Fachorama : Le jeu qui met le Ministère de l’Intérieur en PLS
💥 Un ministre porte plainte contre un jeu de société ! La polémique Fachorama et pourquoi ce jeu antifa dérange autant.
Fachorama : Le jeu que Nuñez ne veut pas que vous achetiez

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L’essentiel en 3 points :
- Fachorama est un jeu de 7 familles pédagogique et militant qui caricature les figures de l’extrême droite française contemporaine.
- Une carte a provoqué une plainte officielle du ministère de l’Intérieur français pour diffamation.
- La tentative de censure a boosté les ventes, prouvant que le jeu de société peut être un puissant outil politique et un symbole de résistance culturelle.
Il y a un jeu de société que Laurent Nuñez ne veut absolument pas que vous achetiez. Et c’est probablement la meilleure raison de se ruer dessus.
Ce jeu, c’est Fachorama. Sorti discrètement début novembre 2025, ce petit jeu de cartes satirique à 13€ a réussi un exploit improbable : déclencher une tempête politique nationale et faire paniquer jusqu’à la Place Beauvau.
Édité par la maison indépendante Libertalia et le collectif antifasciste La Horde, Fachorama n’est pas un jeu comme les autres. C’est un objet militant, un outil pédagogique, et surtout, un immense pied de nez à l’extrême droite contemporaine.
Fachorama, un jeu de 7 familles sous stéroïdes satiriques
Le principe est simplissime : c’est un bête jeu des 7 familles. Mais oubliez le boulanger ou la grand-mère. Ici, on collectionne des « fafs » (pour « France aux Français », terme désignant les fascistes).
« Qui a un néonazi ? », demande un joueur. « Dans la famille ‘Coup de poing’, je voudrais le flic raciste de la BAC », demande un autre. Voilà l’ambiance autour de la table.
Le jeu compte 40 cartes, dont 32 « Fafs » et 8 Jokers « Antifa » pour se défendre. C’est simple, rapide (20-30 minutes) et ultra-accessible. L’objectif n’est pas stratégique, mais pédagogique : montrer que l’extrême droite a de multiples visages.
Les 7 familles sont évocatrices :
- « On est chez nous » : Les nationalistes xénophobes.
- « Fachosphère » : Les pros de la propagande médiatique (la boîte rappelle ironiquement le logo de CNews).
- « C’était mieux avant » : Les réacs antiféministes.
- « Ils sont partout » : Les complotistes obsessionnels.
- « Dieu, Famille, Patrie » : Les ultra-conservateurs catholiques.
- « Votez pour moi » : Les populistes qui surfent sur la peur.
- « Coup de poing » : Les adeptes de la violence physique.
Les illustrations, signées Boutanox, sont des caricatures mordantes. Aucun nom n’est cité (prudence juridique oblige), mais on reconnaît sans peine « l’héritière » blonde ou l’essayiste conservateur grognon. Le plaisir du jeu réside dans cette connivence et les discussions (souvent animées) qu’il provoque.

La carte qui a mis le feu aux poudres
Si la satire est partout, c’est une carte en particulier qui a fait sortir le ministère de ses gonds : le « Flic raciste de la BAC ».
La description est sans concession : adepte du contrôle au faciès, destruction de campements de migrants, et cette phrase assassine, basée sur des enquêtes d’opinion réelles : « Normal, il fait partie des 60 % de policiers qui votent à l’extrême droite ! ».
La réaction ne s’est pas fait attendre. Les syndicats de police ont hurlé à la « haine déguisée ». Et Laurent Nuñez, ministre de l’Intérieur français, a décidé de porter plainte contre l’éditeur pour « diffamation envers une administration publique ». Un membre du gouvernement qui attaque un jeu de société satirique. C’est… particulier.
L’effet Streisand en action
En tentant d’étouffer le jeu, le ministère lui a offert la plus belle campagne de publicité possible. C’est le fameux effet Streisand (dont on vous parlait plus tard que ce matin avec Horses). En quelques jours, Fachorama est devenu un sujet national, chroniqué dans tous les grands médias.
Résultat ? Rupture de stock totale. Les 2 000 exemplaires du tirage initial se sont arrachés. Libertalia a lancé une réimpression en urgence, tout en remerciant malicieusement le ministère pour ce « coup de projecteur involontaire ».
Loin d’avoir tué le jeu, la polémique l’a propulsé au rang de symbole.
Le jeu est politique, et alors ?
Chez Gus&Co, cette affaire confirme ce que nous disons depuis longtemps : le jeu n’est pas juste du carton et des meeples. C’est un miroir de notre époque.
Fachorama s’inscrit dans une tendance de jeux engagés, comme Secret Hitler, ou le précédent jeu de Libertalia justement, Antifa, le jeu (qui avait déjà provoqué une polémique similaire avec la Fnac en 2022). Le jeu de société se politise, et c’est une bonne chose. Il devient un média d’expression à part entière.
Fachorama est drôle, mordant et pédagogique. C’est un « jeu conversation », idéal pour sensibiliser des potes ou simplement rire (jaune) d’une actualité pas toujours drôle. Qu’il fasse grincer des dents Place Beauvau en dit long sur son impact. Fachorama, c’est le jeu parfait pour savoir avec qui on ne partira PAS en vacances.

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3 Comments
jeremiecambon
Ya plus qu’à le mettre en print and play
Eric Meyer
« Article écrit par Loïc. Breton d’origine et exilé depuis peu en Suisse (pour son chocolat, surtout) »…et pour fuir les cathos, neo nazis, et autres policiers racistes qui nous pourrissent la vie, j’imagine 🙂
Gus
Je vous rassure, Éric, en Suisse on a (presque) les mêmes 😅 sauf qu’ils sont prot les nôtres 😜