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Autour du jeu vidéo

Arabie Saoudite : Des investissements colossaux dans le jeu vidéo

🎮 L’Arabie Saoudite rachète EA, Scopely et Niantic ! Comment le royaume utilise des milliards pour dominer le jeu vidĂ©o.


Arabie Saoudite : Le nouveau boss final du jeu vidéo mondial ?

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L’essentiel en 3 points :

  • L’Arabie Saoudite injecte des dizaines de milliards, rachetant des gĂ©ants comme EA (55 Mds$), Scopely (Monopoly Go!), Niantic (PokĂ©mon Go), et devenant le plus grand investisseur externe de Nintendo.
  • La stratĂ©gie vise la diversification Ă©conomique (Vision 2030), mais sert surtout d’opĂ©ration de Soft Power pour redorer l’image internationale du royaume malgrĂ© les critiques sur les droits humains.
  • Ces rachats soulèvent des inquiĂ©tudes critiques sur la crĂ©ativitĂ© (endettement massif d’EA via LBO) et la sĂ©curitĂ© (surveillance potentielle via les donnĂ©es de localisation de Niantic).

Pendant que vous lanciez les dés sur Monopoly Go!, vous contribuiez sans le savoir à la plus grande opération de Soft Power du 21e siècle.

Le monde du gaming vient de changer de dimension. Oubliez les guerres de consoles traditionnelles. Un nouvel acteur, aux poches infinies et Ă  l’ambition dĂ©vorante, est en train de rĂ©aliser l’OPA la plus spectaculaire de l’histoire du divertissement : l’Arabie Saoudite.

Le coup de tonnerre est tombĂ© en 2025 : Electronic Arts (EA), l’Ă©diteur de The Sims, EA Sports FC (ex-FIFA) et Apex Legends, a Ă©tĂ© rachetĂ© pour 55 milliards de dollars par un consortium menĂ© par le Fonds d’Investissement Public (PIF) saoudien. C’est colossal. Mais ce n’est que la pièce maĂ®tresse d’une stratĂ©gie bien plus vaste. Du reste, ils ont Ă©galement investi dans Embracer, la maison-mère d’Asmodee.

Le chéquier illimité de MBS

Derrière cette offensive se trouve le Prince HĂ©ritier Mohammed ben Salmane (MBS). MBS, qui se dĂ©crit lui-mĂŞme comme un « gamer », pilote le PIF et a une vision claire : faire de l’Arabie Saoudite le hub mondial du gaming d’ici 2030.

Pour cela, ils ont créé le Savvy Games Group (SGG) avec une enveloppe initiale de près de 38 milliards de dollars. Et ils ont fait chauffer la carte bleue :

L’Arabie Saoudite n’achète pas seulement des studios. Elle achète l’Ă©cosystème.

Vision 2030 et le « Gamewashing »

Officiellement, cette stratĂ©gie s’inscrit dans « Vision 2030 », le plan pour diversifier l’Ă©conomie et prĂ©parer l’après-pĂ©trole. Dans un pays oĂą 70% de la population a moins de 35 ans et joue rĂ©gulièrement, c’est logique.

Mais soyons lucides. C’est aussi une opĂ©ration massive de Soft Power. PossĂ©der des icĂ´nes culturelles mondiales permet Ă  Riyad de projeter une image de modernitĂ©. C’est ce qu’on appelle le « Gamewashing » (ou « Sportswashing » pour le foot et la F1) : utiliser le divertissement pour faire oublier un bilan catastrophique en matière de droits humains (rĂ©pression, droits des minoritĂ©s inexistants, affaire Khashoggi…).

Et MBS l’assume totalement. Face aux critiques, il a dĂ©clarĂ© : « Si le sportswashing augmente mon PIB de 1 %, alors je continuerai Ă  faire du sportswashing ». Le cynisme Ă  son paroxysme.

Dette et données

Cette offensive n’est pas sans consĂ©quences graves pour l’industrie que nous aimons.

Le piège de la dette d’EA : Le rachat d’EA Ă  55 milliards est un « LBO » (Leveraged Buyout). Concrètement, 20 milliards de dollars de dettes ont Ă©tĂ© mis sur le dos d’EA pour financer son propre rachat. La pression pour gĂ©nĂ©rer du cash va ĂŞtre immense. La consĂ©quence probable ? Moins de risques crĂ©atifs, plus de franchises annualisĂ©es et une monĂ©tisation encore plus agressive. La prioritĂ© n’est plus de faire de bons jeux, mais de rembourser la dette.

PokĂ©mon Go, outil de surveillance ? L’acquisition de Niantic est peut-ĂŞtre la plus inquiĂ©tante. PokĂ©mon Go collecte des donnĂ©es gĂ©ospatiales prĂ©cises en temps rĂ©el, des schĂ©mas de dĂ©placement, et utilise les camĂ©ras de millions de joueurs. Voir ces donnĂ©es entre les mains d’un État ayant un historique de surveillance numĂ©rique agressif pose de sĂ©rieuses questions de sĂ©curitĂ© et de vie privĂ©e.

Le choc des cultures : Comment concilier la propriĂ©tĂ© d’un jeu comme The Sims, connu pour son inclusivitĂ©, avec un pays aux lois sociales strictes ? Le grand Ă©cart semble intenable.

L'investissement massif de l'Arabie Saoudite dans le gaming est-il selon vous...

Une partie Ă  haut risque

L’Arabie Saoudite s’est achetĂ©e une place de choix Ă  la table des gĂ©ants. C’est l’une des manĹ“uvres gĂ©opolitiques les plus audacieuses du 21e siècle. Reste Ă  savoir si la manette parviendra Ă  faire oublier les zones d’ombre du royaume, ou si l’industrie crĂ©ative paiera le prix fort de ce pari fou.


FAQ : Comprendre l’offensive saoudienne sur le jeu vidéo

Quels sont les principaux investissements ?
L’Arabie saoudite a injecté des dizaines de milliards dans l’industrie :

  • Rachat d’Electronic Arts pour 55 milliards $.
  • Acquisition de Scopely (4,9 milliards $) et de la division jeux de Niantic (PokĂ©mon Go).
  • Prise de contrĂ´le de ESL et FaceIt (e-sport).
  • Participation de 8,5 % dans Nintendo.

Qui pilote cette stratégie ?
Le projet est mené par :

  • Le prince hĂ©ritier Mohammed ben Salmane, passionnĂ© de jeux.
  • Le Fonds d’investissement public (PIF), bras financier du royaume.
  • Le Savvy Games Group (SGG), chargĂ© de gĂ©rer les 38 milliards $ dĂ©diĂ©s au secteur.

Pourquoi investir autant dans le jeu vidéo ?
Officiellement, cela s’inscrit dans le plan Vision 2030 :

  • Diversifier l’économie au-delĂ  du pĂ©trole.
  • Offrir des opportunitĂ©s Ă  une population jeune et connectĂ©e.

Qu’est-ce que le “Gamewashing” ?
C’est une stratégie d’image : utiliser le jeu vidéo pour améliorer la réputation du royaume, ternie par les violations des droits humains. Une version numérique du “sportswashing”.

Quels risques pour la créativité ?
Le rachat d’EA, financé par un lourd endettement, risque de :

  • Prioriser les profits sur la qualitĂ©.
  • RĂ©duire la prise de risque artistique.
  • AccroĂ®tre la monĂ©tisation (DLC, microtransactions).

Pourquoi Niantic (Pokémon Go) inquiète-t-elle ?
Ses jeux collectent des données géolocalisées sensibles. Leur transfert à une entreprise liée à un État connu pour sa surveillance numérique pose des problèmes de confidentialité mondiale.

Y a-t-il un risque culturel ?
Oui. Des franchises comme The Sims, prônant inclusion et liberté, appartiennent désormais à un pays aux normes sociales très restrictives, créant une tension entre les valeurs des jeux et celles de leurs propriétaires.

Quel est l’objectif final ?
L’Arabie saoudite veut contrôler toute la chaîne du divertissement vidéoludique — du développement à l’e-sport — pour renforcer son influence mondiale et remodeler son image via le “soft power” du jeu vidéo.

En résumé
Riyad n’achète pas seulement des studios, mais une part de la culture mondiale. Reste à savoir si l’industrie du jeu gardera son indépendance face à cette offensive géopolitique sans précédent.


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