Critiques de jeux,  Jeux de plateau

LE JEU DU JOUR : DOMINATIONS

Dominations, de quoi ça parle ?

Dominations est un pur jeu de civilisation, avec toute sa grammaire classique : trois âges, développements, ressources, différentes civilisations et objectifs spécifiques. Tout y est

Et comme la plupart des jeux de civilisation, soyons honnêtes, on est plus dans l’optimisation de son développement que dans l’immersion et la narration

D’autant que le cœur de la mécanique de jeu de Dominations repose sur la pose de tuiles triangulaires. Un ITHEM qui ne brille pas par un spectacle épique !

Un 2 sur 5 sur l’ITHEM

Et comment on joue ?

Comme à peu près n’importe quel jeu de civilisation, Dominations se joue en trois âges. Ce n’est pas là qu’il faut chercher l’innovation !

Chaque âge est découpé en cinq manches, chacune d’entre elles est ensuite divisée en trois phases, réalisées en entier à son tour :

➡️ On commence par poser une seule et unique tuile, adjacente au reste. On gagne alors un nombre de ressources correspondantes aux icônes indiquées. Sachant que si on parvient à mettre deux icônes semblables l’une à côté de l’autre on remporte une ressource supplémentaire. Un maigre bonus, certes, mais qui pourra faire la différence!

➡️ Ensuite, on peut construire un unique élément : une merveille (on est dans un jeu de civilisation, après tout), une cité d’un étage où poser un étage / niveau supplémentaire a une cité déjà bâtie

➡️ Enfin, on peut soit acheter une nouvelle carte, un savoir, soit en améliorer un déjà en place. Ces cartes doivent être placées devant soit en respectant les couleurs des cartes déjà posées (les… nodus)

Voilà, c’est tout. Il suffit d’un ou deux tours pour saisir les mécaniques de base du jeu, et tout devient évident !

Dominations est un jeu surprenant ! Il est aussi riche et complexe que (plus ou moins) simple à appréhender. Une belle perf en gamedesign !

Et comment on gagne ?

À la fin de chaque âge, on procède à un mini-décompte intermédiaire, dans lequel on grappille quelques points par-ci par-là. Mais Dominations est avant tout un jeu de course aux points. La piste des scores est visible, on voit très bien qui se situe où. Et même si quelqu’un prend l’avantage et creuse l’écart au fil de la partie, Dominations n’est pas punitif ! On peut rattraper son retard plus tard et revenir aux points

Après cinq manches et trois âges, donc 15 tours, on passe au décompte final dans lequel on obtient des points selon ses objectifs persos (et non secrets). Il y en a cinq. Plus on en a réussis, et plus on obtient de points. Mais il faut relever qu’ils sont extrêmement contraignants et difficiles à atteindre. C’est évidemment fait exprès. Si on en remplit deux sur cinq, c’est déjà bien !

Interaction ?

Sur l’IGUS, l’échelle de mesure de l’interaction dans les jeux, Dominations atteint un 2/5

Pourquoi ?

Parce que dans Dominations, même s’il s’agit d’un jeu de civilisation, il n’y a pas de baston. Jamais. On est loin d’un Civilization ou d’un Genesia

Les seules interactions plus ou moins directes sont les avancées sur les pistes : la personne qui est la plus avancée sur la piste d’influence peut copier une tech / savoir chez quelqu’un d’autre, et à la fin de chaque âge, pour chaque pole position de l’une des six (!) ressources à gérer, on obtient une carte, un personnage au pouvoir spécifique

Une autre petite interaction, qui inclut un aspect géostratégique, c’est quand on pose sa tuile, les cités adjacentes obtiennent aussitôt des ressources. Sa propre cité ou celles des autres. Donc on aura tout intérêt de ne pas poser sa tuile n’importe où, n’importe comment

Mais sinon, l’interaction est plutôt polaire, on passe sa partie à gérer ses tuiles, ses six ressources, son développement, ses objectifs de son côté. Pas d’affrontement, pas de blocage possible. C’est froid !

À combien y jouer ?

Dominations est prévu pour 2 à 4

À 2, le jeu tourne très, très bien ! C’est la meilleur configuration. Le temps d’attente est optimal ! Et comme l’IGUS est faible, cela ne pose pas un souci

À 3, le jeu tourne aussi bien

À 4, c’est juste l’enfer sur terre ! Comme chaque tour d’une ou d’un joueur implique trois parties distinctes : pose, puis construction et enfin achat, autant dire qu’on va faire péter son forfait données entre les tours pour surfer sur Insta en attendant. Ou aller faire la vaisselle. Ou commencer un tricot. Bref. Oubliez d’y jouer à 4, mais vraiment ! Ou alors, si vous avez un gros, gros penchant maso. Mais dans ce cas-là, on ne juge pas

À partir de quel âge y jouer ?

Le jeu indique 13 ans. C’est une bonne estimation. Oubliez d’y jouer avec un public plus jeune, il y a beaucoup, beaucoup d’éléments à gérer

Même si les règles sont fluides et logiques, il y a quand même énormément de choses à calculer : cette tuile ici plutôt que celle-la là ? Et quelle carte acheter ? Bref. 13-14 ans est une très bonne estimation !

Alors, Dominations, c’est bien ?

Oui, c’est vraiment bien, pour autant qu’on apprécie ce genre de jeux de comptable à gérer des pistes de tous les côtés : six ressources, influence, points. On se croirait presque dans Crystal Palace !

Dominations est toutefois un très bon jeu, car il est pris en main à vitesse fulgurante. Les règles s’expliquent en une poignée de minutes et peut démarrer rapidement

Si vous appréciez les jeux de civilisations, de pose de tuiles, de cartes tech / savoirs à développer et de multiples stratégies possibles, vous allez apprécier

Dominations réussit également là où de nombreux autres jeux échouent : à marier tactique (quelle tuile où et quand) et stratégie (je prévois d’acheter, de faire ça dans un, deux, trois tours, donc il me faut ces ressources maintenant et plus tard)

Au final, Dominations est un bon jeu, mais avec un mais. Une interaction polaire, et surtout, des parties à quatre indigestes

🔴 Dominations, score final :

Note : 3.5 sur 5.

Ce qui nous a plu ❤️️

✅ Un jeu de civilisation. J’adore les jeux de civilisations !

✅ Des règles extrêmement fluides et instinctives qui se lisent et s’apprennent en une poignée de minutes. Surprenant pour un jeu d’une telle ampleur (comptez 2-3h de jeu en tout cas)

✅ Une rejouabilité de ouf (sans compter les extensions. Voire plus bas ⬇️)

✅ Beaucoup de petites extensions intéressantes qui viennent rajouter encore plus de plaisir au jeu

Ce qui nous a moins plu ⛔️

❌ Ouvrir la boîte de jeu et passer 45′ à tout préparer : dépuncher, trier, coller, assembler, etc.

❌ Du pur hard-fun. Un pur jeu « de comptable » qui peut refroidir

❌ Une inclusivité au ras des pâquerettes : tout est au masculin ! Même les cartes présentant des personnages féminins sont au… masculin 😠 (l’inventeur, le grand prêtre). Sérieux, en 2020… 😡

❌ Un peu trop de poncifs de jeux de civilisations : trois âges, différents aspects, objectifs perso. Peu de

❌ Un matériel peu appétissant, plat et terne

❌ Un premier âge lent, on initie le jeu, et un troisième âge qui commence à devenir répétitif, rébarbatif et poussif

❌ Une interaction plutôt polaire (2/5 sur l’IGUS)

❌ Attention au FOBO ! Quelle tuile poser où, et quel savoir développer

❌ Un jeu pénible à 4 !

Et encore une chose

Vous pouvez trouver Dominations chez Philibert ici (qui reste disponible pour les commandes online pendant la fermeture due au coronavirus…)

Pour une lecture plus agréable, plus confortable, notre blog ne vous propose aucune publicité, aucun contenu sponsorisé ! Nous espérons que vous appréciez. Dans un souci de transparence, pour votre information, Gus&Co entretient des relations d’affiliation avec Philibert. Ainsi, si vous achetez un jeu en cliquant sur nos liens, nous pouvons obtenir une (minuscule) part des revenus, ce qui nous permet d’acheter d’autres jeux et de continuer à pouvoir vous proposer de nouveaux articles

Également chez Magic Bazar ici (qui reste aussi disponible pour les commandes online pendant la fermeture due au coronavirus…)

Et si vous habitez en Suisse, également chez Helvétia Games Shop ici (qui reste aussi disponible pour les commandes online pendant la fermeture due au coronavirus…)

  • Auteurs : Eric Dubus, Olivier Mélison
  • Illustrateur : Florian Stitz, Loïc Muzy
  • Éditeur : Holy Grail Games
  • Nombre de joueurs et joueuses : 2 à 4 (idéal à 2-3. Évitez à 4 !)
  • Âge conseillé : dès 13 ans (pas moins, au vu de la complexité du jeu)
  • Durée : 2-3h (pas moins)
  • Thème : Civilisation
  • Mécaniques principales : Tuiles, développement, majorité

Le jeu propose déjà quatre mini-extensions. Comme le jeu a été lancé sur KS, c’est « normal » qu’il soit accompagné d’add-ons. Chaque extension ne coûte qu’une dizaine d’euros et rajoute un petit matériel, de quoi apporter une rejouabilité supplémentaire au jeu

Dynasties

Dans Dynasties, vous vous alliez aux familles les plus importantes de votre nation, en utilisant leurs compétences pour rendre votre civilisation encore plus puissante. Il existe 6 dynasties, chaque grande famille étant associée à un domaine de connaissances

À chaque âge, vous jouerez vos cartes de la dynastie. Chacune de ces cartes représente un membre de la famille d’une dynastie particulière qui vous apportera son aide. Ces cartes déclenchent des effets puissants pouvant générer des ressources, des points de victoire, ainsi que d’autres avantages !

Vous pouvez trouver l’extension ici

Hegemon

Cette extension inclut également une nouvelle fonctionnalité de présages. Ces cartes d’événement peuvent entraver vos plans ou vous apporter encore plus de gloire ! Vous pouvez également faire appel à l’aide de l’oracle, en remplaçant le grand prêtre et vous donnant le contrôle sur les flux et les reflets du destin

Vous pouvez trouver l’extension ici

Provinces

Dans Provinces, vous découvrez de nouveaux peuples uniques. Vous pouvez bénéficier de leurs connaissances et de leurs ressources en les introduisant dans votre propre civilisation. Provinces est une extension pour Dominations, dans laquelle vous entrerez en contact avec d’autres nations, sous la forme d’une nouvelle sélection de tuiles terrestres.

Intégrez ces nouveaux peuples dans votre empire, que ce soit par le commerce, la culture ou des moyens plus agressifs. Une fois sous votre contrôle, ces nouveaux territoires sont joués comme des tuiles de terrain ordinaires, et ils vous accordent également des récompenses uniques ! 

Vous pouvez trouver l’extension ici

Silk Road

Silk Road est une extension pour Dominations dans laquelle vous connecterez vos villes les unes aux autres, formant des routes commerciales qui deviendront de plus en plus rentables à mesure qu’elles se développent

Améliorez les villes en véritables centres de commerce et connectez-les le long du parcours pour gagner des ressources et des points de victoire. Combinez un tout nouvel ensemble de cartes de maîtrise avec vos centres commerciaux pour acquérir de nouvelles capacités et récompenses !

Vous pouvez trouver l’extension ici

Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

2 Comments

  • cros

    Bonjour.
    Ne trouvez vous pas que les cartes savoirs peuvent être très déséquilibrées ? Par exemple, la carte religion/écrits sacrés :  » à la fin de chaque âge, 3 PV par cité violette en jeu ».
    Dans une partie à 4 joueurs , il y a facilement 3, 4 … voir 6 ou 7 ou plus… cité violette en jeu… ce qui fait beaucoup de points !
    A moins qu’on ne compte que les cités qu’on contrôle, mais ….ce n’est pas écrit comme cela.
    (Ceci dit, j’aurais du vous écouter et ne pas jouer à 4 -))) )
    Merci de votre avis, et plus généralement, merci de tous vos avis sur les jeux, toujours intéressants.

    • Gus

      Merci Thierry pour votre réaction et commentaire extrêmement sympathique !

      Pour les cartes violettes déséquilibrées, vous avez sans doute raison

      Mais peut-être faut-il reprendre ce débat de cartes parfois déséquilibrées dans certains jeux, notamment dans les jeux de développement et de civilisation, comme ici ou dans Through the Ages aussi par exemple

      Les martingales n’existent jamais. Tout dépend de milliers de facteurs : combien de cartes placez-vous ? Combien de cartes vous laisse-t-on en placer ? Combien d’autres éléments pour comboter ?

      L’équilibre parfait n’existe pas, n’existe jamais. Et tant mieux, au final. Si ces combos fonctionnent, parfois, souvent, toujours, ce sont aux personnes présentes de tout faire pour s’opposer à ce que d’autres les réalisent

      Je prendrais notre dernière partie d’Egizia 2020 en exemple. J’ai explosé mes deux partenaires de jeu parce que j’y ai établi une stratégie unique basée sur des constructions rapides et fréquentes, en visant le très court terme, en tout cas au début, tandis que les autres « batifolaient » à ramasser des cartes pour les aider plus tard. Mais au fil de la partie, l’écart s’est peu à peu creusé en ma faveur (pour une fois que je gagne à un jeu… hashtag Caliméro). Peut-on alors dire que la stratégie de construction est déséquilibrée ? Peut-être. Peut-être pas. Tout dépend de mille facteurs, encore une fois. Ce que je fais, ce que les autres font, ce que les autres me laissent faire. Et si plus ou moins léger déséquilibre il y a, tant mieux, cela pousse les autres à réagir et à ne pas se laisser distancer ou rétamer.

      J’ai toujours trouvé cette discussion d’équilibrage extrêmement intéressante à mener. Pourrais-t-on voir les jeux de société comme les miroirs de notre société, de NOS représentations ? Est-on prêt à accepter une société inégalitaire, déséquilibrée, ou doit-on réagir ? Et est-ce qu’on n’aurait pas tendance à refuser les déséquilibres (dans les jeux ou ailleurs) justement parce que soi-même on n’a pas l’habitude de jongler dans sa vraie vie avec ou sans privilèges ?

      Une discussion philosophico-socio-poterie qui n’a pas tant lieu d’être ici. Mais qui soulève toutefois certaines interrogations sur ce besoin constant d’équilibrage dans les jeux que votre commentaire relève ici de manière pertinente Thierry.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.

En savoir plus sur Gus & Co

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading