Jeux de plateau

Un thème qui vous dérange?

Dans le numéro 29 du podcast ludique Proxijeux j’étais intervenu pour parler de thèmes de jeux qui pouvait déranger, à la suite d’une situation intéressante qui m’était arrivée.

En effet, en proposant une partie d’Axis and Allies (wargame qui se déroule pendant la deuxième guerre mondiale) à mon ami PYV, celui-ci m’a dit refuser d’y jouer, avançant l’argument qu’il n’appréciait pas du tout les jeux à thèmes réalistes, historiques, récents et belliqueux.

Je me suis alors souvenu de ma critique de l’époque de l’excellent Manhattan Project, au thème… particulier. Il s’agit d’y construire une bombe atomique. Ma critique du tout récent Ici Londres a également suscité quelques commentaires.

Bref, peut-on jouer avec n’importe quel thème? Qu’en pensez-vous? Est-ce qu’un thème d’un jeu vous a déjà dérangé?

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5 Comments

  • UltraLord

    Question complexe, comme l’est celle de l’humour. Peut-on rire de tout le monde ? Oui, mais pas avec n’importe qui … Je pense que là est véritablement le coeur du problème.

    Le cas qui ressort souvent est celui des colons de Catane. Je n’ai plus les détails précis, mais lors d’une conférence qui abordait ce jeu, une personne avait demandé : « mais ils sont où maintenant les gens qui étaient là ? ». Oui, qui dit colons, dit qu’avant ce n’étaient pas à eux, et que donc ils sont peut être sur les terres de quelqu’un d’autre. Pour le détail, la personne évoquait les questions politiques des colonies en Palestine …

    Sauf que les colons de Catane n’est pas un jeu politique où l’enjeu est de chasser des populations pour s’intaller … C’est un jeu où le prétexte est de développer une civilisation sur une île, et que c’est le nom Colons qui est tombé, comme il aurait pu être tout autre … Une intervention donc à mon avis totalement déplacée, car tout n’est pas politique dans la vie … et peut être et surtout le jeu.

    La question du thème pour moi ne se pose pas. On peut jouer sur n’importe quel thème. Si vraiment le thème me dérange, je n’y jouerai pas tout simplement. Libre à ceux qui l’apprécieront d’y jouer. Je ne ferai donc pas de politique sur le sujet.

    Après, comme tout un chacun, j’ai mes sensibilité et mes affinités qui font que je jouerai plus volontier un thème post-apocalyptique ou cyberpunk qu’un thème guilleret à la télétubbies. Pour autant … pourquoi pas un jeu sympathique à base de télétubbies et de clown à fleur qui crache de l’eau …

    Car finalement, la question qui se cacher derrière est : le jeu est-il un bon média pour faire de la politique ? Et oui, pour moi, le jeu a vocation à divertir : « jouer ». Un jeu doit me faire passer un bon moment, une belle aventure ou une belle joute intellectuelle (vais-je faire manger tout ses kubenboa à mon adversaire ?).

    Pour moi, le jeu n’est pas un bon support médiatique pour la politique. Ou alors le jeu n’a pas à être joué. Si vous voulez faire un jeu pour condamner l’holocauste, le racisme et les politiques missionnaires des siècles précédents, alors ne le prévoyez pas comme un jeu. Prévoyez le comme un ensemble de document à consulter, à farfouiller … Un jeu de société est trop linéaire pour imposer une réflexion.

    Eventuellement, si vous vous intéressez au jeu de rôle, la question est plus délicate. En effet, dans la mesure où vous pouvez raconter une histoire, vous amener sur la table des relations de causalité entre les faits, et dès lors, vous pouvez amener une réflexion sur des problèmes éthiques, politiques, religieux, …

    Mais pour ce qui est du jeu de société, non, j’ai même plutôt tendance à être curieux des thèmes politiquement incorrects. Dans un monde où on n’a le droit de dire de moins en moins de chose, c’est un exutoire, un endroit où l’on peut aborder à la légère des sujets qui pourtant ne semble plus s’y prêter …

    Après, chaque jeu ne convient pas à tous les publics. Un jeu sur l’holocauste et l’optimisation des horaires des zonder commandos ne plaira pas forcément à beaucoup de monde. En même temps, on peut aussi aborder des sujets de manière plus subtile.

    Mais comme pour tout, il faut savoir trouver la juste mesure.

  • Raphaël Donzel

    Tiens… Je n’aurais pas pensé que dès le premier commentaire la question de la pertinence du jeu comme expression politique serait apparue.

    Du coup je suis embêtée. J’ai constaté que je fais un vrai blocage sur les jeux à thème « paysan ». En particulier Agricola et Demetra. J’ai essayé, je n’arrive pas à me concentrer sur les règles, je m’y ennuie, alors que mes amis adorent.

    Ceci dit, je ne suis pas d’accord avec UltraLord. Je pense que le jeu est un support comme un autre pour faire passer un message politique.
    Par exemple, pour rester dans le thème « paysans », le jeu Pom-Pom (éditions jeux opla) propose de cultiver des fruits et légumes de saison, en évitant autant que possible la surproduction et où aucune carte « pesticide ou engrais » ne viendra te sauver des catastrophes naturelles. Ce jeu a un message. D’autant que l’éditeur a pris soin de ne faire que de la fabrication française avec des encres bio-dégradables.
    Dans ce cas précis le message est à la fois dans le contenant (les matériaux) et le contenu (la mécanique ludique).

    Pour aller plus loin, je pense qu’un jeu à thème moins correct, incite quand même à la réflexion.
    Un exemple en creux très parlant : Puerto Rico. L’éditeur a choisi de ne pas préciser dans son thème que la main d’oeuvre gratuite et corvéable à merci représentée par des petits cubes marrons, c’est de l’esclavage. C’est très clair quand on y réfléchi, mais choisir de ne pas dire aux joueurs qu’ils sont esclavagistes de fait, c’est leur permettre de faire cette réflexion eux-même.

    Dernier exemple : Junta, un jeu où l’on incarne une famille politique dont le but est de détourner le plus d’argent possible vers la Suisse. Ce n’est pas politiquement correct, c’est extrêmement jouissif à jouer, mais en plus le jeu offre une critique extrêmement efficace de l’élection comme moyen d’éviter la corruption (Si le bloggueur-joueur Merome passe par là, spéciale dédicace). Pire : il se révèle incroyablement raccord avec l’actualité Française récente où le ministre en charge de la lutte contre la fraude fiscale avait lui-même un compte en Suisse pour éviter l’impôt.
    Le jeu Pagamas, qui a une mécanique proche de celle de Junta mais sur le thème d’une mutinerie pirate passe à côté de cette critique : le thème de Junta fait donc passer un message politique fort, au-delà de sa mécanique.

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