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La Toy-Fair 2016. Notre reportage live

Et oui… Gusandco était présent à la Toy Fair 2016 !

Quoi ??? Gusand Co à la Toy fair !!! C’est bien ! mais… euh… qu’est ce que c’est ???

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Mathieu Henry, notre envoyé spécial à New York

Dans « Toy Fair », il y a « Fair »… la foire, ou plus justement traduit dans ce contexte, le salon.

Mais dans « Toy Fair » il y a surtout « Toy ». Et c’est là que ça devient interessant… Le jouet est le thème central de ce salon.

1’249 exposants, fabricants, inventeurs, éditeurs, se retrouvent dans un gros centre de convention pour présenter leurs produits à environ 13000 acheteurs et quelques milliers de journalistes.

– Mais c’est où ça, la Toy Fair ?

– Un indice en photo :

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Du 13 au 16 février, à New York se tenait donc le plus grand salon professionnel ludique du continent américain (ndlr : professionnel. Alors oui, pour être précis, la Gen Con est plus importante, mais elle est publique, nuance).
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Au milieu des Mattel, Lego, Tomy, Playmobil et autres grosses multinationales, on trouve des centaines de petits stands, dont une minorité traite des jeux de société. Parmi ces éditeurs, une poignée ont des noms familiers : Gigamic, Blue Orange, Le scorpion masqué, Iello, Asmodée ou encore Helvetiq.

Pendant ce salon, il y a ce que l’on voit : des exposants présentant leurs produits à ceux qui s’arrêtent devant leur espace. Mais il y a aussi ce que l’on voit peu : des échanges entre professionnels: distributeurs, boutiques, auteurs de jeux, agents, agence de communication… qui ont lieu parfois dans un coin des stands, parfois dans des espaces privatisés. Des rencontres où l’on parle de stratégies commerciales, où l’on passe des commandes, où l’on découvre des jeux et où l’on parle de gros sous…

Si je comprends assez bien pourquoi un groupe comme Asmodée se doit d’être présent à la Toy Fair, j’ai demandé aux autres pourquoi ils étaient là et ce qu’ils attendaient de ce salon. Leurs réponses étaient multiples et différentes. Souvent en rapport avec la taille actuelle de leur société, leur histoire et leurs ambitions pour le futur.

Pour une société d’édition comme Helvetiq, l’envie est avant tout de se montrer : présenter leurs jeux à des professionnels, rencontrer des distributeurs, montrer qu’Helvetiq existe et que ses jeux ont une patte qui peut plaire au marché américain.

Hadi Barkat, fondateur et actuel dirigeant d’Helvetiq games, a monté son entreprise en 2008, après avoir habité à Boston. Il dit avoir un « bon feeling » avec les Etats-Unis. Ses jeux y reçoivent souvent un bon accueil lorsqu’il vient les faire découvrir ici. Les Etats-Unis sont, pour Hadi, l’un des trois pays où il souhaiterait mettre plus en avant ses jeux, avec l’Allemagne et la France.

Enfin, pour Hadi, il y a un très net avantage a passer quatre jours dans un lieu où des milliers de professionnels se rencontrent, en personne. « C’est assez incroyable quand tu y penses, mais c’est en venant à New York que j’ai eu l’opportunité de rencontrer des suisses, ou des allemands avec qui je pourrais être amené à travailler ». Pour Helvetiq, ce salon est l’occasion de rencontrer d’éventuels distributeurs et d’espérer, à termes,  pouvoir vendre ses jeux sur le territoire américain.

Pour Le Scorpion Masqué, la problématique est un peu différente. Cette société d’édition basée à Montréal connait assez bien le marché nord-américain et sa complexité. Christian Lemay, fondateur et dirigeant de cette société m’a expliqué la difficulté, pour un éditeur de trouver de bons partenaires, un bon distributeur qui saura mettre en avant les jeux auprès des bonnes personnes.

La plupart des américains achète leurs jeux en grandes surfaces (Target, Walmart, …) ou dans des boutiques spécialisées qui appartiennent souvent à des chaines, qui sont des franchises. Il semble assez difficile de rentrer dans ces circuits de distribution si l’on ne s’associe pas aux bonnes personnes.

De plus, Christian précisait que les contrats avec ces grands groupes sont souvent très serrés, avec des closes qui peuvent présenter des risques pour l’éditeur.  Sur ce genre de salon, le Sorpion masqué cherche à présenter ses produits à la presse, et aux autres professionels. Montrer à qui veut le voir la qualité de leurs jeux, tant au niveau du fond que de la forme, continuer à se faire connaitre et renforcer la bonne image de marque qu’ils ont commencé à construire il y a presque 10 ans.

Enfin, j’ai pu discuter avec Julien Mayot, co-fondateur et co-dirigeant de Blue Orange. Sa vision toute personnelle du salon est directement liée à l’histoire même de sa société : Blue Orange est une société française, dirigée par deux français, basée à San Francisco.

À leur tout début, Julien a fait le tour des Etats-Unis en Jeep avec le coffre remplit de 200 copies de Gobblet, jeu créé par Thierry Denoual. La stratégie de cette jeune société a été de démarcher, en faisant un porte à porte de plusieurs mois, les quelques centaines de boutiques de jeux indépendantes aux Etats-Unis en ayant une seule et unique référence. Ils se sont construit eux-même leur réseau et Julien confiait que les premières Toy Fair où il est venu monté son petit stand, les exposants autour de lui ne comprenaient pas comment une petite société inconnue arrivait à attirer autant de monde pour jouer à ses nouveautés.

Toutes ces boutiques indépendantes qui faisaient le déplacement à New York, s’empressaient, logiquement, de venir saluer ceux de chez Blue Orange qui venaient les voir, tous les ans, lors d’un périple de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres.

L’histoire ne s’arrête pas là… Devant le succès de cette société, ce sont les représentants de chez Target (grandes surfaces présentent dans tous les Etats-Unis) qui sont venus démarcher Blue Orange afin de proposer de vendre leurs jeux dans leurs magasins. Les raisons de la présence de Blue Orange lors de ces rassemblements sont donc de faire découvrir les produits, augmenter leur visibilité et renforcer leur réseau lors de ces rassemblements. Et comme le dit très bien Julien Mayot « Que ce soit un salon pro ou ouvert au public, on est là pour que les gens gens jouent, jouent et jouent. »

Ce salon a été également l’occasion pour moi de tester les nouveautés de ces trois éditeurs. J’ai beaucoup apprécié le travail d’édition d’Helvetiq sur leur gamme de jeux boites d’allumettes. Des jeux simples, pas simplistes, au parti pris graphique qui me séduit beaucoup et à petit prix à l’image de Colorfox.

 

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Chez Le Scorpion masqué, j’ai eu la chance de jouer à la réédition, relookée, de la chasse aux monstres d’Antoine Bauza. J’ai beaucoup apprécié les illustrations, l’histoire et l’ambiance du jeu. Ensuite, j’ai pu découvrir Maudite Momie. Un jeu de Christian Lemay, lui-même, qui m’a confié avoir gardé ce titre pour la version française car il trouve que ça sonne comme une insulte québécoise.
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Chez Blue Orange, j’ai pu deçouvrir Dr. Eureka qui parait promis à un bel avenir et qui me semble avoir tout ce qu’il faut, pour plaire au public américain… Tiens, les spécificités du marché américain coté joueur… voilà un autre sujet sur lequel je devrais me pencher…
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En attendant, j’ai eu le bonheur de cumuler quelques heures de discussions avec Hadi Barkat (Helvetiq), Christian Lemay (Le Scorpion Masqué), et Julien Mayot (Blue Orange) et ce qui m’avait frappé lors de la dernière Gen Con avec d’autres éditeurs me semble encore plus vrai aujourd’hui : Le milieu de l’édition francophone est animé par des passionnés, à l’image de ces trois dirigeants-joueurs.

Ils prennent le temps de partager, d’expliquer leur travail, de faire découvrir avec une énergie communicative leurs jeux. Quelque fois, le fait que l’interlocuteur soit passioné, le discours en devient passionant. J’ai ressenti cela avec Hadi, Christian et Julien. Merci à eux pour leur disponibilité.

Merci Mathieu pour ce reportage!

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8 Comments

  • mathieu henry

    Merci Matthieu pour le retour et pour le  » bon reportage ». 😉

    Effectivement j’ai préféré mettre en avant mes rencontres et mes questionnements propres… Rendre compte de ce que les éditeurs francophones viennent chercher à la ToyFair. De toutes les discussions que j’ai eu, la difficulté de trouver les bons partenaires a été récurente.

    De plus, comme il s’agissait de la première fois que je me rendais à la ToyFair, je ne pouvais pas me baser sur une expérience antérieure pour évaluer l’émergence de nouvelles tendances. Peut être l’année prochaine… qui sait…

    Qu’il s’agisse d’autres personnes avec qui j’ai parlé ou de moi-même, je n’ai pas repéré de jeux de société qui m’a particulièrement attiré. Il est parfois difficile, dans un salon avec autant de peluches, puzzles, figurines et trottinettes de rester alerte et d’essayer de faire un lien entre les nouveaux jeux de société présents. D’autant que je ne suis là qu’en « simple reporter » et ne voit que ce que l’on veut bien me montrer… Je n’ai pas, par exemple, rencontré d’auteur qui avait des jeux à faire signer.

    Enfin, mon analyse restreinte de ces nouvelles tendances aurait tenue en deux lignes : Des morceaux de jeux connus dont on colle des morceaux ensemble en changeant parfois le thème… parfois… et l’alchimie ne marche pas toujours. Du coup, j’ai vu plusieurs jeux qui semblaient être directement « inspirés » de Apples to Apples, Cards Against Humanity, ou même Times up. Mais encore une fois, mon analyse est peut être biaisée donc j’ai préféré choisir un autre angle.

    Au plaisir.

  • d'Epenoux Matthieu

    Les deux tendances du salon :
    1° La percée spectaculaire des jeux irrévérencieux dans la foulée de « Cards against humanity ». Même si le phénomène n’est pas nouveau, la copie est assumée sans aucun scrupule par es nombreux éditeurs qui surfent sur cette vague.
    2° La montée en puissance des kits scientifiques à monter soi-même.

    Sans cela, pas ou peu de jeux transcendants. Seul le stand de Gamewright se distingue par ses jeux largement plus innovants que la moyenne. Pour ce qui est des exposants français ou franc-américains, certains sont dans une logique de « pompe » stupéfiante. Un produit est bon, on le refait en pas pareil mais presque.
    De notre côté, on est content quand même car on est en train de récupérer un jeu sur lequel on fantasmait depuis des années.

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