Kickstarter en feu : Le rêve du crowdfunding vire au conflit social
✊ Coup de tonnerre chez Kickstarter ! Les employés sont en grève pour défendre la semaine de 4 jours et des salaires décents. Quel impact pour nos pledges ? Analyse.
Kickstarter en feu 🔥
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L’essentiel en 3 points :
- Les employés de Kickstarter sont en grève pour garantir contractuellement la semaine de 4 jours et un salaire minimum décent.
- La direction refuse de signer, préférant garder le pouvoir unilatéral de revenir aux 40h, ce qui est vécu comme une trahison des valeurs progressistes de l’entreprise.
- Ce conflit fragilise Kickstarter face à Gamefound, mais le syndicat appelle à ne PAS boycotter la plateforme pour protéger les créateurs.
Pendant que vous cliquez sur « Back this project », les travailleurs de Kickstarter, eux, cliquent sur « Log out ».
Imaginez la scène : vous êtes sur Kickstarter, la carte bleue prête à chauffer pour ce nouveau dungeon crawler de ouf. Ou un jeu de survie et de crafting (coucou Don’t Starve). La hype est là. Mais derrière l’écran, c’est le chaos. Depuis le 2 octobre 2025, une grande partie des gens qui font tourner la machine, développeurs, support client, modérateurs, ont dit STOP. Ils sont en grève.

Ce n’est pas une petite dispute pour savoir qui a volé le dernier meeple. C’est une bataille, historique, qui secoue le géant du financement participatif et qui pose une question cruciale : les valeurs affichées par Kickstarter sont-elles plus qu’une simple façade marketing ?
32 heures et un peu de dignité
Le syndicat Kickstarter United (KSU), pionnier dans la tech américaine, a voté la grève à 85%. Leurs demandes ne sont pas folles. Ils veulent juste sécuriser ce qu’ils avaient déjà.
1. La semaine de 4 jours (32h) : l’acquis menacé. Pendant trois ans, Kickstarter a fonctionné (et très bien !) avec une semaine de 4 jours. C’était un modèle d’équilibre. Mais aujourd’hui, la direction refuse catégoriquement d’inscrire cet acquis dans le nouveau contrat.
Leur argument est lunaire : « On n’a pas l’intention de revenir à 5 jours… MAIS on veut garder le pouvoir unilatéral de le faire si on a un ‘besoin commercial’. »
Comme le résume parfaitement Dannel Jurado, ingénieur gréviste : « Si vous n’en avez pas l’intention, pourquoi avez-vous besoin de vous en réserver le droit ? » C’est limpide. La direction veut garder le contrôle total, quitte à renier ses propres succès.
2. Un salaire pour vivre (tout simplement). L’autre point de blocage, c’est le salaire plancher. Le syndicat réclame 85 000 $ annuels. Ça peut sembler énorme, mais c’est le seuil de « faible revenu » pour une personne seule à New York. Un employé sur six gagne moins que ça actuellement. On parle ici des gens qui valident vos projets, qui assurent le support… Bref, ceux qui sont essentiels mais précaires.
L’hypocrisie d’une « entreprise à mission »
Ce qui rend cette situation explosive, c’est le décalage immense entre l’image de Kickstarter et la réalité interne. KS est une « Public Benefit Corporation » (PBC), censée placer l’humain avant le profit maximal.
Voir cette entreprise refuser de sécuriser des conditions de travail progressistes qu’elle a elle-même mises en place, et mégoter sur des salaires décents (le coût total de la mesure salariale est estimé à seulement 94 000$ par an !), ça fait tache.
Pour les employés qui avaient rejoint KS pour ses valeurs, acceptant parfois des baisses de salaire pour un meilleur équilibre de vie, c’est une trahison pure et simple.
Cette méfiance ne date pas d’hier. La création du syndicat en 2020 s’était faite dans la douleur, la direction ayant employé des tactiques antisyndicales agressives. Ce passé conflictuel explique pourquoi le syndicat exige aujourd’hui des garanties écrites, et non de simples promesses verbales.
Impact sur les jeux de société. Attention danger !
Pour nous, joueurs et joueuses, quel est l’impact ?
Le syndicat a été très clair : PAS DE BOYCOTT. Ils ne veulent pas pénaliser les créateurs indépendants qui dépendent de la plateforme. C’est tout à leur honneur.
Cependant, la grève a des conséquences concrètes. Le support est ralenti, la résolution des bugs prend du temps. Si le conflit s’éternise, la confiance, moteur essentiel du crowdfunding, pourrait s’éroder.
Et c’est là que ça devient stratégique. Kickstarter n’est plus seul. Gamefound et Backerkit sont en embuscade. Dans le secteur des jeux de société, les montants levés sur KS sont en baisse, alors que Gamefound monte en puissance.
Dans ce contexte concurrentiel, projeter une image d’instabilité et de conflit social est un pari très risqué pour la direction de Kickstarter. En s’accrochant à des principes managériaux d’un autre âge, ils pourraient bien accélérer la migration des gros projets vers des plateformes concurrentes.
L’avenir se joue maintenant
Cette grève dépasse largement le cadre de l’entreprise. Elle teste la capacité du mouvement syndical dans la tech à transformer des avantages « cool » en droits acquis et inaliénables.
L’issue de ce bras de fer dira si Kickstarter est capable d’aligner ses actes sur ses idéaux. En attendant, les grévistes tiennent bon, et tout l’écosystème du financement participatif retient son souffle. Au final, Kickstarter joue une partie serrée contre ses propres valeurs, et si la direction ne change pas de stratégie, c’est toute la plateforme qui risque le « Game Over ».
FAQ : La grève chez Kickstarter — Comprendre la crise
Que se passe-t-il chez Kickstarter ?
Depuis le 2 octobre 2025, les employés de la plateforme sont en grève. Soutenus par le syndicat Kickstarter United (KSU), ils protestent contre la direction, paralysant une partie du support, du développement et de la modération.
Qui mène la grève ?
Le mouvement est conduit par KSU, premier syndicat d’une grande entreprise tech américaine. Il regroupe les employés opérationnels qui font tourner la plateforme au quotidien.
Pourquoi la semaine de 4 jours est-elle un point clé ?
En place depuis trois ans, elle fonctionne bien. Mais la direction refuse de la rendre contractuelle, gardant le droit de revenir à 5 jours « si nécessaire ». Les employés y voient une menace à leurs acquis.
Quelles sont les revendications salariales ?
Le syndicat réclame un salaire minimum de 85 000 $ par an, soit le seuil de bas revenu à New York. Actuellement, un employé sur six est en dessous de ce montant.
Pourquoi parle-t-on d’hypocrisie ?
Kickstarter est une Public Benefit Corporation, censée placer l’humain avant le profit. Son refus de sécuriser des acquis sociaux est jugé contraire à cette mission. Le coût total des augmentations demandées serait d’à peine 94 000 $ par an.
Cette tension est-elle nouvelle ?
Non. Depuis la création du syndicat en 2020, la direction est accusée de tactiques antisyndicales. Le manque de confiance est donc ancien.
Faut-il boycotter Kickstarter ?
Non. Le syndicat s’y oppose. Un boycott pénaliserait les créateurs indépendants qui dépendent de la plateforme.
Quels sont les effets visibles de la grève ?
- Ralentissement du support client et de la modération.
- Bugs corrigés plus lentement.
- Risque de perte de confiance si le conflit dure.
Kickstarter risque-t-il de perdre des parts de marché ?
Oui. Des concurrents comme Gamefound et Backerkit gagnent déjà du terrain, notamment dans le secteur du jeu de société.
Pourquoi cette grève est-elle importante pour la tech ?
C’est un test pour tout le secteur. Elle pourrait faire évoluer les « avantages cool » en droits sociaux réels dans les entreprises technologiques.
Quel est le risque ultime pour Kickstarter ?
Un effondrement de son capital de confiance. En trahissant ses valeurs progressistes, la plateforme risque de perdre sa communauté et son identité — un véritable « Game Over » social.
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6 Comments
Rody Sansei
Curieux ce « faible revenu » à 85000$ à New-York.
Les chiffres détaillés ici : https://expat-assurance.com/fr/expatriation-new-york/salaire-moyen-new-york/#:~:text=Il%20est%20nécessaire%20d'avoir,vivre%20convenablement%20à%20New%20York.
Petit extrait : Il est nécessaire d’avoir environ 5 100 $ par mois pour pouvoir vivre « convenablement » à New York. (Sachant que beaucoup gagnent moins bien).
Nico
C’est vrai que « vu d’ici » 85 000 dollars par an pour 32h par semaine, ça laisse plutôt songeur. « travailler moins pour gagner plus »
Cyriaque Husson
4jours par semaine ce n’est pas 32h00. Surtout aux US !!
Nicolas
C’est écrit dans leurs revendications « 32-hour, 4-day workweek » et dans l’article.
N’hésitez pas à le lire avant de commenter 😉
CompteZero
Ca date de 2023…
Raptorus
L’argument est loin d’être lunaire… Avec le nombre de sorties de jeux en augmentation constante, les financements participatifs eux aussi en hausse, et la concurrence croissante, garder la possibilité de revenir à 5 jours est une décision de pur bon sens pour un chef d’entreprise. Etre progressiste, ce que la direction de KS est, c’est bien ; être progressiste et avoir la tête sur les épaules, c’est mieux. Et vous l’écrivez vous-même, ce sont des avantages « cools ». La semaine de 4 jours n’est pas un avantage acquis avec difficulté, c’est un avantage offert par la société. Et autant le dire tout de suite, même les entreprises les plus cools des Etats-Unis ou du monde ne sont pas enclines de gaité de coeur à offrir des semaines de 4 jours / 32h à leurs employés, en versant des salaires bien plus qu’honorables.