Jeux de plateau

Mais au fond, peut-on passer d’éditeur à auteur de jeux? Interviews

 

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C’est souvent le contraire qui arrive. Un auteur a une idée de jeux, et il décide de se lancer dans l’aventure pour l’éditer lui-même. On vous a présenté le cas de Séb Dujardin (Pearl Games) et de Cédric Lefebvre (Ludonaute).

Mais que se passe-t-il quand c’est le contraire qui se produit? Est-ce qu’un éditeur peut être pris d’une lumineuse lubie ludique et se lancer dans la création d’un jeu?

Nous avons posé la question à deux éditeurs / auteurs / éditeurs / auteurs qui viennent de franchir le cap en 2016.

Mathilde Spriet, éditrice chez Gigamic qui a sorti Focus, et Christian Lemay, éditeur et patron du Scorpion Masqué, avec Maudite Momie.

Mais au fond, de quels jeux parle-t-on?

Focus: un party-game, un jeu de communication dans lequel on doit présenter et reconnaître les autres joueurs à la table.

Maudite Momie: un stop-ou-encore, une sorte de la Black Jack dans lequel on va devoir prendre des risques pour pourrir les autres joueurs.

Deux jeux que nous avons eu la chance d’essayer à la rédac, et que nous avons beaucoup appréciés!

Mathilde
Mathilde Spriet
Table des matières masquer

Mathilde, en une phrase, peux-tu te présenter à nos lecteurs ?

Oui, je travaille pour Gigamic, éditeur et distributeur de jeux de société français. Je m’y occupe de la communication et de l’édition.

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Mathilde, tu viens de sortir Focus en 2016 chez Gigamic, la maison d’édition dans laquelle tu travailles. Qu’est-ce qui t’as poussé à créer un jeu ?

Va savoir… je ne me suis pas posée en me disant « allez vas-y crée un jeu » (j’aurais évité de choisir un jeu de communication + de 16 ans avec du texte ^^), l’idée a germé une nuit après une soirée avec des amis durant laquelle j’avais fait le constat qu’on manquait de temps pour jouer et papoter ensemble.

 

A quel moment est-ce que la décision de publier ton jeu dans la maison d’édition dans laquelle tu travailles s’est imposée ?

Elle s’est imposée dès que l’idée de publier le jeu est apparue. Je ne me voyais vraiment pas le proposer à quelqu’un d’autre.

 

Quelles ont été les difficultés et les joies de créer un jeu ?

La difficulté c’est de devoir se vendre, d’habitude je vante les qualités des jeux des autres c’est plus facile ^^.  Et la joie c’est de voir que la sauce prend !

 

Quelles ont été les réactions de tes collègues éditeurs, à Gigamic ou ailleurs, quand ils ont appris que tu allais créer et publier un jeu ?

J’ai la chance d’avoir reçu plutôt des encouragements, même si je me doute qu’on m’attendait un peu au tournant ;o)

 

Maintenant que ton jeu est sorti, comment te sens-tu ?

Soulagée, je pense que quand on lance une partie de soi dans le grand bain comme ça on a toujours une petite voix qui nous dit un truc du genre  » rho la la tu vas te faire massacrer tout le monde va détester ton jeu et te taper dessus à coup de pelle » … du coup comme je ne me suis pas fait taper je me sens mieux ^^

La question habituelle. Désolé. Mais as-tu des projets / envies de créer un autre jeu ?

Je n’ai pas de plan, peut être que Focus sera un one shot et que je ne créerais plus jamais de jeu, peut être que j’aurais d’autres idées qui vaudront la peine de s’y arrêter…

Merci Mathilde d’avoir pris le temps de répondre à nos questions!


 

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Christian Lemay

Christian, en une phrase, peux-tu te présenter à nos lecteurs?

Éditeur de jeux pour Scorpion Masqué depuis 2006. Professeur de littérature retraité depuis 2008. Ancien bon joueur d’Ultimate Frisbee.

Bon, c’est trois phrases, mais sans verbe conjugué. Je suppose que ça fonctionne 😉

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Christian, tu viens de sortir Maudite Momie en 2016 chez Le Scorpion Masqué, ta propre maison d’édition. Qu’est-ce qui t’as poussé à créer un jeu ?

J’ai toujours créé. Rarement achevé mes créations, mais j’ai toujours aimé l’aspect création.

J’aimais jouer avec mes figurines quand j’étais petit. J’inventais des histoires assez élaborées.

Puis ce fut les jeux de rôle. J’étais DM (Dungeon Master – oui, on jouait ici avec les livres anglais, car ils sortaient 6-12 mois avant et ils étaient la moitié du prix !). Je développais des scénarios que je ne prenais jamais la peine d’écrire, car je suis un grand paresseux. Si j’avais pu avoir un scribe !!!

J’ai adoré les jeux de cartes à collectionner. Je prenais de long après-midi à imaginer des decks impossibles, thématiques. Pas tellement efficaces, mais bien différents de ceux qu’on voit. Aujourd’hui, c’est la même chose à Clash Royale. Mon deck est très peu orthodoxe. Sans doute pas le meilleur, mais j’ai le plaisir de surprendre mes adversaires et d’avoir développé mon propre truc.

J’ai une maîtrise en poésie – création. Le poème respecte mon court souffle. Il s’arrête quand j’ai envie de passer à autre chose. Je l’avoue, je ne pourrai jamais écrire un roman.

C’est donc une ancienne copine qui m’a suggéré, il y a une douzaine d’années, de créer un jeu, alors que je développais cette passion. Je ne m’en serais jamais cru capable. Puis j’ai inventé J’te gage que…, devenu Bluff Party en Europe. Un succès incroyable !

Ce jeu repose sur une idée simple, tout comme un poème.

Maudite Momie est seulement ma seconde création comme auteur solo depuis 10 ans, bien que j’aie signé quelques jeux à 4 mains depuis, notamment Super Comics avec Roberto Fraga. J’avais envie d’un jeu avec une momie, pour la gamme Petits monstres (Chasse aux monstres, À la bouffe). Quelque chose qui représenterait l’exploration, l’audace (la prise de risque) et cette scène d’Astérix et Cléopâtre où le guide donne de « mauvaises indications » aux touristes que sont nos 3 Gaulois (le bluff). Finalement, le jeu ne cadrait pas avec la gamme des petits, mais il fait un excellent jeu familial ou encore un très bon filler pour joueurs aguerris.

 

A quel moment est-ce que la décision de publier ton jeu dans ta maison d’édition s’est imposée ?

Depuis le début, étant donné que c’était une « commande » que je me suis passée 😉

 

Quelles ont été les difficultés et les joies de créer un jeu ?

Difficultés :

Il y en a eu très peu. Tout s’est plutôt bien déroulé. Le plus embêtant, je crois, est d’harceler ses amis pour les faire jouer à un prototype qui, bien qu’amusant, est loin d’être parfait !

Joies :

La réaction des joueurs.

Les retours sur le jeu par des personnes qui ne me doivent rien. Qui sont animateurs dans des pubs ludiques, vendeurs en boutiques, membres d’associations… Tout plein de gens qui ont joué à des centaines voire des milliers de jeux et qui y trouvent quelque chose qui se démarque. Qui marche !

 

Quelles ont été les réactions de tes collègues éditeurs quand ils ont appris que tu allais créer et publier un jeu ?

Alors comme j’étais seul au Scorpion Masqué au moment où j’ai pris cette décision, tout le monde fut très heureux 😉

Ce qui m’a amusé, c’est la réaction de mes collègues éditeurs. Deux d’entre eux (IELLO et Huch, en Allemagne) m’ont proposé un contrat d’édition lorsqu’ils ont joué au prototype 😉

 

Maintenant que ton jeu est sorti, comment te sens-tu ?

Très heureux. J’ai envie d’en faire d’autres.

 

La question habituelle. Désolé. Mais as-tu des projets / envies de créer un autre jeu ?

Alors j’ai un autre jeu pour la gamme Petits Monstres en développement depuis 2012 (!!!) qui devait sortir cette année, mais qui a été repoussé à 2017 : La légende du Wendigo.

Et je planche sur un jeu d’affrontement par cartes depuis 2013. Avec un peu de chances, on verra ça en 2018… !

Pour le reste, ça prend l’étincelle… !

Merci Christian pour tes réponses. Je me réjouis déjà pour Wendigo!

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