
La crise maritime mondiale serait-elle en train de se résorber ?
6 indices qui prouvent que la crise de la chaîne d’approvisionnement se termine. Lentement, mais sûrement.
La crise se tasse
Nous ne sommes pas sortis de l’auberge, mais il y a de l’espoir.
Nous avons consacré plusieurs articles pour vous présenter la situation mondiale, maritime, compliquée, inédite, de la crise que nous sommes en train de traverser. Que toutes les industries sont en train de traverser. L’industrie du jeu de société y compris.
Les chaînes d’approvisionnement surchargées ont affecté, et continuent de le faire, toute l’économie. Pénuries par-ci, retards par-là, augmentations des coûts un peu partout. Entre inflation, pandémie mondiale et crise de la chaîne d’approvisionnement, le marché connaît des moments difficiles. Ports congestionnés, pénurie de camionneurs, de semi-conducteurs, de papier, tout cet amalgame a rendu une reprise « post » pandémie compliquée. Alors que la demande est bien là.
Depuis quelques jours cependant, 6 loupiotes sont sur le vert pour nous indiquer que cette crise serait peut-être en train de se tasser. La crise mondiale de la chaîne d’approvisionnement est loin d’être terminée. Selon Bloomberg et le Wall Street Journal, deux sites américains spécialisés, entre autre, dans l’économie, certains signes attestent que le pire est peut-être derrière nous.
Les coûts du fret sont en baisse
Si vous voulez vous procurer un conteneur d’expédition de 40 pieds aujourd’hui, pour, par exemple, faire venir votre jeu de société produit en Chine pour le ramener dans les boutiques européennes pour Noël, cela vous coûtera environ 20% de moins que ce qu’il aurait coûté plus tôt ce mois-ci. Le taux de fret mondial moyen a baissé pendant huit semaines consécutives.
C’est peu, mais c’est toujours ça. La hausse ralentit. Un signe positif. Surtout pour les éditeurs de jeux qui font fabriquer en Chine, et qui répercutent ces prix sur leurs jeux, à l’instar d’Asmodee.
Des stocks bien remplis
Avec une demande en constante augmentation et des difficultés criants d’acheminement, les boutiques de toutes sortes ont fait le plein de stock pour éviter d’être prises de court. Et surtout pour Noël, la grosse période commerciale. Ce qui pose désormais un autre problème, celui de trouver de la place pour entreposer toute cette marchandise, tous ces jeux. Les entrepôts sont bourrés à craquer !
Les congestions aux ports diminuent
Rappelez-vous, il y a encore quelques semaines, nous vous parlions d’une congestion inédite de porte-conteneurs au large de Los Angeles et Long Beach, l’un des principaux ports aux États-Unis. Et aujourd’hui, par rapport au trafic record enregistré plus tôt dans l’année, la situation semble enfin se tasser. Enfin, presque.
Les ports sont toujours en désordre. Aujourd’hui, ce sont 91 porte-conteneurs qui sont encore ancrés au large des ports de Los Angeles et de Long Beach. Avant la pandémie, les ports n’avaient jamais vu une telle situation.
Si les files d’attente dans les ports restent historiquement longues, et même si c’est difficile de le croire, elles commencent à se résorber à un rythme plus rapide. Le nombre de porte-conteneurs bloqués au large du port de Los Angeles pendant plus de neuf jours a chuté d’environ un tiers depuis octobre.
Les analystes s’attendent à ce que la pression sur les ports s’atténue considérablement d’ici février. Une fois les fêtes de fin d’année et la frénésie marchande derrière nous, avec le secteur manufacturier chinois qui prend sa fameuse semaine de congé pour le Nouvel An chinois, la demande de conteneurs maritimes devrait chuter de manière considérable. Plus de conteneurs sur le marché, sur les mers, cela signifie un prix et des retards qui diminuent.
La fabrication chinoise en pleine effervescence
En Chine, le gouvernement plafonne depuis longtemps les prix que les services publics peuvent facturer aux consommateurs pour l’électricité. Cette année, alors que la reprise mondiale a augmenté les prix de l’énergie, cette réglementation a poussé de nombreux services publics chinois au bord de l’insolvabilité.
Avec la montée en flèche du coût du charbon et la fixation de plafonds de prix à la consommation, les centrales électriques ont été obligées de choisir entre fonctionner à perte ou fermer. En conséquence, les services publics ont commencé à rationner l’électricité entre les ménages et le secteur manufacturier, forçant ainsi les entreprises chinoises à réduire leur production. De quoi exacerber les soucis de production et donc, par la force des choses, de l’offre.
Mais ces dernières semaines, alors que le gouvernement a autorisé les centrales au charbon à facturer des prix plus élevés, la pénurie d’électricité s’est atténuée et la fabrication est revenue à quelque chose qui ressemble plus à une capacité normale.
Moins de COVID
Enfin, pas forcément moins de cas, comme on peut l’observer un peu partout en Europe, mais moins de cas en Asie du Sud-Est. Et surtout, une politique moins intransigeante, un rien plus souple (mais à peine). Avec une politique de tolérance zéro, un cas, une fermeture, l’Asie du Sud-Est a fait désormais le pas pour une tolérance plus souple envers les contaminations. Le virus est toujours là. Il faut apprendre à vivre avec.
Plus tôt cette année, des épidémies de COVID-19 en Malaisie et au Vietnam ont forcé les autorités à limiter la production. Cela a eu un impact négatif sur l’offre mondiale de textiles et de semi-conducteurs. Mais la production des usines d’Asie du Sud-Est a rebondi au cours du mois dernier. Le nombre de cas diminuant et la reprise de la production s’est désormais normalisée.
La production automobile s’accélère
Vous pourriez me dire que la production automobile n’a aucun rapport avec le jeu de société. Et vous auriez raison. C’est peut-être plus compliqué que cela.
En octobre, la production manufacturière américaine a atteint son plus haut niveau depuis mars 2019. Une hausse entraînée par un bond de 11% de la production d’automobiles et de pièces automobiles. Pendant ce temps, Toyota a fixé un objectif de production en décembre qui dépasse la norme d’avant la pandémie de la firme japonaise.
Ces développements suggèrent à la fois que l’offre mondiale de véhicules automobiles est en train de rattraper la demande, OK, pourquoi pas, mais surtout, que la pénurie mondiale de semi-conducteurs s’atténue quelque peu. Car les pénuries de puces avaient auparavant limité la fabrication automobile. Moins de puces, moins de production. Et vice versa. Un signe positif envoyé aux industries.
L’auberge, la sortie, tout ça
Malgré tous ces faisceaux d’indices qui pointent vers une amélioration de la situation de crise mondiale inédite, nous ne sommes pas encore sortis de l’auberge. Les progrès sont très limités. Les frais du fret sont toujours 200% plus élevés qu’ils ne l’étaient à la même période l’année dernière. Ça pique !
En raison de la pandémie, les pénuries de main-d’œuvre entravent toujours la production et la livraison dans le monde entier. Avec l’arrivée des frimas, entre vaccination hésitante et retour des mesures de (semi)confinement en Europe, dont l’Autriche, et bientôt l’Allemagne, les économies nationales et leurs services de santé encaissent les coups, durs.
À court terme, la résurgence de la COVID pourrait atténuer la pénurie de produits de base dans certains secteurs. Comme cela fut le cas en printemps 2020, les économies confinées pourraient utiliser moins d’énergie que les économies ouvertes. Et ainsi, avec moins de déplacement, faire diminuer les prix des carburants, de l’énergie. Une vanne et une manne vitales pour l’économie.
Alors, verre à demi-vide ou à demi-plein ? Des signaux toutefois optimistes.


One Comment
Fred
La baisse du prix des conteneurs est aussi conjoncturel: les produits qui partent aujourd’hui de Chine n’arriveront pas à temps sous le sapin en Europe d’où la baisse de 20% par rapport à quelques semaines auparavant…