Autour du jeu vidéo,  Jeux de plateau

Partez à la découverte des îles Oniri

Ca y est, le KS d’Oniri Islands a été lancé jeudi soir passé.

Oniri Islands? Ca ne vous dit rien?

C’est un hybride entre jeu de figurines et jeu vidéo. On balade sur sa tablette un frère et une sœur perdus dans un monde fantastique qui va peu à peu se révéler au fil du récit et des péripéties. Un jeu qui se joue à deux en mode coopératif. Objets à récupérer, à déplacer, missions à accomplir, pouvoirs spéciaux qui se révèlent au fil des aventures. De somptueuses illustrations.

Oniri Islands, onirique, ludique, pittoresque.

Nous l’avons découvert au Bar à Jeux de Genève, et nous l’avons beaucoup apprécié.

Le jeu a été développé par le Studio Tourmaline, un collectif de gamedesigners genevois.

Nous avons interviewé Marion Bareil du Studio Tourmaline pour qu’elle nous parle un peu plus de leur projet.

En une phrase, Marion, pouvez-vous nous présenter le studio Tourmaline?

Tourmaline est un studio indépendant de création digitale créé par Camille Attard et moi-même, nous sommes spécialisés dans la création et la production de jeux hybrides : notre marque de fabrique est le mélange des mondes physique et numérique afin de créer de nouvelles expériences ludiques.

De quoi parle Oniri Islands?

Oniri Islands est un jeu d’aventure où deux joueurs incarnent les jumeaux Tim et Mina, deux enfants qui se retrouvent échoués sur la plage d’une île inconnue. Ils réalisent très vite que les ombres ont disparues, et sans elles impossible de rentrer chez eux. Ils rencontrent des animaux, un Requin et un Faucon, qui leur donnent chacun un masque magique. Ces masques leurs confèrent une ombre animale ainsi que des pouvoirs : nager tel un requin, voler tel un faucon.

En explorant l’île, les jumeaux rencontrent des enfants perdus portant eux aussi des masques et vivant en tribus. Tim et Mina commencent à comprendre que quelqu’un a volé les ombres des enfants.

Quelles émotions avez-vous cherché à provoquer dans votre jeu?

Très bonne question !

Dès le début du projet nous voulions créer un jeu de coopération, où les joueurs réfléchissent et bougent ensemble pour progresser dans l’histoire, et ressentent le plaisir de partager un moment convivial à deux. Nous avons donc créé des personnages avec un lien fort, dépendant l’un de l’autre et vulnérables face à des dangers auxquels des enfants ne sont en principe pas confrontés. Nous avons une narratrice (en voix off), la grand mère des jumeaux, très excentrique, qui apporte également une bonne dose d’humour au jeu.

Oniri est à la fois pensé pour les enfants et les adultes. L’histoire, à la manière des contes, comporte son lot de joies comme de tristesses, de moment de tensions et de calmes, et l’on peut y voir une double lecture sur l’apprentissage de la vie en communauté et le rapport que l’on entretient avec la Nature. Nous avons développé un univers à la fois poétique et étrange, nous voulons que nos joueur(euse)s soient à la fois transporté(e) et intrigué(e) par cette aventure.

Enfin nous aimons beaucoup les jeux d’aventures et nous voulions qu’Oniri replonge les adultes dans les points & click de leur enfance tout en apportant notre interprétation moderne.

Et combien de temps vous a-t-il fallu pour développer le jeu? Quelles ont été les grands étapes, les plus grandes difficultés à surmonter?

Cela va faire plus de 3 ans que l’on a démarré l’aventure : nous avons remporté plusieurs prix en Suisse, dans le domaine de l’entreprenariat (Prix Genilem, Venture Kick) et du design (Encouragement de la Relève en Design par Pro Helvetia). Ces prix nous ont permis de créer Tourmaline et commencer à planifier la production du jeu.

Nous avons tout d’abord produit des prototypes afin de tester le plus possible en amont la jouabilité, l’ergonomie, les interactions entre les figurines et la tablette. Nous avons fait beaucoup de tests utilisateurs en présentant nos prototypes dans des festivals. En parallèle nous commençions, la création de l’univers, ainsi que les premiers concepts visuels, à la fois de l’île d’Oniri, des personnages et les tout premiers design des objets.

Nous avons commencé la production du jeu début 2016, avec l’arrivée de Mathieu notre développeur, Delphine et Mathilde nos artistes. Nous avons changé cette année là le nom du jeu : il s’appelait Onirigami, nous l’avons changé en Oniri Islands, plus facile à prononcer et à retenir. En 2016 nous avons commencé les 2 premiers chapitres du jeu, et aujourd’hui nous sommes sur Kickstarter pour vous offrir la suite et financer la fabrication de nos premières boîtes de jeu !

Si je devais faire un bilan de ce parcours, c’est une belle aventure humaine et un véritable défi entrepreneurial : notre principale difficulté a été de trouver les fonds nécessaires à la création du jeu. Depuis quelques années la Suisse commence à se créer une petite industrie du jeu vidéo, je vois de très beaux projets se réaliser mais non sans mal, nous n’avons je pense pas encore les bons outils de financement comme peuvent l’avoir des pays comme la France ou le Canada. Il y a d’excellentes initiatives de la part de Pro Helvetia mais quasiment aucune à l’échelle de la ville ou du canton… À mon avis cela manque cruellement au développement de l’industrie numérique et vidéoludique, alors que paradoxalement l’industrie du jeu vidéo est mondialement la plus rentable dans le domaine du divertissement.

Riche réponse, merci Marion. Votre jeu est un crossover entre jeu de plateau, avec les figurines, et jeu vidéo, avec la tablette. Très peu d’éditeurs proposent de telles expériences. Ils préfèrent rester « simple », soit uniquement plateau, soit uniquement numérique. Selon vous, pourquoi est-ce le cas?

Nous avons présenté Oniri à plusieurs éditeurs, à la fois côté jeu de plateau et jeu vidéo. Bien que les retours aient été positifs, d’un côté les éditeurs de jeu de plateau ne pouvaient pas s’engager sur des montants de production d’un jeu vidéo, qui se chiffre au minimum en dizaines voir centaines de milliers de francs. De l’autre, les éditeurs de jeu vidéo  suivent la tendance du “tout dématérialisé”, à part les gros éditeurs de jeux console, peu savent faire de la distribution physique, encore moins les éditeurs de jeux mobiles. Les deux univers ne se croisent que très rarement : lorsque l’éditeur est prêt à la fois à prendre des risques mais surtout à s’ouvrir à quelque chose dont il n’a pas l’habitude.

 

Vous avez lancé le financement participatif jeudi 16 mars. Vous ne demandez que 30’000 USD. C’est plutôt surprenant dans le milieu du jeu de société et des jeux vidéo. La plupart des projets demandent souvent beaucoup, beaucoup plus. Comment parvenez-vous à proposer un montant minimum aussi « doux »?

Si vous jetez un œil à notre page Kickstarter vous constaterez que nous sommes très transparents dans l’utilisation de ce montant : les 30’000 USD vont nous servir à financer la production des moules et la 1ère série de figurines, 1’500 boîtes pour être exacte. Nous travaillons avec Panda Game Manufacturing, qui propose un seuil de production relativement bas pour l’industrie (en général c’est plutôt 5’000 voir 10’000 exemplaires minimum). Nous avons donc calculé très précisément la somme dont on aurait besoin à la fois pour la fabrication des 1ères boîtes et des autres récompenses, le transport et les taxes.

Pour la partie jeu vidéo nous sommes à même de financer la production des 3 premiers chapitres du jeu.

Quels sont vos futurs projets pour Oniri Islands? Ou d’autres, avec votre studio?

Si la campagne est un succès nous produirons d’autres chapitres. Nous commencerons la vente à la fois en ligne et dans des boutiques de jouets et jeux.

Nous avons créé un univers riche pour Oniri, qui nous permettra de développer d’autres aventures avec d’autres jouets à collectionner. Le studio se spécialise dans ce type de jeu, nous avons fait de belles rencontres lors des différents salons où l’on a présenté Oniri et des partenariats avec de grands noms du jouets sont à entrevoir pour d’autres productions. Aussi nous réalisons de temps à autres des mandats pour des clients dans le domaine du jeu, du design d’interaction et de la communication visuelle.

Merci Marion pour toutes ces réponses, et nous vous souhaitons de pouvoir réaliser votre projet. Un beau projet.

La page KS d’Oniri Islands.

Et en parlant de jeu vidéo (ou à peu près), si vous êtes à Paris, le 1er mars s’est ouvert une expo sur le jeu vidéo à travers le temps. Game. C’est dans le 7e arrondissement à l’espace Fondation EDF jusqu’au 27 août. Le lien de l’expo est ici. 

Les figurines d’Oniri Islands
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