Chill ou Kill ? La psychologie du joueur
💥 Pourquoi certains renversent le plateau en perdant alors que d’autres restent zen ? La science décrypte enfin nos comportements ludiques.
Chill ou Kill ? La psychologie du joueur
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L’essentiel en 3 points :
- Notre style de jeu, compétitif ou détendu, dépend d’un mélange unique entre notre personnalité, notre éducation et notre culture.
- Le type de jeu influence le comportement : la confrontation directe génère du stress, tandis que la coopération maintient la performance sans la tension.
- L’idéal est l’équilibre : une compétitivité saine motive le groupe, mais ne doit jamais passer avant le plaisir d’être ensemble.
Il y a deux types de personnes au monde : ceux qui jouent pour s’amuser, et ceux qui ont déjà calculé leur score final avant même le premier tour.
La scène, on la connaît par cœur. C’est samedi soir, les bols de chips sont à moitié vides et la tension est palpable. D’un côté de la table, il y a Julien, le regard fou, qui optimise ses ressources à l’euro près, prêt à vendre sa propre mère pour une victoire à Catan. De l’autre, il y a Sarah, affalée dans sa chaise, qui joue ses cartes un peu au hasard en racontant sa journée, ravie d’être là même si elle finit dernière.
Pourquoi ce fossé abyssal ? Pourquoi certains transforment-ils une soirée jeux en conflit géopolitique majeur alors que d’autres restent désespérément « chill » ?
La psychologie s’est enfin penchée sur nos plateaux. Spoiler : ce n’est pas (juste) parce que Julien est un rageux. C’est un cocktail complexe de personnalité, d’éducation et de mécanique de jeu. Allez, on décrypte tout ça pour comprendre pourquoi on joue comme on joue.
Dis-moi qui tu es, je te dirai comment tu joues
La compétitivité, ce n’est pas juste l’envie de gagner. C’est le besoin viscéral de se situer par rapport aux autres. Pour le compétiteur, la réussite n’a de saveur que si elle dépasse celle du voisin.
Les chercheurs ont sorti leur grille d’analyse (le fameux modèle des « Big Five ») et le verdict est sans appel :
- Les « Killers » : Souvent extravertis et consciencieux. Ils aiment l’ordre, l’efficacité et l’affirmation de soi. Pour eux, le jeu est un défi à relever.
- Les « Bisounours » : Marqués par l’agréabilité. Ils privilégient l’harmonie sociale et la coopération. Écraser un pote ? Très peu pour eux, ça les met mal à l’aise.
Il y a aussi le moteur interne. Êtes-vous dopé à la motivation intrinsèque (le plaisir de faire un « beau coup », de maîtriser la mécanique) ou à la motivation extrinsèque (la gloire, la coupe en plastique, et voir les autres pleurer) ?
« C’est la faute à Maman » (et à la société)
On ne naît pas seulement compétiteur, on le devient. L’éducation joue un rôle massif. Si vous avez grandi dans une famille où chaque note scolaire était comparée et où la victoire était la seule option valide, il est probable que vous abordiez votre partie de Terraforming Mars comme un examen final.
La culture pèse aussi lourd. Dans nos sociétés occidentales individualistes, s’imposer est valorisé. Ailleurs, dans des cultures plus collectivistes, gagner en humiliant l’autre est mal vu ; on préfère gagner en douceur, sans briser l’ambiance du groupe. Le « panache » n’a pas la même définition partout.
Le jeu, le troisième coupable
Mais n’oublions pas le médium ! Le jeu lui-même dicte nos comportements. Sortez un Barbarian Kingdoms ou un Limit : la mécanique exige le conflit et la trahison. Ça réveille la bête. Sortez un Butterfly Effect ou Take Time : l’ennemi, c’est le système. La tension change de camp.
D’ailleurs, la science a prouvé un truc passionnant : la coopération permet d’être aussi performant que la compétition, mais sans le stress physiologique. En gros : jouer « contre » use les nerfs, jouer « avec » préserve la santé. On comprend mieux pourquoi certains fuient les jeux d’affrontement pour garder leur tension artérielle sous contrôle.
Le bestiaire de la table de jeu
Ces différences créent des archétypes qu’on adore (ou qu’on déteste) croiser :
- Le mauvais perdant : Vit la défaite comme une insulte personnelle. Boude, râle, accuse les dés.
- Le bluffeur : Son plaisir ? La manipulation. Gagner ne suffit pas, il faut vous avoir trompé.
- Le coopératif : Il est là pour l’amour et l’eau fraîche. Il vous donnerait presque des conseils pour le battre.
- Le tricheur : L’excès toxique. La fin justifie les moyens, même s’il faut « oublier » de payer la banque.
Conclusion
Être compétitif, c’est génial. Ça pousse à lire les règles (ce que personne ne fait, avouons-le), à affiner des stratégies et à créer du challenge. Une table sans aucun enjeu, c’est parfois un peu… mou ?
Mais attention à la surchauffe. Si votre estime de soi dépend du score final d’une partie de 7 Wonders, il y a danger. L’important est de trouver l’équilibre. Les « killers » apportent le piment, les « chill » apportent la douceur.
La prochaine fois que Tonton Michel achète la Rue de la Paix pour vous ruiner, souriez. Ce n’est pas personnel, c’est juste son cortex préfrontal consciencieux qui s’exprime. Et n’oubliez pas la question ultime des psys : « Êtes-vous là pour gagner à tout prix, ou pour vous faire des amis ? »
Sources :
Cet article s’est appuyé sur les analyses de The Conversation publiées ce 4 décembre par Inge Gnatt et Kathleen de Boer, psychologues à l’Université Swinburne.
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