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Jeux de cartes IA : 90K$ pour des illus sans âme ?

🤖 90 000$ pour des illustrations IA dans un jeu de cartes numérique ?! L’art à l’ère de l’IA repousse les limites de la créativité !


Illustrations et IA : Le cas de Champions of Otherworldly Magic

Aujourd’hui, je vous propose de plonger dans un sujet brûlant qui soulève bien des questions et qui fait débat : l’utilisation de l’intelligence artificielle (IA) pour l’illustration de jeux en général. Et la création d’un jeu de cartes numérique plus précisément.

Imaginez un peu : le créateur de Champions of Otherworldly Magic, un jeu de cartes à collectionner numérique, affirme avoir déboursé la bagatelle de… 90 000 dollars pour les illustrations de ses cartes.

Et devinez quoi ? Tout cet argent a été versé à un seul « artiste IA » qui, malgré un investissement en temps minimal (moins de deux jours de travail par mois), empoche un beau pactole !

Selon le développeur, cet artiste mystère produit des centaines d’illustrations époustouflantes à une vitesse astronomique, surpassant de loin n’importe quelle équipe d’artistes traditionnels. Mais attention, le hic, c’est que… wait for it… ces images sont entièrement générées par l’IA. Pourtant, le studio s’en moque et clame haut et fort que seule la satisfaction des joueurs et des joueuses compte. Hmm, vous en pensez quoi, vous ?

L’IA, une menace pour les artistes ?

Bien sûr, on ne peut nier l’efficacité redoutable de l’IA pour créer rapidement des tonnes d’illustrations. Mais à quel prix ? Les artistes traditionnels, eux, passent des heures, voire des jours, à peaufiner chaque détail de leurs œuvres. N’est-ce pas justement ce savoir-faire artisanal qui donne tout son charme et sa valeur à un jeu ?

Certains diront que l’IA n’est qu’un outil, au même titre qu’un pinceau ou un crayon. Mais ne nous voilons pas la face : son utilisation massive risque de mettre en péril le métier d’illustrateur et d’illustratrice de jeux. Imaginez un peu, demain, tous les jeux auront-ils des illustrations génériques générées par des algorithmes ? Où sera passée l’âme, la patte unique de chaque artiste ? Ça fait froid dans le dos, non ?

👉 À lire également : Faut-il avoir peur de l’IA générative dans les jeux de société ?

Des illustrations passables, mais sans originalité

Bon, soyons honnêtes, les cartes de Champions of Otherworldly Magic ne sont pas hideuses. À première vue, on pourrait même les confondre avec des illustrations classiques inspirées du style de Blizzard ou de Riot. Mais en y regardant de plus près, on remarque quelques petits défauts par-ci, par-là, notamment au niveau des griffes et des pattes. Et surtout, on a cette impression de déjà-vu, comme si on avait affaire à un patchwork d’éléments visuels recyclés.

C’est là tout le problème avec l’IA : elle peut produire des images correctes, mais sans réelle originalité. Elle se contente de remixer des éléments existants, sans y insuffler une véritable vision artistique. Et ça, ça fait toute la différence !

L’avenir du jeu de société à l’ère de l’IA

Alors, faut-il complètement renoncer à l’IA dans le domaine du jeu de société ? Certainement pas. Cette technologie, utilisée avec discernement, peut être un formidable outil pour les créateurs. Mais attention à ne pas tomber dans le piège de la facilité et du tout-IA.

Il est crucial de trouver le juste équilibre entre l’efficacité de l’IA et le talent irremplaçable des artistes. Pourquoi ne pas utiliser l’IA pour générer des ébauches, des concepts de base, que des illustrateurs et illustratrices chevronnées pourraient ensuite affiner et sublimer ? C’est peut-être là, dans cette collaboration homme-machine, que réside l’avenir du jeu. Numérique ou analogique. De société, donc. On a l’intelligence humaine. Depuis quelques années l’intelligence artificielle. Il est peut-être temps de parler d’IH. Pour Intelligence Hybride.

Les défis éthiques de l’IA dans l’art

Au-delà des considérations purement artistiques, l’utilisation de l’IA soulève aussi des questions éthiques épineuses. Peut-on vraiment parler « d’artiste IA » quand la machine se contente de remixer des créations existantes ? N’est-ce pas une forme de plagiat, ou du moins, une atteinte au droit d’auteur ?

Et que dire de la rémunération ? Est-il juste qu’un « artiste IA » empoche des sommes faramineuses pour un travail réalisé en un temps record, tandis que des illustrateurs et illustratrices traditionnelles peinent à joindre les deux bouts ? Ça fait grincer des dents, avouons-le.

Il est grand temps que l’industrie du jeu de société se saisisse de ces questions et établisse des règles claires et équitables pour encadrer l’utilisation de l’IA. Sans quoi, c’est la créativité et la diversité même de notre médium bien-aimé qui pourraient être menacées. D’ailleurs, depuis quelques temps, certains éditeurs apposent un label sur leur boîte pour bien spécifier d’une illustration… humaine.

L’IA peut-elle créer de l’art intelligent ? Le dilemme des artistes

Mais au fond, pour élargir les contours du débat et prendre de la hauteur de cette histoire de jeu de cartes numériques illustré par IA (pour une blinde), arrêtons-nous quelques instants sur cette question, fascinante (mais épineuse) : l’intelligence artificielle (IA) peut-elle produire de l’art véritablement… intelligent ? Et artistique ?

Imaginez un peu la scène : deux personnes vêtues de noir, agenouillées au sol, immobiles au point d’en souffrir. Leurs visages sont dissimulés derrière d’imposants masques dorés, lisses comme des œufs de Pâques coupés en deux. Mais ne vous y trompez pas, ces êtres énigmatiques ne sont pas tout à fait humains. Ce sont des hybrides homme-machine, des « Idiomes », créés par l’artiste français Pierre Huyghe pour sa plus grande exposition à ce jour, Liminal, à la Punta della Dogana de Venise.

Ces Idiomes errent dans l’exposition de mars à novembre, leurs masques équipés de capteurs qui analysent leur environnement et les visiteurs qu’ils rencontrent. Et devinez quoi ? L’IA va progressivement convertir ces informations en un tout nouveau langage ! Jour après jour, les masques vont inventer des mots pour désigner une « porte », des « humains » ou encore l' »écriture », jusqu’à pouvoir communiquer entre eux. Dingue, non ?

L’IA, une menace pour la créativité ?

Mais attention, le recours à l’IA dans l’art ne fait pas l’unanimité. Certains critiques, comme Jerry Saltz du New York Magazine, n’y voient qu’un effet de mode, un vernis technologique qui ne sert qu’à donner un coup de jeune à des œuvres sans profondeur. Pour lui, les « peintures vivantes » générées par IA de l’artiste turc Refik Anadol, aussi hypnotiques soient-elles, ne sont finalement que des « lampes à lave géantes » qui peinent à émouvoir durablement le spectateur.

Et il n’a pas tort, le bougre ! Le risque, avec l’IA, c’est de tomber dans la facilité, de créer des œuvres certes impressionnantes techniquement, mais vides de sens. Après avoir vu les illustrations du jeu ci-dessus, est-ce que vous trouvez qu’elles ont une… âme ? Comme si on collait un filtre Instagram sur de l’art préexistant, juste pour surfer sur la vague du buzz. Pas très inspirant…

Quand l’IA sublime l’art

Mais ne tirons pas trop vite sur l’ambulance autonome ! Utilisée avec intelligence et créativité, l’IA peut aussi sublimer l’art, lui ouvrir de nouveaux horizons. C’est tout le génie de Pierre Huyghe avec ses Idiomes : en leur laissant le champ libre pour développer leur propre langage, il crée une œuvre vivante, imprévisible, qui échappe à son contrôle. Et c’est justement ce lâcher-prise qui rend la démarche si excitante !

Imaginez : et si les Idiomes se mettaient à produire un langage dissonant, voire offensant ? Et s’ils se laissaient influencer par des visiteurs turbulents, ou se rebellaient en répétant inlassablement les mêmes mots ? Autant de possibilités fascinantes qui interrogent notre rapport à l’intelligence artificielle et à la création artistique.

L’avenir de l’art à l’ère de l’IA

Alors, faut-il craindre l’IA comme une menace pour l’art et les artistes ? Pas si sûr ! Comme toute technologie, tout dépend de l’usage qu’on en fait. Bien sûr, il faudra rester vigilant et ne pas céder à la tentation du tout-IA, au risque de voir l’art se standardiser et perdre son âme. Mais utilisée avec discernement, en complément du génie créatif humain, l’intelligence artificielle peut ouvrir des perspectives inédites et passionnantes.

Imaginez un peu : des œuvres qui s’adaptent en temps réel aux réactions du public, des univers artistiques générés à partir de nos rêves et de nos émotions, ou encore des expositions personnalisées en fonction de nos goûts et de notre sensibilité. Les possibilités sont infinies, et terriblement enthousiasmantes, avec un soupçon de fun !

L'IA dans l'art et les illustrations de jeux, c'est :

Vers une nouvelle ère de collaboration homme-machine

Au final, le véritable enjeu sera de trouver le juste équilibre entre l’humain et la machine, entre la créativité intuitive des artistes et la puissance de calcul de l’IA. Une collaboration fertile, où l’intelligence artificielle viendrait démultiplier l’imaginaire des créateurs, et non le remplacer. L’IH, encore une fois, de l’intelligence hybride.

C’est tout le défi que devront relever les artistes de demain : apprivoiser l’IA, en faire une alliée plutôt qu’une rivale, pour repousser toujours plus loin les limites de l’art et de la créativité. Un défi exaltant, qui promet de belles surprises et de grands frissons esthétiques !

N’oublions jamais que l’art, qu’il soit généré par un cerveau humain ou un algorithme, n’a de sens que s’il nous touche, nous interroge et nous émerveille. Tout le reste n’est que poudre aux yeux. Et gros chèque, dans le cas de Champions of Otherworldly Magic.

Et vous, que pensez-vous de cette alliance entre art et IA ? Une menace ou une promesse ? Une révolution ou un feu de paille ? Faites-nous part de vos réflexions, nous sommes impatients d’en débattre avec vous ! Rien que le fait d’en parler, c’est déjà une grosse, grosse avancée !


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4 Comments

  • spotincubus

    Hello !! En attendant il y a des illustrateurs qui bossent comme des fous sur des jeux de cartes comme Donjon & Procrastination par exemple. : ) Cerise sur le gâteau, Pomyad (l’illustrateur en question) est super accessible et présent pour la communauté de joueurs, ce qui me parait déjà plus compliqué pour une IA.

  • Mike

    L’ia est actuellement incomplète, la main de l homme doit encore reprendre beaucoup de chose à la palette pour être raccord et techniquement via pour la production..

    • Gus

      Mais clairement !

      Et surtout, surtout, il y a un élément qui manque dans l’article, c’est que l’IA est comme une machine à sous. On a beau avoir le meilleur prompt de ouf, on ne sait jamais ce qu’on va obtenir. Alors qu’à « la main » humaine, on sait ce qu’on veut / cherche à obtenir !

  • Thomas

    Pour parler de Champions, ce n’est pas étonnant que des personnes utilisant des NFT, pour un jeu qui aurait très bien pu s’en passer, préfèrent utiliser des IA que de payer des illustrateurs. Quand la cupidité guide les choix de design de ton univers et de ton jeu, c’est cohérent.
    En espérant que le public privilégiera les oeuvres originales et humaines.

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