
Ces 3 jeux de société sur Frankenstein pour fêter ses 90 ans au cinéma
Présenté au cinéma pour la toute première fois en 1931, la créature de Frankenstein célèbre ses 90 ans cette année. 3 jeux de société récents qui lui font la fête.
Frankenstein
C’est sur les rives du lac Léman tout près de Genève que la créature de Frankenstein fut créée par l’autrice britannique Mary Shelley. Plus d’un siècle plus tard, entre 1830 et 1930, le roman gothique devient une œuvre à succès. En un siècle, des dizaines de pièces de théâtre reprennent l’histoire à leur sauce et le roman tombe dans le domaine public. Aujourd’hui, en 2021, nous fêtons les 90 ans de la toute première incarnation de la créature au cinéma. 90 ans, ça se fête !
Tout d’abord, il faut remettre le clocher au milieu du village boulon au milieu du visage. Quand on dit : Frankenstein, on pense, à tort, à la créature monstrueuse. Erreur ! Frankenstein est le nom du médecin genevois qui invente le moyen de donner la vie à un amas d’organes (volés sur des cadavres) grâce à la foudre, pour, finalement, créer LA créature, le monstre que l’on connaît. Donc il faut plutôt parler de créature de Frankenstein et non de Frankenstein. Fermer la parenthèse.
Quand Mary Shelley, autrice féministe avant l’heure, jette sur les rivages du lac Léman les premières idées de ce qui allait ensuite être le fameux roman classique, tout est parti d’un pari entre plusieurs convives britanniques : son mari, le poète romantique Percy Bysshe Shelley, Lord Byron, un autre poète, et enfin, John William Polidori, un jeune écrivain, tous réunis dans la somptueuse Villa Diodati.
C’est au cours d’une de ces soirées que Byron propose en effet à tout le monde d’écrire un roman inspirant la terreur. Lui ne rédige que quelques pages, plus tard reprises et augmentées par Polidori, et publiées sous le titre du Vampyre, le tout premier roman à présenter un… vampire, alors que Mary Shelley commence son Frankenstein.
La pierre franche
Le roman de Mary Shelley reprend le mythe grec de Prométhée, connu pour avoir dérobé le feu sacré de l’Olympe pour en faire don aux humains. Fâché, Zeus le condamne à être attaché à un rocher, son foie dévoré par un aigle le jour, avec le foie qui repousse chaque nuit. Sympa.
D’ailleurs, l’autre titre du roman de Shelley l’indique : Le Prométhée Moderne. Tout est dit. Donner le feu, symbole de la vie, et la punition des dieux, pour se prendre pour un dieu. Tout ce que l’on retrouve dans le roman.
Ce mythe de don de la vie se retrouve également dans la tradition juive avec le Golem.
Selon la légende, pour se protéger des violences que la communauté juive endurait au XVIe siècle, un rabbin créa un gardien. Le Golem. Pour cela, le rabbin Loew utilisa une formule magique et l’argile de la rivière Vltava à Prague, pour façonner une créature et lui insuffler la vie. Ça vous rappelle un truc ? Frankenstein, par exemple ? Peut-être que Mary Shelley s’est donc inspirée de cette légende pour écrire son roman trois siècles plus tard…
La racine étymologique du golem vient d’ailleurs de l’hébreu, גולם qui signifie « embryon », « informe » ou « inachevé ».
(la créature de) Frankenstein au cinéma
Le roman, à sa publication, devient aussitôt un best-seller sur Amazon (je crois). Gros succès, il va falloir toutefois attendre l’avènement du cinéma à la toute fin du 19e siècle.
En 1931, les droits de l’une de ces adaptations en pièce de théâtre sont rachetés aux États-Unis par le studio Universal : un savant fou, un labo dans un manoir, un monstre et une jeune fiancée capable de pousser des cris stridents. Un pitch de rêve ! Ou de cauchemar, plutôt.
Pour le rôle de la créature, le studio choisit un certain Boris Karloff. Ce nom est le pseudonyme de William Henry Pratt, fils d’une bonne famille britannique aux origines indiennes. Avec son regard sombre et son charisme, à 40 ans, il campe une créature ténébreuse et inquiétante. À noter que la création du monstre est confiée à un certain Jack Pierce, le maquilleur surdoué qui va créer tous les monstres d’Universal : la Momie, Frankenstein, le Loup-Garou et le célèbre Dracula.
Petite anecdote : pour réaliser le film, chaque jour du tournage, l’acteur Boris Karloff subit quatre heures de maquillage, en plein été californien. À la fin de l’année 1931, Frankenstein est le monstre le plus terrifiant et le plus rentable des studios Universal.
Et après ?
Les studios Universal comprennent qu’avec « Frankenstein », ils tiennent un nouveau filon : celui des films de monstres. Les films et suites s’enchaînent : « La fiancée de Frankenstein » (1936), « Le fils de Frankenstein » (1939), « La Maison de Frankenstein » (1944), « Le barbier de Frankenstein », « Le vendeur de kebab du coin de Frankenstein » (je n’ai pas trouvé les références de ces deux derniers titres).
À la fin du XXe et au début du XXIe siècle, le médecin et sa créature continuent à hanter les écrans, avec des inspirations plus ou moins proches, plus ou moins fidèles : Hulk, Edward aux Mains d’Argent, ou même l’excellent Ex Machina de 2014 qui réinvente le mythe pour troquer les cicatrices pour des boulons.
Et quid des jeux de société ?
Au contraire du cinéma, le mythe de Frankenstein et de sa créature sont rares sur le marché du jeu de société. On pourra en citer 3 récents, sur une liste de 28 titres plus ou moins anciens, parfois plus édités du tout.
Horrified
Malheureusement jamais traduit en VF, ce jeu de plateau coopératif intègre toute la ribambelle de monstres emblématiques du studio Universal : Dracula, le Loup-Garou, la Momie, L’Homme Invisible, et la créature de Frankenstein bien sûr, sinon on ne vous en parlerais pas.
Dans Horrified, vous incarnez un groupe de héros improbables vivant dans une ville envahie par des monstres aussi classiques que terrifiants. Mais surtout classiques.
Vous allez devoir chasser ces monstres en remplissant avec succès les conditions indiquées sur chacune de leurs cartes : Dracula comme ceci, la Momie comme cela.
Horrified n’a rien de particulièrement original, on se croirait parfois dans du Pandemic avec des streumon en lieu et place d’épidémies, mais le tout roucoule et ronronne, au point de passer des parties rocambolesques et prenantes.
Abomination: The Heir of Frankenstein
Autant Horrified est léger et accessible, autant ce Abomination: The Heir of Frankenstein vous demandera un peu plus de gestion, de bouts de cadavres, notamment.
Ce Abomination: The Heir of Frankenstein est en quelque sorte la suite du roman de Mary Shelley, puisqu’il s’agit de la suite du roman, vingt ans après et à Paris. Comme si la créature avait survécu au roman, ce dont on n’est pas sûr, et revient pour demander, enfin, obliger des scientifiques (nous !) à lui créer une compagne, comme elle l’avait déjà alors fait avec feu-Victor « à l’époque » dans le roman.
Abomination: The Heir of Frankenstein est un pur jeu de placement d’ouvriers d’assistants et de scientifiques. À son tour, on place un meeple dans un lieu dispo sur la carte de Paris au 19e siècle, sachant qu’il existe deux types de meeples, assistant et scientifique, et selon le lieu, on pourra envoyer l’un, l’autre ou les deux. Sachant également que certains lieux pourront accueillir plusieurs meeples en même temps, d’autres pas, il faudra d’abord le ou la propriétaire payer pour « bumper », i.e. dégager. Et qu’une fois un certain nombre de meeples bumpés, on ne pourra plus en bouger aucun sur le plateau.
L’enjeu du… jeu ? Réussir à assembler un compagnon pour le monstre, en allant récupérer des bouts à travers la ville. Ces bouts de cadavres sont représentés par de simples cubes de couleur, censés représentés les os, la chair ou le sang. Ou au pire, on peut également utiliser des bouts d’animaux, une couleur joker qui fera quand même perdre des points de victoire, parce que faut pas pousser la créature de Frankenstein dans le mixer non plus. Un groin de cochon au milieu de la face, ça le fait moyen-moyen.
La mécanique principale est donc : placement d’ouvriers pour récupérer des ressources pour constituer la créature. Voilà, c’est tout.

Enfin, pas vraiment non plus.
Le jeu propose une foultitude de règles : les ressources récupérées vont peu à peu se dégrader, comprenez par-là pourrir, la réfrigération n’était pas encore au top au début du 19e siècle, même si on peut la ralentir grâce à des cubes de glace, et il faut encore gérer son niveau d’expertise pour réussir à activer certains lieux, obtenir certains éléments dans le jeu. Et rajoutez encore des événements narratifs qui s’enclenchent au tout début de la manche, et des objectifs majeurs que l’on peut poursuivre pendant la partie.
Bref.
Abomination: The Heir of Frankenstein est un gros jeu, avec beaucoup d’éléments à gérer. Si le concept de base est plutôt évident : placement, ressources, il y a plusieurs facteurs et mécaniques à maîtriser.
Un thème original, qui s’inspire du roman, pour un jeu de gestion balaise.
➡️ Vous pouvez découvrir notre critique complète ici

Frankenstein
Un jeu de plateau indé peu connu, sorti à Essen 2019, la réédition de It’s Alive sorti en 2007. Dans Frankenstein, on doit récupérer 8 parties de corps, pour pouvoir construire son monstre. Pour ceci, à son tour, on peut :
- Tirer une carte de la pioche, carte qu’on peut acheter, vendre au cimetière, ou mettre aux enchères
- Piller une carte dans un cimetière (le sien ou celui de quelqu’un d’autre
Simple.
Chaque carte a une valeur d’achat, une valeur de vente au cimetière et une valeur de pillage. L’achat et la vente se font en pièces, et le pillage peut se faire en pièces, en cartes (à la valeur d’achat) ou en combinant les deux.
Le jeu propose un système d’enchères sur les cartes. L’enchère ne fera qu’un tour, et permet d’acheter une carte en dessous de sa valeur d’achat, si personne ne surenchérit. Un jeu d’enchères malin.
➡️ Vous pouvez découvrir notre critique complète ici
Le Secret de mon Père
On vous a dit vous présenter 3 jeux de société sur le thème de Frankenstein. Alors pourquoi ce 4e ? Parce qu’il n’existe pas encore ! Financé sur KS en mai 2021, Le Secret de mon Père est annoncé pour début 2022.
Vous jouez l’un des membres d’une fratrie à la fin du XIXème siècle, dont votre père, tout juste décédé, s’avère être un savant fou qui vous a légué son laboratoire rempli d’inventions inachevées. Ambiance Frankenstein, donc…
L’objectif est de marquer le plus grand nombre de points de victoire en réalisant des expériences au fil de la partie, et en tentant de parachever le chef-d’œuvre de votre ancêtre sur plusieurs générations.
Au cours du jeu, vous aurez jusqu’à 6 figurines, que vous posez tour à tour sur des Lieux du village ou de votre domaine. Chaque placement d’ouvriers déclenche une action. Mais attention, les figurines ont leur propre capacité et contraintes de pose. L’objectif est de récupérer dans ces Lieux les Ressources (Ingrédients, Connaissances, Argent) nécessaires pour compléter des cartes expériences qui elles-mêmes vous procurent d’autres Ressources, et ainsi de suite, pour se créer un moteur de production.
Mais vous êtes face à une population qui a peur du progrès. Quand vous allez chercher des bouts de cadavres au cimetière ou des Connaissances en Occultisme au campement nomade, les jetons Foule en colère et Malepeur se rapprochent dangereusement l’un de l’autre sur une piste du plateau, et lorsqu’ils se rencontrent, vous subissez des malus à vos actions (coup de fourche dans les fesses, interdiction de venir au village, etc.). Heureusement vous pouvez vous racheter une bonne conduite en allant à l’église (ou au pub) et maîtriser la peur que vos expériences inspirent à la Foule, mais vous perdrez du temps. Et le temps est la ressource la plus importante du jeu. En effet, maîtriser le tempo du jeu, c’est maîtriser le jeu.
Car le jeu se déroule sur 3 Générations, chacune découpée en 3 cycles de la vie (début-milieu-fin). Quand votre personnage meurt à la fin d’une génération, il ne lègue qu’une petite partie des ces recherches à son successeur, et toutes les Ressources non utilisées sont perdues ! Il faut donc optimiser la collecte des ressources et les dépenser au bon moment !
Comme dans la plupart des jeux de pose d’ouvriers, choisir un Lieu spécifique plutôt qu’un autre permet aussi de bloquer ou de ralentir l’adversaire (votre frère et/ou sœur en l’occurrence).
Dans Le Secret de mon père, un jeu de plateau narratif et évolutif, vous incarnez non pas la créature, mais le savant lui-même, aux prises avec les villageois, sa famille et ses créations. Alors non, ce n’est pas exactement du Frankenstein, mais ça y ressemble furieusement.
On vous en reparlera en 2022 !
Et vous, connaissez-vous un autre jeu dans le thème de Frankenstein qui vous a beaucoup plu ?
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