La Porte d’Ishtar. By the rivers of Babylon
La Porte d’Ishtar, un jeu de rôle passionnant et détonant enfin traduit en français après plus de 10 ans ! Quand Lovecraft rencontre Conan.
La Porte d’Ishtar
La Porte d’Ishtar est un jeu de rôle qui prend place dans une période antique imaginaire, inspiré des cultures mésopotamiennes et avec un soupçon de « Sword & Sorcery ». Il sort en avril prochain aux éditions de la Loutre Rôliste.
L’ascension de l’alchimiste
Durant les temps anciens, le monde était contrôlé par les dieux tout puissants à la tête de diverses cités-états. Ils étaient les maitres des Awilu (les humains) ces derniers finirent par se révolter et renverser l’ordre établi. La guerre fit rage, jusqu’à la prise de pouvoir de Sargon l’alchimiste – Aucun rapport avec Paolo Coelho – qui devint le nouveau chef de la région et qui fonda l’empire d’Akkal.
En utilisant le pouvoir de ses anciens maitres, il devint lui-même esclavagiste et créa deux nouvelles créatures pour le servir : Les Muskenu des humanoïdes nés de l’argile et destinés aux basses besognes. Et les Wardu, des féroces guerriers-minotaures bien vénères crées avec le sang d’un dieu.
Pour faire simple, Sargon, qui au passage est devenu plus ou moins immortel, n’allait pas trop se laisser embêter.
Vous reprendrez bien un peu de Lovecraft avec votre Conan ?
Après la chute des dieux terrestres, les Awilu se mirent à vénérer des dieux plus terrifiants encore, venus de l’espace : Kuthalhu, Daguna, Shuk-Nippurash. Ils n’ont pas automatiquement gagné au change.
Mais plusieurs autres régions restent libres : Dans les déserts du sud vivent les nomades Uridimmu, des hommes-chacal largement inspirés d’Anubis, qui étaient autrefois une puissante nation qui régnait sur le désert. Mais aussi les Cimmériens indomptables qui vivent dans les montagnes du nord, ils restent insoumis et font leurs petites vies couverts de peau de bête en courant cul-nu dans la forêt enneigée.
Mais aussi les commerçants d’Assur : Ashur, dieu du commerce s’est négocié un bon deal avec Sargon pour ne pas se faire défoncer comme les autres dieux et a chopé un p’tit job OKLM de PDG des magouilleurs en tout genre.
Vous l’aurez compris, c’est un univers vaste et référencé qui tire un peu sur le pulp par endroits. Pour info, le “pulp” est un genre, littéraire principalement, qui se caractérise par des histoires à suspense à la fois exagérées et légèrement excentriques. Il est généralement associé aux magazines bon marché des années 1930 à 1950 aux États-Unis, qui mettaient en avant des aventures et des romans d’aventures.
Le héros aux 1 000 visages
On peut donc jouer les 6 espèces citées précédemment : Les Awilu, les Mushkenu, les Wardu, les Uridimmu, les Cimmériens et les commerçants d’Assur.
Votre personnage est conçu de manière chronologique, son origine, sa vie, son métier, ses trait de caractères, ses compétences, ses objectifs et croyances et surtout son point d’inflexion. de rupture : l’événement qui va bouleverser sa vie et ou son aventure va commencer. Bref l’auteur a bien révisé les écrits de Joseph Campbell.
Joseph Campbell (1904-1987) était un écrivain et un professeur américain spécialisé en mythologie comparée. Il est surtout connu pour ses travaux sur le monomythe, une théorie qui traite des motifs récurrents dans les mythes et légendes universelles.
Le processus de création est assez bien pensé et doit se faire en groupe afin de tiser les relations entre les personnages. Et oui vos partenaires de jeu vont avoir une véritable influence sur la création de votre personnage. Vraiment plaisant !
Donc ici pas de PJ « Kleenex » que l’on change à sa guise, l’investissement dans votre personnage et important et impactant.
Conflits, émotions, sang et sable
La Porte d’Ishtar utilise un moteur de jeu simple et efficace basé sur quatre dés à six faces. Votre personnage dispose de six caractéristiques : Dextérité, Esprit, Charisme, Force, Perception et Volonté, notées de 1 à 6 selon vos compétences et possiblement vos bonus de spécialisation, selon votre métier etc.
Pour accomplir une action il faut lancer ses dés, y ajouter ses bonus et voir si on dépasse le seuil fixé par le ou la MJ. En cas de conflit avec un ou une autre joueuse – et il va y en avoir – c’est celui ou celle qui obtient le résultat le plus élevé qui réussit. D’autre part vous pouvez faire appel à vos traits de caractère pour faciliter un test, limité à un certain nombre par séance. Il est aussi possible de récupérer des points de caractère en cours de route, en vous imposant des malus sur certaines actions. Bien vu et plutôt sympa à jouer.
Pour les combats, il existe deux modes : un mode simplifié pour la gestion des escarmouches avec les sous-fifres, et un mode avancé pour les affrontements avec les durs à cuir. Je ne vais pas m’étendre sur les détails, car cela serait un peu long, mais les deux systèmes sont assez bien pensés et l’alternance se fait de façon fluide.
Toc Toc ! Ishtar ? Toc Toc ! Ishtar ? Toc Toc ! Ishtar ?
L’alchimiste est au pouvoir depuis longtemps et le monde n’est spécialement plus juste qu’avant : Les Awilu vivent dans l’opulence et l’oisiveté. Pour ceux de basse extraction, seul l’esclavagisme et les sacrifices humains sont leur quotidien sans espoir. Mais la porte d’Ishtar vient de s’ouvrir, elle donne accès à la cité de Babylone fermée depuis bientôt bientôt 2 000 ans.
Il est temps de partir à l’aventure dans ce vaste monde ! De la nation des secrets d’Elam, en passant par les montagnes Cimmériennes, la Phénicie et encore Babylone : l ‘environnement est vaste, plausible et rafraichissant. En effet, on sort du sempiternel médiéval-fantastique, pour jouer dans un monde qui se situe entre de la réalité historique et du « Sword & Sorcery » pur jus.
À titre de rappel, le « Sword & Sorcery » est un genre de fantasy qui met l’accent sur l’action et l’aventure. Il est typiquement associé à des légendes et à des histoires de héros, et se concentre sur les combats contre des créatures magiques et des ennemis surnaturels. Il est généralement associé à des armes et des sorts magiques, et à des trames d’histoire épiques. On retrace souvent les origines du « Sword & Sorcery » au romancier américain Robert E. Howard dans les années 1930. Il a été popularisé par ses histoires de Conan le Barbare, et est devenu un genre à part entière qui a influencé de nombreux autres auteurs et écrivains. Ce genre est donc bien présent ici dans La Porte d’Ishtar.
Le jeu fonctionne vraiment bien. Il est fascinant de simplicité et de profondeur. Je dois noter qu’il est très accessible, voire plutôt idéal pour les débutants et débutantes dans le jeu de rôle ! De plus, son univers et bien travaillé et propose une belle immersion.
D’ailleurs, « fun fact » : La porte Ishtar historique existe encore et elle est visible dans un musée Berlinois !
La Porte d’Ishtar. Welcome to Babylon, rude boy!
La Porte d’Ishtar est un jeu de rôle à la fois simple et solide. On est déjà plongés dans l’univers au moment de la création des personnages ! L’univers, les factions, le système de jeu, les combats… Tout donne un plaisir palpable en, au jeu.
Je dois toutefois relever quelques petits points écueils. Tout d’abord, ce jeu va surtout briller en campagne. Il n’est ni facile, ni idéal à jouer en one-shot. De plus, le livre pèche un peu en termes de lisibilité. Par moment, le livre n’est pas des plus agréables à lire, car certains lettrages sont un brin… désagréables. Enfin, dernier élément, je ne suis pas extrêmement fan de certains visuels, mais c’est, plutôt, toujours, une question de goût.
En résumé, c’est un presque sans faute pour La Porte d’Ishtar. Un jeu de rôle à l’univers dépaysant soutenu par un système de jeu bien agréable. Je vous conseille de vous jeter sur cette superbe version française, car c’est une vraie réussite. Après la traduction de Blacksad et leur excellent jeu de rôle pirates pour enfants P’tits Pirates, les éditions de La Loutre Rôliste frappent à nouveau très fort !
Vous pouvez trouver ce magnifique ouvrage sur le marché bigarré d’Assur… Et sur le site de La Loutre Rôliste, uniquement en format PDF, pour la très modique somme de 15 euros. L’ouvrage sera disponible en format papier dès le mois d’avril 2023 sur le site de La Loutre Rôliste et bien sûr celui de Philibert !
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Article écrit par Didi. Sa passion : les jeux, mais surtout, les jeux de rôle. Ses chroniques sur Gus&Co vous présentent des nouveautés, et dépoussièrent aussi quelques raretés débusquées sur ses étagères.
