Illustration isométrique d'un navire à conteneurs naviguant sur la mer avec des nuages blancs dans le ciel, transport maritime.
Écologie,  Jeux de plateau

Une révolution verte en marche dans le transport maritime !

🚢 Le transport maritime à la croisée des chemins : comment transformer ces mastodontes polluants en champions de la transition énergétique ?


Nous allons aujourd’hui parler d’une petite rĂ©volution en marche dans le monde Ă´ combien « passionnant » (vous apprĂ©cierez les guillemets) du transport maritime. Et qui risque, ma foi, de faire quelques vagues (maritime, vagues… OK je sors) jusqu’Ă  notre cher secteur du jeu de sociĂ©tĂ© !

Le transport maritime, une histoire d’amour (polluante) avec Dame Nature

Mais d’abord un peu de contexte. Levons le la voile sur cet univers maritime qui nous est finalement assez mĂ©connu. Saviez-vous par exemple que 90% du commerce mondial transite par voie maritime ? Rien que ça ! 12 milliards de tonnes de marchandises acheminĂ©es chaque annĂ©e Ă  travers les mers et ocĂ©ans de notre planète bleue sur des mastodontes flottants.

Ces porte-conteneurs gĂ©ants et autres pĂ©troliers sont certes cruciaux pour notre Ă©conomie. Mais ils ont aussi, hĂ©las, un impact terrible sur l’environnement, Ă©mettant près de 3% des gaz Ă  effet de serre de la planète ! De quoi donner le mal de mer Ă  notre belle Dame Nature. Et, il faut le relever, le nombre de porte-conteneurs ne cesse d’augmenter.

Heureusement, sous la pression de l’opinion publique et des COP successives, dont celle Ă  DubaĂŻ qui se dĂ©roule justement ces jours, les choses bougent enfin ! Les armateurs ont pris conscience de l’urgence Ă  verdir leurs flottes si on veut tenir les objectifs climatiques. Exit le bon vieux fioul, bonjour les carburants propres ! Une vĂ©ritable rĂ©volution est en marche sur tous les ocĂ©ans.

Nestlé joue les brise-glaces du green washing

C’est dans ce contexte dĂ©jĂ  très houleux qu’un gĂ©ant de l’agroalimentaire vient de faire des vagues en annonçant son intention de verdir 50% du transport maritime de ses produits d’ici 2024. Je parle de qui ? De notre compagnie suisse chĂ©rie (et souvent dĂ©criĂ©e) NestlĂ© !

Concrètement, comme il l’a annoncĂ© cette semaine, le groupe suisse va utiliser des carburants fabriquĂ©s Ă  partir de dĂ©chets, comme le mĂ©thanol.

De quoi parle-t-on concrètement quand on Ă©voque des carburants Ă  base de dĂ©chets ? Il s’agit donc principalement de mĂ©thanol produit en rĂ©cupĂ©rant le mĂ©thane qui s’Ă©chappe des dĂ©charges. Autrement dit, c’est du mĂ©thane qui finirait dans l’atmosphère oĂą ce gaz a un fort pouvoir rĂ©chauffant !

Si l’on parvient Ă  capter ce mĂ©thane au lieu de le laisser filer, et Ă  le transformer en un combustible propulsant les bateaux pour le transport maritime, l’impact climatique pourrait ĂŞtre très positif. On peut certes se montrer sceptique. Les dĂ©chets, c’est pas ouf non plus. Il faut aussi trouver le moyen de rĂ©duire nos dĂ©chets Ă  l’Ă©chelle planĂ©taire, et la production de mĂ©thane Ă  partir de dĂ©charges ne doit pas devenir un blanc-seing pour les maintenir, voire les… agrandir !

C’est hĂ©las une stratĂ©gie utilisĂ©e par certains secteurs pour contourner l’Ă©pineuse nĂ©cessitĂ© de limiter les dĂ©chets. Attention donc, le potentiel de ces solutions est limitĂ©. D’autres pistes existent : production de carburants de synthèse via les Ă©nergies vertes, propulsion assistĂ©e par le vent, moteurs sur batteries…

Et pourquoi ne pas Ă©tudier l’amĂ©lioration de l’efficacitĂ© Ă©nergĂ©tique des bateaux ? Car l’objectif, c’est bien d’atteindre zĂ©ro Ă©mission. Le secteur maritime s’y est engagĂ© pour 2050. Cinq grands armateurs viennent mĂŞme de signer une charte en ce sens !

Et ces nouveaux carburants pourraient rĂ©duire les Ă©missions de CO2 de plus de 70% ! Une sacrĂ©e performance qui change la donne ! Cerise sur le gâteau, NestlĂ© table sur 200 000 tonnes de CO2 en moins par an, soit la consommation d’une ville de 500 000 habitants ! Oui oui, vous avez bien entendu lu.

Bref, on ne peut que saluer ce genre d’initiatives qui montrent que certains gĂ©ants de l’industrie ont enfin dĂ©cidĂ© de mettre la main Ă  la pâte pour contrer le dĂ©règlement climatique. Mieux vaut tard que jamais, n’est-ce pas ?

Et le jeu de société dans tout ça ?

Mais au fait, me demanderez-vous et vous auriez raison, quel est le rapport avec les jeux de sociĂ©tĂ© dans tout ça ? Et bien justement, j’y viens !

Car figurez-vous que le transport maritime est intimement liĂ© Ă  notre passion commune qu’est le jeu de sociĂ©tĂ© ! Rappelez-vous la genèse de ce marchĂ© : dans les annĂ©es 80/90, la plupart des jeux qui cartonnaient en France venaient d’Allemagne. Lorsque la mode des jeux amĂ©ricains a dĂ©ferlĂ© dans les annĂ©es 2000, transatlantiques et porte-conteneurs se sont alors remplis Ă  ras bord de boĂ®tes de jeux made in USA made in China, en vrai !

Aujourd’hui, la situation n’a guère changĂ©. La plupart de nos chers jeux de sociĂ©tĂ©, tous pays confondus,transitent allègrement par voie maritime avant d’atterrir dans nos salons. Qu’il s’agisse des incontournables Catane et Carcassonne (made in Germany), ou des succès type Dobble ou The Art Project venus de Chine, ces millions de boĂ®tes multicolores sillonnent joyeusement les mers du globe avant de nous faire passer une soirĂ©e chouette entre potes.

Cerise sur le gâteau, le marchĂ© ludique continue de croĂ®tre Ă  vitesse grand V depuis 2020 ! Rien qu’en France, les ventes ont explosĂ© de 20% chaque annĂ©e, boostĂ©es par les confinements. Le chiffre d’affaires hexagonal dĂ©passe dĂ©sormais le milliard d’euros ! Idem au niveau mondial oĂą le secteur pèserait environ 12 milliards de dollars selon les analystes. Autrement dit, pas de risque de manquer de fret pour les armateurs !

Mais ce modèle logistique si crucial pour l’industrie du jeu et du jouet a aussi son revers de mĂ©daille : son impact carbone non nĂ©gligeable liĂ© Ă  l’utilisation de porte-conteneurs et cargos fonctionnant au carburant fossile traditionnel.

Verdir la chaîne logistique, un joker dans la manche des industriels

Heureusement, le vent semble tourner avec des groupes comme NestlĂ© qui s’engagent Ă  verdir le transport de leurs marchandises. Et notre chère industrie ludique pourrait bien en profiter aussi !

En effet, si des solutions type mĂ©thanol ou biocarburants se gĂ©nĂ©ralisaient, elles pourraient s’appliquer rapidement aux flux logistiques des gĂ©ants du jouet comme Hasbro, AsmodĂ©e, Hachette ou Ravensburger. Adieu vilaine fumĂ©e noire des cargos, bonjour transports plus propres !

Ces initiatives « green » pourraient renforcer encore plus l’attrait des jeux de sociĂ©tĂ© face aux consommateurs et consommatrices de plus en plus soucieuses du climat. L’argument commercial est tout trouvĂ© : « Venez dĂ©couvrir notre dernier jeu 100% transport maritime dĂ©carbonĂ© pour sauver la planète tout en vous amusant ! ». Car oui, on peut allier les deux. MĂŞme si bon, faire produire en Chine un jeu uniquement composĂ© de papier et de carton peut faire froncer un ou deux sourcils.

Autre bonne nouvelle : cette transition verte, si coûteuse soit-elle, devrait à terme permettre aux géants du jeu de société de réaliser des économies substantielles une fois les solutions innovantes amorties. De quoi doper leurs marges et financer encore plus de nouveaux projets responsables !

Sobriété et circuits courts, nouvelles règles du jeu ?

Bref, tout le monde devrait y trouver son compte dans cette partie en faveur d’un transport ludique plus durable : planète, industriels, actionnaires et nous, simples joueurs et joueuses assoiffĂ©es de nouveautĂ©s. Alors, verrons-nous bientĂ´t des versions Ă©colos de nos 7 Wonders, Lorcana et autres Dixit ? Affaire Ă  suivre, les dĂ©s sont jetĂ©s !

Mais ne vendons pas la peau de l’oursin tout de suite, diront certains (grincheux ?) sceptiques. Car des dĂ©fis de taille restent encore Ă  relever ! Je pense ici aux questions cruciales d’approvisionnement et de coĂ»ts. Comment produire ces fameux biocarburants Ă  grande Ă©chelle ? Seront-ils accessibles Ă  tous les acteurs ou accaparĂ©s par quelques gros poissons comme NestlĂ© ? Autant d’interrogations qui feront sans doute tanguer le navire avant d’arriver Ă  bon port (oui je suis en forme aujourd’hui cĂ´tĂ© mĂ©taphores maritimes).

Il faudra aussi probablement revoir en profondeur (encore ?) les modèles Ă©conomiques du secteur s’ils veulent espĂ©rer tenir le cap de la neutralitĂ© carbone en 2050. SobriĂ©tĂ© et circuits courts seront les maĂ®tres mots ! Fini le temps de la surproduction dĂ©bridĂ©e et du jetable en mode jeux kleenex. Place au lent et durable !

Saurons-nous rĂ©inventer le modèle pour concilier les aspirations lĂ©gitimes de ce marchĂ© en plein boom et les impĂ©ratifs Ă©cologiques ? Le pari est de taille mais je reste persuadĂ© que notre belle industrie regorge de crĂ©ativitĂ© pour relever ces dĂ©fis ! Pour autant que l’envie y soit. Car, au fond, le jeu le plus Ă©cologique est celui qui n’est pas… Ă©ditĂ©.

Conclusion : L’esprit du jeu au secours du climat !

Alors, Ă  quand le premier « Green Board Game Award » pour rĂ©compenser les efforts de notre chère industrie en matière de durabilitĂ©, Ă  l’image de ce que fait le festival Parthenay avec son prix Éco-Ludique ? Et pourquoi pas lancer un tel prix sur Gus&Co ? On va sĂ©rieusement y rĂ©flĂ©chir pour cette fin d’annĂ©e 2023.

Car soyons fous, le jeu de sociĂ©tĂ© dĂ©carbonĂ© n’est plus une chimère, mais bel et bien l’avenir ! Imaginons un instant des millions de boĂ®tes flottant sur des mers plus bleues, propulsĂ©es par des voiles ou de l’hydrogène vert. Le rĂŞve ! On ne pourra ainsi plus pointer certains / la plupart des Ă©diteurs de jeux du doigt qui prĂ©fèrent faire produire leur jeu de l’autre cĂ´tĂ© de la planète (surtout quand ils ne sont composĂ©s que de… 23 petites cartes).

Rien n’est impossible quand la magie technologie opère. Or n’est-ce pas lĂ  l’essence mĂŞme du jeu ? RĂ©enchanter le monde et repousser les limites du possible ! Jouons collectif, innovons, prenons des risques audacieux pour mettre la pollution K.-O. avant qu’elle ne sonne le glas de… la partie, de notre partie !

Alors game over les Ă©nergies sales, place Ă  l’aventure d’un commerce mondial rĂ©conciliĂ© avec GaĂŻa (oui j’avoue, je devrais Ă©viter de sniffer du tofu avant d’Ă©crire) !


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Article Ă©crit par Gus. RĂ©dacteur-en-chef de Gus&Co. Enseigne Ă  l’École supĂ©rieure de bande dessinĂ©e et d’illustration, travaille dans le monde du jeu depuis 1989 comme auteur et journaliste.


Pensez-vous que le consommateur soit prêt à payer plus cher ses jeux de société pour financer la transition écologique du secteur ? Quel serait selon vous le surcoût acceptable ?

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