Jeux de plateau

A quoi ressemblera le jeu de société en 2020? 5 futuribles

Futures, Flick, CC, by Simon Cunningham
Futures, Flick, CC, by Simon Cunningham

Le monde du jeu de société est une pleine effervescence. Les ventes ne cessent d’augmenter et les médias dits traditionnels s’y intéressent de plus en plus. Penchons-nous sur quelques futuribles sur l’évolution du jeu de société en 2020. Un futurible, c’est un futur possible basé sur un contexte actuel, c’est ce qu’on appelle la prospective, opposé à la divination pour se donner un semblant de sérieux.

Un exercice intéressant et acrobatique.

2020. 5 ans, ça paraît peu, et pourtant, quand on regarde dans le rétroviseur on constate quelques tendances et innovations qui ont fortement marqué le marché ces 5 dernières années, on peut donc facilement imaginer des évolutions certaines dans cet avenir proche. masta Depuis quelques années on assiste à une tendance, le rachat de (petites) maisons d’édition par d’autres, plus grosses: Z-Man racheté par Filosofia en 2011, Days of Wonder par Asmodée en 2014. Sans oublier bien sûr la grande surprise invraisemblable de ce lundi qui a ému toute la planète du petit microcosme ludique, le rachat de FFG par Asmodée.

On peut logiquement s’attendre à ce que de grands groupes émergent ces 5 prochaines années, des masta-entités ludiques dominant le secteur. Asmodée possède donc déjà Ystari, Spacecowboys, DoW, FFG tout récemment, et pourquoi ne pas envisager ensuite Edge, Libellud, FunForge, Pearl Games, Bombyx, Moonstergames, Gigamic? A moins que cela ne soit déjà fait et qu’on ne le sache pas encore… Ou Iello qui rachéterait Matagot? Ou le contraire?

Car si de grands groupes se créent cela en poussera d’autres à faire pareil pour se préparer à mieux affronter la concurrence. Quel est l’intérêt de grossir ainsi et « d’avaler » d’autres éditeurs? Réduire la concurrence, bien sûr, puisque les éditeurs ainsi acquis sont tout bonnement intégrés, mais surtout, proposer d’autres jeux, de quoi étoffer son catalogue tout en le diversifiant pour ainsi toucher un spectre et un public plus large.

Et n’oublions pas également que ces rachats permettent de bénéficier de savoirs-faire, de marchés, de réseaux, de spécificités: FFG possède sa propre usine en Chine, DoW de son propre studio de développement numérique. Comme dans tout bon jeu de gestion, pour grandir il faut… Grandir.

Mais si de telles entités se développent, les maisons d’éditions « indie » resteront toujours en place, voulant conserver leur indépendance, d’où le terme « indie ». En 2020 on assistera donc à un clivage, pour ne pas dire une lutte, entre grosses et petites maisons d’éditions.

Qui en sortira vainqueur? Les indies, qui attireront plus de clients désireux de découvrir de « petits artisans du jeu », les colosses qui s’érigeront massivement sur le marché, le public qui aura en fin de compte accès à de meilleurs jeux avec plus de moyens et une meilleure distribution? numérique Avec l’apparition des smartphones et des tablettes ces 5-10 dernières années, de plus en plus de jeux de société modernes sont portés en version numérique.

Même si les ventes d’iPad sont en net recul en 2014, cette tendance de portage n’est pas prête de s’inverser, tout bonnement parce que le nombre de foyers équipés ne cessent d’augmenter.

Pour reprendre le point précédent, Masta VS Indie, avec un positionnement numérique fort, on peut s’imaginer que c’est ce critère qui a poussé Asmodée à vouloir racheter DoW.  En suivant l’actu ludique, on constate que les appli sont de plus en plus intégrées dans les mécaniques de jeux, pour des plus-value ou de la réalité augmentée, le cas cette année d’Alchemists, X-COM, et World of Yo-Ho ou ZNA en 2015.

Même si dans 5 ans de plus en plus de portages numériques seront certainement dispo, à l’instar des meilleurs jeux de société sur iPad, il y aura toujours une nette opposition entre dé- et matérialisé, les joueurs ne seront jamais prêts à abandonner entièrement « le dur » pour le digital. D’autres biens de consommation et de loisir l’ont déjà fait, telle la musique ou la vidéo.

Et si les jeux de société entament le même virage que les jeux vidéo, qui connaissent un fort accroissement du dématérialisé, il ne faut pas se leurrer, les jeux de société resteront IRL papier-carton-cubes en bois encore longtemps, puisque le matériel constitue le cœur-même d’un jeu de société. Portez le jeu de société en numérique et il devient autre chose, un jeu vidéo. crowdfunding Kickstarter a commencé de fonctionner en 2009, et ce sont depuis 73’000 projets qui ont pu être ainsi financés et réalisés pour un investissement d’un milliard de dollars. Un milliard! En 2014, près de 5’000 projets de jeux (vidéo + plateau) ont été lancés sur cette plateforme de financement participatif. Tous ces chiffres donnent le tournis.

Et il ne s’agit bien entendu que des campagnes qui ont été menés à bien, les « échecs », eux, ne sont pas comptabilisés. Non, cette tendance n’est pas prête de ralentir, d’autant que de plus en plus d’éditeurs « conventionnels » et ayant pignon sur rue s’engouffrent dans la brèche pour pouvoir bénéficier d’un apport financier assuré.

On pourra bientôt se demander comment certains éditeurs font pour sortir des jeux SANS passer par Kickstarter… Mais si Kickstarter présente d’importants avantages et des chiffres ahurissants, en 2020 il y aura toujours un clivage entre jeux financés participativement (?) et ceux passés par un processus plus « ordinaire ».

Une campagne KS n’est pas de tout repos, et les éditeurs qui en ont mené une ne me contrediront pas. D’autant que de nombreux joueurs restent frileux au crowdfunding et préfèrent acheter leur jeu « en vrai », une fois sorti.

Et il ne faut pas se leurrer là non plus, le crowdfunding des jeux de société reste destiné à un parterre de connaisseurs, d’experts, de passionnés, de clients / joueurs qui sont prêts à investir temps, argent et risques dans ce mode de financement. Donc une minorité de clients potentiels, les fameux 16%.

Pour toucher le plus de clients potentiels, les éditeurs vont toujours devoir proposer des jeux en magasin et ne pas forcément passer par KS. reboot En 2020, les jeux de société modernes fêteront leur presque 25 ans d’existence, si on décide de prendre les Colons de Catane sortis en 1995 comme le tout premier. Et qui dit 25 ans dit forcément beaucoup d’excellents jeux « tombés dans l’oubli ».

Depuis quelques années déjà on constate une recrudescence des remakes ludiques, des reboots pimpés aux règles actualisées, modernisées, ou comment maintenir un jeu en vie. La liste d’exemples est plutôt longue.

En 2020 donc, il y a fort à parier que de nombreux jeux du début des années 2000, aujourd’hui plus édités ni connus du public rejaillissent dans les bacs, c’est un futurible tout à fait probable, d’autant que les éditeurs prennent moins de risques financiers à ressortir un jeu déjà existant, surfant sur une certaine renommée à son époque, tout en lui proposant un « ravalement de façade » chatoyant.

Quels seront les prochains reboots?   5e Avant 2010 et l’avènement de l’iPad, il était pratiquement impossible de prévoir cette importante avancée technologique qui allait révolutionner notre utilisation informatique et mettre à mal les ventes d’ordinateurs qu’on pensait alors indétrônables.

Tout ça pour dire qu’on a beau tirer des plans sur la comète, émettre les scénarios futuribles les plus probables, il reste toujours une inconnue, laissons-lui ici une petite place pour éviter une vision obtuse.

Même avant leur lancement, les GoogleGlass sont déjà un échec, donc on peut déjà rayer cette innovation-là. Oculus Rift, qui sème la ferveur publique? Je ne vois pas trop comment y pratiquer des jeux de société tous harnachés le visage collé dans une boîte. Oculus Rift s’adresse clairement au marché du jeu vidéo, difficilement à celui des jeux de société. Les lentilles connectées, déjà dans 5 ans? Peu vraisemblable. Les écrans 3D, les hologrammes projetés? Probables.

On verra bien quel avenir nous réserve le futur.

Et vous, quelles tendances verriez-vous émerger dans 5 ans?

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5 Comments

    • TheGoodTheBadAndTheMeeple

      J’allais le dire.
      Le jeu imprimable chez soi.
      Le KS proposé par l’auteur en print 3D and play pour 5 Euros.
      Plus d’intermédiaire !

      Bon je pense que c’est plus pour dans 10-15 ans, mais la tendance est vraiment déjà en mouvement.

  • Thekingdom

    Je regardais Gully hier avec mes filles et on voyait TOUJOURS et systématiquement les mêmes jeux qu’il y a 40 ans : Scrabble, Monopoly, triomino, et d’autres que l’on trouve dans les supermarches. A part Blokus aucun jeu moderne !
    Il est évident que des jeux comme Five Tribes, Dominion ou Lewis And Clark ne seront que des jeux pour joueurs expérimentés et passionnés.
    Peut être que les grands regroupements pourront enfin communiquer a un large public via la TV des jeux de qualité ! Tout comme l’ont fait des Mattel, Ravensburger et autres dans les années 80 ! Ou le jeu a connu un véritable engouement.
    J’espère aussi dans 5 ans la reconnaissance par les médias de la qualité de Biens Culturels au jeu de société !
    Il y a un véritable travail à faire auprès des journalistes généralistes qui ne connaissent pas cet univers ! Mais il y a 30ans je me souviens du mépris qu’ils avaient à l’époque de la BD qui maintenant est un art respectable.
    En espérant que le jeu fasse le même chemin !

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