Critique de jeu express: Linko. Le meilleur (petit) jeu de l’année?
C’est en lisant mon Spielbox 2/2014 en anglais au début d’année que je suis tombé sur la critique d’Abluxxen, le nom original de Linko. Le magazine en disait le plus grand bien. Je me suis alors empressé de le commander sur Philibert, qui avait déjà la vf. Et qu’elle ne fut pas ma surprise de découvrir une critique dithyrambique de Damien dans le tout récent Plato 68. Voilà, maintenant vous savez tout. Ha non, encore une chose, je chausse du 43,5.
Linko est sorti en début d’année 2014 chez Ravensburger pour 2 à 5 joueurs (mieux à 4-5) dès 9-10 ans, d’une durée de 30 minutes MAX pour une partie. Mais préparez-vous à les enchaîner!
Linko est un tout petit jeu de cartes, qui paraît tout crétin et qui ne donne pas forcément envie, surtout dans sa boîte cartonnée assez laide un bête jeu de défausse, encore un allez-vous me dire, un peu à la manière d’un Grand Dalmuti, et pourtant NON! S’arrêter à la première partie, ou pire, à la lecture des règles, vous ferait passer outre un vrai petit jeu malin.
Le monde ludique compte deux fameux duos : Bruno Cathala & Ludovic Maublanc, et Wolfgang Kramer & Michael Kiesling, déjà auteurs du cultissime 6 Qui Prend. Tiens d’ailleurs il paraît que Hitler y jouait déjà à l’époque. C’est en tout cas ce que Merlin DuMesnil veut nous faire croire, mais on peut émettre quelques doutes quand même.
Ha petite détail, Linko vient à peine de remporter le prix du meilleur jeu autrichien 2014, le Spiel der Spiele. Comme quoi.
C’est un petit jeu de cartes de défausse, donc pas de thème. Enfin si, on a collé des lynx sur les cartes, ne me demandez pas pourquoi. Mais si demandez quand même. En allemand, le jeu s’appelle Abluxxen, de « abluxen », voler quelque chose de quelqu’un de manière rusée, et « luchs », le lynx. Voilà. Sauf qu’en français je ne vois pas trop pour Linko, même si la trad utilise constamment le terme « subtilynxe » pour tenter d’être drôle et coller au thème. Bref.
Le jeu s’arrête quand un joueur n’a plus de cartes en main (ou quand la pioche est vide, mais c’est beaucoup plus rare). On compte alors les cartes posées devant soi, qui valent un, quelque soit leur valeur, et toutes cartes encore en main valent un point négatif, quelque soit leur valeur. Voilà.
Sachant que l’on peut poser une carte, ou plusieurs de la même valeur, et qu’une fois posée on peut alors voler, ou détruire les cartes de tous les autres joueurs, si et seulement si (tiens, cette phrase me rappelle furieusement mes cours de maths au lycée) les cartes de ses adversaires visibles, donc posées en dernier, comptent autant de cartes que vous venez de poser et que les vôtres sont de plus grande valeur. Voilà, je viens de vous expliquer les règles. Facile.
Tenez, si je n’ai pas été super clair, sur ce coup je vous propose d’en lire les règles officielles.
La mécanique s’explique en 2 minutes, et après un tour toute la tablée la comprend.
Linko est composé de 110 cartes numérotées et colorées, avec toujours (sauf le X du joker) un lynx dessus. Voilà, c’est tout. Oui je sais je ne me foule pas trop avec cette critique.
Encoere une chose, les cartes sont quand même particulièrement hideuses. Plates, creuses, simplistes. Mais bon, en même temps, on ne joue pas à Dixit, les illustrations ne changent pas grand chose à ce jeu.
L’interaction dans Linko est hyper forte puisque le but du jeu est donc de voler, ou « détruire », les cartes de ses adversaires. On doit donc constamment réfléchir comme y arriver au mieux, et surtout comment ne pas se faire subtilynxer / subtiliser les siennes.
Casual & Famille : clairement LE public idéal. Léger, interactif, tout le monde pourra y jouer dès 9-10 ans.
Hobby Gamers : oui également, pour changer des jeux de plateau « habituels » et plus consistants.
Core Gamers : non, il vont certainement bouder en disant qu’il n’y a pas de cubes et qu’il y a trop de hasard dans la pioche initiale et que c’est vraiment trop injuste et pas intéressant. A moins que, justement, comme pour Camel Up, ils se relâchent un peu et acceptent de jouer juste pour s’amuser, pour une fois.
Linko est, pour moi et pour Damien et pour les rédacteurs de Spielbox, clairement l’une des grandes surprises et excellente surprise de cette année. Entre tendance jeux mininalistes, gros jeux, zombies et donjons, 2014 n’est pas fondamentalement une année des plus originales. Et paf, Linko sort comme ça ni vu ni connu, créé par le duo de superstars Kramer&Kiesling, qui nous prouvent, comme si on en doutait, qu’ils sont parmi les meilleurs auteurs au monde, voire plus.
On aurait pu truffer le jeu de cartes spéciales en tout genre, avec des pouvoirs de tous les côtés, c’est certainement ce que Cathala&Maublanc auraient fait, mais Linko est aussi épuré qu’efficace, pas besoin de passer sa partie le nez fourré dans les règles.
Le jeu pourrait paraître crétin et simpliste, et pourtant, passer à côté de Linko vous ferait perdre une bonne occasion de vous amuser. Sérieusement. On peut ne pas aimer le jeu parce qu’il s’agit uniquement d’un jeu de cartes et qu’il n’y pas de cubes ni de stratégie guerrière ou de gestion, qu’il y a du hasard dans la pioche de départ, mais ça serait vraiment dommage de s’en priver.
Linko me rappelle furieusement Ghooost comme jeu de défausse, également très malin, très interactif, très drôle, avec toutefois un thème beaucoup plus présent. Ghooost fut malheureusement boudé à sa sortie, jugé comme beaucoup trop hasardeux.
Oui, pour moi Linko est peut-être le meilleur jeu de l’année (en même temps, c’est facile, on n’est qu’à la moitié, La GenCon commence demain et Essen est dans 2 mois, reste encore 1’000-1’200 jeux à paraître, donc je ne prends pas trop de risque sur ce coup). Malin, interactif, court, drôle, tactique, tendu, avec une fin toujours frustrante qui donne à chaque fois envie de relancer une partie, la preuve d’un excellent moment passé et partagé.
Un jeu de Kramer & Kiesling. Voilà c’est tout.
Des règles hyper simples pour un jeu hyper bien.
Un grand jeu pour un petit prix (comme vu sur Philibert par exemple).
Un jeu qui peut plaire à tous les types de public, même les Core peuvent apprécier pour « s’aérer la tête » entre deux plus gros jeux.
L’envie (l’addiction?) d’enchaîner les parties. Qui peuvent d’ailleurs très bien se jouer en manches.
Un thème un peu… crétin. Surtout en français en fait, sans le jeu de mot germanique ça ne le fait pas du tout. Subtilynxer. WTF?
Des cartes tellement mais tellement hideuses. Si vous êtes graphiste / illustrateur et que vous voulez réaliser une version DIY pimpée Deluxe de Linko allez-y, on vous publiera!
On vous a mentionné plus haut Hitler jouant à 6 Qui Prend. C’est ici:
4 Comments
geekmate75
De même, j’ai adoré le jeu : http://geekmate75.wordpress.com/2014/06/21/chronique-linko-de-wolgang-kramer-michael-kiesling/
Gus
Les grands esprits se rencontrent. Pouf pouf.
Gamer
Mais c’est que ça donne envie ! Une bonne petite trouvaille pour un jeu sans prises de tête.
Gamer
Oups, validation du message sans faire exprès.
Mais c’est que ça donne envie ! Une bonne petite trouvaille pour un jeu sans prises de tête. Merci de cette découverte 🙂 Et sérieux, plus de 1000 jeux à paraître ?? Pas juste pour 2014 quand même ? Si ? Ça en fait des boîtes :-d