Jeux de plateau

Critique de jeu: Rum & Bones. Zombicide chez les Pirates

Avant-propos

Avant de lire cette critique, cliquez sur cette « vidéo » YouTube.

C’est fait?

C’est parti!

Longues Vestes

Rum & Bones est sorti en VF chez EDGE en mars 2016, d’une durée de 90′ environ, créé par Michael Shinall. Pour 2 à 6 joueurs.

Config optimale: 2 ou 4 joueurs. A 3 ou 5 les équipes sont déséquilibrées, et à 6 le jeu perd en nervosité.

Rum & Bones, c’est du MOBA sur plateau. MOBA? Cet acronyme anglais pour Massive Online Battle Arena, ou Arène de bataille en ligne multijoueur (un article du Monde qui s’intéresse au phénomène). Oui, comme dans LoL. Autrement dit, un « capture the flag » version jeu de société.


Pas de quartier !

Prenez une bonne rasade de films Pirates des Caraïbes, ajoutez-y une lampée du jeu Zombicide et finissez par y saupoudrer du jeu vidéo. Secouez le tout et ça vous donne Rum & Bones.

Servi par un superbe matériel, notamment 217kg de figouzes, comme toujours avec Cool Mini, on s’y croirait.

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Les pas très gentils pirates
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Les encore moins gentils pirates

Et certaines mécaniques, comme le gréement ou le Kraken, feront vivre aux joueurs une véritable aventure.

Rien qu’à la lecture de cette dernière phrase vous vous dites que j’ai aimé le jeu. Et vous avez raison. Pour autant que.


Un petit tour sur la planche?

Le jeu se joue par équipe. La première à avoir obtenu 6 PV en capturant des objectifs présents sur le bateau adverse remporte la partie.

Et comment on joue? Chaque équipe joue son tour en entier, toutes ses phases, puis c’est à l’équipe adverse.

En très bref:

  1. chaque personnage / héros reçoit un sou pour payer des compétences spéciales. Une fois une certaine quantité obtenue la compétence est débloquée.
  2. on tire au canon. On annonce une case. On lance 4 dés. Et sur 4+ on fait des dégâts et retire le nombre d’ennemis correspondants.
  3. on respawn (pour le non-geeks: remettre des figurines sur le plateau). Son bateau dispose de trois zones de respawn, sur lesquelles on place 4 matelots « basiques ». +2 boscos (=brutes) à répartir. Sachant que les marins touchent à 4+ et les boscos à 3+ (et les escouades de marins accompagnés par un ou plusieurs boscos bastonnent aussi à 3+, tous motivés qu’ils sont).
  4. on attaque, si ses personnages se trouvent adjacents à l’ennemi.
  5. les matelots + boscos avancent d’une case, automatiquement. T’as pas le choix c’est comme ça.
  6. le tour des héros. Chaque joueur en active un. Déplacement, attaque ou gréement (=sauter sur le bateau adverse en s’agrippant à la poulie. Façon Tarzan. Lancer de dés, et si c’est raté c’est plouf).
  7. tour du Kraken. On lance deux dés, et si le résultat est égal ou inférieur au nombre de symboles Kraken sur les cartes jouées en tout pour les deux équipes, le Kraken sort et attaque tout le monde. Grrrrraouhw (j’ai essayé de représenter le cri du Kraken mais je ne suis pas sûr de mon coup. Ca crie un Kraken???)

Donc si je résume, pendant qu’une équipe joue pendant 37 minutes, l’autre va faire la vaisselle?

Par exemple.

Ou pas.

Pour éviter cet écueil, chaque joueur dispose de 3 cartes « action ». Qui peuvent parfois être jouées hors de son tour pour mettre de méchants bâtons dans les roues de ses adversaires. Alors autant suivre et observer ce que l’autre équipe fait pour saboter leurs plans. La vaisselle attendra.

Sachant toutefois que plus on joue de cartes et plus on prend le risque de faire débarquer ce fieffé coquin de Kraken. Qui, une fois occis (oui, je vis en 1587), conférera un buff permanent et rapportera aussi des PV.


Branle-bas de combat !

Rum&Bones est hyper fun. Des lancers de brouettes de dés, des héros aux pouvoirs démentiels, on s’amuse plus qu’on ne réfléchit. Rum & Bones est un excellent jeu.

Pour autant qu’on le voie comme un pur jeu d’ambiance, sans prise de tête ni stratégie aucune. Car on lance des brouettes de dés. Car il y a des retournements de situation. Car certaines cartes sont vraiment déséquilibrées. Car le hasard est omniprésent. Car le jeu peut être long et lent si on réfléchit trop.

Et là, j’ai envie dire. Et alors? Les jeux profonds, exigeants, réflexifs, le hard fun, c’est sympa deux minutes / trois heures. Mais de temps en temps, oui, de temps en temps (seulement), juste pour s’amuser, se prendre pour un flibustier et vivre une aventure épique, frénétique et tonique, ça fait un bien fou.

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Rum & Bones. Epique

Comprenez-moi bien. Ne prenez pas Rum&Bones pour ce qu’il n’est pas. Si vous jouez à Rum&Bones en cherchant à optimiser tous vos coups, à élaborer des stratégies efficaces et puissantes, à minimiser le hasard, vous allez vraiment:

  1. être déçu du jeu.
  2. vous embêtez sec.
  3. me haïr parce que j’ai dit que le jeu est bien.

Rum&Bones est un parfait ponton entre jeu de plateau et party-game. Passez la playlist des films Pirates des Caraïbes sur Spotify ou la bande-son YouTube que vous êtes justement en train d’écouter MAINTENANT, costumez-vous en pirates, pourquoi pas, et préparez-vous à passer une soirée inoubliable, presque du JDR.

Mais restez campé sur vos positions, à réfléchir, à jouer comme un jeu d’échecs, et là, vous trouverez Rum&Bones aussi passionnant que le cul d’une vache valaisanne (mes respects aux vaches valaisannes). Rum&Bones est un jeu über-fun, si on le considère comme tel. Ni plus, ni moins. Simple fun.

On y retrouve d’ailleurs beaucoup de similitudes avec Zombicide, chez le même éditeur, avec un contexte exotique et différent (même s’il y a quand même une faction de morts-vivants, faut pas déconner non plus).

Rum&Bones est une excellente adaptation des MOBA des jeux vidéo. On retrouve les mêmes mécaniques, comme les différents personnages: le tank, le furtif, le bouclier, etc.

C’est vite vu, si chaque tour vous n’essayez pas un gréement (=vous lancer sur le bateau adverse en vous balançant à une poulie) avec un héros, c’est que vous n’avez  rien compris au jeu!

D’autant que les héros, comme tous les autres personnages, reviennent. Personne ne meurt / disparaît. Exactement comme dans Blackfleet. En beaucoup plus passionnant.

Alors autant prendre le plus de risques possibles. Et comme on dit, « à vaincre sans péril on triomphe sans gloire ». Oubliez le « loss aversion » et foncez dans le tas! A l’abordage, moussaillon!


Mais encore

Rum&Bones, Kickstarter oblige (plus de 700’000 USD atteints en 2014 quand même…), le jeu possède déjà 217 extensions de toutes sortes: nouveaux bateaux, nouveaux héros, nouveaux dés, nouvelles pièces.

Et un autre KS vient d’être lancé en avril 2016 pour atteindre les 900’000 USD avec un stand-alone en VO prévu pour 2017 slash extension slash Cool Mini avait besoin de financer leurs vacances d’été.

Une variante qui pourrait être sympa à développer serait le « brouillard de guerre » qui existe également dans les MOBA. Imaginez, les 2-3 premiers tours, on ne verrait pas le bateaux / unités adverses. Pourquoi ne pas mettre un écran, une séparation entre les deux navires? Et le premier héros à tenter un gréement lèverait le brouillard. Par exemple. Ou vous avez une autre idée?

Avec Rum&Bones il faudrait du coup remettre la liste des meilleurs jeux de pirates à jour. Car il mérite amplement de figurer dans le TOP 3.

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Et tiens, vous la connaissez, vous, la différence entre Hard Fun et Simple Fun?

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Vous pouvez trouver Rum&Bones chez Philibert,

Chez Ludibay,

Chez Ludikbazar,

Et si vous habitez en Suisse, chez Helvétia Games Shop.

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9 Comments

  • Gilles Lehmann

    Ce type de jeux me laisse froid. On dérive vers l’objet lié à un univers plus large d’inspiration cinématographique. Sans le thème et les figurines, que reste-t-il ? En revanche, il est clair qu’il y a un public car les levées de fond astronomiques ne doivent rien au hasard, contrairement aux règles du jeu.

À vous de jouer ! Participez à la discussion

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