Jeux de plateau

Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Jenga (sans jamais oser le demander)

Haaaaa, Jenga. Qui n’a jamais, jamais joué au Jenga ? Jeu d’adresse par excellence, le but étant de retirer un seul bloc d’une tour de 54 briques pour le placer par-dessus, sans faire tomber la tour

Et évidemment, plus le jeu, le temps avancent, plus la structure se développe de manière déséquilibrée et plus elle menace de basculer

En 2019, Jenga s’est vendu à plus de 50 millions d’exemplaires

Voici tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur le Jenga sans jamais oser le demander

L’INVENTEUR DE JENGA EST EN RÉALITÉ UNE FEMME, ET ELLE NE SAVAIT PAS QU’ELLE AVAIT INVENTÉ LE JENGA

Leslie Scott est née à Dar es Salaam en Tanzanie et a passé sa jeunesse à s’installer dans des villes africaines. Dans les années 1970, la famille de Scott jouait souvent avec la pile de blocs de construction amassés par son frère, les utilisant pour construire une tour qui s’effondrerait s’ils ne faisaient pas attention. La famille a tellement aimé le jeu qu’ils ont finalement commandé des briques de charpentier de bonne qualité

Ce n’est que plus tard que Scott réalisa que le jeu avait été créé au sein de sa famille. «Ce n’est que lorsque j’ai déménagé à Oxford que j’ai réalisé que ce n’était pas quelque chose que tout le monde faisait», a déclaré Madame Scott à la Gazette de Somerset en 2010

À Oxford, en Angleterre, Leslie a travaillé chez Intel en tant que conceptrice de jeu en interne pour aider les employés à acquérir de nouvelles compétences. Dans ses temps libres, elle organisait des dîners entre amis. Scott a alors décidé de commercialiser son jeu. Jenga, qui qui signifie «construire» en swahili, en lien avec la Tanzanie, a été lancé au Royaume-Uni en 1983 et partout ailleurs en 1986

À CAUSE DU JEU, L’AUTRICE A PRESQUE FAIT FAILLITE

Les premières ventes de Jenga n’étaient pas fofolles. Et puisque Scott payait elle-même pour la prod, l’échec du jeu portaient de lourdes conséquences pour les finances personnelles de Leslie. En 2009, elle a même déclaré au Oxford Times qu’elle envisageait de vendre sa maison et ses actions d’Intel pour continuer à financer le jeu. Heureusement, sa famille est intervenu et l’a soutenu dans l’effort. Son partenaire d’alors a accepté de se porter garant d’un prêt et la mère de Scott a accepté d’hypothéquer sa maison pour un deuxième prêt.

Leur confiance a été récompensée lorsque le jeu est apparu à la Foire du jouet de Toronto en 1986; Scott a reçu des commandes pour 400 000 exemplaires. Quand Alan Hassenfeld, alors directeur général de Hasbro, a vu le jeu, sa réaction a été: « Nous devons juste l’avoir. » Il a rapidement acheté les droits de distribution pour les États-Unis.

Jenga est sorti en Amérique du Nord en 1986 et est devenu un succès immédiat, bien que le contrat de Scott ne soit pas top top, Leslie a déclaré qu’elle ne touchait que 20% des redevances sur le jeu, un montant qui avoisine les cinq centimes pour chaque 10$ que le jeu coûte (en gros). 20%, c’est déjà pas mal pour un.e auteur.rice de jeu, la plupart du temps, aujourd’hui, ce sont plutôt entre 5 et max 10%

JENGA DOIT SON SUCCÈS (EN PARTIE) AU TRIVIAL PURSUIT 

Quel est le rapport entre le Jenga et le Trivial Pursuit ? Les jeux ne pourraient pas être plus différents: Jenga nécessite une motricité fine, tandis que Trivial Pursuit nécessite une solide dose de connaissances. Mais selon l’autrice du Jenga, son jeu n’aurait peut-être pas décollé si Trivial Pursuitlancé aux États-Unis en 1983, n’avait pas connu un tel succès. « J’ai été extrêmement chanceuse d’avoir lancé Jenga juste après que Trivial Pursuit ait connu un grand succès et que le marché du jeu attendait le prochain grand jeu de société », a-t-elle déclaré

À l’époque, l’industrie du jeu et du jouet s’intéressait énormément aux adaptations et autres itérations électroniques, notamment avec la Nintendo qui venait de sortir. Lorsque Trivial Pursuit a prouvé qu’il existait encore un marché pour les jeux analogiques, avec 15 millions d’exemplaires vendus pour la seule année de 1984 quand même, de quoi faire rêver tout.e auteur.rice de jeux de plateau actuel. En sortant juste après, Jenga a pu bénéficier de « l’appel d’air »

NON, BANDE DE PETITS MALINOUS, VOUS L’AVEZ PEUT-ÊTRE DÉJÀ REMARQUÉ, LES BLOCS DU JENGA NE SONT PAS IDENTIQUES

Bien qu’ils puissent paraître similaires, les blocs du Jenga présentent de subtiles différences de dimensions pour rendre leur construction moins stable. Et bim. Chaque brique a une taille et un poids différents, il n’y a donc pas deux jeux identiques

ET OUI, IL EXISTE UN RECORD DU MONDE POUR LA PLUS HAUTE TOUR JENGA

En 1985, le représentant commercial Robert Grebler, a tenté d’empiler des blocs pour en réaliser la plus grande structure. Cette année-là, il a été capable de compléter une tour de 40 étages composée de trois briques par étage. Selon Hasbro, ce serait le plus grand record jamais enregistré. Il était apparemment à deux briques du 41ème étage avant que la structure ne devienne vraiment instable. Vous êtes parti.e pour exploser le record ?

Un exploit différent, peut-être plus impressionnant, a été réalisé cette année en 2019, lorsque Tai Star Valianti de Pima, en Arizona, a réussi à empiler 353 briques Jenga par-dessus une seule brique verticale 😨. Cette réal a valu à Valianti un record du monde du Guinness

OUI, LES IA ET LES ROBOTS JOUENT AUSSI À JENGA

En janvier de cette année, des chercheurs du MIT ont rapporté au magazine Science Robotics qu’ils ont conçu un robot pour se familiariser avec la physique (trèèèèès complexe) du Jenga

Les chercheurs ont équipé un bras de robot industriel doté d’un capteur de force au poignet et d’un manipulateur à deux branches, et l’ont assis devant une tour Jenga. Le robot a eu le sens de la vue grâce à une caméra formée sur la tour

Mais les chercheurs ne lui ont pas appris comment gagner contre un humain. Au lieu de cela, les chercheurs ont demandé au robot de faire de l’exploration, en sondant des blocs au hasard. « Il sait à quoi ressemblent les blocs et où ils se trouvent, mais il ne comprend pas vraiment comment ils interagissent les uns avec les autres », a déclaré la robotiste du MIT, Nima Fazeli

En explorant, le robot a découvert que certains blocs sont plus lâches et nécessitent moins de pression pour bouger, tandis que d’autres sont plus difficiles à bouger. Comme un joueur humain de Jenga, le robot n’a aucun moyen de savoir de vue que ce sera une bonne brique. «Vous regardez la tour et vos yeux ne vous disent rien sur la pièce à toucher», a déclaré Alberto Rodriguez, ingénieur en mécanique du MIT, coauteur du papier. « Cette information provient de l’exploration, elle nécessite une perception interactive. » Avec la vue et le toucher, la physique d’une tour Jenga devient plus apparente

Au moins c’était l’expérience du robot. «Nous avons constaté qu’avec environ 200 à 300, parfois 400 poussées, il construisait un modèle physique suffisamment riche pour qu’il puisse ensuite jouer au jeu lui-même», a expliqué Fazeli. Donc, comme un enfant humain, je précise, le robot apprend les bases de la physique non pas en allant à l’école 😜, mais par le jeu dans le monde réel…

ET OUI, ON A JOUÉ AU JENGA EN VRAI (ET EN GRAND)

Rien de tel qu’un bon coup de pub pour la marque Caterpillar, le fabricant d’équipements de construction, qui a recruté d’ énormes pelles, chariots télescopiques et chargeuses afin de manipuler 27 briques Jenga de 272kg chacune. Après 28 heures quand même, le « jeu » (entre guillemets) s’est terminé avec 13 étages

ET ENFIN, OUI, ON PEUT INTÉGRER DU JENGA DANS NOS JEUX DE SOCIÉTÉ

Il vous est déjà certainement arrivé de vous retrouver dans une scène intense dans une partie de jeu de rôle. Un jeu de dé à effectuer pour représenter une situation périlleuse, donc les conséquences sont une question de vie ou de mort

Plutôt que de faire lancer un dé, construisez une tour Jenga et demandez à vos joueurs et joueuses de retirer des blocs. S’ils foirent et font tout tomber, c’est le drame. La tension sera ainsi augmentée

Et sinon, oui, un jeu de société tout récent (et suisse) intègre une tour Jenga comme moteur principal du jeu. Un jeu coopératif futuriste : Sarah’s Vision

Et vous, vous y jouez encore de temps en temps au Jenga ?

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3 Comments

  • Guillaume Jay

    Le jdr Dread (2005) utilise Jenga comme unique moteur de jeu et de tension : pour réussir une action rsquée , il faut réussir à enlever un pièce sans la faire tomber (sinon le pj meurt), ce qui veut dire que plus la partie avance, plus les actions sont dangereuses, ce qui reprèsente bien le thème du film d’horreur ou tout monde va mourir d’ici la fin.

    • Gus

      Yep Guillaume, merci

      Comme je le dis dans l’article, une très bonne manière de rajouter de la tension (même si du coup on sort de la partie à déplacer des briques…)

      Je l’utilise souvent dans les parties de Cthulhu, Maléfices ou un donjon de Dnd avec des pièges à désamorcer 😉

  • Ange

    « Qui n’a jamais, jamais joué au Jenga ? « … ben… moi !
    J’avais déjà vu des videos de robots jouant à ce jeu, mais perso, jamais manipulé. D’ailleurs je viens d’apprendre que les pièces ne sont pas à 100% identiques … volontairement !
    Et dans le style, en bois, chez nous, c’est plutôt Kapla (là par contre, tous identiques),
    Et dans le style, j’ai joué petit à un jeu entre Jenga et mikado : dans un tube percé en son centre de multiples trous dans lesquels on glissait des bâtons de mikado, puis au-dessus on posait des billes, et le jeu, qui apporte le même style de tension que le jenga, est de retirer les mikados sans faire tomber de billes. Mais quel était le nom de ce jeu ???

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