
Quand le Monopoly se réinvente. Ou presque.
Que les choses soient claire: il y a deux choses que nous détestons chez Gus&Co : les pâtes trop cuites et le Monopoly.
Ce jeu de société traditionnel aussi vieux que les plaques tectoniques présente beaucoup d’écueils rédhibitoires : déplacement au dé, hasard de la pioche, parties longues, matériel hideux et thème ultra-capitaliste.
Mais en septembre le Monopoly se réinvente, ou presque, plutôt que de proposer d’acheter des hôtels, avec Monopoly Empire vous pourrez enfin acheter des actions de société, le revendre, tout ça. Oui, le Monopoly devient traders-friendly.
Et, cerise sur le gâteau des sub-primes, plutôt qu’un chapeau ou un fer à repasser, les nouveaux pions sont devenus des icônes du néo-libéralisme rampant. Rien de tel que de jouer à Monopoly avec une grande frite.
Moi je dis BRAVO Hasbro, il est temps que nos têtes blondes apprennent enfin à jouer à la bourse et à investir dans des entreprises, ça les préparera pour leur avenir professionnel et radieux.
Mais y aura-t-il au moins dans ce nouvel Monopoly au titre incisif et évocateur d’Empire une case « plan social pour licenciement massif pour optimisation des coûts », jouxtant celle des « bonus pour actionnaires »?
Vous me trouvez cynique?
Dans l’excellent article de Julien intitulé Jeux de société traditionnels VS jeux de société modernes, voici ce qu’il dit, à juste titre, à propos du Monopoly :
« A tout seigneur, tout honneur, commençons par le Monopoly. Un jeu où vous avez deux actions à choix: « lancer des dés et espérer tomber sur la bonne case » ou « regarder quelqu’un lancer des dés et espérer qu’il tombe sur la mauvaise case ».
Le Monopoly introduisait certes un très léger aspect de gestion dans la mesure où il fallait gérer son argent et choisir d’acheter ou non des rues puis des bâtiments. Mais il n’en reste pas moins que l’on est en face d’un jeu de l’oie, amélioré certes, mais jeu de l’oie quand même.
Je ne reproche pas au Monopoly de m’avoir fait passer de mauvais moments en y jouant. C’est plutôt aujourd’hui qu’il me fait du mal. Quand je propose à des non-joueurs une partie de jeu de société, ils me regardent avec de grands yeux et se voient déjà lancer des dés et manipuler de faux billets de banque. Pendant 2 heures. C’est à ce moment-là qu’ils choisissent de rentrer/prendre un chocolat pour s’étouffer avec/sauter par la fenêtre. Ou se rouler en boule en hurlant « Non, je veux plus aller chez grand papa et grand maman, on s’ennuie! ». Bravo à Julien. Pour lire le reste.
5 Comments
Stephane Anquetil
C’est plein d’erreurs, comme quoi quand on s’énerve pour de simples raisons personnelles et politiques, on oublie le minimum de recherche et de recul.
1. Il y a une phase d’enchère dans le Monopoly. Oui, on l’a oublié, mais il y’en a une, et on peut ainsi négocier un sérieux rabais au bluff sur le prix d’achat. Relire les règles.
2. Le Monopoly n’est pas un jeu capitaliste, mais de dénonciation du capitalisme et du marché immobilier de son époque. Là encore un peu de recherche ne ferait pas de mal. Ensuite il est né en pleine crise économique (une vraie, avec des gens qui se suicident et font la queue pour bouffer).
3. C’est un Monopoly des marques. C’est intéressant cette confusion entre une marque et une entreprise. Par exemple, je lit XBox sur la boite, XBox est une marque et une gamme de produit qui appartient à Microsoft, ce n’est pas une entreprise. On ne peut pas acheter une partie d’une marque, il n’y a qu’un seul propriétaire. Il y’aurait en effet bcp de choses à dire sur l’attachement des consommateurs à une marque. Le renversement de valeur opéré est doublement intéressant, faire croire au consommateur/acheteur du jeu qu’il peut posséder une partie du rêve de ses marques préférées, alors que c’est doublement faux : a. c’est un jeu. b. c’est pas des marques qu’il dois acheter mais actions d’entreprises en bourse (si elles y sont). Mais finalement ça rejoint l’origine du jeu : se défouler en étant ce qu’on est pas et ce qu’on subit (la dictature des marques, la loi des grands groupes supra-nationnaux).
4. Acheter des actions, tout le monde peut le faire, donc un des meilleurs moyens de pression sur une entreprise, c’est d’acheter des actions en nombre. N’importe qui peut toucher des dividendes.
elyoukey
Certes il a été créé comme anticapitaliste (chose que j’ai apprise en parcourant les liens du site sur lequel on est), mais aujourd’hui ce n’est pas du tout pour ça qu’il est connu. L’histoire de ce jeu est vraiment moche, ironique et révélateur de notre époque, à tel point que c’en est déprimant.
Ma seule et unique partie de monopoly se résume en plusieurs horribles heures mais en une seule case : prison. je ne suis pas prèt d’y remettre les dés.
bulbisi
sinon dans une tournure plus humoristique, … http://www.youtube.com/watch?v=_9GmFZDshWg&feature=share&list=PLFAF8D24BBD60C983 😀
Gus
Excellent Chris, merci !!! Vais en faire un post du coup (en te citant). A samedi prochain.
Stéphane ROGER
Article qui se voulait être polémique, mais qui se plante dans sa démonstration !
5. Oui au monopoly le système de déplacement est basé sur un jet de dés, comme sur le jeu de l’oie.
Le fait est que le monopoly est un palimpeste n’est pas critiquable, il y a au temps de points commun entre les jeux de la liste suivante, qu’entre le jeu de l’oie et le monopoly :
(Kindomino palimpeste du domino, Five Tribes palimpeste de l’Awele,le petit prince de Memory, Quarto de puissance 4 !, Loups Garou de Thercelieu de Mafia, les aventuries du rail du jeu des 7 familles, Abracada quoi et Hanabi, SmallWorld et Risk, Augustus et le Loto…)
Dans ce cas là … Bashing de Cathala, des As d’Or et des Spiel
Pour ma part chaque jeu à ses defauts mais aussi ses qualités : le monopoly à des qualités :
– Pour les plus jeunes ( première sensation de manipuler des billets, dépenser et gagner de l’argent, la frustration de l’inégale répartition des richesses, sensibilisation à l’élimination sociale par le manque de richesse)
– Apprendre par la curiosité (comme Dominion) si tu expertises le jeux par la lecture des cartes et des règles tu élabores des stratégies.
– Tester et améliorer ses compétences en négociation, enchère, bluff
– Le jeu est amusant 😉
Trop de critiques sont prononcés par une méconnaissance du jeu basé sur des représentations et des stéréotypes.