
3 jeux de société coups de cœur de cet automne
Petits Secrets entre Amis, Feierabend et Small World of Warcraft, 3 jeux de société coups de cœur de cet automne.

Voici trois titres récents de jeux de société que notre rédaction a vraiment, vraiment, vraiment beaucoup appréciés. Des cachoteries et anecdotes entres potes, de la contestation sociale et de la détente après le boulot, et enfin, des orcs et des elfes qui se mettent des tatanes fantastiques. C’est Petits Secrets entre Amis, Feierabend et Small World of Warcraft.
Petits Secrets entre Amis

Ouvrons le bal de ces 3 jeux coups de cœur avec ce micro party-game qui ne dure que 15 minutes à peine. Le but ? Être capable de retrouver un autre membre de son équipe grâce à une myriade de questions et une cacophonie de réponses.
On ne joue que trois manches. C’est court. C’est bien. Au début de chacune, on distribue, face cachée, une carte d’équipe par personne : noir ou blanc. On ne doit pas révéler la couleur de sa carte et son équipe aux autres.
On sort ensuite une carte question, avec deux couleurs, noir et blanc là aussi. Selon la couleur de son équipe, on va répondre à l’une ou l’autre question, sans révéler laquelle aux autres. On peut y répondre à chaque fois par oui ou non. On utilise alors l’un de ses jetons pour indiquer sa réponse. Exemple : Sais-tu faire du skateboard ? As-tu déjà marché sur un cours d’eau ou un lac gelé ? Aimes-tu porter des bijoux ? Etc. Les jetons sont posés sur la table et demeurent visibles.

Des cartes questions, il y en a des dizaines. Et comme chaque carte est recto-verso, il y a de quoi obtenir pléthores de possibilités !

À chaque manche, on va sortir trois questions. Et chaque partie ne dure que trois manches. Une fois la manche terminée, avec les trois questions répondues, tout le monde à la table lève la main, on compte jusqu’à trois, et on indique une autre personne qu’on devine appartenir à sa propre équipe. Comment y arriver ? En fonction des réponses aux questions. Quelle réponse a été donnée ? Et pour quelle question, pour quelle couleur ? Il va falloir faire preuve d’une solide dose de déduction et d’un brin d’audace.
Petits Secrets entre Amis porte bien son nom ! Ce jeu fonctionne à ravir avec son cercle d’amis. Et encore plus en couple. Plus on se connaît, et plus on sera à même de savoir qui a déjà fait quoi, ou pas.
Mais pas que !
Y jouer avec des gens que l’on ne connaît pas pourrait aller délier les langues et ainsi briser la glace. Quoi, tu as déjà fait ça toi ? S’enchaîne alors des ribambelles d’explications et de croustillantes anecdotes personnelles. C’est cette deuxième partie, officieuse, interpersonnelle, qui fait tout le charme de ce « bête » party-game de questions et de déduction.
À noter enfin que le jeu est conseillé à partir de 16 ans. Certaines questions sont en effet plutôt personnelles et demandent d’avoir quelque peu bourlingué sa carcasse. À 6-8 ans, c’est moins le cas.
15 minutes à peine, un micro-prix, un mini-matériel pour un jeu extrêmement subtil et attachant ! On en redemande.
Ce qui nous a moins plu ⛔️
❌ Un langage pas, peu épicène : Petits Secrets entre Amis, les joueurs, etc. Alors que, et c’est surprenant, certaines questions incluent le trait d’union (c’est le cas de le dire) inclusif : « es-tu satisfait-e de ta vie ? », « t’es-tu déjà fait-e passer pour quelqu’un d’autre sur Internet ? » L’écriture inclusive, un débat passionné et encore peu résolu…
❌ Des parties à 3-4 plates, des parties à 9-10, oui, parce qu’on peut y jouer jusqu’à 10 (¨), chaotiques et bruyantes
Ce qui nous a plu ❤️️
✅ Un micro-party-game à sortir n’importe où, n’importe quand, avec n’importe qui
✅ Petit prix, petit matériel
✅ Idéal pour briser la glace
✅ Parfait pour être joué en classe et favoriser l’apprentissage des langues étrangères
✅ Beaucoup de questions, 200 !
✅ Un jeu plus subtil qu’il n’en a l’air. Un jeu crétin-malin
✅ Un jeu qui vous demandera d’émettre des déductions ou de suppositions sur vos proches. Et qui vous fera vous planter, souvent !
✅ Une phase d’échange et de discussion après la résolution. De quoi partager des anecdotes personnelles
Verdict :
Excellent !
Petits Secret entre Amis, sorti en septembre 2020 chez Lifestyle Games, créé par Markus Slawitscheck et Arno Steinwender, pour 3-10, dès 16 ans, pour des parties de 15′. Prix constaté : 12 euros.
Vous pouvez trouver Petits Secrets entre Amis ici chez Philibert.
Et également chez Magic Bazar.
Feierabend

Après avoir parlé de Petits Secrets entre Amis, ce mini-micro party-game, rentrons dans « le vif du sujet » avec un jeu plus cossu.
Avec Faiyum, évoqué dans le Gaming News #6, Feierabend est l’autre nouveau jeu de Friedemann Friese de cet automne. FF, l’auteur allemand qui ne crée que des jeux qui commencent par la lettre… F. Vu son nom… Le petit comique.
Dans Feierabend, sortez vos travailleurs et travailleuses du taf et placez-les sur n’importe quel espace disponible de… détente : bistrot (encore ouvert, malgré le COVID ?), dodo (devant Netflix), running, pêche, vacances, tour en bécane à deux, parc d’attraction ou… wait for it… motel pour aller faire des cochoncetés à deux aussi, avec un picto correspondant plus qu’évident et suggestif. Des tonnes de différentes activités faites pour vous détendre et gagner des points de… détente, justement, les points de victoire du jeu. LOL !

Mais vous pourrez également vous rendre au syndicat pour faire la grève afin d’obtenir de meilleures conditions de travail. Vous pourrez même revendiquer vos droits pour faire avancer la cause sociale : plus de vacances, moins d’heures de travail hebdomadaires, une meilleure parité salariale, une augmentation.

Une fois tous vos meeples placés, ils sont contraints de reprendre le taf. Vous les placez alors de retour dans votre usine / bureau, où ils subissent alors un certain stress, touchent leur salaire et obtiennent des jetons de grève du syndicat, en fonction des conditions de travail. Bref, on s’y croirait !
Feierabend est un succulent mélange entre engine-building et placement d’ouvriers. Cette mécanique n’aura jamais eu autant de sens qu’ici !
Feierabend ? Mais qu’est-ce que ça veut dire ? Ce terme purement germanique, « feierabig » en suisse-allemand, est le moment où l’on se retrouve après le taf pour aller boire un verre entre collègues. Finishing time, en anglais dans le jeu. Et en français, on pourrait traduire ça par la fin de journée de travail. Mais c’est plus parlant en allemand. En français, ça serait plutôt : apéro !!! Ou Afterwork, si on aime bien parler franglais.
Feierabend est sans conteste le jeu le plus réaliste et socialiste sur le marché actuel du jeu de société. Tout est crédible, engagé (la parité salariale homme-femme), inclusif et cohérent ! Il faut admettre qu’il est rare qu’un jeu de société parvienne à concilier de manière aussi cohérente thème et mécaniques.
Après quelques jeux, quelques années pour l’auteur allemand aux cheveux verts plutôt mitigés, connu pour Haute Tension, le voici de retour et en très, très, très grande forme avec un jeu fluide, fun et en même stratégique et riche. On ressent le plaisir que l’auteur a eu à créer ce jeu. Et nous à y jouer ensuite. Une véritable excellente surprise de cet automne (tout moisi) de 2020.
Pour l’instant, le jeu n’existe qu’en anglais et allemand, avec quelques pages de règles, rien de plus. L’éditeur francophone EDGE / Asmodee devrait bientôt (?) sortir la VF.
Ce qui nous a moins plu ⛔️
❌ Une interaction extrêmement polaire. Hormis bloquer les emplacements, on joue un peu dans son coin à ne se soucier que de son propre développement, de son propre bonheur. Presque contraire aux valeurs que le jeu essaie de valoriser.
Ce qui nous a plu ❤️️
✅ Une variante solo plutôt sympathique. Avec le reconfinement de cet automne, couvre-feu et autres, jouer solo est à nouveau conseillé…
✅ L’engine-building. Décidément une mécanique exaltante
✅ L’aspect inclusif et égalitaire du jeu. C’est même la toute première fois qu’un jeu parle de non-binarité !!! Les Allemands ont décidément une sacrée avance sociétale sur nous
✅ Les règles, fluides et évidentes
✅ Un jeu, un plateau aux pictos évident, pas besoin de conserver le nez collé aux règles. Il n’y a que 2-3 pictos qui reviennent, et c’est tout
✅ Des parties qui tournent bien à toutes les configurations, 1 ou 6, avec des plateaux qui s’adaptent en fonction du nombre de personnes à la table
✅ De chouettes et cocasses illustrations qui subliment l’expérience de jeu
✅ Un thème social extrêmement bien intégré ! Et qui suscite le débat : faut-il viser l’égalité salariale ? Pourquoi travailler autant ? Au final, qu’est-ce que le bonheur ?
✅ Un prix tout à fait correct pour un jeu d’une telle envergure
✅ Après quelques jeux, quelques années mitigés, l’auteur aux cheveux verts fait un retour tonitruant sur la scène ludique
Verdict :
Grandiose !
Feierabend, sorti en octobre 2020 chez 2F, créé par Friedemann Friese, pour 1 à 6, dès 12 ans, pour des parties de… 55′ (comme indiqué sur la boîte). Prix constaté : 38 euros.
Vous pouvez trouver Feierabend en anglais et allemand chez Philibert.
Small World of Warcraft

C’est LE jeu qui a le plus buzzé ces dernières semaines !
Small World, tout le monde connaît. C’est ce jeu de plateau de contrôle de territoires aux personnages et pouvoirs aussi cocasses que loufoques. Le but est de déployer ses troupes sur le plus de terrains possibles. Et de les faire tomber en déclin le moment venu, pour choisir une autre peuplade et tenter de doubler ses points de victoire. À sa sortie en 2009, Small World a connu un énorme succès ! Et ceci, grâce à deux facteurs spécifiques :
- Une énorme variabilité de races et de pouvoirs en fonction de leurs combinaisons, association race-critère
- La mécanique de déclin qui permet de conserver une civilisation supplémentaire sur le plateau, moins puissante mais qui continue à rapporter des points
Small World est d’ailleurs lui-même une adaptation du jeu de l’auteur, Philippe Keyaerts, sorti dix ans plus tôt en 1999, Vinci, qui mettait aux prises des civilisations antiques se battant pour la suprématie en Europe
Pour fêter les 10 ans du jeu et lui redonner un petit coup de boost, Days of Wonder et Asmodee ont eu l’idée de génie de se mettre en partenariat avec Blizzard, l’éditeur du jeu vidéo, pour mixer les deux jeux, les deux univers.
World of Warcraft, WoW pour les intimes, est un jeu vidéo sorti en tout premier en 1994, Warcraft, qui est ensuite devenu World of Warcraft en 2001. Il a connu un succès impressionnant, avec plus de 10 millions de gamers réguliers. WoW, c’est un jeu vidéo qui se joue à plusieurs en ligne et qui met certaines races humaines et elfes aux prises avec des armées d’orcs dans le monde méd-fan d’Azeroth. Le jeu vidéo a d’ailleurs été adapté en long-métrage d’animation en 2016, par le fils de David Bowie lui-même !
Bref, un thème idéal pour être adapté avec Small World.
Ce n’est pas la première fois que le fameux jeu vidéo World of Warcraft se voit adapté en jeu de plateau. Il y en a déjà eu plusieurs, dont les deux plus connus, World of Warcraft: The Board Game (2005) et World of Warcraft: the Adventure Game (2008)
Alors OK, Small World of Warcraft ne prend pas trop de risque, puisque Small World se déroule déjà dans un univers fantasy. C’est juste qu’ici, le jeu intègre, exploite une licence bien connue pour rebondir et toucher un nouveau public, celui des gamers.
Certaines des races existent même dans les deux jeux, bien que leurs incarnations dans Small World of Warcraft aient vu leurs capacités modifiées pour être plus synchro avec celles du jeu vidéo. Les petites races du jeu de plateau qui ne correspondaient pas, comme les hommes-rats et les halfelings, ont été par exemple échangées contre des équivalents de monde de Warcraft, comme les kobolds et les gnomes.
Tout comme dans le jeu de plateau original de 2009, deux à cinq s’affrontent pour gagner le plus de pièces de victoire en conquérant et en conservant des régions sur la carte du jeu. Alors que Small World utilisait une seule grande carte, Small World of Warcraft en utilise plusieurs plus petites pour représenter Azeroth, l’univers du jeu vidéo, qui est composé de nombreux continents. Il va falloir donc occuper plusieurs petits territoires, comme des îles, et aller se balader ailleurs. Cette étrange configuration insulaire provoque plus d’affrontements, d’interaction, de tension. Impossible de rester tranquillou dans son coin, de « camper », comme on pouvant parfois le faire dans le jeu de base, avec un gros plateau unique.

Vous commencez le jeu en choisissant parmi un nombre limité de races possibles, chacune avec une puissance inhérente et une capacité spéciale assignée au hasard. Parfois, ces combos ont du sens, et de l’intérêt, et parfois vraiment pas du tout. C’est tout ce qui fait le sel et l’aspect cocasse et varié du jeu.
Tous les mécaniques de Small World of Warcraft sont fidèles au Small World original. Ce Small World of Warcraft ajoute toutefois un nouvel élément clé qui rend le choix de la race à contrôler encore plus stratégique. Dans World of Warcraft, la plupart des races appartiennent soit à la Horde, soit à l’Alliance, des factions prises dans une rivalité perpétuelle. Rajoutez encore à cela une troisième faction, neutre, pris entre deux feux.
Vous gagnez des points de victoire supplémentaire en dégommant une faction ennemie. De quoi pousser à sélectionner telle ou telle race pour aller chercher l’affrontement.
Les artefacts et les lieux légendaires sont également nouveaux, avec des jetons placés face cachée sur différentes zones du plateau. Lorsque leurs espaces sont conquis, le jeton est retourné pour révéler des parties emblématiques de la tradition du jeu vidéo World of Warcraft.
Au final, ce Small World of Warcraft est beaucoup plus qu’une simple adaptation ou reboot. Cette nouvelle édition augmente encore plus l’interaction et permet aux gamers de découvrir les joies du jeu de plateau, et vice versa. Un excellent titre !
Avec la boîte de Pandore qui vient de s’ouvrir et de futures adaptations possibles de Small World (à toutes les sauces ?), perso, j’attends un Small World of Marvel (comme le récent Splendor Marvel du même éditeur, Asmodee) ou un Small World of Cabinet Ministériel Français (coucou Castex).

Ce qui nous a moins plu ⛔️
❌ Un jeu peu fluide et qui « croche » parfois. Il faut comprendre ce que chaque peuple, chaque combo fait dans le jeu
Ce qui nous a plu ❤️️
✅ L’énorme variabilité souvent loufoque des peuples disponibles
✅ Un jeu aux mécaniques qui ont fait leur preuve
✅ La configuration insulaire, qui augmente choix (où aller) et interaction (dégage de là)
✅ Une excellente adaptation d’un autre univers
✅ La rivalité entre les deux factions, et les neutres au milieu
✅ Une interaction directe, belliqueuse, tendue, intense, à coups de tatanes dans les gencives d’orcs
✅ Les artefacts et lieux légendaires, que l’on retrouvait déjà dans une autre extension Small World
✅ On peut tout à fait y jouer sans n’avoir jamais joué à WoW
Verdict :
Puissant !
Small World of Warcraft, sorti en octobre 2020 chez Days of Wonder / Asmodee, créé par Philippe Keyaerts, pour 2 à 5, dès 10 ans, pour des parties de… 60-90′. Prix constaté : 60 euros.
Vous pouvez trouver Small World of Warcraft chez Philibert.
Également chez Magic Bazar ici,


3 Comments
Arvieu
Attention ! Tu confonds meurtre est secret à la fin de l’article.
Sinon, merci des conseils.
Alain
Oui, mais qu’apporte de différents par rapport à l’original de 2009 ?
Gus
2-3 éléments Alain. Ils sont explicités dans l’article