Analyses & psychologie du jeu,  Jeux de rôle

Les métiers du jeu de société. Le chargé de communication

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Quand on parle d’un éditeur de jeux de société, on pense, à tort, que celui-ci ne fait qu’une seule chose, produire un jeu. Alors que la réalité est bien plus complexe. Un éditeur de jeux doit gérer différentes tâches, différents postes:

Le patron

Le chargé de communication et / ou le community-manager

Le développeur

Le responsable des événements

Le chargé de projet

Nous vous avons déjà présenté le chargé de projet. Voici aujourd’hui le chargé de communication.

Nous avons interrogé deux chargés de communication au sein de maisons d’édition de jeux de société, Léa chez Libellud et Matthieu Bonin chez Iello. Merci à tous deux pour leurs réponses.

Le chargé de communication

Bonjour Léa, vous êtes chargé de projet au sein de Libellud, une maison d’édition de jeux de société (Mysterium, Loony Quest, Dixit). Quelles sont vos missions?

Pour résumer, je suis chargée de faire connaitre nos jeux aux publics auxquels ils sont destinés. Et un peu plus en détail, cela signifie que j’imagine des plans de communication, la manière dont nous allons procéder pour communiquer autour d’un jeu, que je les mets en place en coordination avec Paul, qui est chargé plus spécifiquement de l’événementiel.

Un peu plus concrètement, je rédige des news et des articles, je m’occupe des réseaux sociaux de Libellud, je chapeaute la réalisation des supports de communication, affiches, vidéos, etc., je gère les relations avec les blogueurs et la presse spécialisée et je touche aussi à la rédaction de la partie thématique de nos jeux.

Qu’est-ce qui vous a poussée à devenir chargé de communication?

J’ai suivi des études d’Histoire qui m’ont passionnées, mais n’ayant pas envie d’enseigner j’ai dû me réorienter pour finir mes études et entrer dans le terrible monde du travail (rires).

Je voulais un métier qui me permette d’exercer dans n’importe quelle branche pour suivre mes passions et mes envies. J’ai toujours aimé écrire et j’ai plutôt un bon contact avec le public, je me suis donc dirigé vers la communication, un peu sur un coup de tête. Et heureusement, ça m’a plu ! Et finalement comme je le souhaitais, j’ai pu exercer mon métier dans un domaine que j’aime.

Quelles sont les compétences nécessaires pour être une (bonne) chargée de communication pour une maison d’édition de jeux de société?

Être passionné par son sujet ! C’est une condition indispensable, pour bien communiquer sur quelque chose. Dans n’importe quel domaine d’ailleurs. Puisqu’il faut mettre à jour ses connaissances sur le sujet, être à jour sur ce qui se dit et ce qui se fait. C’est encore plus vrai pour les jeux de société car nous nous adressons principalement à des passionnés.

Avoir des capacités d’analyse est également très important : comprendre pourquoi une action à marché ou non et ce qui pourrait l’améliorer pour faire mieux à l’avenir. Par ricochet, cela nécessite donc d’être inventif pour pouvoir toujours surprendre notre public ! Enfin avoir un bon contact est essentiel puisqu’on est amené à rencontrer le public ou la presse régulièrement.

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Quelles sont les plus grandes difficultés, les plus grands défis comme chargé de communication?

Être capable de proposer toujours mieux au public, de s’améliorer sans cesse et se renouveler. On ne peut pas se reposer sur ses lauriers, chaque nouveau jeu, c’est un nouveau défi avec un angle à trouver, une nouvelle manière de s’adresser à notre public.

Et justement, conquérir de nouveaux public est également un des grands défis du métier. C’est encore plus vrai dans le jeu de société puisque c’est un marché de niche. Pour le “grand public” jeu de société est encore bien souvent associé au Monopoly, heureusement grâce à de nombreux acteurs du secteurs, c’est en train de changer !

Comment est-ce que le métier de chargé de communication a évolué en quelques mois, années?

Je n’exerce ce métier que depuis 3 ans, dont 1 an chez Libellud, c’est un peu compliqué de discerner les grandes évolutions du métiers. Néanmoins, je dirais qu’il est primordial aujourd’hui de se tenir informer sur le sujet du numérique dans sa globalité. Les outils, les possibilités et les tendances évoluent tellement vite qu’il ne faut pas rater le train en marche et être capable de voir ce qui va durer ou non.

Dans le domaine du jeu, je dirais que ce qui a changé pour ce métier c’est qu’il devient de plus en plus essentiel. Tellement de jeux sortent chaque année, chaque mois, chaque semaine que pour qu’un jeu rencontre son public il faut qu’on lui ai transmis la bonne information, au bon moment !

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Racontez-nous une journée professionnelle habituelle.

Je commence toujours ma journée par checker mes mails et y répondre par ordre de priorité. Oui, très original. Je fais également un tour sur les réseaux sociaux et sur quelques sites et blogs de jeux de société pour voir s’il y a de nouvelles actus et si on parle de Libellud et de nos jeux.

Une partie plus ou moins longue de ma journée est réservée à la rédaction, que ce soit un article, un statut sur les réseaux sociaux, un argumentaire de vente ou un “brief” pour un support de communication à fournir aux graphistes. Un brief c’est traduire en mots une demande graphique : son format, le traitement choisi et les éléments à faire figurer, image ou texte.

Les graphistes se chargent de transformer cela en images : du bandeau Facebook à la vidéo en passant par les concours, tout passe entre leurs mains. Et une partie de ma journée est consacrée au suivi des briefs en cours de réalisation, à leur validation et aux modifications éventuelles.

En ce moment nous organisons pas mal de concours, j’ai donc quelques colis et lettres à envoyer. Je suis également régulièrement en contact avec Paul pour l’événementiel. Et pour finir, il y a toujours une partie “réflexion” sur des nouvelles actions pour nos jeux à venir, sur des goodies, des concours, etc.

Merci Léa pour vos réponses.

Matthieu

Bonjour Matthieu, vous êtes chargé de projet au sein de IELLO, une maison d’édition de jeux de société (Andor, Creativity, Through the Ages). Quelles sont vos missions?

Depuis mon arrivée chez IELLO il y a 3 ans, j’ai successivement ou simultanément assuré toutes les missions qui incombent au pôle Communication, aujourd’hui composé de 4 personnes : concevoir les outils de communication, catalogues, fiches produits, etc., animer la communauté sur Internet, réseaux sociaux, forums, etc., tenir informées les boutiques puisque IELLO est aussi distributeur, assurer les relations presse, suivre nos partenariats avec les associations et événements locaux, organiser notre présence sur les salons et festivals nationaux ou internationaux… et j’en oublie sans doute !

Aujourd’hui, je passe mes journées à surfer sur Internet et à échanger des emails rigolos avec les blogueurs. Ou à peu près… (rires).

Qu’est-ce qui vous a poussé à devenir chargé de communication?

En fait, j’ai toujours été fasciné par la communication au sens large, la transmission de l’information entre les gens, au point d’en faire mon métier après quelques années à la fac, pour faire bien sur le CV (rires).

Après une dizaine d’année à m’occuper de la comm’ de différentes structures, notamment culturelles, je n’ai pas beaucoup hésité quand j’ai vu que IELLO recherchait un chargé de communication!

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Quelles sont les compétences nécessaires pour être un (bon) chargé de communication pour une maison d’édition de jeux de société?

Au-delà de qualités rédactionnelles et relationnelles évidentes, il faut à mon avis être motivé, créatif, organisé et très polyvalent ! Rien que ça.

Il y a tant à faire qu’on ne sait régulièrement plus où donner de la tête, donc il faut avoir de l’énergie à revendre et savoir gérer ses priorités. Mais dans un milieu si frais, il y a vraiment moyen de s’éclater en imaginer des choses nouvelles. Et disons dans ce métier, la curiosité est plutôt une belle qualité qu’un vilain défaut (rires).

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Quelles sont les plus grandes difficultés, les plus grands défis comme chargé de communication?

Avec le nombre de sorties actuelles, il faut savoir se démarquer et bien gérer le rythme de la communication autour de chaque jeu. Quand doit-on commencer à parler d’un projet en développement ? Que doit-on en dévoiler pour susciter l’intérêt, sans non plus trop en dire pour garder des choses à annoncer par la suite ? Quelles actions originales imaginer pour placer le jeu sur le devant de la scène ?

Dans le cas de IELLO, le rythme de sorties des créations originales et des traductions, une vingtaine de nouveaux jeux par an, complique encore la chose, car il faut répartir intelligemment nos efforts…

Comment est-ce que le métier de chargé de communication a évolué en quelques mois, années?

On commence à voir de plus en plus de personnes dédiées à la communication dans le milieu, mais ce n’est pas encore non plus systématique : sur l’ensemble des éditeurs existants, je ne pense pas qu’un tiers ait un chargé de communication. Et ça paraît normal, il faut faire les choses dans l’ordre : on peut faire de jeux sans communiquer, mais pas l’inverse. Quoique, certains y arriveraient sans doute. Mais à mesure que le marché évolue et que de plus en plus d’éditeurs parviennent à prospérer, on voit de plus en plus d’offres d’embauche apparaître.

Comme je le disais, il y a un réel besoin de promotion parmi la masse de nouveautés, donc la décision de renforcer son équipe de ce côté-là est assez facile à prendre dès qu’on en a les moyens… Surtout que ça libère du temps pour les collègues qui s’occupaient tant bien que mal de ça en plus de leurs autres tâches !

En termes de métier, justement, les évolutions se font plus en adaptation à de nouveaux outils. Les sites spécialisés ont beaucoup évolué ces derniers temps. Mais aussi en capitalisant sur l’expérience accumulée petit à petit et sur les moyens qui augmentent au fil des années : il n’y a qu’à regarder l’évolution des stands à Essen pour s’en convaincre.

Racontez-nous une journée professionnelle habituelle.

J’arrive de bon matin, genre, 10h (rires), et je commence par prendre connaissance de tout ce qui se passe sur le net : Tric Trac, Boardgamegeek, Facebook, Twitter, Instagram, emails…

Si j’ai bien fait mon travail, il s’y passe normalement pas mal de choses et ça me prend un petit moment de répondre aux différentes questions, comme celles de blogueur sur mon métier, par exemple, hein, Gus. Mais il n’est pas rare que je prenne quelques secondes pour faire ça sur le moment avec mon téléphone, où que je sois, afin d’être plus réactif et de garder du temps pour mes autres tâches quand je suis au bureau…

Une fois que j’ai fait le tour de mes réseaux sociaux et de mes emails, je me dirige vers ma liste de tâches, et je me fixe mes objectifs de la journée en fonction de l’importance et de l’urgence de tout ça. Ça peut concerner encore les réseaux sociaux, organiser un concours, publier une photo ou un lien, etc., mais aussi la rédaction ou la relecture de textes pour mes collègues, la conception de pubs, l’étude de nos budgets comm et la définition d’un plan de comm pour un titre à venir… J’essaie également d’avancer sur des projets plus vastes, comme en ce moment la préparation de notre nouveau site Internet, mise en ligne prévue pour janvier ou février.

Il faut aussi savoir être réactif et s’adapter aux différentes sollicitations qui tombent sans cesse. Et puis quand même, de temps en temps, je monte à l’étage pour jouer ! Soit à un jeu qu’on est sûr d’éditer, afin de pouvoir mieux en parler par la suite, soit à un prototype sur lequel mes collègues chefs de projets souhaitent un avis supplémentaire.

Merci Matthieu pour vos réponses.

Dans le prochain épisode, nous inviterons un développeur pour nous parler de son métier au sein d’une maison d’édition.

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