
Les bourdons aussi, jouent
Il n’y a pas que les êtres humains qui jouent à des jeux. Les insectes, et les bourdons aussi. Une étude s’y intéresse.
Les bourdons et le jeu
Est-ce que vous avez un animal domestique ? Un chat, un chien, un cheval ? Vous avec pu observer chez eux des moments de jeu. Non, le jeu n’est pas une activité réservée aux êtres humains, mais est également observée dans de nombreuses espèces animales. Mais est-ce que vous saviez que certains insectes, tels que les bourdons, jouaient également ?
Une étude vient tout juste d’être publiée dans la revue Animal Behaviour (comportement animal). Des scientifiques pensent avoir observé un véritable comportement de jeu chez les bourdons, qui ont été filmés en train de rouler de petites boules en bois colorées.
«Cette recherche fournit une forte indication que les esprits des insectes sont beaucoup plus sophistiqués que nous ne le pensions», a déclaré le co-auteur Lars Chittka de l’Université Queen Mary de Londres. «Il y a beaucoup d’animaux qui jouent juste pour le plaisir, mais la plupart des exemples viennent de jeunes mammifères et d’oiseaux».
Mais à quoi sert le jeu ? On pense qu’il contribue au développement sain et au maintien des capacités cognitives et motrices d’un animal, ce qui peut, par exemple, bénéficier aux stratégies de recherche de nourriture.
Les chercheurs ont découvert que le bourdon terrestre, le Bombus terrestris, joue également. Le Bombus terrestris est un bourdon terrestre commun qui se trouve dans le nord de l’Europe et en Amérique du Nord. Il fait partie de la famille des Apidae et est l’une des plus importantes populations d’abeilles sauvages dans ces régions. Bombus terrestris est connu pour être un pollinisateur efficace, et il représente une partie importante de l’écosystème. Les mâles et les femelles de cette espèce sont noirs et jaunes avec des taches blanches sur le dessus de leur corps. Leur corps est couvert de duvet et leurs ailes sont transparentes.
Les bourdons à fond dans le jeu
Selon les auteurs de la recherche, le comportement de jeu est généralement divisé en trois grandes catégories. Le jeu social implique des interactions ludiques entre les animaux, généralement des jeunes engagés dans des joutes. Par exemple, il y a des preuves anecdotiques d’études antérieures sur le jeu social chez les fourmis et les jeunes guêpes.
Le jeu locomoteur implique la course, le saut ou tout autre mouvement qui n’est pas associé à un but particulier. Et le jeu d’objet implique la manipulation d’un… objet comme un jouet. Un ballon comme au foot, ou, comme ici avec ces bourdons, avec des boules de bois.
Le groupe de Chittka a mené une étude précédente en 2017 dans laquelle ils ont montré que les bourdons pouvaient être entraînés à rouler de petites boules en bois pour recevoir une récompense. Mais ils ont également remarqué des cas où ces bourdons optaient pour rouler les boules même lorsqu’il n’y avait pas de récompense ou de bénéfice évidents.
Les boules avaient été placées dans un tunnel qui reliait la ruche à l’arène de l’expérience où se trouvait la nourriture. Plusieurs bourdons marchaient sur les boules ou s’arrêtaient pour les rouler en allant et venant de la nourriture. Chittka se sont demandé s’il pourrait s’agir d’un véritable comportement de jeu et ont décidé de mener une enquête plus approfondie.
Ce n’est évidemment pas simple de concevoir une expérience pour démontrer de manière concluante que les abeilles, les bourdons ou d’autres insectes ou animaux jouent à des jeux. Toutefois, cinq critères de base doivent être remplis.
Les cinq critères
Pour ces nouvelles expériences de 2022, Chittka et al. ont suivi un paramètre similaire. Ils ont placé 45 bourdons dans l’arène et leur ont permis de choisir entre marcher le long d’une ligne droite vers une zone de récolte avec de la nourriture ou se détourner de cette voie vers une zone avec des boules de bois colorées.
Même une fois que les bourdons eurent terminé de se nourrir, la plupart d’entre eux (37) ont choisi de rouler des boules pendant au moins un jour supplémentaire, 29 les roulant pendant deux jours supplémentaires après leur repas. Des bourdons ont roulé des boules entre 1 et 117 fois durant la durée de l’expérience, le dernier nombre suggérant que certain trouvaient l’activité… fun ? Suffisamment engageante et divertissante pour continuer.
Dans une deuxième expérience visant à déterminer si cela qualifiait comme un jeu, 42 autres bourdons ont eu accès à deux chambres codées en couleur, l’une étant vide tandis que l’autre contenait toujours des boules de bois. Ensuite, les boules ont été retirées et les bourdons ont eu le choix de passer du temps dans l’une ou l’autre chambre.
Ils ont alors montré une préférence marquée pour la chambre dont la couleur était associée aux boules de bois. Une troisième expérience a révélé que les plus jeunes bourdons roulaient des boules plus fréquemment que les ceux qui étaient plus âgés et que les mâles roulaient des boules plus longtemps que les femelles. Est-ce à dire que les mâles préfèrent jouer ?
Finalement, les auteurs de cette recherche soutiennent que le comportement des bourdons dans leurs expériences, satisfait les cinq critères de base du jeu :
- participation active : les joueureuses doivent être activement impliqués dans l’activité.
- Volontaire : le jeu doit être volontaire et non contraint.
- Significatif : le jeu doit avoir un sens et une signification pour les joueurs.
- Récompense intrinsèque : le jeu doit être récompensé en soi, sans récompenses ou punitions extérieures
- Structuré : le jeu doit avoir une certaine structure ou des règles.
Avec l’étude, les chercheurs ont découvert que les bourdons s’approchent et manipulent ces « jouets » encore et encore. Cela montre une fois de plus, malgré leur petite taille et leur petit cerveau, que ces insectes mènent une véritable vie riche en expériences. Avec le jeu,comme ici, ces animaux peuvent même ressentir certaines formes d’états émotionnels positifs, même rudimentaires, comme le font d’autres animaux plus gros, poilus ou non (oui, on parle aussi de nous).
La prochaine fois que vous voyez un bourdon voler, dites-vous que lui aussi, comme vous, passe peut-être du temps à jouer.
Article écrit par Gus. Rédacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne à l’École supérieure de bande dessinée et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.


2 Comments
Chris
Les rats jouent aussi. Une chercheuse à montrer qu’ils adoraient jouer à cache-cache. Aussi bien pour se cacher que pour chercher.
Gus
Excellent, merci Chris, je ne connaissais pas l’étude de septembre 2019 réalisée à Berlin ici https://www.researchgate.net/publication/335782256_Behavioral_and_neural_correlates_of_hide-and-seek_in_rats