Analyses & psychologie du jeu

L’écriture inclusive dans les jeux de société. Un débat passionné

Notre article d’hier sur l’utilisation massive des smartphones en boutique a suscité plusieurs commentaires. A notre grande surprise. Pas tant sur le contenu que sur la forme. Car notre style a interloqué ou dérangé plusieurs lecteurs et lectrices:

Je me souviens également d’une première réaction d’un ami le 21 septembre suite à la critique de l’excellent Photosynthesis, dans cet échange de messages sur Whatsapp:

Message qui tentait de corriger ce paragraphe-ci:

Un gros moment de solitude pour mon ami, qui pensait avoir débusqué une erreur de frappe. Alors que non. Nous ne faisions que pratiquer l’écriture inclusive (moralité de l’histoire, réfléchissez à deux foi avant de vouloire nous corrige car nous ne faisons jamai de fote)

Toutes ces réactions nous ont alors poussés à publier cet article. Dont le but n’est pas de corriger ou de moraliser, mais d’explorer et de s’interroger

Débat

Depuis quelques semaines, l’écriture inclusive soulève le débat dans la francophonie. Dans le monde anglophone, c’est une autre paire de manches, nous y reviendrons plus bas

L’écriture inclusive fait en effet polémique, entre fervents défenseurs et farouches opposants, entre progressistes à tendances féministes et protecteurs de la langue française. Le débat sur l’écriture inclusive, épiphénomène de la sempiternelle (et stérile) querelle entre modernes et anciens

Même le ministre français de l’éducation actuel, Jean-Michel Blanquer, s’est fendu d’un avis personnel pour dénoncer et réfuter l’écriture inclusive. Selon lui, cette nouvelle grammaire n’est ni une nécessité dans les apprentissages, ni une bonne idée, trop complexe à mettre en place. Point. Barre

Mais au fond, c’est quoi, l’écriture inclusive? Et qu’en est-il dans les jeux de société? Quelle est la pratique, entre règles de jeux et médias?

Pratique

L’écriture inclusive, c’est le fait de représenter la gente féminine au même titre que la masculine. D’assurer une égalité entre hommes et femmes en trouvant des solutions pour éviter la sur-représentation masculine dans le langage

Par exemple, des exemples:

La plupart des métiers sont masculins: on dit un chef, un auteur, un professeur. Et pas une cheffe, une auteuse, une professeuse

Et quand il faut accorder un adjectif ou un participe passé, il suffit d’un seul nom masculin pour 600’000 féminins pour que l’accord passe au masculin. On écrit: Régine, Jeannette et Olga sont arrivées en retard. Et quand on rajoute un masculin: Régine, Jeannette, Olga et René sont arrivés en retard. Arrivés. Et pas arrivées. Alors qu’il y a bien trois féminins dans la phrase.

Quand on parle d’écriture inclusive, on peut l’intégrer de trois manières et conventions plus ou moins complémentaires, plus ou moins élégantes, plus ou moins acceptables. Question de choix, de goût, d’esthétique et de décision éditoriale

Première convention

On accorde en genre les noms de fonctions, grades, métiers, titres. On peut ainsi dire une cheffe, une auteure ou autrice de jeux

Deuxième convention

On peut user du féminin et du masculin selon l’énumération par ordre alphabétique (les Suisses et les Suissesses), le recours aux termes épicènes, c’est-à-dire qui ne varient pas selon le genre (les personnes de nationalité suisse) ou l’usage d’un point milieu (les Français·es)

Troisième convention

Ne plus employer les antonomases du nom commun « Femme » et « Homme »
 
Maintenant que nous avons posé le cadre, les conventions, intéressons-nous à un cas bien précis, les jeux de société et la présence, ou absence, d’écriture inclusive

Règles de jeux

La très, très grande majorité des règles de jeux n’intègrent pas du tout les conventions d’écritures inclusives. Le masculin est de mise

Pourquoi?

… Parce que…?

Cochez la bonne réponse

Parce que c’est plus simple

Parce que c’est plus commun

Parce que c’est plus logique

Parce que c’est plus acceptable

Parce que c’est plus élégant

Parce que c’est comme ça et c’est tout

Par exemple, un exemple récent. Dans Rajas of the Ganges (un excellent jeu), sorti en octobre 2017 chez HUCH, aux règles traduites en français

Le terme de « joueurs » est utilisé à plusieurs reprises. Terme générique que l’on retrouve dans la plupart des jeux

Mais pourquoi uniquement au masculin? N’y a-t-il donc aucune femme qui s’adonne aux jeux de société? Aucune? N’est-ce qu’une activité masculine? Étonnant, alors que le jeu est lui-même co-crée par une femme et un homme, en couple dans la vie, Inka et Markus Brand

Et « ouvriers »??? Pourquoi pas « ouvrières »? Il n’y a que les hommes qui bossent?

Mais un kudos pour le « celui ou celle » qui inclut les deux genres

Un peu plus loin toutefois, toujours dans le même jeu, on retrouve ce paragraphe:

Le terme de « joueur » est cette fois au singulier, pas d’accord au masculin pluriel, terme qui va cannibaliser le genre dans tout le paragraphe

Non, ne vous inquiétez pas, nous n’allons pas disséquer TOUTES les règles de TOUS les jeux. Mais il est intéressant, ou triste, c’est selon, de constater que le substantif de « joueur », au singulier ou au pluriel, est la norme générique

Une question se pose alors: comment faire venir plus de femmes aux jeux de société, de tendre à l’égalité, quand les explications ne font la promotion que de termes masculins? Comment régirait le lecteur et la lectrice si « joueur » était remplacé par « joueuse »?

Mieux? Moins bien? Pourquoi?

Sortez vos stylos, vous avez 4h

Mais quid de la VO?

Il est intéressant de relever que l’écriture se veut ici beaucoup plus inclusive

Eure = vôtre, plutôt que « chaque joueur »

Arbeiter, ouvrier, travailleur, pas au féminin par contre, pas « arbeiterin »

Ihr = vôtre

Wem, sein = utilisation du neutre

Donc un paragraphe somme toute assez épicène

Médias

Les règles du jeu sont un aspect du jeu de société. Les médias qui en parlent, un autre. Quelle place de l’écriture inclusive dans les médias francophones spécialisés dans les jeux de société?

D’abord, rapide tour d’horizon, la plupart des sites, des blogs babillant de jeux de société sont tenus par des hommes. Le cas de TricTrac par exemple, très velu avec sa rédac 100% masculine

Dans tous les articles, le choix éditorial est de préférer la masculinisation de la langue sans passer par la case inclusive. L’exemple avec cet article:

Métiers, catégories, tout y est masculinisé

Comment est-ce que la lectrice, le lecteur ressent et accepte ce rejet du féminin?

Le blog Geeklette, et c’est plutôt rare, est tenu par une femme, et ça se voit ici

Les adjectifs, les participes passés sont tous accordés au féminin. Même si, et c’est surprenant, la catégorie « joueurs » est au masculin

Quant à nous, Gus&Co, depuis quelques mois, nous avons fait le choix de pratiquer le plus possible l’écriture inclusive en intégrant autant que possible deux conventions:

Le langage épicène. Donc pas genré. Nous dirons plutôt: les personnes qui jouent, qui achètent, plutôt que: les joueurs et les joueuses, les acheteurs et les acheteuses

Le point. Pas toujours milieu, parce que pas facile à placer depuis son clavier de desktop/smartphone

Mais au vu des nombreuses réactions (toutes masculines?) suscitées par l’article d’hier, voir plus haut, nous pouvons constater que notre choix éditorial n’est pas apprécié de toutes et tous.

Devons-nous… abandonner? Persévérer? Que feriez-vous à notre place?

Blog bénévole et gratuit de passionnés, nous continuerons à faire ce qui nous anime. Ecrire et partager. Et si cela signifie maintenir notre vigilance pour tendre à l’égalité linguistique, nous persévérerons. Nous nous engageons toutefois à intégrer le plus de langage épicène et à éviter les formules, les conventions parfois maladroites ou inélégantes

Anglo

Et quid du monde anglo-saxon? Pour eux, la question ne se pose pas du tout puisque le féminin est pratiquement inexistant: player, gamer, publisher. La différence n’existe pas (encore?) entre masculin et féminin

Il faut également préciser qu’en anglais, ni les adjectifs ni les participes passés ne s’accordent, même pas au pluriel. Le tout est par conséquent extrêmement neutre, tout est inclusif, égalitaire, il n’y a pas de genre prioritaire ou sur-représenté

A moins que la socio-étymo-linguistique viennent nous prouver tout le contraire, que l’anglais n’est qu’une langue masculine qui ne peut pas se décliner au féminin: player, gamer, publisher. En allemand aussi les masculins finissent par -er…

Mais encore

Si vous voulez prolonger la discussion, vous pouvez écouter ce débat très intéressant entre plusieurs linguistes à écouter ici sur RFI

Votre réaction sur l'article ?
+1
0
+1
1
+1
0
+1
0
+1
0
+1
0

66 Comments

  • Patrik

    Pour ma part, l’écriture inclusive ralentit la lecture et défigure un texte car ces fameux points intempestifs en plein mot.

    Notre langue est divisée en 2 genres : masculin et féminin, mais pas de neutre ou d’épicène, c’est ainsi. Pour ma part, j’aurais aimé un 3ème genre indéfini. Il aurait été amusant d’avoir une article neutre : le pilote, la pilote, lo pilote. Ou lou pilote (ça fait + provençal 🙂
    L’accord au masculin (le masculin l’emporte sur le féminin) est récent. Antan, on accordait au plus proche (comme souvent en latin). Donc : un homme et 3 femmes belles. Même si le « et » est ici ambigu.

    Pour ma part, dire « chaque joueur » ne me traumatise pas. Je le prends dans un sens neutre. L’erreur que font certains est de confondre genre et sexe. Pour forcer le trait : quand je parle d’une table, je n’y vois certainement pas une femme à 4 pattes !
    On dit bien « une personne », même si s’agit d’un homme. Se sent-il diminué pour autant, même si c’est un macho de la pire espèce ?
    L’anglais est bien plus neutre que le français. Est-ce que ça réduit les inégalités homme-femme ? Non. De plus, le politiquement correct débouche parfois sur des aberrations, genre qu’un homme n’ose plus monter dans le même ascenseur qu’une femme. A quand les transports en commun pour les femmes d’un côté et ceux pour les hommes de l’autre ?
    Je sais, je force le trait.

    Vous faites ce que vous voulez sur votre site, écriture inclusive ou pas. Pour ma part, je continuerai à vous lire.
    Bonne continuité.

  • damien

    Hello, merci pour ce nouveau débat ! Je voulais juste mentionner le blog vindjeu.eu qui parle très régulièrement de « joueuses » à la place des « joueurs » notamment sous la plume de SwatSh.

    • SwatSh

      Bien vu et merci damien. En effet, sur Vin d’jeu, j’essaye d’équilibrer les choses depuis quelques années et écrit souvent au féminin dans mes articles. Un exemple? Le dernier article que j’ai écrit sur Vin d’jeu sur Five Tribes les Caprices du Sultan: « Bruno Cathala a profité de ce plateau plus grand pour permettre à un cinquième joueur de se joindre à la fête Maghrébine »
      Merci de l’avoir remarqué damien, tu es la première personne à en parler 🙂

  • Thomas

    Comme vous le précisez, vous êtes un blog de passionnés et bénévoles. Dans ce cadre, je ne pense pas que la question « dévons-nous abandonner ? » se pose. Si l’écriture inclusive (et tout ce qu’elle implique) est quelque chose qui vous tient à coeur, faites le ! Si quelqu’un ne le supporte pas pour X raison, il arrêtera de lire, et puis c’est tout. On ne peut pas être appréciés par tous, et ce n’est pas bien grave. C’est tout le genre le cas lorsqu’on prend une décision basée sur un principe, presque politique ou philosophique.

    Je ne connaissais pas du tout le principe de l’écriture inclusive donc je n’ai pas encore d’avis sur la question. Mais j’apprécie beaucoup votre démarche. Cela fait plaisir de voir des sites internet (comme vindjeu déjà cité) prendre ce genre de « risque ». Je dis bien « risque » car effectivement, c’est le genre de chose qui peut déplaire.

    L’écriture inclusive peut ralentir la lecture, c’est vrai. Mais seulement au début, je pense. A force, on s’y habituera. J’aurais également préféré un genre neutre, mais en attendant sa création, l’écriture inclusive est un intéressant moyen de contribuer grammaticalement à l’égalité des sexes.

  • Domitien

    L’académie Française à plusieurs fois rappelée que l’assertion « le masculin l’emporte sur le féminin » est une simplification abusive et que grammaticalement parlant le masculin est un genre non spécifique au contraire du féminin.

  • angelakoala

    Débat intéressant, c’est vrai que je trouve l’écriture inclusive moins fluide à lire, je pense que c’est essentiellement une question d’habitude et d’apprentissage. On a appris à l’école qu’une phrase commence par une majuscule et se termine par un point. Tout comme on a appris que le masculin l’emporte sur le féminin (même si l’homme ne l’emporte pas forcément sur la femme :P). Pour ma part je continue d’appliquer les règles que j’ai apprises à l’école car normalement je les maîtrise et j’arrive à les utiliser naturellement.

    • Gus

      Merci Angela pour votre retour

      Et vous, comme femme, est-ce que ça vous ne dérange pas d’être mise « au ban » de la grammaire?

      Pour le point, nous sommes également de changer là-dessus. Il ne se place plus du tout dans les messages (whatsapp, messenger). Ou alors pour symboliser l’agacement. Mais c’est un autre débat

      Est-ce qu’une langue n’est pas censée évoluer, justement?

      • angelakoala

        Oui je suis d’accord nous avons une langue vivante et tout ce qui est vivant évolue. En tant que femme ça ne me choque pas plus que ça, je suis pour l’égalité homme/femme mais surtout en terme de droits, je ne trouve pas cela forcément péjoratif de dire « des joueurs » s’il y a des individus des deux sexes. Après ça sera certainement très choquant dans 50 ans 😀 Comme je l’ai dit avant j’ai appris la langue comme ça et c’est une question d’habitude, plus nous verrons d’écriture intuitive, plus nous nous y habituerons et plus ça deviendra naturel. L’être humain est par nature réticent au changement mais une fois le changement effectué, on veut rarement retourner en arrière 🙂

        • Gus

           » L’être humain est par nature réticent au changement mais une fois le changement effectué, on veut rarement retourner en arrière »

          Mais tellement juste

          Rien à voir, mais ça me rappelle le passage à l’horaire continu voulu par le précédent quinquennat. Grosse levée de boucliers pour les 5 jours

          Et avec Manu et Blanquer, pouf ça rechange. Et du coup ça râle quand ça repasse à 4 jours 😂

  • Olivier DAMIENS

    Alors, pourquoi pas après des siècles de dictat du masculin basculer dans le tout féminin. Bon juste pour un siècle (faut pas dec… quand même) en réparation du préjudice et ensuite on passe au neutre. Très bonne idée de Patrick. Et puis soyons créatif, on aurait un siècle pour inventer des neutres (ou inventer de nouveau masculin ou nouveau féminin si on garde les termes existant pour faire le neutre — ex : si homme est neutre, il faudra trouver un nom pour les hommes males. L’homal et l’hommelle donnent naissance à de petits hommes…)

  • Chrys

    Salut, ça fait depuis mes études à l’université que j’utilise le langage nautre ou non-sexiste avec la forme suivante : « réjoui-e-s ».
    Il existe 3 formes différentes en effet :
    – réjoui-e-s
    – réjoui.e.s
    – réjouiEs
    l’un des professeurs de l’époque m’avait dit que c’était agrammatical, en fait, oui si on se base sur le modèle de la grammaire canonique / classique (qui favorise la sur-représentation du genre masculin) mais si on se base dans le langage non-sexiste / neutre, c’est tout à fait grammatical !
    C’est un langage que l’on voit de + en + dans le milieu militant et ce quelque soit la cause défendue.
    Je pense que votre blog devrait continuer à revendiquer cette neutralité et si j’étais vous, je ne me dérangerais pas pour continuer ou persévérer et ce quelque soit les commentaires reçus.

  • Nadir

    Personnellement, ayant fait une bonne partie de ma formation en allemand, je me heurte depuis longtemps à cette question de l’inclusion. Je trouve le « nouvel inclusif » francophone pâbo et mal pratique. Écrire par exemple « joueur.se » me semble contre-intuitif au possible, surtout avec le point dedans. L’allemand, grande langue du jeu et de l’inclusion dans mon esprit tout du moins, s’en sort mieux en pouvant faire des fusions du genre « SpielerIn ». Après, j’ai aussi eu vu en allemand des listes d’adjectifs avec l’un au masculin, puis l’autre au féminin qui font qu’on ne finit par ne plus s’y retrouver (je suis un gentil collaborateur, mais suis-je aussi efficiente?). Mais de manière générale, la langue allemande a su se faire inclusive sans que cela ne semble trop heurter ses locuteurs. Et je crois qu’il y a là une vraie question culturelle, parce qu’il suffit de penser aux grands débats dès que la langue française se féminise un tant soit peu et de réaliser à quel point en allemand, tout a été fait avant et, apparemment (là j’affirme sans sources, j’avoue), sans trop de heurts. Cela fait des années que l’allemand n’a plus le mot « Mademoiselle » et cela n’a guère posé de soucis dans mon souvenir. Idem pour un tas de termes, mais je crois que les gens qui me lisent ont compris qu’entre français et allemand, il y a avant tout une question de culture. D’autant plus que le français s’étant donné pour mission avec Richelieu d’être peu accessible aux femmes, les questions de genre au sein de la langue ne leur sont pas trop favorables en matière de grammaire, puisque peu/pas pensées.

    Dans le monde du jeu, j’ai souvenir d’avoir été récemment frappé par l’apparition de « joueuses » dans les exemples de règles. Je ne saurais plus donner de références, mais je sais que cela se fait dans toutes les langues et je trouve cela chouette car ça passe sans soucis.

    Au niveau de ma pratique pro, je m’efforce d’employer au maximum un langage épicène, tant à l’oral qu’à l’écrit. En fait, c’est ça qui me gêne dans le « nouvel inclusif » c’est qu’à l’oral, il faut de toute façon rallonger en exprimant les deux genres, donc autant rallonger sur le papier. J’ai peut-être pas tout suivi et je m’en excuse, mais comment est-ce que nous sommes censés lire « joueur.se » (ou des variations genre « joueur(se) ou joueur-se »)? En gardant un seul genre, en disant les deux? Je préfère toujours rajouter un féminin de manière clair que de tenter de synthétiser ce qui ne se synthétise pas. Je dis et j’écris donc « chacune et chacun » au lieu de trouver des raccourcissements qui risquent surtout de me perdre. Enfin, à l’écrit, je mets en général des adjectifs masculins sur les pluriels, car la langue n’a pas de neutre. Dans les cas où cela est important, genre document remis à mes collègues de langue alémanique, je précise que le masculin est employé par convention et que quand cela fait du sens, il se remplace sans autre par un féminin.

    Je soutiens donc tout à fait l’idée de faire de l’inclusif, mais je suis plutôt tenant du « tout écrit » et aussi d’une forme de subversion liée au nombre. Dès qu’un groupe contient une majorité de femmes, j’accorde au féminin et, pour l’instant, personne n’y a trouvé à redire. Ne me reste donc plus qu’à oser les pluriels au féminin par défaut lorsque cela fait sens et de mentionner que le texte est volontairement rédigé au féminin en début de texte. Faire quelque chose comme les étudiantes en médecine lausannoise qui ont renommé leur association « l’association des étudiantes en médecine ».

    J’aime donc tout à fait que l’équipe de Gus&Co soit inclusive, je vous encourage à poursuivre sur cette voie, tout en trouvant un moyen de rendre cela un rien plus lisible. J’avoue néanmoins que je n’avais rien vu jusque là, donc c’est que ce n’est pas si heurtant en général.

  • Cochise

    Alors moi je suis plutôt pour l’écriture inclusive, par contre utiliser le « . » pour ça donne la lecture très difficile. Ce n’est pas pour rien que le « · » a été choisi.
    Donc oui a l’écriture inclusive mais avec les bonnes règles.

  • Daniel

    Pour ma part je trouve que l’écriture inclusive nuit à la compréhension d’un texte. Dans la mesure ou le français permet déjà de dire « la joueuse et le joueur », je ne vois que deux raisons à son utilisation :
    1 – J’ai la flemme d’utiliser une grammaire correcte car c’est trop long à écrire. Auquel cas, l’écriture inclusive est du même niveau que le langage texto des ados des années 2000…
    2 – Je souhaite passer un message politique. Il ne faut pas s’étonner à ce que mon message de fond passe au second plan. Il perd de sa substance : votre précédent article est un exemple criant.

  • Femto

    Le vrai problème, est que certaines personnes pensent qu’une écriture inclusive utilisée par tout le monde, est le bon angle d’attaque qui va aider à régler les problèmes d’inégalité homme femme. Si ça fonctionnait, on verrait les pays anglophones se féliciter/vanter pour leur niveau d’égalité plus souvent :-).

    « Moi je sui pour l’écritur de fainéan. Moin j’ai de letres à taper mieu j’me porte » :-D.

    Je ne pense pas non plus que c’est en écrivant les règles de jeu avec de l’écriture inclusive que ça va attirer plus de femmes. Au passage j’ai l’impression que c’est un truc d’une génération avant moi de rester bloquée sur le: « Il n’y a pas / pas assez de femmes autour des tables de jeu ». Je pense à la génération qui a vécu son adolescence avec le jeu société et jeu de rôle au début/milieu des années 90 (je venais à peine d’ouvrir les yeux moi =) ). Quand on voit le bond qu’a fait le jeu de société dans les familles la balance est entrain de pencher depuis un petite moment non ?

    Au passage je ne vois pas le soucis qu’une activité puisse intéresser plus d’hommes que de femmes et vice versa. On ne vas pas commencer à forcer les gens à coup de « Allez viens qu’on est bien 😉 » .

    (A partir de là je m’excuse si je dérive un peu du sujet)

    Par contre si par « comment faire venir plus de femmes aux jeux de société » , tu parles de les faire venir aux soirées jeux, il n’y a pas de recette magique. Si il y en a qui désertent des soirées jeux je me dis qu’il faut voir du coté de « comment elles ont été accueillies/traitées pendant leur soirée ».

    Attention au passage, je ne vise ou remets personne en cause, je veux dire qu’il suffit d’une remarque ou geste mal placé (qu’on en a pas conscience) pour blesser une personne.

    En tant qu’homme, quand je vois cette montée récente de témoignages de femmes qui se sont senties blessées par un homme à un moment de leur vie, j’en viens à me remettre en question et me demander si ça ne m’est pas déjà arrivé d’être un gros lourd par une remarque ou geste que j’aurais cru innocent mais en fait était déplacé.

    Problème d’éducation ? Problème de compréhension entre hommes et femmes ? ça reste un autre débat 🙂

  • Zonzon25

    Excellente initiative. Excellent article. C’est peut être un peu moins fluide à lire pour moi car pas trop habitué à l’écriture inclusive. La faute aux textes qui ne l’utilisent pas. 🙂

  • gnondpom

    Je n’avais même pas remarqué, donc pour moi ça ne me dérange pas, continuez comme ça ! (ou faites comme ça vous convient le mieux, après tout c’est un blog bénévole comme vous dites – d’ailleurs je profite de l’occasion pour vous remercier pour tous ces excellents articles !)

    Concernant le blog Geeklette, il me semble qu’elle suit tout simplement les règles traditionnelles de grammaire française : elle accorde les participes passés au féminin parce qu’elle parle d’elle-même, une femme (j’étais très prise, je suis repartie sans). Et pour le collectif, elle reste dans les conventions usuelles : un grand groupe est par défaut au masculin, à moins qu’il n’y ait que des femmes (et donc « joueurs » et pas « joueuses »). Il me semble que l’écriture est donc bien plus inclusive ici que dans cet exemple.

    Et pour l’anglais, même si la plupart des mots sont neutres, j’avais été marquée il y a déjà plusieurs années par une pratique qui m’avait semblée étrange au départ (mais qui est finalement très logique). Même si player est neutre, les pronoms qui le reprennent ne le sont pas (on n’utilise pas « it », la forme neutre, pour une personne). Il y a donc beaucoup d’ouvrages où les pronoms sont alternativement masculins et féminins, avec souvent le féminin en premier si la personne qui écrit est sensible à ces questions.

    Ainsi, on aura une phrase parlant d’un player, disant p. ex. « Elle pioche une carte. » Et ensuite, lorsqu’on parlera de son adversaire, « Il lance le dé. » Et ainsi de suite, en alternant les genres pour chaque personne différente dont on parle. Bien sûr le elle comme le il s’appliquent aux deux genres.

    Ca fait bizarre au début, mais ça semble une bonne alternative, même si ce n’est pas du tout utilisé pour l’instant dans la langue française.

    En anglais, une autre tendance plus récente (et donc passablement décriée par l’establishment de la grammaire…) est d’utiliser le pronom « they » ou « them » et le déterminant « their » en lieu et place de she/he her/him ou her/his. Ces pronoms sont à la base ceux du pluriel (identiques qu’on parle du masculin ou du féminin ou des deux), et un certain nombre de personne les utilisent au singulier pour éviter le problème du choix. Comme quoi tout n’est pas forcément résolu même en anglais !

  • falls

    La démultiplication des marques orthographiques et syntaxiques qu’elle induit aboutit à une langue désunie, disparate dans son expression, créant une confusion qui confine à l’illisibilité. On voit mal quel est l’objectif poursuivi et comment il pourrait surmonter les obstacles pratiques d’écriture, de lecture – visuelle ou à voix haute – et de prononciation. Cela alourdirait la tâche des pédagogues. Cela compliquerait plus encore celle des lecteurs. Plus que toute autre institution, l’Académie française est sensible aux évolutions et aux innovations de la langue, puisqu’elle a pour mission de les codifier. En cette occasion, c’est moins en gardienne de la norme qu’en garante de l’avenir qu’elle lance un cri d’alarme: devant cette aberration «inclusive», la langue française se trouve désormais en péril mortel, ce dont notre nation est dès aujourd’hui comptable devant les générations futures. Il est déjà difficile d’acquérir une langue, qu’en sera-t-il si l’usage y ajoute des formes secondes et altérées? Comment les générations à venir pourront-elles grandir en intimité avec notre patrimoine écrit? Quant aux promesses de la francophonie, elles seront anéanties si la langue française s’empêche elle-même par ce redoublement de complexité, au bénéfice d’autres langues qui en tireront profit pour prévaloir sur la planète.»
    Retrouvez cet article et l’info alternative sur : http://www.contre-info.com

  • Thomas Ruffier

    Moi, j’aime bien.
    À l’école, quand on nous a appris qu’un groupe de 10 filles et 1 garçon devrait se décliner au masculin, tous les enfants ont trouvé ça bizarre !!
    Quand je lis » le jeu se joue à 5 joueurs », j’ai une image mentale de 5 garçons autour d’une table.
    Avant le point médian « · » (alt+maj+f sur mac, sur PC c’est la galère), on utilisait des parenthèses, je trouvais ça plus pénible à lire et j’avais tendance à n’avoir que des filles dans mon image mentale. C’est un peu moins le cas avec le « · », mais ce n’est pas parfait non plus. Varier les plaisirs en utilisant parfois le masculin et féminin, parfois un terme épicène et parfois le « · » me parait l’idéal.

    Par contre, je n’aime pas quand vous mettez des « . », on a l’impression d’une faute de frappe ou d’une fin de phrase. Je sais que c’est galère à écrire sur PC/Smartphone, mais je trouve que le « . » ne convient pas.

  • Steeve

    C’est un débat très intéressant et pour moi l’inclusion de tous est importante lans les règles de jeu (et tout texte en général en fait).

    Je suis pour que les textes soient le plus neutres possibles, car il y a des joueurs et des joueuses donc pas de raison particulière de parler uniquement au masculin ou uniquement au féminin. Malheureusement la langue française n’a actuellement pas d’outil pratique pour écrire de manière neutre (les articles, noms et adjectifs ont souvent une orthographe masculine et une féminine mais pas de neutre).

    Pour moi l’idéal serait de créer un genre neutre avec lequel on pourrait accorder. Patrik dans les commentaires a parlé des articles « le » et « la » et a proposé l’article « lo » pour le neutre. Ça peut paraitre étrange au début car ce mot n’existe pas, mais ça me semble la solution la plus logique.

    Je suis contre les écritures « le/la », « le-a », « le.a », « ému.e.s », « maudit(es) » et autres bizzareries qui ralentissent la lecture.

    Je n’aime pas non plus que les phrases soient au féminin quand elles incluent aussi des hommes. En tant qu’homme, quand je lis ça, je vais me sentir exclus par la phrase car j’ai trop l’habitude (mauvaise ?) de voir des phrases au masculin quand elles incluent hommes et femmes. Il va me falloir un petit temps (très court bien sûr mais non négligeable) pour juger si l’auteur voulait parler exclusivement de femmes ou si l’auteur, dans un souci d’égalité homme-femme, inclut en fait tout le monde. Et sur une phrase au singulier, c’est pire.

    Une solution simple, mais qui alourdit un peu les phrases, c’est de mettre systématiquement le masculin et le féminin dans la phrase, par exemple « les joueurs et joueuses » ou « le joueur ou la joueuse ». L’avantage ici est que la grammaire n’est pas modifiée, mais le texte est nettement plus long.

    On retrouve cette solution dans les cartes Magic… mais en anglais, pas en français. Petit exemple avec la carte « Contrainte » :

    En anglais :
    Target opponent reveals his or her hand. You choose a noncreature, nonland card from it. That player discards that card.

    Alors que « opponent » est neutre, les pronoms possessifs sont genrés, mais Wizards of the Coast utilise « his or her hand » pour inclure les deux genres. « player » est aussi neutre ensuite donc pas de problème.

    En français :
    « L’adversaire ciblé révèle sa main. Vous y choisissez une carte non-créature non-terrain. Ce joueur se défausse de cette carte. »

    « adversaire », « ciblé » et « joueur » sont au masculin. Aurait-il fallu écrire « L’adversaire ciblé ou ciblée… », « … ciblé(e) »… ? « Ce joueur ou cette joueuse se défausse de cette carte. » ?

    J’ai été récemment confronté au problème dans le cadre d’une newsletter. Je voulais commencer le texte en saluant mon lecteur ou ma lectrice. Mais impossible de s’adresser au lecteur ou à la lectrice en utilisant « Bonjour cher ami » qui était envisagé au tout début, étant donné qu’il y avait des lectrices. Je crois que la première newsletter est quand même partie avec un nom au masculin. Les suivantes sont personnalisées grâce à l’outil de newsletter que j’utilise et chacun reçoit un salut avec son prénom : « Bonjour Steeve », « Bonjour Joséphine ». Pas d’exclusion ainsi.

    Merci pour l’article de bonne qualité, comme d’habitude.

    • Gus

      Un sujet épineux en effet Steeve

      La meilleure solution? Mais y en a-t-il vraiment une?

      Rien que le fait d’en parler est déjà une très, très grande avancée

      Après le reste n’est que goût, choix personnels et éditoriaux

      Merci pour votre lecture Steeve!

    • mugenkrysalis

      Pour l’exemple de magic la phrase peut être écrite « La cible adverse révèle sa main. Vous y choisissez une carte non-créature non-terrain. Elle se défausse de cette carte. »

  • JiDul

    Bonjour,
    J’aime bien vous lire… parce que vous parlez de Jeux de société mais pas uniquement. 🙂
    Ce débat n’a de sens que parce que le langage influe sur notre comportement car c’est au sein du langage que réfléchissons/pensons, donc c’est impossible d’aller vers un apaisement des relations homme/femme sans une évolution de celui-ci.
    Mais le langage c’est aussi un ensemble de règles communes qui, suivies, permettent une compréhension mutuelle. Donc il ne faut pas déroger à ces règles sous peine d’incompréhensions… (j’ai personnellement du mal à comprendre un certains nombre d’interlocuteurs, y compris dans le monde du jeu, car ils ne respectent pas ces règles)

    Aïe j’ai un problème. Comment avoir un avis alors ?

    Quelques notes :
    – Je suis un vieux con, j’ai du mal à changer.
    – J’aime bien la remarque sur le genre qui n’est pas le sexe…. même si on voit bien que ça ne tient pas trop quand on parle d’êtres humains.
    – Le point est pour les fins de phrase… ça me perturbe vraiment de le voir ailleurs.
    – J’écris encore un peu avec un stylo… je suis plutôt réfractaire à une différence d’écriture entre le papier/crayon et le claviottage.
    – Ayant des difficultés d’orthographe… si je mets des « . » partout, comment vais-je me faire aider par le correcteur ?
    – Personnellement, lorsqu’il est écrit « il y a 5 joueurs autour du plateau »… dans ma tête je vois un plateau et une 10aine de mains. Et pas moyen de savoir si ce sont des hommes ou des femmes (ça sera déjà bien s’il y a autant de mains gauches que de mains droites). Et là pif paf… comment faire pour que les manchots ne se sentent pas exclus ?
    – A notre asso de joueurs et joueuses il y a plus de femmes que d’hommes (observation sur la fréquentation des soirées)
    – Je pense que le français aura disparu avant qu’il ne règle ce genre de difficultés
    – 😉 Pour moi la langue Française fait au contraire la par belle au sexe faible. Les 5 joueuses jouent à une partie uniquement entre filles, alors que pour une partie à 5 joueurs 3 homme sont obligés de jouer avec 2 femmes ! c’est injuste 😉

    Pour moi ce type d’écriture n’est pas du français (il ne suit pas les règles de la grammaire française), et il relève d’un acte militant. C’est un peut de la désobéissance civique. Ça peut être nécessaire pour faire évoluer les mentalités mais on ne peut reprocher à personne de suivre la règle 😉

    • Gus

      Merci pour votre riche commentaire

      Commençons par changer cette expression très 1826: « sexe faible »

      Perso, après avoir assisté à l’accouchement de mes deux enfants par leur maman (et avoir perdu 2-3 phalanges au passage), je peux vous dire que le sexe faible n’est pas du tout celui qu’on croit. Mais vraiment pas

      Oui oui oui, désobéissons puisque la société nous impose des lois crétines (accord masculin)

    • Jib

      « Ce débat n’a de sens que parce que le langage influe sur notre comportement car c’est au sein du langage que réfléchissons/pensons, donc c’est impossible d’aller vers un apaisement des relations homme/femme sans une évolution de celui-ci. »

      Il resterait à montrer en quoi certaines inégalités sociales pourraient être réduites par la modification du langage… En quoi changer le média (le langage) aiderait à changer le message (l’intention qui s’exprime par le langage) ?
      Le langage inclusif me semble plus politiquement correct que source d’action politique efficace cotre les inégalités.
      N’est-ce pas une bonne conscience qu’on chercherait à se donner ? Changeons le langage, le reste suivra ?
      Ce débat me fait penser au choix du nom qu’on ferait peut transmettre à nos enfants : le nom du papa, de la maman ? ou les deux accolés ?
      Et il y a cette peur de stigmatiser…. qui me rend personnellement plus souvent maladroit que naturel. Tout cela n’est pas étranger au fait que notre société perd la boussole (l’avait-elle davantage « avant » ?), on ne sait pas communiquer car on a peur de blesser ou d’être blessé… Mais la peur a rarement été bonne conseillère, hein.

      Est-ce vraiment d’une question de règle d’écriture que dépend notre capacité d’écoute, de confiance, de bienveillance, d’empathie, de solidarité ? Ce serait réducteur.

      Et jusqu’où aller dans le langage inclusif ? Microsoft nous propose maintenant non pas d’écrire selon une grammaire établie, mais selon une idéologie… Écrivez « Les épouses ne sont pas sourdes » et la dernière mise à jour de Word proposera de remplacer « épouse » par « conjoint/partenaire ». C’est par cela que doit passer « l’égalité » ? par l’idéologie ?

      Ceci dit, dans le jeu de société, il y a en effet une forte patte masculine, mais cela dépend beaucoup du style de jeu, du thème, d’une certaine complexité (on parle de jeux « velus…. ») qui flatterait plutôt l’hémisphère masculin du cerveau. Dans mon association de jeux, le public est plus féminin, et les jeux sont plus familiaux/ambiance que « brûlage de neurone ».
      Du coup, je pense que si on souhaite davantage féminiser le jeu de société, cela passe plutôt par l’appel à des thèmes qui sont psychologiquement plus neutres ou plus féminins (et là je rejoint l’article de Gus sur les « jeux bienveillants »).

  • Manavella (für Elsass)

    Et si les problèmes d’égalité hommes / femmes étaient un faux combat grammatical,
    Et si les hommes qui écrivent des articles / critiques le faisaient au masculin,
    Et si les femmes qui écrivent des articles le faisaient au féminin,
    Et si plus de femmes s’investissaient dans le monde du jeu et faisaient des myriades d’articles ?
    Et s’il fallait passer plus de temps et de plaisir à jouer avec les épouses, les mamans, nos filles ?

    • Gus

      Mais 👏🏼

      Tellement d’accord Mana

      Mais pour jouer l’avocat du diable (désolé. Comme (ancien) théologien ça me fait un peu mal du coup 😉)

      « Et si les femmes qui écrivent des articles le faisaient au féminin,
      Et si plus de femmes s’investissaient dans le monde du jeu et faisaient des myriades d’articles ?
      Et s’il fallait passer plus de temps et de plaisir à jouer avec les épouses, les mamans, nos filles ? »

      Et si moins de femmes se sentaient investies et intéressées par le jeu de société parce que les modèles sont trop masculins, justement? Langage. Univers, etc Ce qui n’aide pas favoriser l’inclusion

      Il est juste hallucinant de constater le nombre extrêmement restreint de femmes auteures de jeux. Ce qui n’aide pas favoriser l’inclusion

      Alors, la poule, l’œuf tout ça…

      Oui pour tout ce que vous avez dit. Vous avez amplement raison

      Mais comment se sent une femme quand elle lit à longueur de journée de lecture de règles quand elle ne voit que le terme « joueur » (par exemple)?

      La poule, l’œuf tout ça

  • Sam

    Voilà pourquoi je prends du plaisir à lire « Gus And Co », il n’y a pas que le jeu dans la vie, même s’il occupe une partie importante de la mienne !
    Mon commentaire ne va pas enrichir le débat du fait que mes arguments et mon analyse ne seront pas à la hauteur des excellents propos rédigés précédemment. Ceci dit, en tant que « prof », je ne me pose pas cette question du fait que j’utilise le terme « élève » (un bon fonctionnaire dirait « apprenants ») du coup je ne rencontre pas ce problème grammatical qui m’a certainement posé problème lors de ma scolarité.
    D’ailleurs, je ne sais même pas si le terme de « professeur » est un épicène ou pas, certains écrivent « une professeure ». Je pense que comme dans toute (r)évolution grammaticale ou pas, il peut y avoir des éléments mal régulés, des insatisfaits, des incompris, des oubliés…D’ailleurs je ne sais pas comment aurait été perçue cette écriture par feue M. Yoursenar, la première Immortelle.
    Je referme cette parenthèse certainement inutile ici.

    Ceci dit, pour répondre à votre question Gus, ce type d’écriture ne me dérange absolument pas, je n’y avais pas forcement prêté attention du fait que cela ne vienne pas nuire à ce que je recherche ici : de la qualité et de la pertinence dans les articles.

  • Petrus

    Puisque vous nous demandez franchement notre avis, je vous réponds tout aussi franchement, avec tout le respect que je vous dois et malgré l’intérêt que je trouve régulièrement à vos articles : l’écriture inclusive est une pure bêtise idéologique qui contrevient à toutes les règles grammaticales, orthographiques et typographiques, et démontre ainsi une méconnaissance profonde de la langue française de la part de ses promoteurs. Il ne faut en effet pas confondre le genre grammatical et le genre naturel, comme déjà exposé en 1984 par Georges Dumézil et Claude Lévi-Strauss, excusez du peu (voir ici : http://www.academie-francaise.fr/actualites/feminisation-des-titres-et-des-fonctions). Et puis, on croise déjà tellement de fautes d’orthographes et d’anglicismes plus ou moins abscons sur le Net, notamment dans le domaine ludique ; ce n’est pas la peine d’en rajouter une couche avec l’écriture inclusive.

  • Johan

    Si l’on écoute l’Académie Française, l’écriture inclusive alourdit la lecture. Si l’on se réfère à la recherche dont il est fait mention ici, non : https://www.rts.ch/info/suisse/1110072-feminiser-l-ecrit-n-alourdit-pas-la-lecture.html

    Je ne sais pas si l’Académie Française s’est appuyée sur des recherches scientifiques pour asséner sa position…

    Et même si ça alourdit un peu la lecture, mais que ça contribue à visibiliser les femmes et à contribuer à plus d’égalité, allons-y! Il y a tellement d’autres aspects (inutiles socialement) qui alourdissent bien davantage la lecture, tels que l’oubli de la ponctuation ou, au contraire, l’abus de virgules, les fautes de grammaire et d’orthographe qui nous obligent à chercher un mouchoir pour essuyer le sang coulant de nos yeux, ou encore les phrases trop longues comme celle que vous êtes en train de lire.

    Ainsi, je soutiens pleinement l’initiative de Gus&Co ! Pour ma part, j’essaye de promouvoir le langage épicène ou inclusif partout où je travaille, y compris dans le milieu du jeu, parfois avec un succès mitigé. Changer sa manière d’écrire ou de lire requiert un petit effort mental supplémentaire que peu d’hommes et de femmes consentent à fournir. Et le consentement, c’est important, même dans l’écriture 😉

    Est-ce un débat/combat stérile ou futile, sous prétexte qu’il y a des inégalités de genre plus graves? Mais, comme pour la plupart des luttes contre les inégalités, on peut/doit agir à tous les niveaux pour un changement en profondeur. Le Diable (encore lui, sans son avocat cette fois-ci) se cache dans les détails.

  • Kime

    Dyslexique depuis très longtemps (orthophonistE en 5éme)
    Je vais profiter de ce poste « orthographique » pour donner le point de vue d’une personne qui a eu 0 chaque semaine (une dictée par semaine) du Cours Préparatoire à la 3ème à cause d’un handicap, à l’époque, faiblement référencé et qui faisait passer l’individu « malade », pour au mieux un fainéant ou tout simplement pour un incompétent. Considéré l’effet et la certitude de savoir que chaque semaine vous serez considéré comme un « nul » (en orthographe) et tout l’effet psychologique que cela peut représenter pour son auteur.e.

    L’orthographe a pour objectif de normer par des règles d’écritures le champ communicationnel.
    Il ne faut pas méconnaître le poids des institutions qui imposent de plus en plus un cadre normatif exigeant une conformité des élèves à la norme. Les élèves victimes de harcèlement sont ceux qui ne sont justement pas dans la norme, donc les institutions en renforçant la norme renforcent le harcèlement.
    Les violences scolaires et l’égalité femmes-hommes s’inscrivent dans une institution et renvoient aux contradictions voire au dysfonctionnement de l’institution.
    Il me semble nécessaire que les normes et le champ applicatif de ces normes s’assouplissent et s’intègre dans ce qui est acceptable, respectueux de toutes les personnalités et de tous les individus dans une « bonne » intelligence, respectueuse de son contexte temporel.

    Une « bonne » règle si elle est utilisée pour donner un coup sur les doigts de celui qui ne la respecte pas parce qu’il ou elle n’est pas capable de la comprendre n’est pas une « bonne » règle, à mon avis.
    Mais apprendre à identifier les « bonnes » et « mauvaises » règles de notre société n’est pas si facile, et apprendre à réfléchir sur l’impact de tel ou telles règles est compliqué. En discuter est déjà une avancée significative.

    Fumer dans une classe ou dans un bureau n’était pas interdit dans le passé.
    Isoler un bâtiment autrement qu’avec de l’amiante vous permettez de passer pour un irresponsable, il y a peu, et travailler dans l’isolation était « fun ».
    Le droit des votes des femmes date de 1945 en France et de 1760 en Corse.
    Les druides considérés qu’une langue écrite était une langue morte et prônait l’oralité alors même qu’il possédait l’écriture.
    La lapidation de la femme adultère est malheureusement encore une pratique « défendue ».
    Draguer ouvertement une demoiselle qui nous plaît et ne pas reconnaître ou identifier les signaux qui montre que le plaisir n’est pas aussi partagé qu’on le voudrait, est difficile pour l’égo masculin reptilien du chasseur-prédateur.
    Placer de l’argent dans des paradis fiscaux n’est pas interdit, c’est même recommandé pour ceux qui en ont les moyens, actuellement.

    Plus et mieux que les règles que l’on voudra instituer, développons dans nos usages et dans notre réflexion, pour nous et pour nos enfants, ce qui est bon pour eux et pour une « bonne » société.
    Les règles et leurs acceptations ne doivent être respectées, à mon avis, que si elles sont, à vos yeux, respectables et justes.
    Etre capable de rentrer en résistance (Gandhi-indépendance de l’Inde, Luther King-Ségrégation, Mandela-Appartheid) face à ce que nous considérons comme de l’injustice est une preuve de courage et d’intelligence, même si elle n’est pas nécessairement reconnue comme telle.

    Donc mon opinion personnelle est que quelque soit l’écriture que vous verrez utiliser inclusive ou non respecter les personnes et les écrits pour ce qu’ils et elles vous apportent. Vouloir imposer une norme n’est peut-être pas la « bonne » solution, mais soumettre des idées hors normes et les appliquer fait avancer la cause.

    Je suis un vieux crouton maintenant de 10 lustres, qui a appris à être respectueux, mais qui peut cependant être virulent et apparaître comme irrespectueux si je repère de l’irrespect ou de l’injustice et malheureusement j’en repère souvent même dans des lieux et espaces ou l’on pourrait imaginer qu’il ne devrait pas y en avoir.
    Le domaine des jeux et le site de Gus and Co me semblent porter des valeurs de respect que j’apprécie.

    • Gus

      Rhooo là là Michel, quel intervention riche, appuyée et très personnelle. Merci pour votre commentaire!

      « Fumer dans une classe ou dans un bureau n’était pas interdit dans le passé.
      Isoler un bâtiment autrement qu’avec de l’amiante vous permettez de passer pour un irresponsable, il y a peu, et travailler dans l’isolation était « fun ».
      Le droit des votes des femmes date de 1945 en France et de 1760 en Corse » En Suisse, fédéral, en… 1971. 1971, WTF

      Mais les lois ont changé. On a beau s’en offusquer, résister, c’est ce qu’on appelle le développement, le progrès. Et même si ça grattouille ou chatouille, heureusement qu’on avance

      Et en parlant d’écriture inclusive, de respect et d’ouverture d’esprit, pas plus tard qu’aujourd’hui l’Allemagne a décidé d’accepter un troisième sexe. Classe, non?

      Allemagne

  • Margaux

    Je trouve que c’est une belle initiative de vouloir visibiliser les femmes dans le jeu de société ! On existe, et c’est chouette de pouvoir s’identifier à un texte ou à des personnages mis en avant dans des règles de jeu. Dans mon groupe de jeu, il y a plusieurs joueuses, et on peste solidement de systématiquement avoir le choix entre un personnage féminin et trois masculins dans un jeu à 4… Il faudra encore plus de temps pour faire changer ça, du coup, je vote pour ‘ouvrières’, ‘meeplettes’, ‘joueuses’, etc. pour accélérer tout ça !

    J’ai récemment suivi une formation sur la rédaction épicène, et il y a toutes sortes de techniques à appliquer. Tout le monde se déchire récemment sur le fameux point-médian, mais il y a aussi le doublet (dire ‘les hommes et les femmes’, ‘les joueurs et les joueuses’), l’usage de mot neutres (‘la clientèle’ plutôt que ‘les clients’, ‘le corps professoral’ plutôt que ‘les professeurs’), l’usage de ‘personnes’, l’alternance masculin/féminin… Et pour ceux qui osent plus, effectivement, l’accord de proximité et le point-médian (ALT 250 sur Windows, je le trouve plus clair que le point tout court, qu’on nous a appris à considérer comme une fin de phrase et qui peut perturber au début).

    Quoi qu’il en soit, c’est un processus de longue haleine, qui touche à deux points très sensibles à l’heure actuelle : une certaine domination masculine et un certain élitisme langagier en franco-français. Dans les autres langues comme l’anglais, le néerlandais ou l’allemand, après tout, ils font la différence entre les hommes et les femmes à l’écrit, notamment via les pronoms. Je ne vois pas pourquoi on ne ferait pas de même en français par d’autres procédés. Quant à ceux qui arguent que « c’est la règle », je dirais que les règles doivent être changées quand elles sont dépassées ou absurdes. Un peu de souplesse, que diable !

    Je salue votre volonté de changement et votre ouverture d’esprit, et j’en profite pour dire que j’adore vos articles et votre blog ! Longue vie à Gus & Co·e /o/

    • Gus

      Mais enfiiiiiiiiiiiiiin un retour féminin Margaux. Merci. La grande majorité des commentaires étaient masculins et pestaient contre l’utilisation de l’écriture inclusive, moins lisible, moins agréable, moins pratique

      « une certaine domination masculine et un certain élitisme langagier en franco-français »

      Voilà, tout est résumé Margaux

      Ma partenaire de vie partage votre avis. Le mot et catégorie « les joueurs » sont dépassés en 2017

      Je joue depuis 1989 aux jdr et mes campagnes ont toujours été majoritairement composées des femmes. J’ai même une prochaine campagne DD5 qui commencera en 2018 à 100% féminine (sauf le MJ). Alors utiliser « les joueurs » dans les règles à tue-tête paraît abscons

      Je suis optimiste. Petit à petit, les mentalités vont changer. Et finalement, on ne verra plus les points médians ou autres conventions inclusives. Et celles et ceux qui ne changeront pas seront à la ramasse

      Longue vie à vous Margaux! Au plaisir de découvrir l’un de vos prochains commentaires éclairés

  • John Devant

    L’écriture inclusive c’est de la merde. Voilà c’est brutal, vulgaire, mais sincère. Ne cherchez pas à me faire me justifier, dans 99.99% des cas, débattre ne sert à rien, A arrive avec ses opinions, B les siennes, et après X heures de blablas souvent stériles, A repart avec ses mêmes opinions, idem pour B. Autant s’éviter la lecture de paragraphes interminables.
    A part ça, j’aime beaucoup ce que vous faites.

    • Gus

      John, d’habitude nous avons une politique très stricte en matière de trolling

      Mais

      Mais votre commentaire, certes vulgaire, et vous le dites d’ailleurs vous-même, est extrêmement honnête et précis. Et en cela je vous remercie

      Votre intervention me rappelle cet article: j’ai raison, vous avez tort. Vous avez raison John, il est souvent extrêmement difficile de convaincre quelqu’un. Une phrase que l’on lit très peu sur le net (voire pas du tout 😆):

      « vous m’avez convaincu·e »*

      Les anglophones appellent ça le backfire effect, ou le Identity Protective Cognition. Autrement dit, j’ai raison, vous avez tort

      Tout ça pour dire que oui, oui, vous avez raison d’avoir raison et de trouver l’écriture inclusive nullissime. C’est votre droit. Comme c’est aussi celui de ses défenseurs (dont nous sommes) de l’utiliser. Pareil qu’en politique, qu’en religion, etc. Chacun a droit à ses convictions, à sa foi, à ses opinions. Du moment qu’elles ne viennent pas empiéter sur celles des autres

      A très vite sur Gus&Co John, nous nous réjouissons de lire d’autres de vos réactions tranchées et incisives

      *(et bim, écriture inclusive, comme ça, ni vu ni connu 😂) »

  • siwukyl

    Un article que j’ai trouvé intéressant, notamment parce qu’il explique que le Canada aurait déjà tenté l’écriture inclusive par la passé et qu’il en serait revenu : http://www.lefigaro.fr/vox/societe/2017/11/10/31003-20171110ARTFIG00339-l-appel-des-anti-ecriture-inclusive-a-jean-michel-blanquer.php

    Extrait : « Le Canada, autre grande nation francophone, s’est ainsi penché sur cette question de l’égalité entre les femmes et les hommes à travers le langage. Si l’on observe de près ce qui s’est passé dans la province de l’Ontario dans les années 90, on peut constater que l’écriture inclusive y était en usage. Leur réflexion a continué à s’enrichir des apports de leur expérience, et dès 2002 l’Office of Francophone Affair a publié un «Guide de rédaction non sexiste» dans lequel il préconise d’éviter la graphie inclusive, indiquant que:

    «Le recours aux parenthèses, points, barres obliques et traits d’union gêne la lisibilité et ne respecte pas la grammaire.» Cette présentation graphique semble d’ailleurs contre-productive au regard de l’égalité, puisque, plaçant le masculin en premier, au contact de la racine, elle le fait toujours «l’emporter sur le féminin», relégué et isolé par un point. (…) »

      • siwukyl

        Il ne me semble pas avoir dit qu’il ne faillait rien faire ni ne rien changer… 🙂 Doit-on toujours être dans un excès ou dans l’autre ? Oo
        Cela étant, je trouve cette expérience (et sa conclusion) intéressante. Pour ma part, je m’interroge sur la pertinence de refaire quelque chose qui a déjà été tenté par d’autres et qui, visiblement, n’a pas été concluant… L’écriture inclusive a le mérite de faire s’interroger sur l’égalité et la place des femmes, mais à priori son efficacité (au-delà de l’aspect communication et buzz) reste à démontrer. Pour ceux qui souhaitent de véritables résultats, peut-être ce combat doit-il être mené sous une autre forme?

        • Gus

          Alors j’ai mal interprété votre intervention, je vous prie de m’en excuser

          En citant l’article sur le Canada et en précisant qu’ils voulaient se retirer des conventions d’écriture inclusive j’ai cru que vous cherchiez à prouver que c’était une erreur

          Au vu de votre réponse, ce n’était donc pas le cas

          « Pour ceux qui souhaitent de véritables résultats, peut-être ce combat doit-il être mené sous une autre forme? »

          A quelle forme/proposition pensez-vous?

  • Marion Htro

    Merci pour vos articles passionnés que je découvre depuis peu.
    Moi, j’aime l’écriture inclusive, peut-être parce que je suis une femme.
    Cependant, les règles de jeu au masculin ne m’avaient jamais gênée jusqu’au jour où j’ai lu la règle du petit jeu djeco « diamoniak » reçu par ma fille en cadeau. Dans cette règle, il n’y a que des joueuses… et bien là j’ai réagit ! Mon ainé ayant déjà reçu « piratatak », c’était frappant. Deux jeux à la mécanique identique, un thème et une règle clairement identifiés garçon ou fille ! J’aurais préféré que la règle reste au masculin ! Depuis, on est passé à d’autres jeux bien plus plaisants.
    Enfin par le terme joueur, je préfère y voir l’équivalent de l’Homme avec un grand H. Peut-être faudrait-il donc écrire le Joueur avec un grand J 😉 et surtout veiller à une écriture ou traduction correcte. Même si je ne suis pas experte en orthographe, je vois encore régulièrement des règles avec des fautes.
    Continuez d’enrichir votre blog, il est superbe !

  • 1001mo

    Je propose de donner enfin une bonne fois pour toute la pouvoir aux femmes et de dire comme dans cette exemple « hier nous avons joué à une jeu », la tolérance et la bonne entente entre entre les sexes sera bien meilleure, c’est sûre. Après des millénaires entières de domination masculine, assumons une vraie révolution du langage (certaines l’ont d’ailleurs envisagée en Angleterre en proposant de renommer Manchester, « Humanchester »), comme ça chacune sa tour, on en reparle dans quelques millières d’années pour faire la bilan. Rigolo l’idée de la table 😉 🙂 Sexe et genre, toute est là en effet.

  • D_B

    J’ai lu quelques règles de jeu (un nombre tout de même non négligeable) qui utilisait le féminin comme neutre (joueuses à la place de joueurs) et je préfère de loin cette initiative à cette écriture inclusive qui alourdit les phrases ou défigure les mots. Autant définir les deux genres comme neutre possible et ne plus s’en soucier plutôt que d’inventer des règles alambiquées et indigestes. Ca part d’un bon sentiment, mais là le mieux est l’ennemi du bien…
    Prétendre que toutes les personnes contre l’écriture inclusive sont des males phallocrates c’est de la pure mauvaise foi.

    • Chrys

      Le neutre n’existe pas en langue française d’une part et d’autre part si on met tout au féminin, ça ne fait qu’inverser le problème et non le résoudre !!

  • Akyzi

    Bonjour,
    Alors, ce que cet article semble oublier, de même que les commentaires (volontairement our la plupart d’entre vous, j’en ai peur) c’est que le genre n’est pas binaire ^^ Certaines personnes se sentent – et sont – de genre neutre, non-binaire, queer, bref appelez ça comme vous le voulez. Le point médian leur permet d’avoir une visibilité que l’usage de « joueurs et joueuses », par exemple, ne leur apporte pas.
    (Notons que je ne suis pas pour le point médian mais plutôt pour l’accord de proximité, que je trouve bien plus lisible et plaisant à lire).

  • cuauhnochtli

    Merci Akyzi pour ce commentaire (même si j’arrive huit mois après la bataille), le premier il me semble à rappeler que de nombreuses alternatives dites inclusives excluent en fait les personnes non-binaires. Il faut cependant bien remarquer que, contrairement à ce que vous semblez dire, l’accord de proximité ne pallie pas les problèmes soulevés par le point médian, puisque cet accord concerne un nombre bien plus limité de cas.
    Forcément, les bonnes vieilles conventions patriarcales nous paraissent aujourd’hui plus lisibles et plus correctes, il ne faudrait cependant pas exagérer la complexité du point médian, qui peut paraître moins joli (toujours par rapport à certaines habitudes de lecture) et ralentit très légèrement la lecture, mais ne constitue aucun obstacle à la compréhension d’une phrase, et ne représente une gêne que bien minime à l’échelle d’un texte – autre raison d’ailleurs de le préférer au « joueuses et joueurs », qui sur l’intégralité d’un article peut aisément apparaître dix fois, et donc l’alourdir vraiment.
    La meilleure solution pourrait alors être l’application d’une graphie neutre avec ses néologismes, comme ce qui est proposé pour les pronoms (les iels, toustes, ceulles…), avec la douleur oculaire que cela pourrait susciter aux plus traditionnalistes.
    À titre personnel, je ne suis pas certain que tordre la langue pour la rendre plus égalitaire résoudra les inégalités, même s’il est évident (et scientifiquement prouvé) que notre langue résulte en partie de décisions sur-représentant sciemment le masculin. Il n’empêche que le débat autour de l’écriture inclusive a l’immense mérite de faire réfléchir les gens à leurs usages non seulement d’écriture et de lecture, mais aussi de pensée, là où beaucoup ne s’étaient probablement jamais posé la question d’une éventuelle exclusivité de la langue. Je ne féliciterais donc jamais assez les personnes utilisant et prônant l’écriture inclusive, même si je continue de la percevoir comme une phase transitoire importante pour assainir notre manière de concevoir la langue que nous employons, avant un retour au masculin neutre, qui reste probablement l’écriture la plus inclusive…
    (ce qui ne doit pas empêcher de féminiser la langue : je soutiens par exemple l’accord de proximité, les noms de métier féminins pour parler des personnes féminines les occupant, et de temps en temps, sur-employer les tournures épicènes ou écrire un article au féminin malgré le genre masculin de l’auteur ne peut pas faire de mal !)

  • chandler

    Un condensé de mon avis qui n’a pas changé sur la question depuis l’article sur Agra :

    Je suis évidemment pour une parité totale femme/homme (notez l’ordre que j’ai employé 🙂 ) mais je ne crois pas que la vie de ma petite fille de 4 ans sera meilleure parce que l’écriture inclusive se verra appliquée et rendue obligatoire par l’académie française. C’est malheureusement symptomatique de notre société moderne où la forme l’emporte de plus en plus sur le fond, où les apparences prévalent sur la valeur réelle des choses et des gens, où le virtuel prend de plus en plus de place au détriment du réel, du tangible, de l’essentiel.

    Je veux l’égalité des sexes, je ne veux pas que ma fille soit agressée par des connards ou battue par un connard, je n’ai pas de solution (rien d’autre que ce que je peux mettre en oeuvre autour de moi, à mon niveau) mais je suis certain que le problème ne sera pas réglé avant que ma fille n’ait 60 ans. Et je suis certain que l’écriture inclusive n’apportera rien à la cause, si ce n’est de perdre de la crédibilité.

    Je trouve cette nouvelle pratique orthographique (qui n’a toujours rien d’officiel, soit dit en passant) totalement désastreuse. Ca ne sert nullement la cause féministe, ça n’empêchera pas les machistes d’être machistes ni les connards de frapper leur femme. Notons même que ces personnes se moquent bien de la façon dont s’écrivent certains mots ^^ C’est lourd à appliquer et ça complique la lecture. Ce qui pourrait s’apparenter (en tirant les cheveux autant que certain-e-s féministes ^^) à de la discrimination envers les dyslexiques …

    Occupons-nous plutôt de redorer l’image de la femme sur internet, dans les autres médias et dans nos habitudes.

    Les progrès de la condition féminines ont été énormes (même si insuffisants) lors du dernier siècle et ça s’est fait sans avoir recours à un changement d’accord ^^.

    L’alcool, non ! L’eau ferrugineuse, oui ! (ou le contraire 🙂 )
    L’écriture inclusive, non ! L’égalité des sexes, oui !

  • Yann Grizonnet

    Il y a bien une erreur dans « ralenti.e » car c’est « ralenti·e ».
    Confusion entre point de ponctuation (au niveau de la ligne) et point médian (Alt 0183).
    C’est pas que le sujet m’intéresse mais autant être précis. Si vous voulez agacer un pro-médian (votre beau-frère par exemple), utilisez plutôt • (Alt 7), effet garanti.

  • Mickski

    En relisant toute cette discussion, j’ajouterais qu’avant de vouloir utiliser l’écriture inclusive (quelle hérésie, par ailleurs !), faudrait déjà commencer par écrire en français : le verbe « scorer » n’existe pas en français. 🙂 Donc, on ne doit pas écrire : « Si on vous empêche de scorer un, voire vos deux points […] ».

    Cette mode désormais fréquente d’utiliser du franglais, voire carrément des mots anglais, dans des écrits en français est, de mon point du vue, beaucoup plus dommageable que de garder le masculin comme genre neutre.

    • Gus

      Merci pour votre intervention. Et je comprends que le franglais puisse vous déranger, omni-présent dans le jeu de société : draft (que l’on pourrait traduire par ?), deck-building, scorer, etc.

      Sauf que cette discussion est hors-sujet ici. Le franglais ne porte préjudice à aucun groupe de la société… Ou alors à celles et ceux qui ont séché les cours d’anglais de Madame Croche les mardis matins en 3e au collège 😉

En savoir plus sur Gus & Co

Abonnez-vous pour poursuivre la lecture et avoir accès à l’ensemble des archives.

Continue reading