Le FOMO ludique : La peur de rater le jeu du siècle
😨 Le FOMO s’invite dans le monde des jeux de société ! Comment apprivoiser cette peur de rater quelque chose pour vivre notre passion.
Le FOMO, un compagnon de jeu inattendu
Le FOMO, on vous en a déjà parlé. En 2018 ici, en 2020 là et en 2021 ici encore. Nous sommes en 2024. Revenons aujourd’hui sur ce phénomène psychologique qui nous concerne toutes et tous : le FOMO, ou la peur de rater quelque chose. Vous vous demandez peut-être ce que cela a à voir avec notre passion commune pour les jeux de plateau ? Eh bien, plus que vous ne le pensez ! Explorons aujourd’hui ensemble comment ce phénomène influence notre façon de jouer et de consommer du jeu.
Le FOMO, acronyme anglais pour « Fear Of Missing Out », s’immisce dans tous les aspects de notre vie, y compris dans notre loisir préféré. Vous savez, cette petite voix qui vous chuchote à l’oreille : « Si tu ne joues pas maintenant, tu vas rater quelque chose de dingue ! » Ou encore : « Tous tes potes vont découvrir ce nouveau jeu sans toi, dépêche-toi ! »
Ce sentiment est profondément ancré en nous. L’être humain, en tant qu’animal social, a toujours eu peur de manquer quelque chose, d’être exclu du groupe. Avec l’avènement du numérique, ce phénomène a pris une ampleur sans précédent, et le monde du jeu n’y échappe pas.
Les éditeurs de jeux, des maestros du FOMO
Les éditeurs de jeux l’ont bien compris : le FOMO est un puissant levier pour nous garder engagés, accro(chés). Rappelez-vous la dernière fois que vous avez hésité à acheter un jeu parce qu’il était en édition limitée, ou parce que tout le monde en parlait sur les réseaux sociaux / blogs. C’est là que le FOMO entre en scène, tel un maître de jeu… (c’est le cas de le dire) malicieux.
Les campagnes de financement participatif, par exemple, jouent souvent sur cette corde sensible du FOMO. Des exclusivités, des stretch goals alléchants, des dates limites… Tout est fait pour nous donner l’impression que si nous ne participons pas maintenant, nous allons passer à côté de quelque chose d’unique. Et qui a envie de voir ses amis déballer fièrement leur exemplaire « Kickstarter Exclusive » alors que nous avons laissé passer l’occasion ? C’est, en partie, ce qui explique le succès tonitruant d’Altered.
Le FOMO, ce compagnon de jeu ambivalent
Mais attention, le FOMO n’est pas toujours notre ennemi ! Il peut aussi être un formidable moteur pour découvrir de nouveaux jeux, pour sortir de notre zone de confort ludique. C’est un peu comme si notre peur de rater quelque chose nous poussait à explorer de nouveaux horizons, à nous lancer dans des parties avec de nouveaux partenaires de jeu.
D’un autre côté, le FOMO peut aussi nous jouer des tours. À trop vouloir suivre les tendances, on risque de se retrouver avec une étagère pleine de jeux auxquels on n’a jamais vraiment joué. Coucou la fameuse « pile de la honte« . Ou pire, de passer à côté de petites pépites moins médiatisées, mais qui auraient pu devenir nos coups de cœur. Auraient pu.
L’art de dompter son FOMO
Alors, comment apprivoiser ce compagnon de jeu parfois envahissant ? La clé, comme souvent, est de trouver le juste équilibre. Oui, il est stimulant de se tenir au courant des dernières nouveautés, de participer à l’effervescence autour d’un jeu attendu. Mais il est tout aussi important de savoir prendre du recul, de se faire confiance dans nos choix de jeux.
Rappelez-vous : le meilleur jeu pour vous est celui qui vous fait vibrer, qui vous fait passer des moments inoubliables avec vos proches. Peu importe qu’il soit sorti hier ou il y a dix ans, qu’il soit en rupture de stock ou disponible partout. L’essentiel, c’est l’expérience de jeu qu’il vous apporte. Même si, en vrai, soyons honnêtes, il est très, très difficile de ne pas craquer pour la / les dernières nouveautés !
Des communautés pour vaincre le FOMO
Et puis, il y a la communauté des joueurs et joueuses. Ces passionnées qui, comme vous, comme nous, vibrent pour les jeux de société. En partageant nos expériences, nos coups de cœur et nos déceptions, nous créons un espace où le FOMO a moins de prise. Parce qu’au final, peu importe que nous ayons toutes et tous les mêmes jeux, l’important c’est de partager notre amour du jeu.
Les clubs, bars à jeux et assoc’ sont de formidables antidotes au FOMO. Ils nous permettent de découvrir des jeux à notre rythme, sans pression, et de rencontrer des personnes qui partagent notre passion. Et quoi de mieux pour vaincre la peur de manquer quelque chose que de créer des souvenirs inoubliables autour d’un plateau de jeu ?
Un défi ludique à relever
Au final, le FOMO est un peu comme un nouveau jeu qu’on nous propose. Il a ses règles, ses pièges et ses stratégies gagnantes. À nous, joueurs et joueuses aguerries, de l’apprivoiser pour en faire un allié plutôt qu’un adversaire.
La prochaine fois que vous sentirez le FOMO pointer le bout de son nez, souvenez-vous : vous avez le pouvoir de choisir comment et à quoi jouer. Que vous cédiez à son appel ou que vous décidiez de prendre votre temps, l’essentiel est de rester fidèle à ce qui vous fait vibrer dans le jeu.
C’est peut-être ça, la véritable magie des jeux de société. Ils nous offrent un espace où le temps s’arrête, où seul le moment présent compte. Un espace où la peur de rater quelque chose s’efface devant le plaisir de créer des souvenirs uniques.
Parce qu’au final, le véritable enjeu n’est pas de tout avoir, de tout essayer, mais de vivre pleinement chaque instant de jeu. C’est ça, la véritable victoire contre le FOMO. Et c’est une partie que nous pouvons tous et toutes gagner, un lancer de dé à la fois.
Alors, prêts à relever le défi ? Que le meilleur joueur gagne… contre le FOMO !
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9 Comments
Pierre
On peut dire que ce n’est pas en 2024 que le FOMO ludique fonctionne beaucoup.
Ce n’est pas « foufou » les sorties cette année.
Gus
Cher Pierre,
Merci beaucoup pour votre message et pour partager votre ressenti sur les sorties ludiques de 2024. Votre observation sur le FOMO qui semble moins marquant cette année est très pertinente.
Vous soulevez en effet une question intéressante : peut-on devenir blasé par les jeux et les sorties constantes, au point d’être déçu par les nouveautés ? Cette réflexion est particulièrement pertinente dans le contexte des gros salons de jeux, où l’on entend souvent des commentaires sur la déception des sorties de l’année.
Il est possible que cette impression soit en partie due à un biais personnel lié à la lassitude. Après avoir vu tant de jeux et d’innovations, il peut devenir plus difficile de trouver de nouvelles sorties qui nous éclatent. De plus, j’imagine, l’abondance de choix et la saturation du marché peuvent également jouer un rôle dans cette perception.
Franchement, cette question mérite d’être explorée plus en profondeur. Peut-être que les attentes élevées et le désir constant de nouveauté contribuent à cette impression de déception. Qu’en pensez-vous ? Avez-vous ressenti cette lassitude vous-même ou avez-vous eu des expériences positives avec certaines sorties récentes ?
Encore une fois, merci pour votre message qui ouvre une discussion passionnante. Cela ferait un excellent sujet d’article et nous allons nous mettre au travail pour l’explorer plus en détail. Grâce à vous, Pierre.
Bien à vous,
Votre équipe Gus&Co
Padolulu
Belle analyse, en tout cas c’est la phase dans laquelle je me trouve : lassé par tous ces jeux qui se ressemblent et je ne comprends pas toujours la « hype » de certains jeux (une bonne communication…).
Pierre
Il est clair que le marketing nous impose sa définition de « la nouveauté » et essaie avec cela de titiller nos intérêts. Nous ne sommes pas dupes et savons bien que l’industrie du jeu doit vendre des boîtes plus vite que les mécaniques innovantes émergent. Cet industrie est donc tenté d’étirer les concepts ad nauseam (Magic mtg) ou à faire des reprints en nous faisons miroiter des changements soit disant fondamentaux (Wyrmspan).
Il est donc évident que l’engouement face aux jeux arrivant sur le marché se tasse avec le temps et est conditionné par l’expérience et les années de pratique.
Je trouve quand même intéressant les approches récentes plus « radicales » telles que Hegemony, La Famiglia ou Pagan. Je trouve donc très intéressante l’idée entendue dans les Voituriers Ludiques sur un logo « nombre de joueur idéal ».
Car dans l’engouement des nouveautés, combien de déception par des boîtes indiquant « 1 à X joueurs » et ensuite s’apercevoir que le jeu est claqué (soit dans sa mécanique ou dans son temps de jeu) si on ne joue pas dans la bonne configuration.
Alexandre PASQUIER
Une promotion sur un jeu , est un déclencheur d’achat en mode FOMOP fear of missing out Price !
lithrac
Si le panorama ludique est globalement décevant en effet depuis le début de l’année, il n’est pas dépourvu de sorties intéressantes, dont certaines qui ont pu provoquer une certaine FOMO. J’en prends pour exemple Harmonies, qui a créé un buzz autour de lui. Ce buzz a mené vers une rupture de stock, qui contribue à amplifier la FOMO chez ceux qui s’y sont intéressés sur le tard et n’ont pas obtenu « leur » boîte. Certes le jeu va être réimprimé, mais on peut se poser la question si la vague de hype (à laquelle la FOMO est liée selon moi) ne sera pas passée d’ici là. J’avoue volontiers avoir été pris par cette FOMO alors même que Cascadia (dont Harmonies est globalement assez proche, tant au niveau de la complexité que du sentiment général du jeu) est un de mes jeux préférés. Une question s’est alors insinuée dans mon esprit: « Horreur! Et si Harmonies était meilleur que Cascadia? » Comme si la parution d’un nouveau jeu pouvait invalider un autre jeu avec lequel nous avons du plaisir. Cela semble ridicule, n’est-ce pas? Cependant, c’est le genre de sentiments néfastes qui est véhiculé par la FOMO. Avec le temps et l’expérience, on peut apprendre à gérer ce phénomène, mais cela reste encore compliqué dans un monde où acheter et posséder sont glorifiés par notre société consumériste. « Est-ce que je désire acheter ce jeu pour y jouer, ou pour l’avoir dans ma collection? » A chacun sa réponse.
Gus
« Comme si la parution d’un nouveau jeu pouvait invalider un autre jeu avec lequel nous avons du plaisir » Excellent !!!
Aleiks
Pour moi il s’agit simplement de la peur de ne pas réussir à me procurer un jeu qui tomberait en rupture. Exemple : Les Chevaliers de la Table Ronde, que j’ai tardé à me procurer. Aujourd’hui il n’est plus édité, et ne se trouve qu’à des prix prohibitifs. Un gros regret quand j’y repense…
J’ai dans ma ludothèque des jeux qui ne seront sans doute plus jamais édités. La question reste : aurais-je été moins heureux sans ces jeux ? Non. Mais j’aurais vécu avec un peu plus de regret…
Volt
Je joue sérieusement aux jeux de société depuis un an et demi. Je prends énormément de plaisir à fouiller dans les entrailles de BGG, Tric Trac et blogs comme le votre, à la recherche de jeux qui sont passés au tamis du temps car, frappé par ce fameux FOMO, je me suis rué sur des nouveautés et j’ai été déçu.
Le dernier exemple en date (c’est personnel, le jeu a son succès), c’est Forêt Mixte qui m’ennuie profondément (pour le passionné de biologie que je suis, il est en plus très fréquent de gagner avec des forêts qui ne ressemblent à rien mais qui scorent beaucoup).
Et je me régale, et mes amis aussi, avec Luxor, Mission Planète Rouge, Manilla, Le Mystère de Whitehall, Menara…