.

Dans le dernier épisode, un commentateur mentionne Gaprindashvili lorsqu’il décrit Harmon : « La seule chose inhabituelle chez elle, vraiment, c’est son sexe. Et même cela n’est pas unique en Russie. Il y a Nona Gaprindashvili, mais elle est la championne du monde féminine et n’a jamais affronté d’hommes. »

Le dossier de 25 pages déposée jeudi devant le tribunal fédéral de district de Los Angeles déclare que « Netflix a menti effrontément et délibérément sur les réalisations de Gaprindashvili dans le but bon marché et cynique de » rehausser la série » en faisant croire que son héroïne fictive avait réussi à faire ce qu’aucune autre femme, y compris Gaprindashvili, n’avait fait. »

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Le document ajoute : « L’allégation selon laquelle Gaprindashvili » n’a jamais affronté d’hommes « est manifestement fausse, en plus d’être grossièrement sexiste et rabaissante. »

Née en 1941 dans la ville géorgienne de Zugdidi, Nona Gaprindashvili a commencé à jouer aux échecs à l’âge de 13 ans, est devenue championne du monde féminine à 20 ans et a été la première femme à recevoir le titre de grand Maître.

« En 1968 », indique le dossier, Gaprindashvili « avait affronté au moins 59 joueurs d’échecs masculins, dont 28 simultanément dans une partie, dont au moins 10 grands maîtres de l’époque ».

Gaprindashvili, qui vit aujourd’hui à Tbilissi et continue de participer à des tournois d’échecs, demande 5 millions de dollars, soit un peu plus de 4 millions d’euros, en compensation pour diffamation, et la suppression dans le septième épisode de la ligne de dialogue qui énonce qu’elle n’aurait jamais joué contre des hommes.

Dans une interview avec le New York Times, Gaprindashvili a déclaré trouver toute la situation ironique. « [Netflix] essayait de faire ce personnage fictif qui ouvrait la voie à d’autres femmes, alors qu’en réalité j’avais déjà ouvert la voie et inspiré des générations. »

Nona Gaprindashvili VS Netflix, ou quand la réalité dépasse la fiction.

The Queen’s Gambit a été visionné dans plus de 62 millions de foyers au cours des 28 premiers jours suivant sa sortie, selon Netflix. La série a remporté deux prix aux Golden Globes de cette année et a récolté 18 nominations aux Emmy Awards, les « Oscars » de la télévision, qui auront lieu justement demain.

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2 Comments

  • Petolet

    Je trouve au contraire très triste de voir pour quoi on saisit la justice aujourd’hui et ce que l’humain est prêt à faire pour se faire de l’argent. Car ici je n’y vois qu’une question d’argent. La série parle de Beth Harmon, personnage inspiré d’une joueuse d’échecs. Ce n’est en aucun cas un biopic.

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