Critiques de jeux,  Jeux de plateau

Critique de jeu: Adrenaline. 2 de tension

Adrenaline est le nouveau « gros » jeu des Tchèques de CGE (Through the Ages, Codenames) sorti pour Essen 2016. Pour 3 à 5 joueurs, d’une durée de 60′ environ. Crée par Filip Neduk (Goblins, Inc). Et en VF chez IELLO en mars 2017.

Dans Adrenaline, les joueurs incarnent des personnages de SF jetés dans une arène slash complexe futuriste pour se mettre des tatanes dans les gencives au moyen d’armes aussi puissantes que variées: lance-flamme, tronçonneuse, grenade, tout ce genre d’arsenal sympathique et chatoyant.

NB alors oui, Adrenaline s’orthographie avec un é. Mais comme le jeu est en anglais, pour être cohérents, nous avons décidé de conserver son ortho originale.

Comment on joue?

A son tour, les joueurs ont deux actions à choix sur trois: se déplacer de trois cases max, se déplacer d’une case puis ramasser un objet (arme ou mun), et évidemment tirer. Voilà. Pas compliqué.

Et comment on gagne?

Dans une partie courte d’intro, la partie s’arrête quand cinq personnages en tout ont été dégommés. Ou huit dans une partie normale. Chaque fois qu’un personnage meurt, on fait le décompte des blessures infligées par les autres joueurs. Il y a alors un décompte de majorité et scoring. Le plus reçoit le plus de PV, etc.

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Et une fois mort, on est éliminé?

Non.

Quand un personnage est tué il revient aussitôt en jeu dans l’arène. Il garde tout, arsenal perso, mun, cartes bonus (oui, il y a trois cartes bonus). La seule chose qui change c’est que ce personnage ne donnera plus autant de PV aux autres joueurs lorsqu’il sera trucidé la prochaine fois. Voilà. Pas compliqué.

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Et à combien y jouer?

A 3 il y a évidemment moins d’interaction. Même si la config de l’arène est réduite, même si on rajoute un « bot », un joueur neutre, une « IA », c’est vraiment à 4-5 que le jeu devient plus intéressant.

Et alors, Adrenaline, c’est bien?

Oui, sur certains aspects.

Le matos, d’abord. Jolies grandes figurines en plastique, les illustrations, les règles, simples et fluides, le scoring, l’ambiance shoot’em up FPS très jeu vidéoesque. Et quelques mécaniques originales:

Le marking: on peut « marker » un joueur, i.e. avoir un certain avantage sur lui en lui plaçant des blessures en avance. Comme des « réservations » de blessures. Et aux prochains dommages infligés, ces « réservations », ces « marquages » seront alors « infligés » « pour de vrai » et oui j’aime bien mettre des « guillemets » partout, pas « vous »?

La frénésie: dès que la fin de partie est annoncée, tous les joueurs ont alors un tout dernier tour pour infliger le plus de dégâts possibles avant le scoring final. Les personnages tombent dans une colère noire, une frénésie, et leurs pouvoirs sont alors décuplés. Ça va saigner!

L’énervement: plus un personnage se ramasse de dégâts et plus ses actions s’améliorent. Oui, un peu à la Zombicide. Mais il ne s’agit pas vraiment d’expérience. Le personnage est tellement vénère d’être blessé que sa force est accrue.

La recharge: pour utiliser une arme il suffit de la jouer de sa main et de la poser devant soi. Une fois jouée, elle est déchargée. Pour pouvoir la réutiliser, il faut alors la recharger avec des munitions. Et les bonnes, puisqu’il y a trois couleurs, et un certain nombre, tout dépend de l’arme. Simple. Malin.

L’humour présent dans les règles comme très souvent dans les règles des jeux CGE (dans Dungeon Petz ou Galaxy Trucker par exemple): il y a un personnage qui passe son temps à casser le « quatrième mur » des règles (un peu à la Deadpool), pour dédramatiser et fluidifier le texte. Fun. Le CV des personnages est aussi hilarant.

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Alors, Adrenaline, que des points positifs?

Ooooooooh non.

Non. Adrenaline n’est vraiment pas un bon jeu.

Adrenaline déçoit.

Malgré des règles simples et fluides, la partie est poussive, lente et ennuyeuse. Le souci principal réside dans les armes et leur utilisation. Il y en a 21 différentes (22 si on compte le goodies d’Essen 2016). 21 armes qui fonctionnent toutes de manière différente. Certaines tirent à distance mais pas vraiment, d’autres qui repoussent un peu mais pas beaucoup, d’autres enfin qui tirent à travers les murs mais pas seulement…

Il y a toujours 12 armes disponibles sur le plateau. Dès qu’un joueur s’en empare d’une, on en remet une autre. Au début de la partie et à chaque fois qu’une arme apparaît, les joueurs se ruent sur le manuel des armes pour connaître son pouvoir, son effet, son intérêt tactique. Certaines armes sont plus puissantes que d’autres, mais également plus gourmandes en munitions. Sachant que la très grande majorité d’entre elles offrent deux, voire trois effets différents moyennant un coût supplémentaire. Donc encore plus de pictogrammes à prendre en compte. Quelle arme prendre? Celle-ci, celle-là?

Le jeu est censé être furieux et frénétique. Mais au final, il ne l’est pas. On passe sa partie le nez dans les règles pour connaître le pouvoir des armes, principal et secondaire ce qui casse toute la nervosité du jeu. Et son intérêt.

Alors oui, chaque carte « arme » est blindée de picto, on commence peu à peu à les reconnaître, à les comprendre, mais il faudra deux ou trois parties consécutives pour commencer à s’en souvenir. Ce qui fera perdre tout l’intérêt et ira complètement à l’encontre du jeu.

Passer sa partie le nez dans les règles pour un gros jeu afin de connaître les effets spécifiques des cartes, oui et clairement oui pour un gros jeu (comme Through the Ages, par exemple). Mais pas pour Adrenaline qui se veut fluide et fun.

Et 60 minutes c’est trop trop long et répétitif. Déplacement, tir, respawn. Adrenaline fait beaucoup penser à Blackfleet.

Sur le papier, Adrenaline a l’air vraiment bien. Mais une fois passées les premières 15-20 minutes, on s’embête ferme. Le nez dans les règles.

Pur jeu vaisselle, entre son tour on n’a rien à faire à part se prendre des bastos dans le buffet, sans pouvoir les éviter ou répliquer. Et comme tout change constamment, on ne peut vraiment pas préparer son prochain coup.

Bref, son titre ne correspond pas du tout au jeu. C’est plutôt adrénaline, mais à 2 de tension. Il y a aujourd’hui bien trop de bons jeux sur le marché pour perdre son temps (et son argent) sur un titre aussi médiocre que celui-ci.

Mais encore

Voici une playlist Spotify idéale pour agrémenter vos parties d’Adrenaline. Très dark.

Si malgré tout vous voulez quand même essayer le jeu, vous pouvez le trouver chez Philibert.

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6 Comments

      • Jim

        Manque plus que les règles maisons pour palier au problème, un sablier de 30 par tour, impliquant des tours plus rapides.

        Je pense néanmoins que ça dépend du type de joueurs. Les joueurs calculateurs, compétitifs ni trouveront pas plaisir. Ni les joueurs qui n’aime pas le chaos, puisque oui, a chaque tour, tu te fais brasser, bouger, tué !

        Autant dire que le jeux dois être pris pour ce qu’il est.. un jeu défouloir, je chope une armes la.plus proche.. je tire dans le tas. Dans cette optique, il est assez plaisant..mais effectivement avec des joueurs calculateurs, qui calcule combien de domage il pourrais faire pour faire le dernier loll, et archarnement, etc etc… Bref, avec des enfants ou joueurs Casual, en jeux léger pour le plaisir simplement.. c’est okay.

        Haaa.. et une piste de score ou avancer son pion a la fin de chaque « kill » aurais été beaucoup plus ergonomique que ramasser des jetons PV, sa alourdi le jeu, sans vraiment rien apporter.

  • Laurent

    Entièrement d’accord avec toi Gus, je me suis ennuyé comme un rat mort entre chacun de mes tours. Chaque joueur passe un temps fou à trouver la meilleure combo d’actions pour être le plus efficace à chaque tour (être majoritaire dans les morts futures de chaque autre joueur). Un gros jeu d’opportunisme sans adrénaline pendant la partie.

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