Call of Duty : l’IA s’invite au Congrès américain
😡 « AI Slop »: Quand Call of Duty utilise de l’art IA bas de gamme, les joueurs et les politiques voient rouge. La révolution est en marche ?
Call of Duty et l’IA : Quand un doigt de trop déclenche une crise politique

L’essentiel en 3 points :
- Call of Duty: Black Ops 7 intègre des images générées par IA de faible qualité (« AI slop »), comme une main à six doigts, provoquant la colère.
- Le député américain Ro Khanna utilise ce scandale pour exiger des régulations strictes, visant à protéger les artistes et à taxer les entreprises qui remplacent les humains par l’IA.
- La controverse illustre un débat de société majeur sur l’équilibre entre innovation technologique et préservation de la créativité humaine.
Le doigt de trop. C’est tout ce qu’il a fallu pour transformer le lancement du dernier Call of Duty: Black Ops 7 en un débat national sur l’avenir de la créativité.
On le sait, chaque sortie de Call of Duty est un événement. Mais cette fois-ci, mi-novembre, ce ne sont ni la méta du multijoueur ni les secrets de la campagne qui ont enflammé la toile. Non, c’est un détail visuel bizarre, presque grotesque, qui a mis le feu aux poudres : une main à six doigts. 🤦♂️
Le syndrome du « AI Slop »
Quelques heures après le lancement, les joueurs et les joueuses ont commencé à partager des captures d’écran étranges. Des calling cards (ces cartes de visite qui personnalisent votre profil) arboraient un style « dessin animé » façon Studio Ghibli, totalement décalé par rapport à l’esthétique militaire habituelle de la série. Mais surtout, les détails clochaient. Des perspectives impossibles, des objets fusionnés et, bien sûr, la fameuse main à six doigts sur la carte « Reeled In ».
Le diagnostic de la communauté a été immédiat : Intelligence Artificielle.
Ce n’est pas la première fois qu’Activision joue avec le feu. Mais cette fois, la réaction a été virulente. Sur les forums, un terme est revenu en boucle : « AI slop » (littéralement, « bouillie d’IA »). Une expression cinglante pour qualifier ces visuels génériques, de faible qualité, perçus comme un manque d’effort créatif et une insulte à la « patte humaine » que l’on attend d’un jeu AAA vendu 80€.
Résultat ? Black Ops 7 est actuellement l’un des épisodes les plus mal notés de l’histoire de la franchise.
Activision se défend (maladroitement)
Face à la controverse, Activision a dû réagir. Oui, ils utilisent l’IA. Une mention a même été ajoutée discrètement sur Steam : « Notre équipe utilise des outils d’IA générative pour le développement de certains éléments du jeu ».
Leur défense officielle ? L’IA est un simple « outil » pour « soutenir » les équipes créatives, et le processus reste « mené par les individus talentueux » des studios. Un discours rassurant en surface, mais qui sonne creux. L’éditeur refuse de dire quels assets sont concernés et semble contredire ses déclarations précédentes où il jurait que tout était « 100% retravaillé par des humains ».
Pour beaucoup, c’est la preuve qu’Activision a décidé de passer en force, banalisant l’IA au détriment de la qualité artistique. Du reste, la plateforme a même décidé de rembourser les joueurs et joueuses qui le souhaiterait, pour « usage non explicite de l’intelligence artificielle dans le développement des éléments du jeu« .
Quand la politique s’en mêle
C’est là que l’histoire prend une tournure inattendue. Ce scandale de pixels n’est pas resté confiné aux forums de joueurs. Il est remonté jusqu’au Congrès américain.
Ro Khanna, député démocrate de Californie, et ironiquement, l’élu de la Silicon Valley, a publiquement fustigé Activision. Pour lui, l’affaire Black Ops 7 est le symptôme d’un problème plus grave : l’utilisation de l’IA non pas pour innover, mais pour supprimer des emplois et maximiser les profits.
« Nous avons besoin de régulations qui empêchent les entreprises d’utiliser l’IA pour supprimer des emplois afin d’augmenter leurs profits », a-t-il déclaré sur X.
Khanna n’est pas anti-technologie. Il reconnaît que l’IA peut être positive si elle « sert les gens ». Mais il refuse qu’elle devienne une machine à broyer les emplois créatifs et propose des solutions concrètes :
- Le pouvoir aux artistes : Les créateurs doivent avoir leur mot à dire sur la manière dont l’IA est déployée.
- Partage des bénéfices : Si l’IA génère des gains de productivité, les employés doivent en toucher une part.
- Taxe sur les licenciements : Il suggère même une taxe sur les licenciements de masse liés à l’automatisation.
L’industrie à la croisée des chemins
Son coup de gueule fait écho à un mouvement de fond. Récemment, à Hollywood, le syndicat des acteurs et des actrices (SAG-AFTRA) a obtenu des protections historiques contre l’usage abusif de l’IA. Le jeu vidéo est désormais le nouveau champ de bataille.
L’industrie est divisée. D’un côté, des géants comme Nexon affirment que « chaque studio de jeux utilise désormais l’IA ». C’est un outil inévitable. De l’autre, développeurs, artistes et joueurs réclament de la transparence et le respect du travail humain.
L’affaire Black Ops 7 illustre parfaitement ce dilemme. Si les éditeurs persistent à intégrer de l' »AI slop » sans discernement, ils risquent de s’aliéner une communauté attachée à l’authenticité.
Le message de Ro Khanna est un signal clair aux géants du secteur : l’ère de l’expérimentation non contrôlée touche peut-être à sa fin. Le débat ne fait que commencer, et il dépasse largement le cadre d’une simple carte de visite ratée. C’est l’équilibre entre innovation et déshumanisation qui est en jeu (oui, c’est le cas de le dire), un débat qui se joue désormais aussi bien dans nos consoles que dans les arènes politiques. L’affaire Call of Duty Black Ops 7 nous prouve une chose : dans le jeu vidéo, le moindre pixel peut devenir politique.
Et encore une chose
Tout récemment, la Suisse aussi est touchée par cette utilisation de l’IA pour générer des images commerciales. Et d’une vague de résistance.
Il y a quelques jours, les CFF, pour « Chemins de fer fédéraux suisses », la… SNCF suisse, se sont faits encarter par leur utilisation de l’IA. Et ça ne passe pas.

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One Comment
Julian
Le jeu a été certes très critiqué et très mal noté mais les serveurs de jeu sont pleins…