
Critique de jeu: Le Parrain. L’empire de Corleone. Un jeu que vous ne pourrez pas refuser
Un jeu de contrôle de territoire immersif aux règles épurées. Quelle bonheur que d'offrir de nouvelles chaussures en béton aux figurines ennemies avant de s'exclamer: "tiens, va manger du poisson dans l'Hudson"
Avant de commencer la lecture de cette critique, cliquez sur cette vidéo YouTube pour vous plonger dans l'ambiance
C'est bon? C'est fait?
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De 2 à 5 joueurs, dès 14 ans, pour des parties de 60 à 90 minutes, la nouvelle bombe ludique d'Eric M Lang vient tout juste de tomber en juillet 2017 en anglais, et fin août en VF. Et pour une fois, CMON n'en a pas lancé une préco KS. Dingue
De quoi ça parle?
Le Parrain. Une adaptation plateau du film éponyme de Coppola de 1972. Le tout premier épisode de la trilogie. Avec Don Corleone, incarné par un Marlon Brando qui en fait des caisses, le parrain vieillissant de la mafia new-yorkaise qui s'apprête à transférer son empire à son fils qui s'en tape un peu
Si l'ambiance est là, le New York mafieux des années 50, et que plusieurs événements du récit sont placés, le jeu se permet beaucoup de liberté et ne suit pas vraiment la trame du film.
Décevant?
Non, pas vraiment
Qu'importe. Comme dans tous les bons jeux de mafieux, on s'amuse à racketter une ville et à contrôler des marchés pas très licites
Comment on joue?
Comme dans tous les jeux d'Eric Lang, les règles, la mécanique sont extrêmement streamlinées. Peu de choix, mais des choix simples et instinctifs. A son tour, et tant qu'on possède une figurine en réserve, on peut soit:
jouer une figurine "gros bras" pour activer une tuile
jouer une figurine "membre de la famille" pour la poser sur le plateau pour remporter la majo du territoire
remplir un objectif, en jouant des cartes de sa main
jouer un allié
Voilà c'est tout. Avec 2-3 subtilités quand même, faut pas croire
Il y a un (très) petit côté Monopoly, puisque le joueur qui détient la majo d'un territoire dans lequel une tuile est activée par un autre joueur reçoit également son avantage
Un mini-phase d'enchère secrète pour remporter une carte alliée au pouvoir spécifique et funky
L'argent, le nerf de la guerre, les PV en fin de partie, doit être placé dans un coffre. C'est là que réside tout le piment du jeu. On passe sa partie à recevoir des pépètes, mais on ne peut pas les places tout simplement à volonté dans sa malle. Il faut trouver le moyen de faire des versements slash blanchir l'argent. D'où l'intervention des alliés, les bonus des objectifs ou les actions des tuiles sur le plateau
Et comment on gagne?
Après 4 manches, chacune constituées de 5 phases, on décompte:
l'argent caché dans sa malle grâce au blanchiment d'argent
les majo par couleur d'objectifs réalisés pendant la partie (+5 PV)
Les majo de territoires contrôles pendant la partie (+5 PV)
Voilà, c'est tout, c'est simple
Interaction?
A fond!
On passe sa partie à lutter pour obtenir le contrôle de territoire via majorité. Mais surtout, grâce à ces missions / objectifs, on peut également renvoyer des fig ennemies fricoter avec les poissons au fond de l'Hudson River
Et à combien y jouer?
Clairement au max. à 4-5
A deux joueurs, même si on adapte quelque peu le plateau, la tension est nettement moins passionnante ou palpable. Laissez tomber
A 4-5 on joue à couteaux tirés
Alors, Le Parrain, c'est bien?
Oui, vraiment, pour plusieurs raisons
Le matériel est somptueux. Les figurines, toutes différentes selon les familles. Les valises pour cacher sa thune. Le plateau, très lisible malgré ses nombreux territoires adjacents. Même la boîte, pour une fois, est presque pratique, rarement le cas avec les jeux CMON (j'ai mis "presque. Peut mieux faire, avec un vrai thermo et pas un bricolage à deux balles)
Les règles, claires et bourrées de références thématiques
La mécanique, fluide, simple, huilée et tendue
L'ambiance, le thème bien exploité
Les conditions de victoire, limpides
La mécanique de blanchiment d'argent
Sans être une fidèle adaptation du film, Le Parrain parvient à nous plonger dans un univers mafieux des années 50. Un jeu de contrôle de territoire immersif aux règles épurées. Quelle bonheur que d'offrir de nouvelles chaussures en béton aux figurines ennemies avant de s'exclamer: "tiens, va manger du poisson dans l'Hudson"
Le jeu coûte près de / un poil plus que 80 euros, mais il les vaut amplement (surtout avec ses 217 figurines). Le Parrain, c'est un peu le Blood Rage mafieux sans draft
Mais attention quand même
Ne prenez pas The Godfather pour un jeu qu'il n'est pas. Il n'est pas du tout:
Un jeu d'enfoirés, avec alliances, bluff, diplomatie, tchatche, trahisons. The Godfather est un pur jeu tactique de gestion de ressources et de contrôle de territoire. Si vous cherchez un jeu de mafieux plus loquace, essayez Mafia de Cuba (qui porte bien son nom)
Une fidèle adaptation du film. Mais encore une fois, qu'importe
Un jeu stratégique. A la fin de chaque manche, on en joue 4, on retire toutes les fig du plateau pour tout recommencer. Comme dans Blood Rage du même auteur, pour les fatalités que l'on reprend. Ce qui permet au jeu d'être plus dynamique et d'éviter les mauvais départs. Mais ce qui le rend plus tactique, plus chaotique aussi
Mais encore
Si vous ne vous en souvenez plus, voici la meilleure scène du film. Celle de la couv du jeu. Avec le chat
Et tiens, en parlant de mafia et de blanchiment d'argent, vous avez vu l'excellentissime série Ozark qui vient tout juste de sortir sur Netflix? Ne la ratez surtout, surtout pas, elle est vraiment bien
Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert ici
Chez Ludikbazar
Et chez Ludibay ici
ps: le titre de cette critique, un jeu que vous ne pourrez pas refuser, est en réalité une citation du film: "I'm gonna make him an offer he won't refuse. Okay? I want you to leave it all to me. Go on, go back to the party." Don Corleone 😉


One Comment
morlockbob
ben moi ça me gêne que le rapport avec le film soit aussi inexistant. Fallait appeler ça « gang rage » ou « who s the boss », mais là (même si le jeu est agréable) c est putassier.