Lorcana justice
Jeux de plateau

Disney Lorcana : Upper Deck contre-contre attaque

🔥 La bataille judiciaire fait rage entre Upper Deck et Ravensburger avec un nouveau rebondissement à propos du jeu de cartes Disney Lorcana.


La bataille des jeux de société : Upper Deck contre Ravensburger

C’est un véritable séisme qui secoue le petit monde ludique. La guerre est déclarée entre deux mastodontes de l’édition de jeux, Ravensburger et Upper Deck. Les accusations de plagiat fusent, les avocats s’affairent, et les joueurs et les joueuses retiennent leur souffle. Est-ce que Lorcana va sortir en boutique ?

Comment le simple départ d’un auteur de jeux a-t-il pu déclencher une telle tempête judiciaire ? Au cœur de la bataille, les précieuses licences Disney font rageusement convoiter le marché juteux des cartes à collectionner. Mais ce combat sans merci pourrait bien assombrir l’avenir du jeu de société. Bienvenue dans l’arène sans pitié du business ludique.

Lorcana : épisode 3. Ou 4

C’est une saga judiciaire qui n’en finit plus. On vous en parle depuis quelques semaines déjà. Une tempête secoue le monde du jeu de société. Upper Deck, un éditeur américain surtout connu pour la production de cartes à collectionner, intente un procès à Ravensburger et à Ryan Miller, un ancien contractant d’Upper Deck et actuel auteur du jeu de cartes de Ravensburger Disney Lorcana.

L’action en justice porte sur la violation des droits d’auteur, affirmant que Ravensburger et Miller ont volé et copié le jeu original d’Upper Deck, que Ravensburger a reconditionné et commercialisé sous le nom de « Lorcana ».

Les origines du litige

Les origines de ce litige remontent au jeu Rush of Ikorr, développé par Upper Deck et auquel travaillait Ryan Miller avant de rejoindre Ravensburger. Selon Upper Deck, Miller a transmis des éléments de Rush of Ikorr lorsqu’il a conçu Lorcana pour Ravensburger, d’où l’accusation de violation de droits d’auteur. Upper Deck affirme que Miller et Ravensburger ont collaboré pendant une période couverte par des contrats en Californie, ce qui constituerait une rupture contractuelle. C’est sur cette base qu’Upper Deck a initialement porté plainte.

Lorcana. La requête en irrecevabilité et la plainte modifiée

Ravensburger et Miller ont répondu à la plainte en déposant une requête en irrecevabilité. Ils ont fait valoir que l’affaire ne devrait pas être portée en Californie parce que la division nord-américaine de Ravensburger et celle de Miller sont basées à Washington.

Cependant, c’est le nouveau chapitre de la saga, et on vient tout juste de l’apprendre sur Tweeter X, Upper Deck a répliqué ce lundi 31 juillet 2023 en modifiant sa plainte pour y inclure plusieurs amendements, y compris des allégations de violation du droit d’auteur.

Dans sa plainte modifiée, Upper Deck a ajouté plusieurs paragraphes détaillant les contacts de Ravensburger et de Miller avec la Californie pour tenter de prouver sa compétence. Ils font référence à plusieurs voyages de Miller en Californie concernant Rush of Ikorr ou Disney Lorcana, et citent Disney en tant que société californienne et l’annonce du jeu lors d’un salon professionnel californien.

Voici les nouveaux éléments rajoutés par Upper Deck :

Le passage des idées aux expressions

Upper Deck a également déplacé l’objet de sa plainte des « idées », qui ne sont pas techniquement protégeables par le droit d’auteur, vers les « expressions ». Elle a fait valoir que plusieurs caractéristiques créatives et expressives de Lorcana étaient nouvelles et exclusives à Rush of Ikorr, et que leur reproduction dans Lorcana ne pouvait être que le produit du vol de Miller.

Upper Deck compare les deux jeux :

Lorcana procès

L’ajout de plaintes pour violation du droit d’auteur

Le changement le plus notable dans la plainte modifiée d’Upper Deck et les paragraphes rajoutés est sans doute l’ajout de plaintes pour violation du droit d’auteur. Cela n’a été possible que parce que Ravensburger et Miller ont porté l’affaire devant un tribunal fédéral, où les plaintes pour atteinte au droit d’auteur peuvent être déposées. À l’origine, Upper Deck avait porté l’affaire devant le tribunal de l’État, où de telles plaintes ne sont pas autorisées.

Upper Deck a comparé les droits d’auteur de Rush of Ikorr et de Disney Lorcana dans des diagrammes pour montrer leurs similitudes. Cette démarche est une tentative évidente de renforcer son argumentation en fournissant des preuves concrètes de la violation des droits d’auteur.

Le chemin à parcourir

La bataille juridique est loin d’être terminée. Il est à prévoir que Ravensburger et Miller déposeront une autre requête en irrecevabilité avec un argument juridictionnel similaire de « perte de temps ». Toutefois, il est peu probable qu’Upper Deck demande une injonction, ce qui retarderait la sortie de Disney Lorcana. Pour l’instant, la sortie du jeu est toujours prévue à la Gen Con, puis dans les magasins le 18 août.

Ce qu’il faut retenir de ce nouveau rebondissement ?

📝 Upper Deck a modifié sa plainte en y rajoutant 10 pages

⚖️ Les nouveaux arguments juridiques semblent semblent solides

🔍 D’autres lacunes juridiques de la plainte d’origine semblent comblées

🏛️ Ravensburger/Miller doivent maintenant faire face à une plainte pour violation du droit d’auteur… en partie parce qu’ils ont eux-mêmes porté l’affaire devant un tribunal fédéral.

L’impact sur la communauté

C’est un coup de force juridique qu’a tenté Upper Deck pour faire plier son rival Ravensburger. L’éditeur américain sort l’artillerie lourde avec des accusations de violation flagrante de droits d’auteur. Mais ces attaques ne relèvent-elles pas de la stratégie d’intimidation pour garder l’avantage sur le lucratif marché des cartes à collectionner ?

Car où est la limite entre s’inspirer d’un concept et le plagier sans vergogne ? Le procès d’Upper Deck ne risque-t-il pas de brider la créativité des concepteurs de jeux, désormais paralysés à l’idée d’être trainés devant les tribunaux ?

Avec cet amendement offensif à sa plainte initiale, Upper Deck met Ravensburger au pied du mur. L’éditeur allemand devra sortir l’artillerie légale pour contrer des accusations qui pourraient lui coûter très cher. Mais Upper Deck n’en a cure : avec ses dernières salves juridiques, l’entreprise veut ruiner les ambitions de son concurrent sur le juteux marché des cartes Disney. La guerre des éditeurs ne fait que commencer.

Ce bras de fer juridique entre deux poids lourds de l’édition de jeux n’est pas près de se terminer. Si Upper Deck obtient gain de cause, cela créera un précédent alarmant pour l’industrie du jeu. Des créateurs risquent de voir leur marge de manœuvre créative sévèrement restreinte par crainte de poursuites pour violation de droits d’auteur.

Le procès d’Upper Deck envoie un signal clair : les similitudes conceptuelles sulfureuses peuvent mener directement au tribunal. Pour les joueurs, cela signifie potentiellement moins de nouveaux jeux audacieux et innovants si les éditeurs craignent des répercussions judiciaires. L’ombre de procès ruineux planera sur un secteur dont la santé repose justement sur la prise de risque et l’inspiration.

Sauf renversement total, ce conflit laissera des traces profondes. L’insouciance qui régnait dans le petit monde du jeu de société risque de disparaître, emportée par la menace de longues batailles juridiques. Le jeu en vaut-il encore la chandelle ? Affaire(s) à suivre…


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Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.


Que pensez-vous des arguments des deux camps dans cette bataille juridique ?

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9 Comments

  • NaHO

    Je ne vois pas en quoi des procès pour violation du droit d’auteur empêcheraient l’apparition de « jeux audacieux et innovants » comme vous concluez. Juste la fin des jeux copiés-collés. ¯\_ (ツ)_/¯

  • Eric b

    Je reste perplexe sur ce sujet, n’arrivant pas à cerner les limites du plagiat et de l’inspiration.

    J’ai l’impression que ce sujet touche également d’autres domaines, comme par exemple le jeu vidéo, où des mécanismes similaires sont repris d’un jeu à l’autre et où la différence va se jouer dans la richesse de l’histoire, les graphismes et les moteurs gtaphiques…
    Car après tout, quelle différence fondamentales de mécanismes existent entre Wolfenstein 3D, Doom, Quake ? (oui, mes références datent un peu)
    Pourtant, pas de procès entre ces jeux.

    Je ne pense donc pas que les deck-buildings soient tous des plagiats de Dominion, les draw & write, de Welcome to…

    Nous avons tou.tes en tête d’excellents jeux qui se sont largement inspirés d’autres, en paufinant leurs idées originales et je ne suis pas certain que cela puisse poser un réel problème juridique.
    Reste la question des copies flagrantes, où la copie n’apporte que très peu de choses, et où les auteur.rices peuvent se sentir floué.es.
    Est-ce que Loup garou pour une nuit ressemble trop à Loups garous de Tiercelieux ? Terraforming Mars : expédition Arès à Race for the galaxy ?
    On peut se poser la question.

    Et je pense qu’une façon élégante d’y répondre est de savoir demander l’autorisation avant de reprendre les idées, et de les créditer dans la règle, comme cela a par exemple été fait par Bruno Faidutti, qui remercie l’auteur de Verrater dans la règle de Citadelles.

    Bref, je ne pense pas que cette affaire ne vienne révolutionner le monde du jeu, et je le regrette un peu, car même si comme je l’ai dit plus haut, je ne considère pas le fait de reprendre des mécanismes comme un plagiat, l’absence de crédit du jeu d’origine me gêne un peu quand les emprunts sont flagrants.

    • Subdug

      N’ayant aucune action ni chez l’un ni chez l’autre et ne pensant pas me mettre à lorcana, je suis le sujet de loin.
      Cet article m’a cependant fait penser que Richard Garfield pourrait probablement s’en mêler aussi puisqu’avec Magic il a quand même développé pas mal de concepts comme le mal d’invocation, les engagements de cartes etc etc…
      Bref je suis curieux du dénouement 😊

    • Najid GHORZI

      Bonjour Éric, concernant Wolfenstein 3D, Doom, et Quake, vous tombez mal, ils sont tous les trois du même développeur (id software) 😉
      Mais on comprend votre propos !

  • Vincent

    Bonjour,
    Merci pour votre article ainsi que le site en lui-même que je lis depuis longtemps. J’apprécie souvent les visuels d’ouverture et je cherche sans jamais trouver les crédits pour aller en voir plus sur leur site respectif. Pourriez-vous m’indiquer où vous les placez ?
    Merci

    • Gus

      Cher Vincent,

      Tout d’abord, permettez-moi de vous exprimer notre gratitude pour votre fidélité à notre site et pour l’intérêt que vous portez à nos visuels d’ouverture. Il est toujours gratifiant de savoir que nos efforts sont appréciés par des lecteurs et lectrices attentifs comme vous.

      Pour répondre à votre question, la majorité de nos visuels d’ouverture sont en fait créés en interne par notre propre équipe de designers. Nous utilisons plusieurs logiciels d’illustration, tels que Photoshop, Midjourney, Gen 2 ou Adobe Firefly, pour produire ces images. Par conséquent, nous ne possédons pas de liens externes ou de sites spécifiques à créditer pour ces œuvres.

      Encore une fois, merci pour votre soutien et pour votre appréciation de notre travail. Vos commentaires positifs nous motivent à continuer à améliorer notre contenu et notre présentation.

      Bien sincèrement,

      Gus&Co

  • Mickaël

    Bonjour à toute l’équipe Gus&Co !

    Article très intéressant sur cette affaire judiciaire entre 2 éditeurs.

    Les problèmes de plagiat ne sont pas nouveau et ce, dans n’importe quelle industrie (cinéma, livre, jeux vidéo, etc).

    Autant je suis très curieux de la suite de cette histoire, autant Disney Lorcana, s’il venait à sortir ou non, n’aura pas d’influence sur mes goûts en matière de jeux.

    Je suivrai avec attention l’évolution de Lorcana s’il sort, mais je n’y jouerai, ce n’est pas mon type de jeux.

    Continuez sur ce chemin de l’information Gus&Co et merci pour la qualité des articles !

    • Gus

      Cher Mickaël,

      Merci infiniment pour votre message chaleureux et vos commentaires pertinents sur notre article concernant l’affaire judiciaire entre deux éditeurs.

      Il est vrai que les problèmes de plagiat sont une réalité dans de nombreuses industries, y compris celle des jeux. C’est un sujet complexe et nous sommes heureux de constater que nos lecteurs comme vous trouvent notre couverture de ces questions intéressante.

      Nous apprécions également votre honnêteté concernant vos goûts personnels en matière de jeux. Chaque joueur et joueuse est unique et c’est ce qui rend notre communauté si riche et diversifiée. Nous continuerons à couvrir une large gamme de sujets pour répondre aux intérêts de tous nos lecteurs et lectrices.

      Vos encouragements nous touchent beaucoup et renforcent notre motivation à continuer à produire des articles de qualité. Nous vous remercions sincèrement pour votre soutien et nous avons hâte de continuer à partager avec vous notre passion pour l’industrie du jeu.

      Bien cordialement,

      Gus&Co

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