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The Berlin Apartment : Quand les murs racontent un siècle d’Histoire

🖼️ Le successeur d’Edith Finch ? Explorez un siècle de destins tragiques dans un seul lieu. The Berlin Apartment : une claque narrative.


Test The Berlin Apartment : Quand les murs de Berlin parlent

⚠️ Avertissement : Dans un souci de transparence envers notre communauté, nous tenons à préciser que cet article reflète notre opinion personnelle sur le jeu. Nous n’avons reçu aucune contrepartie de la part de l’éditeur du jeu. Nous avons acquis et testé le jeu de façon indépendante, sans lien commercial avec son éditeur. Les avis présentés ici représentent notre analyse honnête et impartiale du jeu, basée sur notre propre expérience.


Vous pouvez écouter cet article sous forme de podcast ici, généré par IA. Et nous sommes également sur Apple Podcast & sur YouTube Podcast ici :

L’essentiel en 3 points :

  • The Berlin Apartment est un jeu narratif où l’on revit l’histoire de cinq habitants d’un même appartement berlinois, de 1933 à 2020.
  • Le jeu brille par son écriture subtile, sa direction artistique magnifique et sa capacité à raconter la grande Histoire à travers des destins intimes et touchants.
  • Malgré une interactivité limitée et une courte durée, c’est une expérience poignante et essentielle pour les férus d’histoires.

La valise est trop petite. Josef doit choisir entre les photos de sa famille et le manuscrit de sa vie, alors que les bottes résonnent déjà dans l’escalier.

Il y a des jeux comme ça. Discrets sur Steam, minuscules sur le papier, mais qui vous trottent dans la tête longtemps, très longtemps après le générique de fin. The Berlin Apartment, sorti mi-novembre 2025, est de ceux-là.

Soyons clairs d’emblée : c’est un « walking simulator » pur jus. Très court, sans véritable défi. Si vous ne jurez que par les combos et les high scores, vous pouvez retourner optimiser vos decks. Mais si vous aimez les histoires qui prennent aux tripes, portées par une écriture subtile et une direction artistique magnifique, alors là, on tient un petit bijou narratif.

Développé par les Allemands de btf (les créateurs de l’étrange Trüberbrook), le jeu a reçu un accueil critique solide (autour de 75/100) et des avis joueurs dithyrambiques sur Steam (96% d’évaluations positives !).

Chez Gus&Co, on lui colle un très solide 4 sur 5. Pas le chef-d’œuvre absolu, mais une expérience précieuse, touchante, que les fans d’histoires devraient sérieusement envisager.

L’appartement comme machine à remonter le temps

Le pitch est d’une simplicité désarmante. Vous êtes Dilara, une ado qui file un coup de main à son père, Malik, ouvrier du bâtiment. Leur mission : retaper un grand appartement berlinois pendant le confinement de 2020. L’appart est défraîchi, fissuré, mais immense.

En cassant un mur, en vidant un placard, Dilara tombe sur des objets oubliés : une lettre pliée en avion, une valise poussiéreuse, un manuscrit… Chaque trouvaille est un déclencheur. Malik raconte, et hop, on bascule dans le passé. On quitte 2020 pour vivre, à la première personne, le quotidien des anciens habitants, exactement au même endroit.

Le jeu nous fait traverser cinq grandes périodes clés de Berlin :

  • 1933 : Josef, metteur en scène juif, prépare sa fuite face au nazisme. Que peut-on emporter de toute une vie dans une seule valise ?
  • 1945 : Mathilda, une petite fille dans un Berlin en ruines, tente de sauver un semblant de Noël pour sa famille traumatisée.
  • 1967 : Toni, autrice en RDA, lutte contre la censure pour publier son roman de science-fiction critique du régime.
  • 1989 : Kolja (Est) et Lu (Ouest) flirtent en s’envoyant des avions en papier par-dessus le Mur.
  • 2020 : Dilara et Malik recollent les morceaux de ces vies.

Tout se passe dans les mêmes pièces, mais tout change : les meubles, la lumière, la vue. L’appartement devient un témoin silencieux de l’Histoire. Ça rappelle forcément What Remains of Edith Finch : un cadre fixe traversé par des vies mouvantes.

La Grande Histoire par le petit bout de la lorgnette manette

C’est là que The Berlin Apartment fait très fort. Il raconte la grande Histoire : nazisme, guerre, division Est/Ouest, chute du Mur, uniquement à travers des destins intimes. Pas de cours magistral, pas de dates à l’écran. Tout passe par des gestes du quotidien, des dialogues et des silences.

Quelques exemples marquants :

Avec Josef, l’Histoire se condense littéralement dans une valise. À vous de ranger chaussures porte-bonheur, photos, manuscrits… un mini-puzzle façon Tetris qui résume toute la violence de l’exil en quelques clics.

Avec Kolja, vous pliez vous-même les avions en papier et les faites planer au-dessus du Mur. La séparation se vit à hauteur de cœur.

La force du jeu, c’est sa retenue. Les conversations entre Dilara et son père sont particulièrement réussies : petites piques sur les riches propriétaires, inquiétudes sur l’avenir, discussions sur la transmission.

Là où d’autres jeux auraient sorti les violons, The Berlin Apartment préfère la suggestion. On ne vous jette pas les horreurs du XXe siècle au visage ; on vous les fait deviner par un bruit de bottes au loin, une affiche au mur. Cette pudeur fait qu’on s’attache très vite aux personnages, même si on ne les « contrôle » que 30 ou 40 minutes chacun.

Une direction artistique superbe

Visuellement, c’est une réussite totale. Le style mélange 3D stylisée et palette pastel, avec des contours qui évoquent la BD européenne. Chaque époque a ses codes visuels : lumière chaude et meubles massifs en 1933, tons froids et poussière en 1945, touches pop et SF en 1967, néons et vue sur le Mur en 1989.

Côté audio, même qualité. Les voix (en anglais ou allemand, avec sous-titres français impeccables) sont excellentes, sobres et habitées. Le sound design donne vie au lieu : craquement du parquet, bruit lointain des trams. La musique reste discrète, laissant la place aux silences.

Et le gameplay dans tout ça ?

Sur le plan ludique, c’est un walking simulator. On marche, on observe, on exécute de petites actions.

Mais The Berlin Apartment propose un peu plus d’interaction que la moyenne du genre : marteler des carreaux de salle de bain, piloter des avions en papier dans des courants d’air, accrocher des décorations, empiler des objets dans la valise (le fameux Tetris), taper sur une machine à écrire.

Ce ne sont jamais des casse-têtes complexes. Vous ne serez jamais bloqué. Tout est pensé pour que l’histoire avance sans heurt. Pour certains, cette absence de défi sera frustrante. Le jeu ne cherche pas à vous tester. Il vous met dans la peau d’un témoin. C’est cohérent avec l’intention : une soirée d’immersion narrative, pas un casse-tête.

Court, linéaire, mais intense

Le jeu se termine en 3 à 4 heures. Il n’y a pas de choix de dialogue, pas de fins alternatives. La structure est totalement linéaire.

Cela pose la question du prix : vendu sur Steam autour de 20-25 €, c’est la fourchette classique des jeux indés narratifs « premium ». À notre sens, si vous aimez ce type d’expérience, le tarif est acceptable. On est plus proche d’une mini-série de qualité que d’un jeu à 200 heures.

Techniquement, le jeu est fluide. Quelques bugs mineurs signalés au lancement ont été rapidement corrigés par les développeurs.

On a aimé :

  • L’écriture sensible qui vous fait aimer des personnages en 30 minutes chrono.
  • La DA « BD pastel » à tomber par terre.
  • Le coup de la valise façon Tetris de l’exil – simple, mais dévastateur.
  • Les dialogues père-fille, tellement justes qu’on croirait entendre nos propres discussions (en mieux écrites).

On a moins aimé :

  • L’interactivité parfois aussi limitée que notre motivation à faire le ménage un dimanche matin.
  • Le prix un peu élevé pour la durée d’un (long) film.
  • Devoir expliquer à nos proches pourquoi on pleure devant un jeu où on rénove une salle de bain.

C’est plutôt pour vous si…

  • Vous considérez What Remains of Edith Finch ou Firewatch comme le Graal vidéoludique.
  • Vous aimez l’Histoire, mais racontée par les petites gens plutôt que par les généraux.
  • Vous cherchez une expérience narrative intense pour occuper une soirée.

Ce n’est plutôt pas pour vous si…

  • Vous pensez que « walking simulator » est une insulte.
  • Vous avez besoin de combos, de loot et de high scores pour vous sentir vivant.
  • Vous pensez qu’un jeu sans barre de vie ni boss final est juste un économiseur d’écran très cher.

The Berlin Apartment, c’est un appartement hanté, non pas par des fantômes, mais par la vie elle-même. Et c’est bien plus bouleversant.

Très bon !

Note : 4 sur 5.

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