Jeux de société : Comment surmonter l’irritation et l’agacement
😠 Est-ce que vous ressentez parfois de l’irritation en jouant avec certaines personnes ? Quelques astuces pour y faire face !
Introduction – irritation
Ah, l’irritation… Ce sentiment sournois qui nous prend parfois par surprise, surtout lorsqu’on est plongé dans une partie passionnante de notre jeu de société préféré. Vous connaissez sans doute ce joueur ou cette joueuse qui ne peut s’empêcher de donner son avis sur chaque mouvement, ou celui ou celle qui souffle bruyamment pour indiquer son mécontentement. Pourquoi est-ce que ces comportements nous agacent tant ? Et pourquoi, paradoxalement, nous retrouvons-nous parfois à reproduire ces mêmes actions qui nous hérissent le poil ? Explorons ensemble le phénomène de l’agacement, de l’irritation, et voyons comment il s’applique au monde des jeux de société avec ces joueurs et joueuses qui nous énervent (parfois/ souvent)
Décryptage : Quand l’irritation frôle la colère
Selon Joe Palca et Flora Lichtman, auteurs du livre Annoying: The Science of What Bugs Us sorti en 2011, « l’irritation est probablement l’émotion la plus largement ressentie et la moins étudiée de toutes. » Peut-être parce que c’est une émotion subtile, difficile à cerner précisément. Imaginez un graphique avec d’un côté une échelle de positif/négatif, et de l’autre, une échelle d’excitation/calme. Où placeriez-vous l’agacement ? Probablement quelque part entre le négatif et l’excitation modérée.
Les psychologues voient souvent l’irritation comme une forme de colère. M.C. Flux, neuroscientifique et communicateur scientifique, la décrit comme une émotion « modérément négative, avec une excitation modérée ». En d’autres termes, c’est une sorte de signal d’alarme nous indiquant que quelque chose ne va pas et qu’il faudrait probablement y remédier.
Dans le contexte des jeux de société, cette excitation modérée peut être amplifiée par le cadre compétitif. Votre adversaire qui prend un temps interminable pour réfléchir à son prochain mouvement, ou un joueur ou une joueuse qui ne cesse de vanter ses talents stratégiques, ou encore, cette personne qui sait tout sur tous les jeux, et qui ne cessent de les comparer pour dire que celui-ci est mieux que celui-là, peuvent rapidement transformer une soirée conviviale en un véritable… calvaire.
Jeux de société : Un théâtre des comportements irritants
Palca et Lichtman citent Michael Cunningham, chercheur en communication, qui décrit les comportements irritants comme des « allergènes sociaux ». Ils ne nous dérangent pas nécessairement au début, mais s’accumulent avec le temps. Quatre catégories principales se démarquent :
- Les Habitudes Grossières : Mâcher bruyamment, tapoter sur la table, ou encore répéter constamment « c’est pas de chance ! » chaque fois qu’un dé est lancé.
- Les Actes Inconvenants : Utiliser son téléphone en pleine partie, interrompre les explications du maître du jeu, ou arriver systématiquement en retard.
- Les Comportements Intrusifs : Donner des conseils non sollicités, regarder les cartes des autres joueurs, ou parler à voix haute de sa stratégie.
- Les Violations des Normes : Tricherie délibérée, non-respect des règles, ou mépris total du fair-play.
Chaque groupe de joueurs et des joueuses a ses propres normes et valeurs, et ce qui est acceptable pour certains peut être inacceptable pour d’autres. Les joueurs et joueuses les plus compétitives tolèrent mal les erreurs stratégiques, tandis que les fans de jeux coopératifs sont souvent agacés par les « alpha-gamers » qui tentent de tout contrôler.
Le miroir de soi : Ce que les comportements révèlent (sur nous)
Pourquoi ces comportements nous irritent-ils tant ? « On n’aime pas chez les autres ce qu’on n’aime pas chez soi », dit un proverbe. Cette irritation que nous éprouvons envers les autres reflète souvent nos propres insécurités.
Prenons l’exemple du joueur ou de la joueuse qui ne cesse de parler de ses réussites passées dans d’autres jeux. Peut-être qu’il ou elle nous agace parce qu’il nous rappelle nos propres tendances à l’autopromotion. Ou alors ce joueur ou joueuse qui donne constamment des conseils non sollicités ? Peut-être que nous-mêmes, à un moment donné, avons été accusés de quarterbacking / micro-management dans un jeu coopératif, et que nous redoutons inconsciemment de reproduire ce comportement.
Lorsque vous voyez un peu de vous-même dans quelque chose, vous le reconnaissez plus et vous sentez que vous avez plus de capacité à intervenir. En d’autres termes, les comportements qui nous énervent chez les autres nous rappellent nos propres travers. La « paille » que l’on voit dans l’œil de l’autre peut être comprise comme le reflet de la « poutre » que l’on a dans son propre œil…
Comment gérer l’irritation : Stratégies pour des parties en harmonie
Alors, comment gérer ces comportements irritants sans ruiner la soirée ? Voici quelques stratégies à considérer :
1. Cultiver la Curiosité
On peut adopter une attitude curieuse envers les comportements irritants : Passez de « Pourquoi quelqu’un ferait ça ? » à « Tiens, pourquoi ferait-il ça ? ». Nuance. En essayant de comprendre la motivation sous-jacente du comportement, on peut désamorcer une partie de notre frustration. Par exemple, si un joueur ou une joueuse donne constamment des conseils non sollicités, cela peut refléter un besoin de se sentir utile ou compétent.
2. Pratiquer l’Introspection
Rachel Vorona-Cote, auteure de Too Much: How Victorian Constraints Still Bind Women Today sorti en 2020, note que « le comportement que je trouve le plus irritant est souvent lié à une insécurité profonde. » En réfléchissant à nos propres insécurités, nous pouvons mieux comprendre pourquoi certains comportements nous touchent autant. Tenir un journal de jeu peut nous aider à identifier les moments où nous nous sentons irrités et les raisons sous-jacentes.
3. Éviter la Confrontation (excessive)
La confrontation directe n’est pas toujours la meilleure approche. Au lieu de cela, essayons des comportements prosociaux comme le renforcement positif, le travail d’équipe, et être utile aux autres joueurs et joueuses.
- Exemple de phrases diplomatiques : Plutôt que de pointer du doigt un comportement irritant, essayez des phrases qui encouragent la coopération et la réflexion. Par exemple, au lieu de dire « Tu n’écoutes jamais ce que je dis ! », essayez « Que dirais-tu si on essayait une approche différente, ensemble ? ».
- Utiliser le renforcement positif : Lorsque vous remarquez un joueur qui fait un effort pour améliorer son comportement ou pour contribuer positivement au groupe, n’hésitez pas à le féliciter. Un simple « Super idée ! » ou « Merci d’avoir clarifié cette règle » peut encourager davantage de comportements positifs.
4. Encourager la Collaboration
Dans un groupe de théâtre, tout le monde ne peut pas être sous les feux de la rampe. Ainsi, les élèves non sélectionnés pour un rôle aident dans les coulisses : costumes, décors, lumières. Cette collaboration force chacun à travailler ensemble et à comprendre les différentes perspectives.
Appliquons cela aux jeux de société : encourageons les joueurs et joueuses à soutenir l’équipe, même s’ils ne mènent pas la partie. Dans un jeu coopératif comme Pandemic, par exemple, chaque joueur et joueuse peut contribuer, même s’il ou elle ne prend pas les décisions clés.
- Choisir des jeux qui favorisent l’esprit d’équipe : Les jeux coopératifs comme Spirit Island ou The Crew encouragent naturellement les joueurs à travailler ensemble. Cependant, dans les jeux compétitifs, vous pouvez également encourager les alliances temporaires ou les échanges d’informations pour favoriser un esprit de collaboration.
- Encourager l’écoute active : Avant de donner des conseils ou de proposer une stratégie, assurez-vous d’écouter les idées des autres joueurs. Cela peut éviter les conflits inutiles et créer un sentiment d’appartenance au groupe.
Dans le monde des jeux de société, il est essentiel de trouver un équilibre entre rester soi-même et respecter les normes du groupe. Les joueurs et joueuses qui font preuve d’empathie, qui écoutent activement et qui sont prêts à apprendre des autres, sont généralement moins irritants et plus appréciés.
Néanmoins, n’oublions pas que chacun a son propre style de jeu et ses petites particularités. Plutôt que de chercher à être moins agaçant, concentrons-nous sur la gestion de ce qui nous agace chez les autres. Peut-être qu’en fin de compte, un peu de tolérance et de bienveillance envers nos compagnons de jeu nous aidera tous à passer de meilleures soirées.
Les 10 comportements que je déteste chez les autres dans les jeux de société (et qui m’agaaaaaacent !)
- Les joueurs alcoolisés
Je n’aime pas les joueurs qui deviennent lourds ou exagérément affectueux dès qu’ils ont bu quelques verres. Leur comportement peut gâcher l’ambiance et rendre la partie désagréable pour tous et toutes.
- Les joueurs envieux
Les joueurs jaloux m’irritent. Ceux qui ne supportent pas de voir les autres réussir, même dans un simple jeu, et qui lancent des remarques désobligeantes par pure jalousie, peuvent vraiment ruiner l’expérience de jeu.
- Les « je-sais-tout »
Il y a toujours des joueurs et joueuses qui se croient supérieures et qui ne peuvent s’empêcher de corriger les autres ou de donner des leçons. Ils monopolisent la parole et leur attitude condescendante est agaçante.
- Les égos surdimensionnés
Les joueurs et joueuses qui se prennent trop au sérieux et qui refusent toute remise en question sont irritants. Ils blâment toujours les autres pour leurs échecs et ne reconnaissent jamais leurs erreurs.
- Les joueurs impatients
Les joueurs et joueuses qui n’ont aucune patience et qui pressent constamment les autres pour jouer plus vite rendent l’expérience de jeu stressante. Un jeu de société est fait pour être apprécié, pas pour être expédié.
- Les joueurs impolis
Quand je tiens la porte ou rends un service, je m’attends à un minimum de courtoisie. Les joueurs et joueuses qui ne disent même pas merci quand on fait preuve de gentillesse méritent qu’on leur rappelle les bonnes manières. Et dans la même catégorie, celles et ceux qui n’apportent jamais rien quand je les invite pour une soirée jeux, pas même un petit paquet de biscuits à 2-3 balles.
- Les joueurs bruyants
Les joueurs qui parlent trop fort ou qui rient de manière excessive et stridente peuvent vraiment rendre l’expérience de jeu désagréable. Leur bruit perturbe la concentration et agace les autres.
- Les joueurs malpropres
Les joueurs qui se curent le nez ou adoptent des comportements grossiers en public, comme au volant, sont répugnants. Gardons un minimum de décorum autour de la table de jeu. Ceci inclut également le fait de manger des chips et de toucher les cartes après… Oui, vous pouvez me traiter de maniaque 😂
- Les tricheurs
Les joueurs qui trichent pour gagner à tout prix ruinent complètement le plaisir du jeu. La tricherie détruit l’esprit de compétition saine et rend la partie injuste pour tout le monde.
- Les joueurs toujours sur leur téléphone portable
Les joueurs et joueuses qui passent leur temps sur leur téléphone au lieu de se concentrer sur le jeu sont extrêmement agaçants. Leur manque d’attention et d’implication peut ralentir le jeu et montre un manque de respect envers les autres.
Et vous, quelles manies détestez-vous chez les autres joueurs et joueuses ?
Conclusion : Ensemble, nous sommes… illimités
L’irritation fait partie intégrante de la nature humaine, surtout dans les jeux de société où les émotions peuvent s’intensifier. Mais en cultivant la curiosité, en pratiquant l’introspection et en encourageant la collaboration, nous pouvons réduire ces moments d’agacement et créer une atmosphère plus harmonieuse autour de la table.
Parce qu’après tout, comme on pourrait le dire : « Ensemble, nous sommes illimités. » Alors la prochaine fois que vous vous retrouverez à une table de jeu, rappelez-vous que chaque joueur et joueuse apporte sa propre couleur à la partie, et que même les comportements les plus irritants peuvent être l’occasion de se connecter et d’apprendre.
Jouons ensemble, apprenons ensemble, et surtout… amusons-nous ensemble !
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Quels comportements irritants avez-vous rencontrés lors de vos soirées jeux, et comment réagissez-vous face à eux ?
5 Comments
Lippe
Etant très soigneux avec mes affaires et en particulier avec mes jeux, je n’apprécie pas les joueurs qui lancent les Tokens, pièces de jeux lors de parties. Ce qui m’agace le plus ce sont ceux qui « plient », fléchissent les cartes lorsqu’ils sont stressés ou impatients.
Chab
Cela fait 40 ans que j’ai mis le doigt dans le monde ludique….et tout autant de temps que je dois gérer mes frustrations en découlant.
Un groupe de joueureuses actuel (qui sont aussi devenus de la famille) avec des individualités fortes mais qui est un vrai moment de partage à chaque fois. Je pense à notre dernière partie de Papayoo en particulier, un vrai sketch !
Même quand on se fritte lors d’une partie, cela ne dure que pendant cette partie.
Faire la part des choses est essentiel et ne jamais oublier que ce ne sont que des jeux. Grrrrrr😆!!!
Capta
Personnellement une des choses qui s’exaspèrent le plus sont les joueurs en mode analysis paralysis à chacun de leur tour. Parfois on frôle les 50% de durée de partie supplémentaire !
Cédric CLEMENTE
Mais oui, tellement !!!
J’ai en tête une partie de Viticulture à 6 joueurs (ça prend déjà une plombe), avec un joueur qui à lui seul mettait plus de temps que les 5 autres réunis…
Certains de ses tours de jeu pendant la partie, je me suis même absenté de la table pour aller faire autre chose. Véridique. Du coup on hésite à sortir des « gros » jeux quand il est présent. 🙂
Gus
Non, je ne balancerai pas, mais dans notre rédaction, c’est tout pareil (mais non, je ne balancerai pas. Je ne suis pas un poucave comme ils disent les jeunes aujourd’hui #boomer).