Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Critique de jeu: Le Trône de Fer, la Main du Roi. La Primaire de Bruno Cathala

Le Trône de Fer, la Main du Roi est sorti en anglais chez FFG en novembre 2016. Pas encore de VF prévue, mais ça ne saurait tarder (chez EDGE? Asmodée?). La Main du Roi est un petit jeu de cartes malin pour 2 à 4 joueurs, d’une durée max de 30 minutes.

Comme son nom l’indique, le jeu se déroule dans l’univers du Trône de Fer. Les joueurs « incarnent » Varys qui essaie de pécho le plus de familles pour obtenir la plus grande influence et devenir la nouvelle prochaine Main du Roi aka le premier ministre, pour faire simple. Une primaire, somme toute. Fillon, Valls, tout ça.

Et comment on joue?

On pose toutes les cartes en matrice. A son tour, on déplace la carte Varys tout droit, à l’horizontal ou à la verticale. Avant le déplacement, on commence par annoncer la famille d’arrivée choisie. On se saisit de la famille de destination, ainsi que toutes celles pareilles qui se trouvaient sur son trajet.

Si on en possède la majorité à la table, on reçoit aussitôt le blason de la famille correspondante.

Voilà, c’est tout.

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Et comment on gagne?

Quand Varys ne peut plus se déplacer parce que la matrice est épuisée, le joueur qui possède le plus de blasons remporte la partie.

On passe donc sa partie à trouver le meilleur déplacement pour prendre le plus de cartes et en compter plus que ses voisins.

Un simple jeu de majorité.

Simple, vraiment?

Non.

C’est un jeu Bruno Cathala après tout. Il faut donc s’attendre à un petit côté taquin. Avec des cartes spéciales bonus. Dès qu’une famille a été enlevée de la table, on peut aussitôt se saisir et activer l’une des six cartes bonus visibles: voler une carte aux autres, déplacer des cartes dans la matrice, tuer/défausser des cartes, etc. Une mécanique qui rajoute de l’interactivité et du piquant au jeu.

On reconnaît bien ici la patte de l’auteur haut-savoyard qui affectionne tout particulièrement les cartes spéciales et malicieuses. Une marque de fabrique que l’on retrouve dans nombre de ses jeux.

 

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VF? VO?

La VF ne va certainement pas tarder. Attendre? Craquer pour la VO?

Il faut savoir que la VO n’est pas du tout compliquée. Les règles font à peine quelques lignes, et encore, tout est résumé dans cet article. Il faudra juste être capable de libre les six cartes bonus disponibles à la vue de tous. Et encore, qui ne contiennent qu’une ou deux phrases. Pas une sinécure non plus.

Et à combien y jouer?

Le jeu est prévu de 2 à 4 joueurs. A 2 joueurs on contrôle beaucoup plus le jeu, on peut anticiper sur son prochain coup, il devient (presque) plus stratégique.

A plus, le plateau change beaucoup plus rapidement, il faudra réinventer tous ses coups. On tombe plus sur un jeu tactique. Mais à 3-4 il y aura évidemment plus d’interaction, de tension due à une course aux blasons plus ardue.

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Alors, c’est bien?

Soyons honnêtes. Bruno Cathala est une icône du jeu de société. Tout ce qu’il crée, tout ce qu’il touche se transforme en carton ludique. On consomme un jeu Bruno Cathala (aussi? Surtout?) pour le nom de son auteur. On nage en pure starisation. Même si le jeu est parfois moyen. Ce qui est le cas ici.

Attention, je ne dis pas que le jeu est mauvais. Non. Juste qu’il est un « filler », un de ces jeux-remplissages qu’on joue entre deux autres, pour remplir une soirée. On déplace Varys, on essaie d’avoir la majorité des familles. C’est tout. Le jeu est très, très léger. Creux. Un jeu kleenex? Pas loin. Parce qu’après 2-3 parties, on en aura vite fait le tour. Et qui pourrait bien finir sur une étagère à prendre la poussière.

La Main du Roi est un pur Gateway Games, un jeu tout doux pour commencer tout en douceur dans le hobby. Mais un jeu qui ne casse pas non plus trois pattes à un direwolf (=loup-garou en VF. Non mais allô quoi).

A relever, les superbes illustrations, signées par le talentueux Mihajlo Dimitrievski. Qui aime visiblement beaucoup les poitrines généreuses…

Le Trône de Fer: la Main du Roi surfe clairement sur le succès de la saga de RR Martin. On pourrait remplacer les différentes familles par des mafieux ou des grenouilles que le jeu aurait été pareil. Mais évidemment beaucoup moins sexy slash vendeur. Et comme FFG détient les droits des adaptations ludiques du TdF, ils n’allaient pas se priver.

Cette critique me laisse quelque peu perplexe. Vaut-elle vraiment la peine? Au fond, La Main du Roi est un petit jeu d’apéro sans grande prétention. Petite boite, petit matériel, petit prix (une dizaine d’euros). On ne peut pas non plus le comparer avec des jeux d’autres envergures. Si on le prend pour ce qu’il est, un jeu léger, rapide, facile, malin, La Main du Roi remplit sa fonction.

Mais encore

Dissection

Nous avons disséqué le cerveau de Bruno Cathala. Et voici ce que nous avons trouvé. Une matrice. Ses synapses sont organisées en matrice. La preuve, énormément de ses jeux le sont également. Certainement une manifestation de ses circonvolutions neurologiques…

Five Tribes. Les terrains composent une matrice et on déplace ses meeples dessus.

Mr Jack Pocket. Les rues de Londres composent une matrice et on déplace Holmes, Watson et le chien tout autour.

La Main du Roi. Les familles composent une matrice et on déplace Varys au travers.

Haru Ichiban. Les nénuphars composent une matrice sur un étang. Nénuphars que l’on déplace pour former des alignements. Une sorte de Morpions végétal. Numérique et IRL.

Tong. Un jeu gratuit en téléchargement avec des insectes placés en matrice et un caméléon qui tourne autour. A la croisée entre Mr Jack Pocket et La Main du Roi.

Longhorn. Des terrains disposés en matrice sur lesquels on déplace son bétail. Avec une mécanique Awalé. L’ancêtre de Five Tribes.

Le Petit Prince. Une planète qu’on construit en draft et en… wait for it… matrice.

Okiya (ou Niya, c’est selon). Avec des paysages placés en matrice. Et on essaie de réaliser des groupes, des alignements avec ses personnages/geishas. Pas loin de Haru Ichiban (déjà avec le thème japonisant).

J’en ai oublié?

 

Sinon, avec la sortie imminente du nouveau film Star Wars, Rogue One, voici un petit extrait (à la qualité vidéo minable…) de Spaceballs (1987). Qui se moque bien du merchandising. Et de tous les jeux qui surfent sur des licences.

Vous pouvez trouver le jeu chez Philibert.

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7 Comments

  • kawdjer

    On doit pouvoir aussi trouver d’après les visuels des jeux
    Tony & Tino, Drake & Drake, Guerre & Bêêêh, Drôles de Zèbres, Iglu Iglu, Cléopâtre & la Société des Architectes, Raptor.
    Et à la limite aussi Kingdomino (on crée la matrice), Dice Stars (on coche les cases de la matrice), Madame Ching (déplacements en ligne, mais aussi un peu en diagonale.
    Et j’en oublie peut-être encore…

    En passant, bravo pour tous ces articles, ces sujets de fond, ce ton décalé…

  • Stefou

    Je vais faire un peu de hors-sujet, mais je pense qu’il devient urgent que ma génération fasse son auto-critique (et moi le premier) par rapport à sa fetichisation de certains univers fictifs (SW, SdA,TdF, Warhammer, etc).

    Ce qui se passe autour d’univers comme celui de Star Wars devient plus que ridicule (avec des comportements quasi religieux de la part de certains fans) et nous montre bien à quel point nous vivons dans le monde du spectacle de la marchandise où tout sens critique s’est évaporé.
    Cette auto-critique ne doit bien entendu pas se cantonner à ce domaine mais plutôt être étendue à notre relation totalement fétichiste avec la marchandise.

    Bref, peut-être que nous devrions lire un peu plus Debord et un peu moins Lovecraft et R.R. Martin 🙂

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