Analyses & psychologie du jeu,  Jeux de plateau

La chance, ce récit troublant et captivant

Est-ce que la chance existe ? Est-elle réelle ? Et peut-on l’exploiter ?


Chance

Sur Gus&Co, nous nous intéressons aux jeux, aux jeux de plateau, aux jeux de cartes, aux jeux de rôle, et tout ce qui va avec. Le hasard, la chance en font partie.

Lancer un bon jet de dé, piocher une bonne carte ou un élément qui va nous aider pour notre prochaine action peut nous sembler être un coup de chance. Mais comme disait Mulder, la vérité est ailleurs. Si l’aléatoire et le hasard existent, la chance, elle, est question de préparation personnelle.

Des chercheurs de diverses disciplines ont tenté de déterminer s’il existe un aspect mesurable réel à ce que nous appelons, comprenons comme de la chance. Beaucoup de ces études ont montré que ce qu’une personne peut percevoir comme de la « chance » a plus à voir avec la psychologie que la probabilité. La «chance» n’est en fait que sa propre attitude, positive, à maintenir nos perspectives ouvertes à de nouvelles opportunités, ou le fait de percevoir des schémas dans du pur aléa.

Des jeux, de la chance

Une étude de 20151 a démontré que notre cerveau avait la fâcheuse tendance à créer des schémas, plus reposants, puisque compréhensibles. C’est l’exemple type de pile ou face.

Vous venez d’obtenir quatre faces d’affilée. Vous vous dites donc que la suivante doit tomber sur pile. C’est faux. Les chances pour la pièce de monnaie de tomber sur sa face « face » sont toujours de 50/50, exactement les mêmes qu’à chaque fois.

C’est ce qu’on appelle le « sophisme du joueur » ou encore « l’erreur du parieur ». Ce biais cognitif consiste à croire qu’un événement antérieur peut influer sur celui d’après. Et selon l’étude citée plus haut, notre cerveau pourrait rechercher ce genre de schémas. Une fonction majeure du cerveau humain est de gérer l’incertitude du monde réel afin d’obtenir des régularités.

Nos neurones détectent ces modèles et accordent une attention particulière à l’élaboration de schémas réguliers. La chance, c’est de croire que la pièce va tomber sur la face désirée. La réalité, elle, ne suit ni ne sert nos désirs.

Chance au jeu, malchance en

Lorsque vous placez des paris sur un jeu au casino comme le craps ou la roulette, les deux basés sur le hasard, il s’avère que vos paris modifient vos chances. Une personne qui gagne deux paris d’affilée a 57% de chances de gagner le suivant, mais une personne qui a perdu deux paris d’affilée n’a que 40% de chances de gagner le suivant. Pourquoi ?

Selon une étude de 20142, les gens craignent que leurs paris régressent vers une moyenne entre perte et gain. Plus ils gagnent, et plus on a tendance à diminuer les risques, en se disant que la chance va bientôt tourner. Superbe expression, qui en dit long sur notre construction de la chance et du hasard.

Lorsque les personnes gagnent, elles prennent des paris plus sûrs, elles continueront probablement à gagner. Quand les gens perdent, ils prennent des paris plus risqués pour essayer de gagner, ce qui signifie qu’ils augmentent leurs probabilités de perdre. C’est le 57% vs 40%. L’événement réel sur lequel on parie ne devient pas plus ou moins probable. Mais les résultats passés affectent la façon dont nous plaçons nos paris, nos espoirs la prochaine fois. Si on a pioché une bonne carte au tour d’avant, il y a de fortes chances (c’est le cas de le dire) qu’on s’imagine que ce ne sera pas le cas à ce tour-ci. FAUX !

Les superstitions, histoires de malchance

Toucher du bois, éviter de passer sous une échelle, les trèfles à quatre feuilles, les fameux vendredi 13, est-ce que vous connaissez, vous, l’origine de toutes ces superstitions ? Pourquoi est-ce que certaines croyances nous sont censées être favorables, alors que d’autres non ? Et est-ce que les superstitions… fonctionnent ? En un mot, oui ! Soyez honnêtes, vous ne vous attendiez pas à cette réponse. Oui, les superstitions fonctionnent. Mais pas comme on l’imagine.

Une recherche de 20103 a étudié des golfeurs. Les chercheurs ont dit à certains qu’ils allaient utiliser une balle porte-bonheur, et rien à un autre groupe. Les chercheurs ont observé les résultats. Et devinez quoi ? Oui, les golfeurs avec la balle porte-bonheur ont mieux réussi sur le terrain.

Mais comment est-ce possible ?

Les chercheurs ont émis l’hypothèse que les personnes avec leurs porte-bonheur à leurs côtés se montraient plus persévérantes, plus pugnaces et plus téméraires aussi. Comme si, grâce à l’objet porte-bonheur, elles se sentaient investies d’un pouvoir supplémentaire, mystique et… efficace. Est-ce d’ailleurs la raison pour laquelle on préfère telle ou telle couleur dans les jeux de plateau, parce qu’elles nous semblent favorables, porte-bonheur ?

Il y a les personnes qui ont de la chance, et puis il y a moi

La chance ne fait pas que « arriver », même pour les personnes qui se considèrent chanceuses. Richard Wiseman, professeur de psychologie à l’Université du Hertfordshire en Angleterre, a réalisé un certain nombre d’études pour déterminer ce qui distingue une personne chanceuse d’une personne malchanceuse.

Dans une étude4, il a demandé à des personnes qui s’identifiaient comme chanceuses ou malchanceuses de lire un journal. Sur une demi-page, il écrit en gros caractères : « Dites à l’expérimentateur que vous avez lu ceci et gagnez 250 Livres Sterling. Selon Wiseman, les personnes qui ont dit qu’elles avaient de la chance étaient plus susceptibles de voir l’annonce. Et les personnes « malchanceuses » semblaient faire preuve de plus d’anxiété, ce qui a nui à leur pouvoir d’observation. Autrement dit, encore une fois, la chance n’est qu’une question de psychologie, et de biais, plus que de probabilité.

Sérendipité

La sérendipité, c’est le fait de tomber par hasard sur une chose, une personne, alors qu’on cherchait autre chose. On dit souvent alors qu’on a eu de la chance de trouver ceci, cela. Par hasard.

Par hasard, vraiment ? Non. Oui, la sérendipité existe, fonctionne. Pour autant qu’on soit ouvert, disposé, prédisposé à la découverte.

Dans une recherche de 20155, le psychologue Stephann Makri a travaillé sur cet aspect de sérendipité, de découverte fortuite. Le chercheur a demandé à un certain nombre de professionnels travaillant dans le milieu de la création ce qu’ils faisaient pour augmenter leurs chances d’une rencontre fortuite. Les réponses furent les suivantes. Les créatifs varient leur routine, travaillent dans différents environnements et avec différentes personnes, mélangent les choses sur le lieu de travail et font les choses d’une autre manière, tout ceci pour éviter de rester enfermé dans la même routine.

Autrement dit, selon cette recherche, la sérendipité peut être générée, provoquée. Le hasard de tomber sur une information, un élément, une personne est souvent le fruit du hasard. Mais on peut « augmenter ses chances », sa chance. Et adopter une attitude positive, ouverte, nous rend également plus susceptibles d’apprécier une opportunité, et d’en profiter.

La prochaine fois que vous piochez une mauvaise carte, que vous obtenez un mauvais tirage, ou vice-versa, demandez-vous si c’est vraiment de la malchance, ou plutôt un biais ou une vue de l’esprit.

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