Critique de jeu : Resident Evil deck-building
Présentation
Resident Evil Deck-Building (REDB) est sorti en avril 2011 en anglais, pour 1 à 4 joueurs (alors que présenté de 2-4 sur la boîte), d’une durée de 45’
Comme son titre l’indique, il s’agit bien d’un deck-building, d’un nouveau Dominion-like, comme Thunderstone ou Nightfall (lire notre critique ici).
Avec Resident Evil, on se trouve juste à la croisée entre Dominion pour les cartes action qui change les règles (plus d’achats, plus de cartes, plus d’actions) et Thunderstone pour le combat, car dans Resident Evil, vous l’aurez vite compris, il n’est pas question de faire du tricot, mais bel et bien de dégommer du zombie ravagé au virus T d’Umbrella.
Je sens déjà votre question poindre au bout de votre écran, lecteur assidu et ludophile de notre site : qu’est-ce que REDB apporte de nouveau au genre ? La réponse sera courte & simple, RIEN !
Et là, du coup, vous avez juste envie d’arrêter de lire cette critique. Vous auriez toutefois bien tort, car le jeu représente un intérêt autre, malgré son manque cruel d’originalité.
Thème
La plupart des éléments de la saga des jeux vidéo (et pas des films moisis) sont présents : les Redfield, Wesker, Ada Wong, le Némésis, etc.
Si vous avez joué, comme moi, à tous les chapitres, du 0 au 5, vous reconnaîtrez tous les protagonistes de l’histoire. Il en manque, bien évidemment, qui feront forcément leur apparition dans des extensions futures, dont une déjà prévue pour 2011, Alliance.
Le thème est bien exploité, au contraire de Nightfall, et à l’instar de Thunderstone, puisque l’on doit équiper son personnage pour aller faire le ménage dans le manoir. On a vraiment l’impression de jouer au jeu vidéo, avec les couloirs en moins. Le thème colle bien au jeu, et c’est tant mieux, on se trouve vraiment immergé dans cet univers gore et oppressant.
Matériel
La boîte est aussi pratique que celle de Dominion, du thermoformage pour ranger les cartes, et elle est bien remplie. Mais que fait Alderac avec leurs boîtes toute caca ?
Les illustrations sont juste superbes, bien gores et riches, on adore, très baroques.
La qualité des cartes laisse néanmoins quelque peu à désirer, puisqu’il s’agit d’un carton facilement pliable, pas sûr que les cartes tiennent aussi longtemps que celles de Dominion. Et plastifier des cartes de deck-building n’est pas des plus pratiques puisque l’on passe la moitié de son temps de jeu à mélanger.
Mécanique
Faut-il la présenter à nouveau ? On tire des cartes de son deck que l’on prend en main, que l’on joue, puis on en achète d’autres que l’on défausse, ainsi que sa main une fois son tour passé. Une fois son deck épuisé, on remélange sa défausse. Bref, tout est recyclé, du parfait deck-building sans grande surprise.
La grande différence avec ses « collègues ludiques » joyeusement pompés, c’est la phase manoir. En effet, à son tour, un joueur peut décider en plus de tout le reste, d’aller se balader dans le manoir. Oui, comme dans le jeu vidéo. Pour cela, il joue toutes les armes qu’il veut utiliser devant lui, puis retourne la première deck manoir face cachée. Et là, c’est le drame. Ou pas.
La résolution est über-simple. Chaque arme inflige un nombre de dégâts, qu’il faut opposer aux viles créatures mal rasées. Si c’est dépassé, la créature est gagnée, mais elle ne rejoint pas sa défausse, au contraire de Thunderstone. Pour utiliser toute arme, il faut également posséder au même moment un nombre minimum de munitions, sinon l’arme ne sert à rien.
Ce qui choque au tout début de la partie, c’est le côté hasardeux de la pioche du manoir. On peut soit tomber sur un zombie ridicule que l’on peut éliminer au cure-dents, soit sur le némésis qui fait mal par où ça passe. Dans Thunderstone, on voit toutes les créatures, ce qui permet de bien se préparer pour l’affrontement, mais pas dans Resident Evil. Surprise. Ce côté hasardeux pourra choquer et déranger, mais au final, on se sent bien immergé dans le jeu vidéo, car là pareil, on est surpris par les créatures. Ce côté inconnu pousse donc à bien se préparer, à gérer et optimiser son deck pour parer au danger.
Comment gagner ? En mode « Story », chaque créature confère des points de décorations, des trophées. Quand la créature finale, le boss de fin, est achevée, la partie s’achève, et l’on procède au décompte. Le joueur qui aura obtenu le plus de trophées remportera évidemment la partie.
Mais quand est-ce que le boss arrive ? Comme dans Ghost Stories, à la fin ? Et bien on n’en sait rien, et là est tout le sel du jeu. En effet, la carte « boss » se balade tranquillement et méchamment dans le deck manoir, et il faut avoir bien préparé son personnage pour pouvoir l’affronter, car la créature est vraiment puissante, méchante, et en plus elle sent la mangue des bois entre les orteils.
Bref, le côté surprise du deck fait à chaque fois sursauter, on sent bien la tension quand on part dans le manoir. Oui, comme dans le jeu vidéo.
VO? VF?
Je n’ai pas encore lu sur le net l’annonce d’une traduction française. Edge ? Iello ? Cocktail Games ? Mais honnêtement, mise à la part la lecture des règles, courte et somme toute assez facile, il n’est pas nécessaire de parfaitement maîtriser la langue de Justin Bieber, car il y a extrêmement peu de texte sur les cartes et beaucoup de symboles claires. On est loin de Nightfall avec toutes les cartes spéciales.
Intérêt
Il faut rajouter que le jeu propose des tonnes de modes de jeu et variantes. Un mode simple « story » avec quelques variantes de difficulté, mais également d’autres modes de jeu, par équipe (voir à ce propos notre proposition de variante pour Dominion & Thunderstone ici) ou mercenaires. Bref, plusieurs possibilités pour renouveler le jeu, son intérêt et sa durée de vie.
Côté interaction, on est dans un vrai deck-building, donc à part 2-3 cartes spéciales qui affectent les autres joueurs, et encore, très peu, loin d’un Alchimie ou d’un Rivages de Dominion, il s’agit avant tout d’une interaction « froide », i.e. d’une course à la Race for the Galaxy, il est important de bien observer ce que les autres joueurs font pour adapter sa stratégie. Dans la famille deck-building, le plus interactif « chaud » sera très certainement Nightfall dans lequel on passe son temps à balancer des tatanes à ses amis joueurs.
Oui, bon, Resident Evil est un nouveau rejeton de Dominion qui n’apporte absolument rien de neuf. Je me demande même d’ailleurs si Monsieur Vaccarino, le papa de Dominion, ne devrait pas toucher quelques royalties pour tous ces jeux jovialement pompés sur le sien…
Non, Resident Evil n’apporte rien de neuf, mais cela ne veut pas dire qu’il n’est pas bon, bien au contraire. Prenez la quantité de jeux d’enchères, de jeux de majorité, de bluff, qui reprennent les mêmes mécaniques, mais qui au final parviennent à amener moultes différences et qui renouvellent le genre.
Certes, le marché commence sérieusement à se lasser de tous ces deck-buildings, tellement 2008, d’autant que Dominion n’est pas « mort » puisque le jeu ne cesse de sortir des extensions (Cornucopia pour tout bientôt). Entre Nightfall & Thunderstone, et d’autres qui vont certainement bientôt sortir, est-ce que Resident Evil est « ludiquement nécessaire » ? Si vous aimez l’univers du jeu vidéo, si vous avez envie de changement, alors oui. Sinon, passez votre chemin et évitez le manoir.
Ce que j’ai particulièrement apprécié
La tension au moment de partir au manoir
Le thème, hyper bien exploité
Les illustrations, la boîte de rangement
Les variantes et différents modes de jeux
Ce que je n’ai pas beaucoup apprécié
Le manque cruel d’originalité
La qualité des cartes
Plusieurs coquilles dans les règles : erreurs de mise en page et autres. Rien de méchant, mais ça ne fait pas très pro.
Le lien officiel du jeu, avec règles & FAQ ici.
One Comment
chrys
Je m’étais acheté l’intégrale de ce jeu (jeu de base + toutes ses extensions) pour environ 200 €,
malheureusement, faute de partenaires, c’est un nouveau jeu que j’ai dû revendre et en + à perte.
Quoi de + agaçant que d’avoir un jeu qui prend la poussière et prend de la place dans l’appartement si on a personne pour jouer avec nous?
Par contre, je t’avouerais que ta critique m’a donné envie de me le racheter (au moins le jeu de base),
parce que justement, je suis un grand fan de biohazard…
Pour ne pas rebuter les gens ou potentiel-le-s intéressé-e-s, je m’étais amusé à traduire les règles…