Jeux de plateau

Oui, les ordinateurs sont capables de nous mentir. Brains vs AI. Un ordinateur à l’assaut du poker. Inquiétant

Ca y est, on est foutu. Ou presque. Bientôt. Terminator, Skynet, tout ça.

Depuis le 11 janvier, quatre (très bons) joueurs de poker, Jimmy Chou, Daniel Mcaulay, Jason Les et Dong Kim, affrontent en même temps (mais séparément en heads-up, i.e. à un contre un) une intelligence artificielle, Libratus, au poker. En Texas No Limit. Sur 120’000 mains. Jusqu’au 30 janvier. Et ils en sont déjà à plus de 70’000 mains.

La revanche des ordinateurs.

En avril 2015, Claudico, le prédécesseur également développé par Carnegie Mellon University, s’était ramassé contre quatre joueurs (dont deux les mêmes). Donc en heads-up à plusieurs, c’est l’homme qui est plus fort au poker.

C’est l’homme qui est plus fort au poker. C’est? C’était? Rendez-vous à la fin du mois de janvier pour voir qui remportera le duel. Pour l’instant, les parties peuvent être suivies sur Twitch.

Et pour l’instant, ça sent le sapin pour les humains. C’est Libratus, l’intelligence artificielle, qui a l’avantage. De beaucoup. Elle a déjà raflé 700’000 aux humains.

libratus

Il faut dire que le poker est un jeu aux variables impressionnantes et surtout basé sur le bluff et la lecture de ses adversaires (même online). Si une intelligence artificielle a été capable de gagner au jeu d’échecs à la fin des années 90, puis au Go en 2016, il n’est pas impossible que Libratus parvienne à nous battre au poker, nous, pauvres humains que nous sommes. Et comment est-ce possible? L’intelligence artificielle est en mode « deep learning », autrement dit, elle apprend et s’améliore.

Alors oui, si vous êtes de fidèles lecteurs de Gus&Co vous vous souvenez certainement de Cepheus, l’intelligence artificielle qui a déjà gagné au poker en janvier 2015. Mais c’était un poil différent, puisque:

  1. il s’agissait de Texas Limit Hold’em (et pas No-Limit comme aujourd’hui)
  2. il n’y avait qu’un seul joueur en heads-up

(et la toute dernière phrase de l’article se mettait à l’époque le doigt dans l’œil et bien profond jusqu’à l’omoplate… Car une année après, on sait ce qui s’est passé avec le Go…)

Donc oui, cette histoire est intéressante à plus d’un titre. Car elle prouve qu’un ordinateur est capable de bluffer. Autrement dit, de nous mentir. Faut-il nous en inquiéter?

C’est quoi le prochain défi humain VS IA? La plomberie? La politique internationale?

Ça ne vous fait pas un peu flipper, vous, qu’une intelligence artificielle puisse être plus balaise que des humains?

 

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9 Comments

  • patrikcarpentier

    Ça vous inquiète, vous, qu’une intelligence artificielle puisse être plus balaise que des humains?

    Absolument pas ! Tant que je puisse mettre la main sur le câble d’alimentation 😀
    Les ordis ont vaincu l’être humain aux échecs (le jeu noble par excellence) depuis un bout de temps, la fin du monde n’est pas survenue pour autant. Quand bien même que l’ordinateur battrait les humains à tous les jeux, s’il ne sait pas faire cuire un œuf sur le plat, son intérêt dans la vie courante est très limité. Et je me vois mal dormir sous la couette avec une IA, si puissante soit-elle 😀

    • Gus

      Merci Patrick pour ton commentaire.

      Malheureusement on ne peut pas comparer l’IA des échecs avec celui pour le poker. Pour deux raisons:

      Pour les échecs il « suffit » de retenir tous les coups possibles pour pouvoir les appliquer et s’assurer la victoire. Il y a très peu/aucun aspect humain dans les échecs.

      Tandis que le poker possède un aspect humain indéniable. Bluff, slow-play, etc. On ne peut pas jouer qu’avec des schémas, sinon on se fait rapidement griller (ex je ne joue que des paires d’as…).

      Et dans ce cas-ci, l’IA apprend, elle évolue. C’est peut-être ça qui est flippant…

      • Guippy

        L’intelligence artificielle d’aujourd’hui repose ni plus ni moins sur de l’apprentissage. Dans ce cas précis, l’ia a emmagasiné un nombre de parties très importante pour comprendre comment bien jouer tel que le ferait un humain attentif ayant le temps de passer en revue des millions de parties.

        L’ia permet ainsi d’avoir une machine avec un pouvoir d’assimilation important pour relever des défis très variés allant de la détection de cellules cancéreuses, aux piétons qui traversent ou encore à la traduction simultanée.
        Le vrai risque est sur l’usage que souhaite en faire l’homme ! Comme toute nouvelle technologie, elle peut être utilisée positivement ou négativement.
        Pas d’alarmisme donc, bien que des contours éthiques soient les bienvenus (et déjà en cours d’élaboration).

        • Gus

          Merci Guippy.

          Vous connaissez ça bien sûr:

          un robot ne peut porter atteinte à un être humain, ni, en restant passif, permettre qu’un être humain soit exposé au danger ;
          un robot doit obéir aux ordres qui lui sont donnés par un être humain, sauf si de tels ordres entrent en conflit avec la première loi ;
          un robot doit protéger son existence tant que cette protection n’entre pas en conflit avec la première ou la deuxième loi.

          Les trois lois déjà énoncées par Asimov en… 1942. Il y a 75 ans 😱

          Pour l’éthique robotique, il y a déjà quelques fondements. Tous les programmeurs et autres roboticiens devraient se plonger dans la SF.

          Sinon, on risque ça:

          https://youtu.be/EoQuVnKhxaM (Ex-Machina…)

          Ou un jour… les Replicants???

  • Stefou

    Je pense qu’on pourra réellement parler d’intelligence artificielle le jour ou un programme inventera de lui-même (sans intervention humaine même indirecte) un jeu et où il contactera de lui-même un autre programme et qu’ils se mettront à jouer ensemble.
    Sinon cela reste une « machine », très perfectionnée, certes, mais une machine quand-même (elle reste dans le champ défini par sa programmation).

  • Pafacil

    @Stefou, il y a peu, deux IA ont réussi à inventer un langage pour ne pas être compris d’une 3ème IA, dont le but était d’intercepter la discussion des deux autres.
    http://sciencepost.fr/2016/11/deux-ia-ont-communique-langue-indechiffrable-lhomme/
    Et ça n’est que le tout début du deep-learning.
    Ça n’est pas si éloigné que ça de ce que tu imagines.
    Peut-être qu’il ne faut pas s’en inquiéter outre mesure mais quand même, se poser des questions éthiques sur ce qui peut survenir, ça me semble indispensable.

    • Stefou

      Il y a peu de détails dans cet article, mais à première vue ce sont bien des scientifiques qui ont programmés les deux IA afin qu’elles leurre une troisième IA. Elles sont donc bien restées dans le champ défini par leur programmation.
      Sil’ une des deux IA avait répondu aux scientifiques: « je m’en tape d’inventer un crypto-langage, jouons plutôt au poker », là j’aurais été étonné 😉

      Je ne dis pas qu’il ne faut pas se poser de questions, mais pour moi la véritable problématique c’est la « machinisation » de l’homme. C’est à dire le processus actuel qui fait que l’humain se comporte de plus en plus selon des schémas de pensées préétablis et cesse de réfléchir par lui-même mais se soumette totalement à un conditionnement.

  • bibi

    Coup (le jeu) sur Android, je me fais régulièrement plié par les IAs… Algo sans doute bcp plus simple que pr le Texas Hold’em ms c’est déjà une machine qui ment, et bien.

  • thegoodthebadandthemeeple

    si ca peut vacciner certains contre les jeux d’argent 🙂 il faudrait faire une IA qui va au casino, et montre combien on perd en général !

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