Organisateur de GN, pourquoi?
Des objectifs de l’organisateur
Qu’est-ce qui pousse une ou plusieurs personnes à dépenser tant de temps, tant d’énergie pour un jeu de rôle grandeur nature qui ne va finalement durer qu’une seule soirée ou tout au plus un week-end ? voici quelques pistes pour lancer la discussion.
Comme je suis en train de préparer mes prochains GNs de cette année, un en juin, d’autres plus tard, à peine un précédent joué en mars à la Chaux-de-Fonds à la convention Ludesco, je me demande ce qui motive un ou plusieurs organisateurs à se lancer dans une telle aventure. Que recherchons-nous ? Qu’est-ce qui nous pousse, nous anime, nous enthousiasme, nous passionne ?
Juste pour se rendre compte de l’investissement certainement colossal que représente une telle activité, cela serait sans doute intéressant de calculer le temps réellement passé sur l’élaboration d’un GN, de la création du scénario à l’organisation finale le jour J, en passant par l’écriture des personnages et la recherche de lieux et matériel. Après plus de 23 ans de « carrière » dans l’organisation de GNs, j’ai commencé en 1989, d’après ma propre expérience, j’ai l’impression que chaque GN doit dévorer bien plus de 50 heures avant la partie, pour autant qu’on le crée soi-même ou à plusieurs bien évidemment. Mais alors, pourquoi nous embarquons-nous pour pareil périple qui ne va finalement nous laisser que fatigue fugace et souvenirs à ravir ?
Des autres
L’une des raisons, peut-être, et le plaisir conféré par passer du temps avec les autres joueurs. Organiser un GN est avant tout tourné vers les autres. C’est bien sûr un travail intérieur de création, mais qui, somme toute s’adresse aux autres. Sans les joueurs, un GN n’est rien d’autre qu’un fantasme, un rêve, une illusion. Ce sont les joueurs qui font le GN, qui le revêtissent, l’animent. Ce qui peut nous motiver peut justement se trouver dans le fait de se retrouver avec les autres. Prendre contact avec les gens, discuter, rencontrer, négocier, bref, échanger. Cela peut être une des motivations. Nous sommes, après tout, des animaux sociaux.
De l’offre
Comme vu précédemment, un GN est fondamentalement tourné vers les autres. Ne pourrions-nous pas voir l’organisation d’un GN comme un acte d’amour, comme un cadeau que l’on voudrait offrir à sa famille, à ses amis, à des inconnus ? Un GN est empli d’émotions, voici déjà un grand cadeau.
De la création
Un autre motif possible pourrait être la création, tout simplement. Le plaisir qu’il y a à inventer est un plaisir qui nous animait enfant, et qui nous pousse encore certainement plus tard aussi. Partir de pas grand-chose pour aboutir à ça, un GN. Comme une fleur, il y a certainement une idée de départ, une envie, une graine qui veut germer. Le jardinier n’a de cesse d’admirer son jardin en devenir ou achevé.
Du défi
L’organisation d’un GN représente une telle (lourde) tache que l’on peut se demander si après tout il n’y aurait pas un certain défi à surmonter. Comme si l’on voulait se prouver à soi-même qu’on en était capable. Faudrait-il le voir comme un combat personnel ?
De l’extraordinaire
Changer. La routine est gluante, souvent elle nous empêche de nous élever. Organiser un GN ne nous permettrait-il pas de nous évader, de nous offrir une activité aussi différente que passionnante ?
De l’expression
Lapalissade, un ou plusieurs organisateurs de GN vont bien sûr énormément mettre d’eux-mêmes dans leur jeu. Du temps, de l’énergie, mais bien plus que ça, de leurs idées, de leurs désirs, de leurs peurs aussi sans doute, de leur façon de voir et concevoir leur réalité. Peut-être pourrions-nous voir un GN comme une infime expression de leur personnalité, comme si au-delà des personnages et du scénario il y avait un message, une essence cachée, un lien avec l’organisateur et son propre monde intérieur. Crier et respirer.
De la perfection
Le mieux est l’ennemi du bien. Certes. Mais qui décide de ce qui est le bien et le mieux en matière de GN ? Est-ce que vouloir mieux n’est pas ce qui nous pousse tous les jours à avancer ? Peut-être que justement, organiser un GN, puis un autre, puis encore un autre, nous motive à arriver ailleurs, là-bas, plus loin, mieux que son premier, encore mieux que son précédent. Perfectionnisme, insatisfaction ou ambition ?
Du matériel
Les GNs sont des activités parfois onéreuses mais souvent non lucratives. Pourrions-nous envisager l’organisation d’un GN comme le moyen d’obtenir de l’argent ? J’en doute fort, mais il existe toutefois des sociétés qui en exploitent le filon, telles les soirées Meurtres et Mystère.
De la reconnaissance
Et puis il y a ce besoin d’être reconnu. Ce naturel mais orgueilleux moyen de prouver aux autres que l’on vaut quelque chose, de se faire un nom. Il y a quelques milliers d’années, revenir avec un animal chassé et tué nous aurait ramené gloire et respect. Aujourd’hui, dans nos sociétés, nous avons toujours besoin de chasser ; il ne s’agit plus d’un animal mais du mérite, celui de s’être élevé par rapport aux autres, d’avoir atteint un sommet, en l’occurrence ici l’organisation d’un GN.
Et vous?
Ce qui motive à organiser un GN reprend peut-être tous ces aspects évoqués.
Mais y en a-t-il d’autres ?
Si vous-même vous avec participé à l’élaboration d’un projet, y a-t-il un des motifs qui vous pousse le plus ?