CMON vend ses bureaux en pleine tourmente financière
🏚️ Crise chez CMON : l’éditeur vend ses bureaux et ses licences cultes pour éviter la faillite. Chronique d’un effondrement.
CMON : Le géant aux pieds de plastique est-il en train de s’effondrer ?
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L’essentiel en 3 points :
- CMON traverse une crise majeure et liquide ses actifs stratégiques, y compris ses bureaux et ses licences phares.
- L’éditeur a gelé tout nouveau projet pour se concentrer sur la livraison des 26 millions de dollars de campagnes Kickstarter en retard, tout en faisant face à des demandes de remboursement massives.
- La chute de CMON remet en question la viabilité du modèle de financement participatif « maximaliste » face à la hausse des coûts et à la saturation du marché.
Ca sent le sapin. Chez CMON.
Quand une entreprise cotée en bourse doit vendre ses propres bureaux pour payer les factures, on sait que la partie est très, très mal engagée. C’est exactement ce qui arrive à CMON (Cool Mini or Not), l’éditeur qui a redéfini le financement participatif avec des campagnes millionnaires et des montagnes de figurines.
L’annonce est tombée discrètement, mais son symbole est puissant : CMON vient de céder son siège social à Singapour pour 3,1 millions de dollars singapouriens. Soit un peu plus de 2 millions d’euros au cours du change actuel. Officiellement, c’est une « opportunité raisonnable ». Officieusement, c’est une bouée de sauvetage lancée à une entreprise qui prend l’eau de toutes parts.
Grandeur et décadence du roi Kickstarter
CMON, c’est l’histoire d’une success story fulgurante. Propulsé par le phénomène Zombicide en 2012, suivi par des cartons comme Blood Rage, Rising Sun ou ANKH, l’éditeur est devenu le roi incontesté de l’Ameritrash survitaminé. Leur modèle ? Des jeux spectaculaires, des kilos de plastique finement sculpté, et une maîtrise parfaite du FOMO (Fear Of Missing Out). Une stratégie payante, qui les a menés jusqu’à la Bourse de Hong Kong en 2016.
Mais derrière les paillettes et les millions récoltés, le vernis craque. Et pas qu’un peu.
Les chiffres de 2025 sont… comment dire… terrifiants. Sur les six premiers mois, les revenus se sont effondrés (3,4 M$, contre 15,9 M$ l’année précédente). Résultat : une perte opérationnelle abyssale de près de 7 M$ sur le semestre.
La situation est si grave que CMON n’a pas réussi à publier ses comptes 2024 à temps – invoquant un « département financier en sous-effectif », un aveu stupéfiant pour une société cotée. Conséquence directe : leur action a été suspendue à la Bourse de Hong Kong le 1er avril 2025.
Mode survie activé
Face à l’urgence, CMON a sorti l’artillerie lourde. Fin avril 2025, l’annonce choc : licenciements massifs et gel immédiat de tout nouveau projet.
Mais pour renflouer les caisses, il faut plus que des économies. Il faut vendre les bijoux de famille. Et c’est là que ça fait mal.
Ce printemps, la licence phare, Zombicide, a été vendue au géant Asmodee. Un symbole fort : le jeu qui a fait la fortune de CMON change de main pour assurer la survie de l’éditeur. Peu après, c’est au tour des chefs-d’œuvre d’Eric Lang, Blood Rage, Rising Sun et ANKH, d’être cédés à Tabletop Tycoon.
En quelques mois, CMON a liquidé son patrimoine intellectuel et maintenant, ses biens immobiliers.
26 millions de dollars (et la confiance avec l’eau du bain)
Quelle est la priorité absolue de CMON aujourd’hui ? Livrer les jeux en attente. Car l’ardoise est colossale : dix campagnes sont encore en cours, représentant plus de 26 millions de dollars avancés par les backers qui attendent désespérément leurs boîtes.
L’entreprise s’est engagée à honorer ces promesses. C’est crucial, car la confiance est rompue. La communauté soupçonne depuis longtemps CMON d’utiliser l’argent des nouvelles campagnes pour financer les anciennes – un système de cavalerie risqué qui s’effondre dès que le flux ralentit.
CMON a admis faire face à un nombre record de demandes de remboursement. Un cercle vicieux s’est installé : les retards provoquent des remboursements, qui drainent la trésorerie, ce qui accentue les retards.
La fin d’une ère ?
Que nous apprend cette débâcle ? D’abord, que personne n’est « too big to fail ». Le modèle maximaliste de CMON s’est heurté à la réalité économique post-Covid. La flambée des coûts de production, du transport international et des taxes a fait fondre les marges.
Parallèlement, le marché du crowdfunding semble saturé. Après une décennie de croissance folle, les joueurs montrent des signes de fatigue face aux projets pharaoniques. Le cas CMON rappelle celui de Mythic Games. L’ère de l’argent facile sur Kickstarter semble révolue.
Et maintenant ?
Pour les fans, le goût est amer. La bonne nouvelle, c’est que les licences cultes vont continuer à vivre chez des repreneurs solides. Mais la question de la direction créative reste entière.
L’histoire de CMON agit comme un électrochoc pour toute l’industrie. C’est peut-être la fin d’une certaine démesure.
Quant à CMON lui-même, après avoir vendu ses licences, ses bureaux et une part de son âme, pourra-t-il se réinventer ? L’avenir est en suspens. Pour nous, joueurs et joueuses, l’important est que les jeux promis arrivent sur nos tables. On croise les doigts. Oui OK on avoue, on vous parle trèèèèès souvent de CMON ces derniers temps. Mais au vu des difficultés financières, avérées, de l’éditeur, on ne peut que se montrer inquiets. Et c’est un euphémisme.
Une chute spectaculaire qui nous rappelle que même les Cool Mini ne peuvent pas sauver une entreprise qui est « Not » solvable.
FAQ : Comprendre la crise financière de CMON
Quelle est la situation actuelle ?
CMON est en mode survie. L’entreprise a vendu son siège à Singapour, licencié du personnel, gelé ses nouveaux projets et cédé plusieurs licences majeures pour obtenir de la trésorerie. Ces mesures visent à éviter la faillite à court terme.
Quels sont les chiffres de la crise ?
Les revenus ont chuté de 80 % : 3,4 millions de dollars au premier semestre 2025 contre 15,9 millions l’an dernier. CMON affiche une perte de 7 millions et n’a pas publié ses comptes 2024, entraînant une suspension de son action à la Bourse de Hong Kong.
Quels actifs ont été vendus ?
CMON a cédé :
- Son siège social (3,1 M$ singapouriens).
- Sa licence phare Zombicide à Asmodee.
- La trilogie Blood Rage / Rising Sun / ANKH à Tabletop Tycoon.
Ces ventes ont permis de récupérer des liquidités immédiates mais amputent la marque de ses piliers créatifs.
Quelles conséquences pour les contributeurs Kickstarter ?
Plus de 26 M$ restent engagés dans dix campagnes non livrées. La confiance s’effrite face aux retards et à la suspicion d’un “système de cavalerie”, où les nouveaux fonds servaient à financer les anciens projets. Les remboursements massifs aggravent la crise de trésorerie.
Pourquoi le modèle économique s’est-il effondré ?
- Explosion des coûts post-COVID (production, transport).
- Saturation du marché du crowdfunding.
- Fin de l’ère des campagnes millionnaires sans modèle durable.
CMON a été piégé par un modèle trop dépendant du financement participatif et de la croissance continue.
Quel avenir pour CMON ?
Les licences Zombicide et Blood Rage survivront, désormais entre les mains d’Asmodee et Tabletop Tycoon. En revanche, l’avenir de CMON comme entreprise reste incertain. Elle doit d’abord livrer ses projets en retard et rembourser ses dettes avant d’espérer se reconstruire.
En résumé
La chute de CMON illustre les limites d’un modèle basé sur la hype et le financement participatif. Même les plus grands succès ne suffisent pas sans une gestion solide et une anticipation des crises économiques.
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4 Comments
Lorenzo
À partir du moment où on accepte que le modèle du crowdfunding c’est justement de transférer une partie du risque inhérent à tout projet sur l’acheteur final, tout devient plus clair. C’est justement ça qui permet à des boites de petites tailles de lancer des projets ambitieux.
Gardons en tête que CMON même au temps de sa grandeur ça reste une petite PME. des bureaux à 3 m$ singapouriens c’est un beau 5 pièces, rien de plus. C’est minuscule.
A mon avis le vrai problème c’est l’information du backer au moment de la vente. Je propose d’imposer la mention suivante en police 32 ou moment du paiement : « je reconnais donner 500 euros à une pme à marge réduite pour les aider à développer un jeu sans garantie de le recevoir ».
Benjamin Chavy
Clairement, c’est pas pour rien qu’on parle de financement participatif et pas de précommandes … si tu prête de l’argent à ton pote pour ouvrir un magasin de velo avec comme promesse d’avoir un très beau velo si son affaire décolle, et qu’il se plante, bein tant pis pour toi.
Après reste qu’il y a eu un soucis avec la façon de gérer de CMON (comme tous les autres qui ont coulé avant)
Chab
Oh quelle excellente idée, que je plussois !
Par contre cela resterait contre productif pour le porteur du projet…un peu comme les petites lignes qu’on ne lit jamais en fin d’un contrat 😋
Fabi
Les prochains sont AR ?